Philippe Marty


Professeur de littérature comparée à l’université Montpellier III

Articles de l'auteur


Loxias | Loxias 1 (2003) | présentation

Présentation

Le mot « idiome » ne trace aucune frontière et ne revendique aucun territoire, puisqu'il les porte en lui, ne voulant dire rien d'autre que : « langage propre à ». A ce que l'on veut : une nation, une province, un groupe, une personne, un écrivain. Tandis que « langue », « dialecte », « patois », « parler » se définissent les uns par rapport aux autres, c'est-à-dire en découpant des ordres et des limites (linguistiques, géographiques, institutionnels), « idiome » ne s'occupe que de soi, est affaire privée. Le « simple particulier » n'étant ni homme public, ni savant ou spécialiste, ne va pas au-delà de soi-même, de sa propriété. De celui-ci la parole ne s'exerce que « privatim », elle est inapte à la harangue ou à la controverse, et elle est naïvement pacifique, car des particuliers qui s'ignorent ne se font pas la guerre : chacun se contient et s'affaire dans l'enceinte de son territoire. Le « privatus » n'est ni maître ni esclave, ni colon ni colonisé, ni vénéré ni méprisé ; on ne lui demande rien et il ne demande rien.

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Loxias | Loxias 1 (2003) | articles

« Un sol qui n’est pas sans bouche »

Comment le propre peut-il valoir au-delà de ses limites propres et ne pas demeurer obscur ? Le mot « patois » sert à désigner tout parler inapte à se faire entendre à l'extérieur de ses frontières étroites : « En foro de la Crau », Mireille ne dit rien à personne, non plus que, dans un poème de Hölderlin, un Ulrich posant le pied dans une combe ignorée. Pour ceux qui ne sont pas du cru, le patois exprime ainsi un « schibboleth » : un signe hermétique. Mais c'est en tant qu'idiome ne cultivant et n'amassant rien, ne valant instantanément que là où est le patoisant et à la date où il parle, que l'obscur, l'incompréhensible, le « sitôt né, sitôt mort », le propriétaire d'aucun territoire, s'étend « à l'infini » comme la chose la plus commune précisément parce qu'elle ne règne sur aucune autre propriété que le pur événement d'« arriver », elle-même.

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Loxias | Loxias 7 (déc. 2004) | Littérature comparée

Amour-Le-Liant (Hugros Eros)

Quant à sa forme, Amour est « hugros », coulant (Banquet, 196a). Coulant, il peut entrer où il veut, se transporter en un instant en tout point, s’ajuster de façon à compléter (« sumbolon »), être et faire l’ensemble, simuler le même (rime), lier et envelopper, mais surtout disjoindre le même d’avec le même : produire sans relâche le duel. On est passé de son aspect hugros à sa dynamique, sa vertu et son essence.

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Loxias | Loxias 11 | Littérature comparée

« Poètes de l’amour »

Commentaire composé : Goethe, Divan, Poésie/Gallimard, traduction de Henri Lichtenberger, de p. 126 (« Amour pour amour… ») à p. 132 (« Et l’esprit c’est la vie de la vie. »)

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Loxias | Loxias 16 | Travaux et publications

Le Poème et le phénomène

“Éditions Le Manuscrit, 2007 633 pages Les poèmes se forment au regard et au passage des noms propres. Est poème tout énoncé pensant à un nom propre. Le poème célèbre le singulier ou la survenue appelée d’un nom propre. Le nom propre fait (« poieitai ») le poème ; délivrant les avatars de lui-même il s’y répartit univoquement. Voilà les motifs qui conduisent les études que rassemble cet ouvrage où sont lus des poèmes de Virgile, Horace, Hölderlin, Baudelaire, Mistral, Laforgue, Nietzsche, Rilke, Valéry, et également ...”

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Loxias | Loxias 19 | Programme d'agrégation

Commentaire composé du chapitre II, 28 de Don Quichotte

Ce chapitre (tome 2, de la page 243 à la page 248 en collection « folio » Gallimard) présente une discussion, ou dispute, ou explication, entre Sancho Pança et son maître. De ce point de vue, il est à rapprocher de beaucoup d’autres chapitres du roman. Chevalier et écuyer devisent tout en cheminant lentement, le tempo « andante » favorisant l’échange de paroles. C’est un des nombreux passages aussi où le couple s’apprête à passer la nuit à la belle étoile, dans un petit bois. Ce qui se passe pendant la nuit est conté ici en une phrase seulement. Sancho Pança est moulu et gémissant parce qu’il a été roué de coups. Mais la différence, ici, avec les autres épisodes de ce type, c’est que Don Quichotte n’a pas partagé l’infortune de son valet, ce qui est un cas assez rare dans le roman. Sancho vient de faire l’expérience que son chevalier ne s’est pas comporté comme un chevalier, et Quichotte aura fort à faire, dans la discussion, pour rétablir dans son autorité l’idéal et l’immuable du code contre l’expérience sensible (et douloureuse) de l’écuyer ; dialogue ou affrontement du code et de l’expérience. La confiance de Sancho en Quichotte semble ébranlée.  Pourtant les deux protagonistes ne se quittent pas, pas plus ici qu’ailleurs. Ce qui les unit d’une façon plus indéfectible que le lien d’argent ou le service féodal, c’est le désir, toujours renouvelé, du dialogue. 

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Loxias | Loxias 23 | Autour du programme d'agrégation 2009

Le « quelque chose » (« something », « etwas ») des romanciers réalistes

Deux commentaires composés : 1) Thomas Hardy : Tess d’Urberville, chapitre XXIV, traduction française de Madeleine Rolland, Livre de Poche, de la page 178 à la page 182. 2) Theodor Fontane : Effi Briest, traduction française de Pierre Villain, collection « Bouquins », de la page 770 (« ‘Que peut bien avoir papa ?’ dit Johanna à Annie ») à la page 776 (« échangeant un bref ‘au revoir à Kessin’. » : fin du chapitre XXVII).

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Loxias | Loxias 29 | I.

Présentation du titre « Eros traducteur »

Ce qui fait l’unité et la spécificité des études réunies dans ce numéro, est donné par le titre : Eros traducteur. Pourquoi ce titre-ci plutôt que d’autres envisageables ? Eros, c’est dans la théorie des pulsions un nom ni propre ni commun et c’est un singulier qui enveloppe un pluriel : l’ensemble des pulsions de vie. Il permet de situer la réflexion dans une tradition philosophique et mythique. L'eros traducteur est décrit, d'après le phénomène de la rencontre, comme "versabilité infinie".

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Loxias | Loxias 29 | I. | 3. Rencontres

Naiô. Désir du propre (Hölderlin et Sophocle, Ajax, v. 596-598)

La traduction poétique désire potentialiser (répéter, commémorer, célébrer) une occurrence insubstituable ; ainsi le verbe « naiein », dans Ajax de Sophocle, pour désigner « l’habiter » ou l’être de l’île de Salamine, est-il reçu par Hölderlin comme exprimant de manière irremplaçable le propre de l’habiter. « Naiein » ne cessera pas de hanter sa poésie, et en particulier l’emploi qu’il fait de l’allemand « wohnen ». L’intraduisible, l’inatteignable, suscite, de cette manière, le désir de traduire, toujours renouvelé. The hypothesis is that the desire to translate can be triggered off when one feels that a word, a text or any utterance ist untranslatable. The act of translating amounts then to celebrating or commemorating the untranslatable. So Hölderlin celebrated in his own poetry the Greek verb « naiein » that he found in a verse by Sophocles.

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Loxias | Loxias 31. | I. | Littérature comparée

Théâtre et violence

“Broché, 192 pages Editeur : ATLANDE (1 octobre 2010), Collection : Clefs Concours-Littérature comparée ISBN-10 : 2350301451 ISBN-13 : 978-2-35030-145-7 Table des matières Introduction Repères et analyses Shakespeare, Titus AndronicusCorneille, MédéeBotho Strauss, ViolSarah Kane, Anéantis Thématiques ...”

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Loxias | Loxias 43. | I. Questions de Littérature comparée à l'agrégation de Lettres modernes

« Kalein ». Éléments et notes pour un commentaire composé de Lysistrata, v. 1 à 139

À côté du destin tragique qui s’abat sur un essentiellement, la fortune comique ou heureuse est affaire de tous, de rassemblement, de changement, déguisement, l’un pour l’autre et avec l’autre, de versabilité ou mutabilité universelles ; elle a partie liée avec la démocratie, et la démocratie avec la fête et l’utopie. Cela se dit, dans le premier temps de cet article à partir du mot grec « kalein » et du mot anglais « atone ». Ensuite, et dans cette perspective, sont proposés, dans les deuxième et troisième parties, des éléments en vue d’un commentaire composé du début de Lysistrata (v. 1 à 139).

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Loxias | 47. | I.

« Burden ». Éléments pour un commentaire composé de As you like it de Shakespeare, II, 7

Cette scène, célèbre pour les tirades de Jaques, et spécialement pour celle qui dit que « All the world’s a stage », ne se considère pas, cependant, selon le seul point de vue du « theatrum mundi ». Elle met en place une autre sorte de théâtre, de « pageant », où valent l’entraide, la sympathie, le « care » et la grâce, et le refrain, porté par tous », « burden ».

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