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Loxias | Loxias 10 | I.

L’œuvre offerte : esthétique de la transposition et littérature comparée (traduction, réécriture, illustration)

La transposition permet de passer d’un contexte, d’un domaine ou d’un niveau à un autre. Nous voudrions donner ici quelques points de repère pour évaluer le champ de la transposition aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui constituent une période de transition : ce n’est que progressivement que la propriété intellectuelle et, partant, l’autorité et l’autonomie de l’œuvre littéraire se sont imposées. Nous nous interrogerons sur le statut de l’œuvre d’art elle-même ; elle s’épanouit, au-delà de l’esthétique de la « réception », dans l’approche proprement « comparatiste » de l’art . Deux exemples centraux pour l’époque qui nous intéresse peuvent permettre de prendre la mesure du phénomène : L’Astrée d’Honoré d’Urfé (1607-1610, 1619, quatrième partie et suite de Balthazar Baro, 1632-1633) et Clarissa de Samuel Richardson (1747-1748).

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Loxias | 68. | I.

Quand le fantôme d’Edgar Poe plane sur l’œuvre de Jean Bruller-Vercors : résonances artistiques, frontières génériques

Admirateur d'Edgar Poe, le dessinateur-graveur Jean Bruller orna de trois eaux-fortes Le Corbeau en 1929, et illustra en 1942 trois autres poèmes en prose Silence, Ombre et L’île de la fée. Quand Jean Bruller devint l'écrivain Vercors à partir de l’Occupation, il joua dès lors le rôle d’intellectuel engagé dont ses ouvrages se font l’écho. Mais en 1977, il s’abandonna au « simple plaisir d’écrire » à la manière de celui qui fut l’un de ses modèles, dans ses récits de fantômes, Les Chevaux du Temps. Poe fut donc une figure tutélaire qui l’accompagna dans sa double carrière. Au-delà des inspirations biographiques et thématiques, les deux auteurs se rejoignent dans leurs choix génériques : ils excellèrent tous deux comme nouvellistes, et si le premier s'adonna avec brio au poème en prose, germination de l'éclatement des genres par son caractère intrinsèquement hybride, le second versa dans la prose poétique, notamment dans Les Chevaux du temps. Ces rapprochements invitent à s'interroger : comment l’illustrateur Jean Bruller concevait et appliquait la transposition d'un type narratif au dessin ? quelles permanences et quels glissements génériques se sont opérés d'Edgar Poe à Jean Bruller-Vercors, faisant émerger une image plus insolite, car plus entière, de Jean Bruller-Vercors, par-delà le mythe figé de l'écrivain de la Résistance. Admirer of Edgar Poe, the draftsman-engraver Jean Bruller decorated The Raven in 1929 with three etchings, and illustrated in 1942 three other prose poems Silence, Shadow and The Island of the fay. When Jean Bruller became the writer Vercors starting from the Occupation, he played the role of committed intellectual whose works are echoed. But in 1977, he abandoned himself to the "simple pleasure of writing" in the manner of one who was one of his models, in his stories of ghosts: Les chevaux du temps. Poe was therefore a tutelary figure who accompanied him in his double career. Beyond the biographical and thematic inspirations, the two authors come together in their generic choices: they both excel as short stories writers, and if the prose poem, germination of the bursting of genres by its character intrinsically hybrid, has been brilliantly honoured by Poe, Bruller-Vercors, on his part, drifted himself into poetic prose, especially in Les chevaux du temps. These parallels invite us to wonder: how did the illustrator Jean Bruller conceive and apply the transposition of a narrative type to drawing? what permanences and what generic shifts have occurred from Edgar Poe to Jean Bruller-Vercors, giving rise to a more unusual image, because more complete, of Jean Bruller-Vercors, beyond the frozen myth of the writer of the Resistance.

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