chauve-souris dans Loxias


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Entre ailes : la chauve-souris et la fée dans la peinture victorienne

La chauve-souris a bien mauvaise réputation. On l’associe aux vampires, aux sorcières, aux démons du sabbat. Elle pullule dans la littérature gothique, puis dans la littérature fin de siècle. Curieusement, on a tendance à oublier que c’est un animal essentiel du bestiaire féerique : il apparaît dans les comptines et plus particulièrement dans la peinture féerique victorienne. Cet article se propose d’expliciter les points communs entre la fée et la chauve-souris sous l’angle de l’hybridité. Il sera également question de la domestication de l’animal par les fées qui, dans la grande tradition shakespearienne, en font un moyen de locomotion par excellence. Pourtant, la chauve-souris ne se limite pas uniquement à une commodité, la peinture féerique fait d’elle un motif décoratif récurrent qui sera repris des années plus tard par les artistes de l’Art nouveau. The bat has long had a bad reputation. We associate it with vampires, witchcraft and the Black Sabbath. Bats swarmed in gothic fiction and in later Victorian literature. Curiously, we tend to forget that the bat is equally an essential part of the Anglo-Saxon fairy bestiary. It appears in nursery rhymes and more particularly in Victorian fairy painting. This article seeks to explain the points in common between the fairy and the bat from the perspective of the notion of hybridity. It will equally question the domestication of the bat by the fairy who, following the great Shakespearian tradition, uses it as a means of transport par excellence. Nevertheless, the bat is not simply a commodity. It appears in fairy painting as a recurring decorative motif that would simply be revisited years later by the artists of the Art Nouveau movement.

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Les anamorphoses d'une bestiole dans Histoire de la chauve-souris de Pierrette Fleutiaux

« Comment c’est d’être une chauve-souris ? » lisait-on dans Pensées secrètes de David Lodge. En fermant le roman de Pierrette Fleutiaux, Histoire de la Chauve-souris, le lecteur se demande : « C’est quoi une chauve-souris ? ». C’est à cette question que je tenterai de répondre dans ce que j’appellerai « les anamorphoses d’une bestiole », car on s’en doute, la réponse n’est pas simple. La bête, pas tout à fait oiseau, pas tout à fait mammifère, cette forme de l’entre-deux, vit accrochée à la nuque de la narratrice qui, à son tour, n’est plus tout à fait femme, sans être pour autant bête. L’hybridation doublée d’un parasitisme appelle plusieurs lectures, selon qu’on voit dans la chauve-souris un être réel, imaginaire ou symbolique. Le lecteur doit alors démêler l’écheveau des sens… au risque de ne rien trouver ainsi que le laisse entendre la narratrice : « il se peut qu’après avoir démêlé tant de fils j’arrive au dernier fil et n’y trouve rien. » L’hybridité en favorisant la coexistence d’éléments disparates s’élève alors à la dignité d’une complexité créatrice de sens.

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La Chauve-souris, la figure de l'artiste et l'art poétique dans les Isopets de Marie de France

Le motif de la chauve-souris connaît, dans la fable 23 du recueil de Marie de France, un traitement original. Représentant tantôt l’artiste, tantôt la fable elle-même, la chauve-souris par son hybridité permet de se situer entre deux univers poétiques opposés. Obligée de choisir entre le camp des animaux à quatre pattes et le camp des oiseaux, la chauve-souris figure l’artiste entre deux royaumes – celui de France et d’Angleterre, en quête d’un genre littéraire novateur et poétiquement satisfaisant, et qui hésite entre le lais et l’isopet. Genre hybride, la fable, parfaitement métaphorisée par la chauve-souris, hésite, au Moyen Âge, sans cesse entre diverses formes d’écriture. Cette fable est à la fois l’affirmation d’une identité originale et l’expression de la métamorphose et de la genèse d’un genre. Dans une fable de la métamorphose, la chauve-souris représente la quête d’identité d’un auteur et d’un genre poétique hybrides.

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Portraits de l'artiste en chauve-souris : les Minyades et leur postérité dans la littérature occidentale

Le mythe des Minyades a connu dans la littérature occidentale un destin à l’image de l’animal dont il explique l’origine : comme la chauve-souris, il semble voué au retrait et au clair-obscur. D’origine grecque, il fait l’objet d’une appropriation ovidienne tout à fait singulière. Le poète latin transforme un récit étiologique centré sur la résistance à l’introduction du culte dionysiaque en mythe de la création artistique. Dans le contexte médiéval où la chauve-souris prête ses ailes au diable, le récit ovidien confronte les exégètes des Métamorphoses à une énigme qu’ils ont bien du mal à résoudre et préfèrent souvent passer sous silence. Il faut ensuite attendre le Romantisme et sa réhabilitation de la nuit pour que la chauve-souris, animal nocturne par excellence, figure de la marginalité, soit de nouveau susceptible d’être choisie comme figure du poète. Discrètement intronisée dans ce rôle par Mallarmé, elle continue à séduire les écrivains du XXe siècle.

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De Dracula à Batman, ou deux éthiques issues de la même origine esthétique

La chauve-souris connaît un avenir littéraire des plus riches. Cet animal nocturne ambigu, inquiétant mais fascinant est d’abord associé au mal et a donné naissance aux attributs du vampire, dont le maître est Dracula, le prince tout puissant du Mal. Le roman de Bram Stoker, à la fin du XIXe siècle, hausse le personnage historique de Dracula au niveau du mythe. Cette œuvre offre l’expression la plus achevée du roman gothique et donne naissance à un genre, le roman de vampire. Mais, dans les années trente, un nouvel homme chauve-souris va naître : Batman, le défenseur tout puissant du Bien. Ce super héros devient vite lui aussi un mythe en exprimant les questionnements de tous les temps sur le Bien et le Mal. La dimension de ce personnage élève la bande dessinée à son niveau le plus élevé. A partir de ses deux héros de la nuit, possédant chacun la beauté ambivalente de la chauve-souris, deux éthiques vont s’opposer. Chacune de façon différente posera la question existentielle la plus fondamentale : celle du Mal.

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