corps dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 18 | Doctoriales

Le deuil de la réalité : l’écriture théâtrale selon Pier Paolo Pasolini

L’esthétique théâtrale pasolinienne est traversée par un paradoxe fondamental : le théâtre de Pasolini se définit comme « Théâtre de la Parole » alors que la parole y est disqualifiée du fait de son inauthenticité au regard du langage de l’action physique et du corps, et par conséquent, de son impuissance à être « vraie ». L’auteur italien, de fait, forge le mythe d’un théâtre identique à la réalité, une Idée du théâtre comme langage silencieux et non symbolique du monde sensible. Mais cet archétype permet à l’auteur de dégager en négatif la spécificité de l’écriture dramatique (contemporaine) et de la parole théâtrale : le théâtre s’écrit dans le manque de corps et d’action, dans le renoncement à la vérité des corps. C’est dans ce mouvement disjonctif que réside sa puissance esthétique et politique, à savoir la reconfiguration sensible du rapport du discours verbal au monde des choses, la reformulation de l’agencement, consubstantiel au théâtre, des paroles et des corps.

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Loxias | Loxias 27 | I. | Beckett

Corps beckettiens

Les corps beckettiens, dans En attendant Godot et Oh les Beaux jours, offrent le spectacle d’une souffrance et quelquefois d’une violence triviales et cathartiques. Corps grotesques exposés au réel le plus cru, morcelés, mutilés, jusqu’au creux de leur chair, ils témoignent à vif d’un trauma plus profond, dont l’auteur montre les vertiges, à l’envers de la forme évidée. Car c’est par un travail de défiguration du corps comme de la langue que Beckett fait voler en éclats le carcan des frontières organiques pour qu’en porosité s’invente une nouvelle corporéité, dans laquelle c’est l’informe et c’est l’inachevé qui libèrent un souffle mourant, originel.

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Loxias | Loxias 29 | I. | 1. Eros

Préliminaires à une érotique du traduire

Le présent article pose les principes généraux d’une érotique du traduire capable de rendre compte de l’amour en traduction. Ni romantique, ni pornographique, l’érotique de la traduction dénonce les multiples érotologies du traduire avant de déployer sa propre réflexion sur une multiplicité de dimensions (pragmatique, pédagogique, éthique). The present article lays the foundation of an erotics of translation meant to account for the idea love in translation. Neither romantic nor pornographic, the erotics of translation denounces existing erotologies of translation before unfolding its own reflection from different perspectives (pragmatic, pedagogical, ethical)

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Loxias | Loxias 29 | I. | 2. Expériences

Le traducteur médusé

Puisqu’il est interprète du texte original, le traducteur en est le scrutateur « premier » – non pas chronologiquement, mais logiquement : c’est lui, comme le commentateur, qui cerne au plus près le fonctionnement de la « parole » du texte dans ses efforts pour s’écarter, en innovant, de sa propre langue. La provocation à laquelle Nietzsche ne craint pas de recourir l’entraîne à faire entendre d’autres connotations, érotiques parfois, à l’occasion de topoi philosophiques traditionnels ou académiques ; à montrer quelle part revient néanmoins au « corps » (qui n’est pas matériel) dans un discours qui, précisément, s’acharne à vouloir s’en affranchir.

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Loxias | Loxias 38. | Doctoriales IX

Littérature et paléontologie : une contribution double à la définition de l’Homme

Dans son roman intitulé Préhistoire, Éric Chevillard décrit la régression à l’état d’homme préhistorique d’un paléontologue déchu devenu gardien de musée. À l’opposé de cette métamorphose, Andrée Chedid, dans son œuvre intitulée Lucy, La femme verticale, imagine le récit de l’entrée en humanité d’un de nos tout premiers ancêtres. Le sens du voyage dans le temps auquel procède Éric Chevillard est à l’inverse de celui imaginé par Andrée Chedid. Pourtant, en confrontant l’homme moderne à la figure de l’homme ou de la femme des origines, les deux récits se rejoignent au sein d’un même questionnement sur le statut particulier du genre humain dans le monde et dans l’histoire de celui-ci.

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Loxias | Loxias 44. | I.

Les incorporations de Romain Gary : un pluriel stylistique

Romain Gary devient diplomate en 1945. Impliqué pendant une quinzaine d’années dans les négociations onusiennes et européennes, il ne cachera jamais dans son œuvre ses réticences concernant la construction de ces organisations internationales dont les fondations abstraites ne pouvaient pas être à la hauteur de l’idéalisme qui les présidait. L’ONU et l’Europe deviennent chez Gary des emblèmes symboliques d’une imagination abstraite et stérile s’apparentant à un fantôme de l’humanité. Si d’un point de vue politique ces organisations internationales s’imposent comme un miroir déformant de la fraternité dans lequel l’homme occidental désire se reconnaître, d’un point de vue littéraire, l’écrivain les réduit à des figures de style soulignant leur futilité et leur stérilité. Grâce à un jeu subtil de métaphores récurrentes dans plusieurs romans (principalement dans L’Homme à la colombe et Europa, mais aussi dans Tulipe et Le Grand Vestiaire), ces institutions peuvent être envisagées comme une écriture du corps. Romain Gary became a diplomat in 1945. With 15 years of involvement in United Nations and European negotiations, he never hided in his written works his reticence regarding the creation of these international organizations whose abstract foundations cannot meet the lofty idealism that preceded them. The UN and Europe became for Gary symbolic emblems of abstract and sterile imagination derived from a vain dream of humanity. From political point of view these organizations impose themselves as a distorting mirror of the brotherhood in which a western man would like recognize himself; from a literary point of view the writer reduce them to the figures underlining their futility and vanity. Thanks to their fine play of metaphors recurring in several novels (mainly in L’Homme à la colombe and Europa as well as Tulipe and Le Grand Vestiaire translated in English in 1950 as The Company of Men), these institutions can be considered as a writing of body.

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Romain Gary, si « JE est un autre » qui est-IL ?

Le IL vient définir la présence naissante dans le corps de l’écrit, qui hante la littérature de Gary. Il s’agit d’un rapport au temps et au corps qui dépasse la seule problématique de l’individu. Au-delà des pseudonymes, c’est dans la nature même de ses écrits que se déploie cette puissance. Dans l’épaisseur de la page se dissimule le pli entre auteur, personnage et signature. Dans un lien créatif, original et organique au phonème se loge un monstrueux rapport qui délie les lois de l’engendrement, de la naissance, à travers la création. Toutes ces implications vitales font participer son écriture à celles du danger, où l’engagement du sujet, auteur et lecteur, est inévitable. “Romain Gary, if "I is someone else", who is HE?” The HE just defines the emerging presence in the body of the writing, which haunts Gary’s literature. It is a relation to time and body that goes beyond the mere problem of the individual. Beyond pseudonyms, it is in the very nature of his writings that this power unfolds. In the thickness of the page, hides the fold between author, character and signature. In a creative, original and organic link to the phoneme fits a monstrous relationship which loosens the laws of procreation and birth through the creation. All these vital implications involve his writing to those of danger, where commitment of the subject, author, reader, is unavoidable.

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Loxias | 54 | I.

Combe et comble de l’abjection : le hameau de Prunde dans La Gloire des Pythre de Richard Millet

Le hameau s’impose comme un véritable défi pour qui tente de le représenter ; lieu à l’écart du monde, dépourvu d’institutions propres, ce groupement d’habitations semble réduit à l’insignifiant ; pourtant, écrivains et artistes se sont intéressés à cet espace hors-norme. La Gloire des Pythre de Richard Millet, paru en 1995, est un roman rural mettant en scène une communauté paysanne au mode de vie rude et archaïque. La première partie du récit, en ayant pour cadre « la combe de Prunde », associe le hameau à une sourde malédiction : la neige rendant l’inhumation des corps impossible, les habitants doivent attendre les beaux jours afin d’offrir une sépulture aux défunts qu’ils conservent, en voie de putréfaction, sur des pilotis de bois. La décomposition cadavérique questionne alors tout à la fois l’espace et le corps, perçus comme instables, peut-être insaisissables, aux confins du réel et du savoir.

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Loxias | 69. | I.

La rupture dans Médée chérie (2019) de Yasmine Chami

Dans la culture marocaine, l’amour dans le couple, tissé au fil des années et symbolisé par la fécondité, la réserve et la dignité de l’épouse, constitue l’une des bases de l’unité familiale. Cette unité n’est pas toujours sauvegardée, pour différentes raisons, et c’est la femme qui le subit le plus comme un échec irréversible. Tel est le cas de Médée, dans Médée Chérie (2019) de Yasmine Chami qui, abandonnée par son mari Ismaïl, expérimente l’anéantissement total. L’objectif est de voir, à la lumière du genre, comment en partant d’une réécriture du mythe de Médée la romancière représente l’impact de la rupture sur la femme. In Moroccan culture, love in the couple, woven over the years and represented by the fertility, the reserve and the dignity of the wife, constitutes one of the pillars of family unity. For different reasons, such unity is not always preserved, and it is the woman who undergoes it more like an irreversible failure. This is the case with Medea in Médée chérie (2019) by Yasmine Chami, who has been abandoned by her husband Ismail, then goes through complete chaos. Accordingly, the objective here is to see, in light of gender, how starting from rewriting Medea’s story, the author illustrates the impact of separation on the woman.

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L’héritage de Simone de Beauvoir chez Esther Tusquets

L’article suivant porte sur l’hypothèse de l’influence beauvoirienne dans l’œuvre fictionnelle d’Esther Tusquets, autrice catalane (1936-2012). Nous nous focalisons ici sur l’essai du Deuxième sexe afin d’observer comment une pensée théorique et idéologique peut s’illustrer dans une écriture romanesque. Nous analysons la réception de l’essai de Beauvoir en Espagne au moment de la dictature franquiste pour étudier ensuite les textes de Tusquets sous le prisme de l’écriture du corps, point névralgique de l’engagement des deux autrices. The following article questions De Beauvoir’s hypothetical influence on the work of fiction of the Catalan writer Esther Tusquets (1936-2012). It focuses on The Second Sex essay and tries to establish how a theoretical and ideological thinking can be interwoven in fictional writing. The reception of the essay in Spain during the Francoist dictatorship will be analysed before an in-depth study of Tusquets’ writings in the light of body writing, at the core of the two writers’ commitment.

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Loxias | 82. | I.

Le corps malade comme métaphore de la solitude dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar

La solitude est un thème hégémonique dans la production littéraire de Yourcenar. C’est une caractéristique inhérente à la vie elle-même, et est établie comme une condition essentielle de l’homme. Dans l’œuvre yourcenarienne, la solitude est polymorphe, elle revêt plusieurs formes dont la maladie fait partie intégrante. Le motif du corps malade est au centre de l’écriture yourcenarienne et joue de ce fait un rôle narratif majeur. Celle-ci est souvent marquée par l’apparition des protagonistes qui se réfugient dans la solitude. Cette rupture négative se constate par la présence significative de nombreux personnages porteurs de maladies corporelles. Dans cet article, nous allons décliner ce type de solitude, plus symbolique, qui semble hanter l’écrivaine, en privilégiant les significations symboliques des éléments agresseurs obsessionnels qui sont à même d’informer sur l’imaginaire de Yourcenar de par leur caractère itératif. Nous allons traiter du thème par le biais des métaphores obsessionnelles à savoir les métaphores de l’humeur, les métaphores du non-agir, les métaphores du tourment, la personnification du corps humain et la réification du corps humain. Solitude is a dominant theme in Yourcenar’s literary production. It’s an inherent characteristic of life itself and is established as an essential condition of humanity. In Yourcenar’s works, solitude takes on various forms, among which illness is an integral part. The motif of the sick body is at the core of Yourcenar’s writing and thus plays a major narrative role. This is often marked by the emergence of protagonists who seek refuge in solitude. This negative rupture is evident through the significant presence of numerous characters afflicted with bodily illnesses. In this article, we will explore this more symbolic type of solitude that seems to haunt the writer, focusing on the symbolic meanings of obsessive aggressor elements that can provide insights into Yourcenar’s imagination due to their repetitive nature. We will address the theme through obsessive metaphors, namely metaphors of mood, metaphors of inaction, metaphors of torment, personification of the human body, and the objectification of the human body.

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