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Loxias | Loxias 22 | Doctoriales V

Andrée Chedid et le motif littéraire du végétal

Andrée Chedid réécrit de nombreuses métaphores végétales qui nourrissent la plupart de ses personnages féminins. Elle attribue à la fillette l’image de la plante vivace et sauvage, sa propre fille devient « bruyère » et « genet » dans le poème « Brève invitée ». Elle évoque sa mère en femme rose dans les Saisons de passage. D’autres femmes fleurs surgissent dans ses fictions : la femme coquelicot, la femme capucine, la femme fougère. Si les mères sont des femmes fleurs par leur puissance d’amour et leur beauté, les grands-mères sont souvent des femmes racines, leur corps se « végétalise » pour répondre à la mort qui s’annonce. Le lyrisme des métaphores chédidiennes emprunte au végétal toute la symbolique du jardin originel. Des femmes fleurs luxuriantes ou flamboyantes aux femmes racines tenaces et démultipliées, l’œuvre d’Andrée Chedid se révèle, par la réécriture du motif végétal, une véritable quête identitaire de la féminité et une célébration de la capacité à re-naître et à se régénérer. Andrée Chedid and the literary pattern of the vegetable. Andrée Chedid rewrites many vegetable metaphors which enrich most women characters. She grants the little girl the image of a vivacious and wild plant, her own daughter becomes “heather” and “broom” in the poem “Brève invitée”. She evokes her mother as a rose woman in “Les saisons de passage”. Other flower women appear in her fiction: the poppy woman, the nasturtium woman, the fern woman. If mothers are flower women because of their power of love and their beauty, grandmothers are often root women, their body becomes a plant to face coming death. The lyricism of Chedidian metaphors borrows from the vegetable all the symbolic of the original garden. From lush or fiery flower women to persistent and multiple root women, Andrée Chedid’s work reveals itself, thanks to her rewriting of the vegetable pattern, a true identity quest of femininity and a celebration of the capacity of every being to rebirth and regeneration. (Traduction Jean-Claude Lecornu)

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Loxias | 53. | I.

L’art de l’abjuration. Singularité intempestive de Pier Paolo Pasolini

L’abjuration est un thème et une pratique récurrents de l’œuvre pasolinienne. Pasolini en fait, dès Poesia in forma di Rosa, un moyen de son anticonformisme, et la fonde sur deux caractéristiques du poète : sa naïveté, comme « vocation héroïque », et sa « vitalité désespérée ». Reprise dix années plus tard, quand Pasolini abjure la Trilogia della Vita au moment où il tourne Salò, cette pratique apparaît comme une solution de mise en crise poétique, solution transitoire qui participe d’une réinvention constante de la langue, pour lutter contre son appauvrissement sous l’effet du conformisme et des mass-media. Cette pratique apparaît comme double ruine : ruine des discours institutionnels, mais aussi ruine toujours déjà inscrite au sein de son œuvre. L’abjuration, reposant sur un principe de constante contradiction serait à même de saisir le principe de négation interne propre à l’existence moderne.

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