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Cécile-Alice Jouannaux  : 

Histoire littéraire équatorienne (XXe siècle)

Rafael Díaz Ycasa, auteur de récits courts du « Groupe Madrugada »

Résumé

La seconde moitié du XXe siècle marque un tournant dans l’Histoire Littéraire équatorienne car le pays se dote d’organes et d’outils institutionnels aptes à soutenir et accroître la production littéraire sur l’ensemble de son territoire. C’est dans ce contexte favorable que se développent les activités du « Groupe Madrugada » composé de jeunes poètes et auteurs de récits courts, héritiers de la « génération » dite « des années 1930 », dont  Rafael Díaz Ycasa est un des principaux représentants. Le recueil de récits courts Las Fieras. Cuentos de ver y andar qu’il publie en 1953 constitue une exploration littéraire particulièrement fine du thème des « fauves » humains, même lorsque sont évoquées les contradictions et les tensions les plus intimes des personnages.

Index

Mots-clés : environnement naturel , fauves humains, personnages de l’« entre-deux », sociétés littéraires

Plan

Texte intégral

Diplômé de l’Ecole Nationale de Journalisme de l’Université de Guayaquil, le poète et auteur équatorien de récits courts Rafael Díaz Ycasa1 devient, à la fin des années 1970, président du Núcleo del Guayas2, antenne régionale de la Maison de la Culture équatorienne3. Il est également membre de comités éditorialistes en Equateur et au Pérou, ainsi que directeur de la collection « Letras del Ecuador » de l’Editorial El Conejo4.

Les récits qui composent le recueil Las Fieras.Cuentos de ver y andar5 de Rafael Díaz Ycasa sont une véritable synthèse des thèmes montuvios6 mis en littérature depuis la génération du groupe de Guayaquil dans les années 1930, en Equateur. Les thèmes psychologiques mis à l’honneur durant les décennies 1940 et 1950 y sont également présents, ce qui inscrit l’œuvre de Rafael Díaz Ycasa à la fois dans la continuité des auteurs de récits courts des années 1930, qui mettent en littérature les thèmes nationaux (fleuves, cheminements des protagonistes sans buts précis, hommes de l’entre-deux7…), et dans la littérature équatorienne contemporaine. Membre du cercle littéraire appelé « Groupe Madrugada8 », il doit sa renommée à ses recueils de poèmes qui ont rencontré la faveur du public et des critiques en Equateur, comme à l’étranger.

Cet article précise tout d’abord le déroulement de la vie littéraire en Equateur dans les années 1950 et resitue le projet littéraire du « Groupe Madrugada », auquel cet écrivain appartient, dans l’Histoire de la Littérature de ce pays. Puis il explicite la place qu’occupe le recueil Las Fieras.Cuentos de ver y andar9 dans l’ensemble de l’œuvre littéraire de Rafael Díaz Ycasa. Enfin, cet article rend compte de la multiplicité et de la richesse des réseaux thématiques présents dans ce recueil, grâce à l’analyse d’une sélection de trois récits courts.

La seconde moitié du XXe siècle marque un tournant dans l’Histoire Littéraire équatorienne car le pays se dote d’organes et d’outils institutionnels aptes à soutenir et accroître la production littéraire sur l’ensemble de son territoire.

En effet, en 1944, deux ans après le traumatisme causé par une lourde défaite militaire10 et la perte d’une partie de son territoire, l’Etat équatorien crée la Maison de la Culture équatorienne qui porte le nom du critique et théoricien de la Littérature Benjamín Carrión. Cette Institution est chargée d’assurer, notamment, la promotion des œuvres littéraires et artistiques :

Institución orientada a fortalecer el devenir histórico de la patria y cuyo fundamental propósito « busca a  […] dirigir la cultura con espíritu esencialmente nacional, en todos los aspectos posibles a fin de crear y robustecer […] la sensibilidad artística de la colectividad ecuatoriana ». La idea partió de la necesidad de devolverle al Ecuador la confianza perdida como consecuencia de un grave quebranto territorial sufrido en 194111.

Elle a pour ambition de susciter et d’aider les vocations littéraires, en application d’une phrase restée célèbre de Benjamín Carrión : « Si no podemos ser una potencia militar  y económica, podemos ser una potencia cultural nutrida de nuestras más ricas tradiciones »12. La création de cette nouvelle Institution a pour effet de raviver l’intérêt des Equatoriens pour  leur culture.

Par ailleurs, la vie intellectuelle - littéraire et journalistique - se déroule en Equateur autour de pôles d’excellence tels que les « sociétés », les revues et les villes. Des sociétés littéraires, telles que le « Groupe de Guayaquil » (1930) et le « Groupe Madrugada » (1953), sont fondées par les auteurs eux-mêmes, souvent avec l’aide de la Maison de la Culture équatorienne. Ajoutons que l’activité journalistique en Equateur est intense et les auteurs, porteurs d’idées nouvelles, créent de nombreuses revues qui publient également  les nouveaux poètes et écrivains de récits courts.

Les grandes villes équatoriennes affirment leur position de pôles d’excellence de la création littéraire, également avec l’appui des antennes locales de la Maison de la Culture équatorienne. On nomme alors l’ensemble des auteurs originaires ou écrivant dans une ville donnée, par l’adjectif qui lui correspond : les auteurs « esmeraldeños », par exemple, pour les auteurs d’Esmeraldas13. Les autres villes phares de la vie littéraire équatorienne sont « Cuenca » et « Guayaquil ».

Les historiens équatoriens de la Littérature estiment que la génération du « Groupe Madrugada » est l’héritière du « Groupe de Guayaquil ». Nos recherches nous ont permis de constater que José de la Cuadra (1903-1941), surnommé « el mayor de los cinco14 » par Alfredo Pareja Diezcanseco15, est effectivement le romancier et auteur de récits courts qui laisse la plus riche production littéraire, dont l’influence est notable sur la nouvelle génération d’écrivains du « Groupe Madrugada ».

José de la Cuadra se dédie à la mise en fiction du paysan de la côte, inscrivant ses œuvres dans une thématique sociale sans que des revendications ou des harangues viennent ralentir, de manière intempestive, le rythme de la narration. En quelque sorte, la thématique sociale est générée par le choix même du milieu des personnages et elle n’est pas la motivation de l’écriture des récits de José de la Cuadra. Benjamín Carrión, dans le commentaire qui précède la sélection de récits de José de la Cuadra dans son ouvrage El Nuevo Relato ecuatoriano. Crítica y Antología, rejoint notre propos en soulignant également les connaissances de cet auteur sur sa région et ses habitants :

« […] [E]n sus relatos, no se propuso probar nada. Por eso, muchos de los reparos hechos a su promoción no le tocan a él. Y sin embargo, su obra rezuma una gran simpatía por la clase campesina a la que pertenecen los héroes de sus cuentos ».
« Y es por eso que la narrativa de José de la Cuadra es capaz de llegar más lejos y más hondo en su papel de influenciadora en lo social : no descubre el juego propagandístico_ si es que lo hay_ : solamente cuenta, con tanto verismo, con tanta « documentación  humana », que las escenas narradas van apareciendo con facilidad extraordinaria ante el lector […] ».
Dominó la técnica del cuento, de la historia corta16.

Jesús Isaac Barrera livre aussi dans son Historia de la literatura ecuatoriana une intéressante interprétation du « montuvio », personnage central des récits de José de la Cuadra qui souligne explicitement le lien consubstantiel qui existe entre lui et son environnement naturel immédiat, le terme « naturaleza » étant employé dans son acception moderne d’« environnement naturel17 » :

El montuvio es aquí el personaje que campa por sus respetos. Vive al filo del océano, junto a los manglares, entre los esteros que son los escenarios de sus luchas y de sus pendencias […].
[…] Novelistas como José de la Cuadra se adentraron en la selva, penetraron en las leyendas y las supersticiones en que viven esos moradores extraños y ausentes de toda moral civilizadora. Son los hijos de la naturaleza ubérrima, feroz, monstruosa, admirable y temible. […] Las familias montuvias son como esta unidad vegetal, compuestas de troncos retorcidos y fuertes, que viven sin más sujeción que la de sus instintos18.
[…]
Los personajes de los cuentos y novelas de José de la Cuadra han sido arrancados a la selva para trasladarlos a los libros con propiedad y la indispensable depuración literaria19.

L’œuvre de José de la Cuadra, qui appartient à l’ultime étape conduisant la littérature émergente équatorienne au statut de littérature nationale, connaît une grande postérité avec des auteurs qui poussent encore plus loin l’identification des personnages de leurs récits à leur environnement naturel immédiat avec le « groupe Madrugada ». En 1953, à Quito, le « Groupe Madrugada » se constitue sous l’impulsion du poète et critique littéraire Alejandro Carrión20. Il est constitué de jeunes écrivains dont Rafael Díaz Ycasa, à la fois poète, auteur de récits courts et journaliste, est un des principaux représentants.

Les poètes et auteurs de récits courts qui composent le « Groupe Madrugada » rencontrent un vif succès en Equateur dans les années 1950. Le Núcleo del Guayas, section régionale de la Maison de la Culture équatorienne, joue un rôle prépondérant dans la diffusion et la promotion de leurs œuvres. Notons que la Société Littéraire « Núcleo del Guayas », comme les autres antennes régionales de la Maison de la Culture équatorienne, est toujours active en 2008.

Le travail littéraire du « Groupe Madrugada » se caractérise par une peinture fine de la psychologie des personnages, la recherche des implications des actions humaines et de leur « résonance » psychique sur leurs auteurs, très souvent sous la forme de métaphores. Ces caractéristiques sont aujourd’hui poussées à l’extrême par la nouvelle avant-garde littéraire équatorienne, dont les œuvres sont rassemblées dans le Libro de Posta21 par Miguel Donoso Pareja, en se rapprochant davantage d’une dissection psychiatrique des faits. Le « Groupe Madrugada » amène la littérature équatorienne sur le chemin de l’aboutissement de la peinture de l’âme humaine. Ce chemin emprunte maintenant des voies variées mais c’est là une constante dans l’Histoire Littéraire de l’Equateur. Comme le dit si bien Miguel Donoso Pareja les auteurs de la génération du Libro de Posta n’appartiennent « ni au Réalisme Magique ni au Réel Merveilleux ». En réalité, depuis le « Groupe Madrugada », l’écriture des auteurs équatoriens demeure sur la « tangente », constituant ainsi le trait caractéristique qui distingue ce groupe littéraire et ses successeurs.

Le contexte culturel de l’épanouissement de la littérature équatorienne dans la décennie 1940-1950 et la participation de Rafael Díaz Ycasa au « Groupe Madrugada » ayant été expliqués, il convient de s’intéresser plus particulièrement à l’œuvre littéraire de cet écrivain.

Nombreux sont les critiques littéraires qui s’accordent pour identifier deux périodes dans l’écriture des récits courts de Rafael Díaz Ycasa. Ils affirment effectivement que Rafael Díaz Ycasa délaisse le « réalisme social » pour des thèmes psychologiques et fantastiques. Voici en exemple l’extrait d’un article de Francisco Proaño Arandi :

Rafael Díaz Ycasa, autor que ha transitado del realismo social a temas psicológicos y aún fantásticos (Prometeo el joven y otras morisquetas)22.

Or une lecture attentive de son premier recueil de récits courts Las Fieras.Cuentos de ver y andar permet d’infirmer l’avis de ce critique littéraire. C’est bien le thème des « fauves humains », allégories des éléments de l’environnement naturel, qui est mis en littérature et les lieux où se déroulent la fiction des récits, ne sont pas seulement les quartiers populaires puisque la forêt est l’espace adjacent à ces derniers. Et les disparitions soudaines des protagonistes présents-absents participent de la création d’une atmosphère qui, en reprenant l’expression de Miguel Donoso Pareja, n’appartient « ni au Réalisme Magique ni au Réel Merveilleux23 ». De plus, l’approfondissement de la psychologie des personnages présents dans les fictions participe de cette atmosphère de l’ « entre-deux ». Dans la dernière partie de El nuevo relato ecuatoriano (1958), consacrée à une anthologie des auteurs équatoriens de récits courts du XXe siècle, Benjamín Carrión confirme notre analyse concernant le traitement des thèmes psychologiques. En effet, il décrit le développement adroit de ces thèmes dans les récits de Las Fieras. Cuentos de ver y andar, comme étant bien ceux du début de l’œuvre narrative de Rafael Díaz Ycasa :

Las cosas de adentro, anteriores al hecho. Pero, y principalmente, los hechos, los sucedidos, el andar de los hombres por las veredas de la vida y en ese terreno fue primeramente su colección Las Fieras, nutridos de fuerza y emoción, y con una buena intención, casi siempre lograda, de meterse por dentro de los personajes, sin contentarse solamente con ser espectador de su conducta24.

Dans son ouvrage intitulé Pensamiento y Literatura del Ecuador. Crítica y Antología, Galo René Pérez souligne les qualités du travail d’écriture, l’efficacité de la structure narrative et la richesse thématique de l’œuvre littéraire de Rafael Díaz Ycasa :

Un buen tacto en el uso de la técnica moderna, un lenguaje de fluencia abundante y dinámica, una onda constante de lirismo […], un despliegue coherente de cuadros y episodios, un hábil sondeo en los estados anímicos (aun en los más confusos y morbosos), levantan sus novelas a una jerarquía de veras encomiable25.

Les recueils poétiques de Rafael Díaz Ycasa rencontrent également la faveur des critiques littéraires qui en soulignent l’originalité et la précision du style :

Como poeta […] posee un estilo que muestra rasgos propios, por la vertiente inagotable de sus temas y emociones, por la fuerza y desenfado de sus versos, entre los que las metáforas corren con llaneza y eficaz luminosidad26

De nombreux prix littéraires sont décernés à Rafael Díaz Ycasa. Il reçoit notamment, le Prix National du Conte José de la Cuadra en 1967, le Prix National de Poésie Medardo Ángel Silva en 1969, le Prix National de Poésie Ismael Pérez Pazmiño en 1974, le Prix National de Littérature Aurelio Espinoza Polit en 198527 et le Prix Buseta de papel en 200528. A l’étranger, le Prix de l’Académie des Lettres castillanes de l’Institut National29 à Santiago du Chili en 1945 et le Prix du Centre Union Cosmopolite30 à Colonia, en Uruguay, en 1949, lui sont décernés.

Rafael Díaz Ycasa figure dans l’édition remaniée de 1958 d’El Nuevo Relato ecuatoriano de Benjamín Carrión, dans le chapitre « Galerie de Portraits31 » des Œuvres Complètes vol.3 (Obras Completas) d’Alejandro Carrión dont une édition est parue en 198332, dans l’Antología básica del cuento ecuatoriano d’Eugenia Viteri33 (1998), ainsi que dans l’anthologie des nouveaux poètes équatoriens, dirigée par Xavier Oquendo publiée en 2003 :

La poesía ecuatoriana entregó grandes nombres durante el siglo anterior. […] [E]stán las figuras de Jorge Carrera Andrade, Jorge Enrique Adoum, Alfredo Gangotena, Oquendo de Amat, César Dávila Andrade, Rafael Díaz Icaza […]34.

Si les œuvres de Rafael Díaz Ycasa sont difficilement consultables en France, dix d’entre elles sont présentes dans le département des Lettres Hispaniques de la « Bibliothèque du Congrès35 » à Washington car les critiques américains leur reconnaissent une place importante dans l’Histoire Littéraire équatorienne du XXe siècle.

Afin de poursuivre l’étude de l’œuvre de Rafael Díaz Ycasa, l’analyse de la sélection des récits « Peto Canilla, Caminador. Un cuento del Litoral Ecuatoriano », « Cara E’ Santo » et « Oñate » permet de mettre en exergue les réseaux thématiques présents dans le recueil Las Fieras. Cuentos de ver y andar.

Les thèmes du « voyage », des « croyances populaires », les « personnages énigmatiques » dont les récits de Las Fieras. Cuentos de ver y andar transmettent la légende, ainsi que la diversité des lieux (espaces naturels et villageois), dans lesquels se déroule la fiction des récits, font en effet de ce recueil une œuvre aboutie et constituent la « matière littorale équatorienne36 ». Las Fieras. Cuentos de ver y andar de Rafael Díaz Ycaza rappelle le recueil El Desierto d’Horacio Quiroga37. On retrouve la même précision dans les descriptions pourtant très courtes, l’art de la concision et des détails, qui permettent de saisir en une phrase l’atmosphère d’un lieu, l’état d’esprit d’un personnage.

Ces comparaisons ne prétendent évidemment pas épuiser les richesses de ces œuvres qui ont chacune leurs spécificités mais bien d’inciter à la découverte des recueils de récits courts de Rafael Díaz Ycaza.

« Peto Canilla, Caminador. Un cuento del Litoral Ecuatoriano38 » relate la vie d’un homme, de son vrai nom Pedro Cabanilla, selon les souvenirs approximatifs du narrateur, ancien habitant d’un petit village de campagne littorale nommé « Samborondón39 ». Dans sa jeunesse, il se rappelle avoir assisté au sondage nocturne d’un cimetière, effectué clandestinement par des paysans à la recherche des ossements du vagabond « Peto Canilla », injustement jeté en prison, probablement battu et assassiné mais dont personne n’a jamais retrouvé la trace. La police locale, la « Rural », a été accusée par la population d’avoir perpétré cet assassinat. Peto Canilla était connu pour ses absences soudaines mais sa disparition de la prison jeta le doute sur la population qui réclama justice en son nom. La solution de l’énigme est donnée au narrateur du récit lors d’un de ses derniers séjours dans son village natal. Le vagabond réapparu au village explique qu’il s’est enfui de prison, qu’il a regagné son domicile et qu’il vit depuis dans la forêt.

Ce court récit est narré sur le mode de l’anecdote. Il est néanmoins très élaboré. « Peto Canilla, Caminador. Un cuento del Litoral Ecuatoriano » est en effet un exemple de fiction cyclique car la vie du vagabond « marcheur » est faite des mêmes enchaînements d’événements : ses séjours dans la forêt et au village. Et c’est justement l’incompréhension de ce cycle qui cause, à tort, l’inquiétude de la population parce qu’elle a cru que cet homme s’était établi définitivement au village de Samborondón.

La seconde partie du titre du recueil Cuentos de ver y andar donne de précieuses indications sur le mode de lecture des récits qui le composent. Peto Canilla, comme de nombreux protagonistes des fictions du recueil, voue une grande admiration aux beautés de l’environnement sylvestre qui l’entoure chaque fois qu’il séjourne en forêt. Ses parcours pédestres au sein de celle-ci, sont quasiment les seuls éléments qui caractérisent son personnage. L’autre renseignement donné par le narrateur est que sa mère vit grâce à lui au village. Ses origines sont donc imprécises mais là n’est pas l’intérêt de ce récit court. Peto Canilla est un héros atypique, vivant d’errance et de l’observation des beautés de la forêt qu’il sait exploiter pour sa survie. Mais loin d’être un ermite de la forêt, il est un héros du passage entre un environnement naturel, la forêt dense et un environnement urbanisé, le village de Samborondón.

Aucune morale n’est exprimée par le narrateur. Les clefs de ce récit sont dans son titre et le dénouement de la fiction qui informe le lecteur du devenir de Peto Canilla. Ainsi ce récit a-t-il une certaine force par les quelques révélations sur ce personnage, savamment disséminées au cours de la fiction, jusqu’à la dernière phrase, celle du héros lui-même, qui confirme son statut de vagabond « marcheur ».

« Cara E’ Santo40 » est un autre récit dont la fiction évoque un personnage sans origine. Le parallèle avec « Askar-des-Ordures » du recueil Le Pays sans ombre d’Abdourahman Ali Waberi41, permet de former un corpus pour l’étude comparée des récits courts retraçant la vie d’hommes marginaux, à la fois reconnus et rejetés par les classes les plus humbles de la population des villages. La fiction de ces récits authentifie leur existence et crée ou étoffe leur « légende ». C’est ce que nous avons appelé « les cas de légendes en train de s’écrire ». Le terme « légende » étant à entendre selon son sens premier, celui de « texte qui doit être lu ». Le récit écrit prend donc le relais de ce qui était dit oralement sur ces personnages en marge de la société villageoise.

Le personnage de « Cara E’ Santo » est toutefois plus marginal que celui de Peto Canilla car l’ignorance de son nom et de ses origines est totale. Mais il entretient, à sa manière, la même relation étroite avec les éléments de l’environnement naturel qui l’entoure. Rejeté par les villageois des différents endroits où il avait cherché à s’installer, c’est finalement aux côtés d’un essaim de guêpes, dans une maison abandonnée aux marges du village de Samborondón, qu’il a élu domicile. Il est même qualifié de « bête » par le narrateur, qui en début de fiction, décrit ce personnage « affamé », vêtu de « haillons », venu en ville chercher sa pitance. Cette description montre à quel point il est déshumanisé. Une digression est nécessaire pour expliquer la signification du motif des « guêpes » dans « Cara E’ Santo ». Dans le récit « L’aveugle et le cerf-volant42 » du guadeloupéen Max Jeanne, un jeune garçon décide de participer à un concours de cerfs-volants. Une de ses connaissances, Florimont, lui conseille de rendre visite au dénommé « Sonson l’aveugle », demeurant reclus dans une cabane, derrière un bois d’arbres piquants où vivent des guêpes. Afin d’expliquer ce fait hors-norme, le narrateur précise qu’il est suspecté d’avoir quelques rapports avec le Diable. Les rapprochements avec le personnage de « E’ Canto » de Rafael Díaz Ycasa sont aisés à faire : un personnage asocial vivant en marge du village, la présence des guêpes… Ce thème des « guêpes » est commun à plusieurs des récits qui composent le recueil L’aveugle et le cerf-volant, fournissant ainsi des éléments d’interprétation : les guêpes représentent symboliquement la puissance bestiale des personnages masculins auxquels elles sont associées. Et, de manière similaire, avant d’être engagé comme homme à tout faire dans une riche famille après avoir été interrogé par un villageois, ce personnage, d’abord sans surnom, est également suspecté d’avoir pactisé avec le Diable ou de l’être lui-même. C’est la seule raison que les villageois ont trouvée pour expliquer qu’il peut vivre ainsi au milieu des guêpes, sans jamais se faire piquer. La comparaison avec deux autres récits, « Don Vicente Cumplido, hombre de romance », de la section « LEYENDAS MINERAS » du  recueil  Leyendas Chilenas d’Antonio Acevedo Hernández43 et « Un peón » du recueil El Desierto d’Horacio Quiroga, permet de répertorier ce cas de personnage aux facultés exceptionnelles, suspecté par son entourage d’avoir pactisé avec le diable, tapi dans l’environnement naturel.

Son statut d’être mi-humain, mi-animal le rattache également à la lignée des êtres liés à la sexualité primaire comme l’est par exemple le « Trauco44 » qui viole les jeunes filles égarées au sud du Chili mais aussi aux contes dans lesquels un personnage misérable est employé par de riches notables comme esclave domestique, tel l’« homme-viscacha45 » du conte « El sueño del pongo », narré par Osvaldo Torres46, qui rétablissent un certain ordre dans la société. Cette « bête sauvage », pour reprendre le titre même du recueil Las Fieras, est en effet celle qui va satisfaire la curiosité sexuelle de la fille du notable et en cela faire d’elle une femme et rétablir l’ordre dans la famille avec la disparition du père aux comportements déviants. A la suite de la découverte de ces derniers, « Cara E’ Santo », appelé ainsi par la femme du notable parce qu’il a un « regard d’ange », disparaît. Nous retrouvons ici le même thème des départs subits et mystérieux que dans « Peto Canilla, Caminador. Un cuento del Litoral Ecuatoriano » et la même liberté de mouvement dans ce personnage ne répondant finalement à aucune loi sociale, même s’il rétablit la morale au sens religieux du terme, au sein de cette famille, comme son nom le laissait présager.

L’ambivalence de « Cara E’ Santo » le rapproche par conséquent de la croyance populaire en des anges qui descendent sur terre sous la forme d’hommes misérables pour rétablir une vérité et qui disparaissent ensuite. Mais à la différence de « El sueño del Pongo » et de Mancuello y la Perdiz47 de l’écrivain paraguayen Carlos Villagra Marsal, rien n’est clairement affirmé par le narrateur qui laisse au lecteur le soin d’interpréter les différentes strates de signification de la fiction qu’il raconte. De plus, « Cara E’ Santo » est bien un nouvel exemple de fauve humain dont le recueil Las Fieras.Cuentos de ver y andar présente plusieurs facettes du caractère.

Le récit « Oñate » porte le nom d’une famille dont les hommes vivent intensément, de génération en génération, tels des fauves, allant de la forêt au village pour commettre leurs forfaits et chercher de quoi se nourrir. Multiplication des conquêtes féminines, crimes, courses folles dans la forêt, telles sont leurs occupations. Le dernier de leur lignée, Ezequiel doute de son appartenance à cette famille, tout comme les habitants du village, mais un événement lui donne la confirmation qu’il est bien un « Oñate », même si le lecteur ignore s’il y survit. En effet, le caractère modéré d’Ezequiel contraste avec celui de ses prédécesseurs. Un jour, pour se moquer de lui, des villageois lui tendent un piège mais c’est d’une manière extrême qu’il réagit : il tue un agent de la police rurale et s’enfuit dans la forêt. Poursuivi par les policiers, il se jette sans hésiter dans le fleuve infesté de crocodiles pour tenter de leur échapper.

Avec la narration de l’histoire des « Oñates », Rafael Díaz Ycasa poursuit la peinture de ses « fauves », hommes à la limite du genre humain et du genre animal, tant leurs pulsions sont exacerbées, et qui se déplacent de la forêt vers le village chaque fois qu’ils doivent les satisfaire. Ce récit est aussi celui du commencement de la destinée du dernier jeune adulte des « Oñates », celle d’Ezequiel. La force du récit tient aux non-dits sur son devenir que le lecteur devine justement grâce à l’histoire des hommes de sa famille contée en début de récit. L’histoire des « Oñates » et la fin de ce récit suggèrent, comme nous l’avons déjà vu dans « Peto Canilla, Caminador. Un cuento del Litoral Ecuatoriano », des événements cycliques qui se répètent inexorablement, tels les cycles internes à l’environnement naturel dont les « Oñates », comme les autres personnages des récits de Las Fieras. Cuentos de ver y andar, semblent être l’incarnation humaine. Cependant, le narrateur ne donne aucune interprétation de son récit ni ne livre de morale explicite.

En somme, l’indication du sens de lecture fournis par la seconde partie du titre du recueil Las Fieras.Cuentos de ver y andar, associé à la distance prise par le narrateur par rapport aux évènements narrés, font qu’il est quasiment impossible d’épuiser la signification des récits qui le composent. Chaque strate d’interprétation que découvre le lecteur au cours de son analyse, génère de nouvelles ramifications thématiques.

L’année 1944 marque en Equateur le début de la promotion de la Culture par l’Etat avec la création de la nouvelle Institution La Casa de la Cultura Ecuatoriana, dotée d’antennes régionales qui soutiennent la création et le développement de cercles littéraires. C’est dans ce climat favorable à l’expression des jeunes talents que Rafael Díaz Ycasa a publié ses œuvres.

Cet article a démontré que le recueil Las Fieras. Cuentos de ver y andar constitue une exploration littéraire particulièrement fine du thème des « fauves » humains, même lorsque sont évoquées les contradictions et les tensions les plus intimes des personnages. De plus, comme l’indique le titre composé de ce recueil, la thématique est triple : celle des fauves, de la vue et des déplacements. Autrement dit, une fois que ces hommes hors-normes « ont vu ou ont donné à voir quelque chose » – sensiblement ou moralement – , ils s’en vont.

Enfin, grâce à l’analyse des récits courts proposée dans cet article, nous entendons suggérer des pistes de travail pour de futures études comparées. Celles-ci, requérant les savoirs de l’Anthropologie culturelle, seraient consacrées aux corollaires du thème de l’environnement naturel - les personnages suspectés d’entretenir des rapports avec le diable, les anges envoyés sur Terre pour ramener un certain ordre et les marginaux mis en fiction dans les récits courts des littératures latino-américaine, antillaise et africaine du XXe siècle.

Notes de bas de page numériques

1 Egalement orthographié Rafael Díaz Icasa.
2 Traduction de Núcleo del Guayas » : littéralement : « Nœud du Guayas » (Le Guayas est un fleuve). Nous proposons « Section du Guayas ».
3 Casa de la Cultura Ecuatoriana.
4 Editorial publiant les récits courts des auteurs des nouvelles avant-gardes équatoriennes.
5 Rafael Díaz Ycasa, Las Fieras. Cuentos de ver y andar, Guayaquil, Equateur, Edición del M.I Consejo Cantonal de Guayaquil y la Casa de la Cultura ecuatoriana, Núcleo del Guayas, Collection « Relatos », 1953.
6 L’adjectif « montuvio » qualifie le monde paysan équatorien et son habitant.
7 José, Cuadra (de la), « Guásinton Historia de un lagarto montuvio », « La selva en llamas. Cuento para gran magazine » et « Cubillo, buscador de grande Cuento de aventuras »), Obras completas, Quito, Equateur, Editorial de la Casa de la Cultura ecuatoriana, 1958.
8 Traduction de « madrugada » : « aube », « petit jour ».
9 Traduction littérale du titre : Las Fieras. Cuentos de ver y andar : Les Fauves. Contes du voir et du marcher. Nous proposons la traduction : Les Fauves. Contes de la vue et de la marche.
10 Conflit contre le Pérou (1941-1942), perte de 200 000 km2 (source : Petit Larousse Illustré 1985, Paris, Librairie Larousse, 1985, p. 1302).
11 Site de la Casa de la Cultura ecuatoriana « Benjamín Carrión » ; URL : http://cce.org.ec/index.php?id=44&action=mi . Notre traduction : « Institution destinée à fortifier le devenir historique de la patrie et dont l’objectif fondamental « cherche à […] orienter la culture avec un esprit essentiellement national, dans tous les aspects possibles afin de créer et de rendre robuste […] la sensibilité artistique de la collectivité équatorienne ». L’idée est partie de la nécessité de rendre à l’Equateur la confiance perdue, conséquence de la grave perte territoriale endurée en 1941 ».
12 Site de la Casa de la Cultura ecuatoriana « Benjamín Carrión » ; URL : http://cce.org.ec/index.php?id=44&action=mi . Notre traduction : « Si nous ne pouvons être une puissance militaire et économique, nous pouvons être une puissance culturelle nourrie de nos plus riches traditions. »
13 Un florilège de la production des auteurs de récits courts originaires ou exerçant leur profession à Esmeraldas est proposé dans l’Antología de Cuentos esmeraldeños (Antología de Cuentos esmeraldeños, Quito, Ecuador, Editorial de la Casa de la Cultura Ecuatoriana, 1960). Cette anthologie est un très intéressant document de travail dont chacun des récits est accompagné d’une notice bio-bibliographique des auteurs.
14 Notre traduction « Le plus grand des cinq ». Les membres du « Groupe de Guayaquil » sont au nombre de cinq : Enrique Gil Gilbert, Demetrio Aguilera Malta, Alfredo Pareja Diezcanseco, Joaquín Gallegos Lara et José de la Cuadra.
15 Alfredo Pareja Diezcanseco, « El mayor de los cinco » in José, Cuadra (de la), Obras completas, Quito, Equateur, Editorial de la Casa de la Cultura ecuatoriana, 1958. 
16 Benjamín Carrión, El Nuevo Relato ecuatoriano. Crítica y Antología, t.2, Quito, Equateur, Editorial de la Casa de la Cultura Ecuatoriana, 1951, p. 83. Notre traduction : « […] [D]ans ses récits, il s’est proposé de ne rien prouver. Pour cette raison, beaucoup des objections adressées à sa promotion  ne le concernent pas. Et cependant, son œuvre est pleine d’une grande sympathie pour la classe paysanne à laquelle appartiennent les héros de ses contes. » ;  «  Et c’est pour cela que les récits de José de la Cuadra sont capables d’aller plus loin et plus profond dans leur rôle d’influence dans [le domaine] social : il ne met pas à jour le jeu de la propagande – oui il y en a bien un – : il conte seulement, avec tant de véracité, avec tant de « documentation humaine », que les scènes narrées apparaissent avec une facilité extraordinaire au lecteur […] ». Il domina la technique du conte, de l’histoire courte.
17 Le recours à la sémantique historique est utile pour expliquer le terme « environnement ». Le mot « environnement » est un dérivé datant du XVe siècle du verbe « environner », lui-même formé au XIIe siècle à partir du mot « environ ». Le verbe « environner » exprime à la fois la notion neutre d’« enceindre quelque chose » mais aussi les notions connotées négativement d’« enfermer », de « cerner », voire d’« assaillir  quelque chose ». Le terme « environnement » implique une relation positive ou négative, une tension entre un élément donné et ce qui l’entoure.
18 Jesús Isaac, Barrera, Historia de la literatura ecuatoriana, Quito, Equateur, Editions Libresa, 1964, p. 1199. Notre traduction : « Le paysan est ici le personnage qui n’en fait qu’à sa tête. Il vit au fil de l’océan, près des mangroves, entre les marais qui sont le théâtre de ses luttes et de ses querelles […]. […] Des romanciers comme  José de la Cuadra s’enfoncèrent dans la forêt, pénétrèrent les légendes et les superstitions dans lesquelles vivent habitants étranges et étrangers à toute morale civilisatrice. Ils sont les fils de la nature très abondante, féroce, monstrueuse, admirable et terrible. […] Les familles paysannes sont comme une unité végétale, composées de troncs tordus et forts, qui vivent sans plus de sujétion que celle de leurs instincts ».
19 Jesús Isaac Barrera, Historia de la literatura ecuatoriana, Quito, Equateur, Editions Libresa, 1964, p. 1201. Notre traduction : « Les personnages des contes et de romans de José de la Cuadra ont été arrachés à la forêt pour les transposer aux livres avec ressemblance et l’indispensable épuration littéraire ».
20 Jesús Isaac Barrera, Historia de la literatura ecuatoriana, vol. IV, Quito, Equateur, Editorial de la Casa de la Cultura ecuatoriana, 1955, p. 115.
21 Libro de Posta. La narrativa actual en el Ecuador, anthologie de Miguel Donoso Pareja, Quito, Equateur, Editorial El Conejo-Hoy, Collección  « Ecuador/ Letras », 1983. 
22 Francisco Proaño Arandi, « Literatura ecuatoriana contemporánea », AFESE Asociación de Funcionarios y Empleados de Servicio Exterior ecuatoriano, n°36, Quito, Equateur, 2000, p. 5, URL : www.afese.com/img/revistas/revista40/artFrancisco . Notre traduction : « Rafael Díaz Ycasa, auteur qui est passé du réalisme social aux thèmes psychologiques et même fantastiques (Prométhée et autres grimaces) ».
23 Miguel, Donoso Pareja, Libro de Posta. La narrativa actual en el Ecuador, anthologie de Quito, Equateur, Editorial El Conejo-Hoy, Collección  « Ecuador/ Letras », 1983, « Introduction », p. 7.
24 Benjamín Carrión, El nuevo relato ecuatoriano. Crítica y Antología, 1951, Quito, Equateur, Editorial de la Casa de la Cultura Ecuatoriana, 2e édit. révisée de 1958. Notre traduction : « Les choses de l’intériorité, antérieures au fait. Mais [surtout] et principalement, les faits, les événements, le parcours des hommes sur les chemins de la vie, et dans ce domaine [s’illustre] son premier recueil Les Fauves, nourris de forces et d’émotion, et avec une bonne intention presque toujours réussie, de se mettre à l’intérieur des personnages, sans se contenter d’être spectateur de leur conduite ».
25 Galo René Pérez, Pensamiento y Literatura del Ecuador. Crítica y Antología, Quito, Equateur, Editorial Casa de la Cultura Ecuatoriana, 1972, p. 473. Notre traduction : « Un bon tact dans l’utilisation de la technique moderne, un langage à la fluidité ample et dynamique, une onde constante de lyrisme [...], un déploiement de cadres et d’épisodes, un habile sondage dans les états de l’âme (même les plus confus et morbides), élèvent ses romans à une hiérarchie réellement digne d’éloges ».
26 « Rafael Díaz Icasa », Edufuturo en ligne, Pichinca, Equateur, 2006, URL : www.edufuturo.com/educacion.php?c=3136 . Notre traduction : « Comme poète [...], il possède un style qui montre des traits propres, par le versant inépuisable de ses thèmes et émotions, par la force et l’audace de ses vers, dans lesquels les métaphores coulent avec simplicité et une efficace luminosité ».
27 « Rafael Díaz Ycaza (Guayaquil, 1925) », Literatura ecuatoriana en ligne, Quito, Equateur, 2002, URL : www.literaturaecuatoriana.com/paginas/rafadiaz.htm
28 Néstor, Vega Jímenez, « Anexo 6 : El Grupo Buseta de Papel organiza el I Festival de Poesía Joven Hugo Mayo », Bulletin de Presse, Buenos Aires, Argentine, 07/ 2005, site de CLACSO, Campus Virtual del Consejo latinoamericano de Ciencias Sociales, URL : http://campus.clacso.edu.ar/conferences/F0000EADF/F00000DF03/I00363D58. 
29 « Academia de Letras Castellenas del Instituto Nacional ».
30 « Centro Unión Cosmopolita ».
31 « Galería de retratos ».
32 Alejandro, Carrión, Obras Completas, vol. 3, Quito, Equateur, Editions Banco Central de Ecuador, 1983, cf. chapitre « Galería de retratos ».
33 Eugenia, Viteri, Antología básica del cuento ecuatoriano, Quito, Equateur, Editions Artes Gráficas Señal, 1998.
34 Juan, Camerón, « Nueva poesía ecuatoriana. Los novísimos de Oquendo », journal Liberación en ligne, Quito ? Equateur, 07/ 03/ 2003 ; URL : www.liberacion.press.se/anteriores/030307/notas/cameron.htm . Notre traduction : « La poésie équatorienne a livré de grands noms durant le siècle passé. […] [Parmi ceux-ci se trouvent] les figures de Jorge Carrera Andrade, Jorge Enrique Adoum, Alfredo Gangotena, Oquendo de Amat, César Dávila Andrade, Rafael Díaz Icaza […].
35 Library of Congress, Washington DC, USA, dernière mise à jour du 30/ 01/ 2007, URL : www.loc.gov/rr/hispanic/listado.html; Rubrique « The Library of Congress. Especially for researchers, Research Centers », sous-rubrique :  « Recorded Authors for the Archive of Lit on Tape » ; cf. la liste des œuvres de Rafael Díaz Ycasa présentes dans le Département « Hispanic division Area ».
36 Rafael Díaz Ycasa a choisi un angle de vue particulier tourné vers l’embouchure du fleuve et la forêt, sans jamais faire mention de l’océan Pacifique.
37 Horacio, Quiroga, El desierto, 1956, Editorial Losada S.A, Collection « Biblioteca clásica y contemporánea », Buenos Aires, Argentine, 6e éd. de 1997.
38 Traduction du titre « Peto Canilla, Caminador. Un cuento del Litoral Ecuatoriano » : « Peto Canilla (littéralement « long de la jambe »), Marcheur. Un conte du Littoral équatorien ».
39 Ce village traversé par le fleuve Babahoyo entre en littérature grâce, notamment, à José de la Cuadra.
40 Traduction du titre « Cara E’ Santo » : « Visage de Saint ».
41 Abdourahman Ali Waberi, Le Pays sans ombre, 1994, Paris, Editions Le Serpent à Plumes, Collection « Motifs » n°24, réédition de 2000, p. 133.
42 Max Jeanne, L’aveugle et le cerf-volant, Guadeloupe, Editions Ibis Rouge, 1998. 
43 Antonio, Acevedo Hernández, Leyendas Chilenas, Santiago du Chili, Editorial Nascimento, 1952.
44 Floridor Pérez Lavín, Mitos y Leyendas de Chile, Santiago du Chili, République du Chili, Editions Zig Zag, 9e édition de 2001.
45 La « viscacha » est un animal endémique de l’altiplano andin, très présent dans les contes aymaras. Il ressemble à la fois au lapin et à l’écureuil.
46 Osvaldo Torres et le « Conjunto Huara », Desde los Andes a la ciudad, Nuñoa, Santiago du Chili, Editions Alerce Producciones Fonográficas, 1997. Notre traduction : « Le rêve du domestique amérindien ».
47 Carlos, Villagra Marsal, Mancuello y la perdiz, 1965, Madrid, Espagne, Editions Cátedra, Collection « Letras Hispánicas », 1996. 

Bibliographie

Acevedo Hernández Antonio, Leyendas Chilenas, Santiago du Chili, Editorial Nascimento, 1952

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Ycasa Rafael Díaz, Las Fieras. Cuentos de ver y andar, Guayaquil, Equateur, Imprenta y Talleres Municipales, 1953

Pour citer cet article

Cécile-Alice Jouannaux, « Histoire littéraire équatorienne (XXe siècle) », paru dans Loxias, Loxias 22, mis en ligne le 15 septembre 2008, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/lodel/docannexe/file/7601/lodel/index.html?id=2455.

Auteurs

Cécile-Alice Jouannaux

Cécile-Alice Jouannaux est doctorante en Littérature Générale et Comparée à l’Université Paris III Sorbonne Nouvelle. Directeur de recherches : Monsieur Daniel-Henri Pageaux. Domaines et orientations de recherches : hispanophonie, francophonie, littératures émergentes, environnement naturel, récits courts