épopée dans Loxias


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Loxias | Loxias 2 (janv. 2004) | Figures. Explosion, latence, résurgence de mythes structurant les créations littéraires, plastiques, lyriques

Yachar Kemal, Ahmadou Kourouma : Mutations épiques. Le transport fugitif dans l’imaginaire 

Dans certains pays, la sorcellerie, le rite, la magie occupent une place prépondérante dans l’organisation de la vie sociale, voire de la vie politique. Pour cette raison, cette étude de l’importance de l’univers imaginaire et des rêves chez l’être humain sera illustrée par les œuvres de deux écrivains contemporains qui comportent peu de traces communes du point de vue de la géographie, des habitudes, de la culture, des traditions ; sauf leur engagement de « Justes » au nom de l’humanité. Il s’agit de Yachar Kemal, écrivain turc contemporain, auteur de plus de vingt-quatre romans dont dix-huit traduits en français et en plusieurs autres langues, auteur de nouvelles, de reportages et d’Ahmadou Kourouma écrivain subsaharien, l’un des meilleurs exemples de la littérature francophone.

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Loxias | Loxias 27 | I.

Le Poème sans héros d’Anna Akhmatova à la lumière de la tradition épique russe et face au poèma romantique

Le Poème sans héros d’Anna Akhmatova s’inscrit dans la tradition épique de la littérature russe, tout en renouvelant les canons de ce genre poétique. Eu égard aux chants épiques russes des XIe-XIIe siècles, l’innovation porte sur l’objet et sur la temporalité du récit. En outre, le choix du titre de l’ouvrage est révélateur du positionnement de ce dernier face au genre du poèma lyrico-épique. D’une part, le premier mot du titre situe cette œuvre dans la lignée de cette catégorie générique : Poèma. D’autre part, les deux mots qui terminent le titre – bez geroâ – sont appelés à manifester la transformation que l’ouvrage opère au regard de la tradition littéraire. En effet, l’ouvrage d’Anna Akhmatova est structuré autour de l’absence de héros dont la figure a pourtant joué un rôle central dans le poèma russe romantique du XIXe siècle.

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Loxias | Loxias 36 | I.

Jean-Pierre Millecam, ou la permanence de l’épopée

“Les créations ou productions d’un authentique écrivain peuvent être appréhendées sous les angles les plus divers, artistique, philosophique, historique, sociologique, politique etc. : à propos du modèle éventuel des personnages de l’œuvre de Jean-Pierre Millecam, on lit dans Tombeau de l’Archange : « le portrait exprime non le modèle dans son inaliénable vérité, mais l’une de ses dimensions possibles […] nous ne sommes finalement qu’un jeu de possibles dont Dieu seul possède la clé qui pourrait en fournir la synthèse1. » Ce qui est vrai des personnages l’est de l’œuvre entière, étant entendu que ses multiples dimensions se tiennent et se conditionnent...”

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Loxias | 52. | I.

La poétique aristotélicienne à l’épreuve de l’épopée de la nature : réflexions sur le poème descriptif

Est-il possible d’ériger la nature en héroïne d’un récit sans nier son identité propre, par quoi elle se définit comme l’Autre de l’homme ? Telle est la question que soulève, du point de vue écocritique, le projet d’« épopée de la nature » qui voit le jour dans la France de la fin du XVIIIe siècle. S’il illustre les apories inhérentes à l’idée d’une épopée cosmique qui évince les figures de Dieu et de l’Homme comme actant principal, le poème emblématique des Mois de Roucher montre comment l’inscription de l’épique dans le poème de la nature contribue à bousculer la hiérarchie des genres et l’idéologie qui la sous-tend, évolution qui entre en résonance avec un ensemble de thèmes témoignant d’une conscience de l’insertion de l’homme dans son environnement naturel. Cependant, la relation à la nature est placée sous le signe d’une hésitation fondamentale : si le recours au mythe et à la figure permet au lecteur de renouer avec une mentalité archaïque qui pense la vocation de l’homme à habiter son séjour terrestre, cette tendance est contrariée par les notes en prose adjointes au poème, qui restaurent la scission établie par la science moderne entre l’objet et le sujet. Can we conceive of a narrative that makes nature its hero without, at the same time, denying its own identity, which is to be the Other of human? Such is the question raised by the project of « épopée de la nature » that emerged at the end of the 18th century in France. While the poem Les Mois by Roucher exemplifies the difficulties inherent in the idea of a cosmic epos in the philosophical era, its epic inspiration and tone result in challenging literary canons and their underlying ideologies, an evolution that converges with a range of themes revealing an awareness of the dependence of human being towards his environment. However, the poet’s vision of man’s relation to nature is ambiguous : whereas references to ancient mythology and the use of figurative language encourage the reader to reconnect with primitive ways of thinking that reflect upon man’s vocation to inhabit his terrestrial dwelling, this trend is counterbalanced by the notes to the poem, which restore the alienation of human being from nature caused by the development of modern science.

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Loxias | 59. | I.

L’Anthologie de Mahmoud Darwich (Poésie/Gallimard) : un itinéraire poétique et personnel

Nous avons voulu proposer et éprouver l’hypothèse selon laquelle la poésie de Mahmoud Darwich, composée pour une grande part en exil, relève moins d’une défense et célébration de la terre natale qu’elle ne crée littéralement, par effet poétique, une Palestine nouvelle. We tried to give a comprehensive outlook of the Arab Palestinian poet’s life and poetical achievement, through a brief analysis of the French-language Anthology, published in 2000. We assume that his verse originates in (some kind of polemical) prose. This verse, notwithstanding, is characterized by its liberation of classical rules and the traditional vision of the poet’s role in the city. We conclude by a reflection on the relationship linking Darwich’s poetry and the Palestinian issue, with a hint: could be this overarching and inescapable issue more an effect (of poetical language itself) than a cause (of the whole literary work)?

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Loxias | 70. | I.

Homère mendiant : la poésie épique en guenilles

Le personnage d’Homère, tel qu’il a été reconstruit et élaboré par la doxographie postérieure, est présenté comme un mendiant. Cette contiguïté entre poésie épique et mendicité est révélatrice de la façon dont les Grecs de l’époque classique et hellénistique imaginaient les débuts de la poésie épique, soulignant la précarité d’une poésie anonyme et exclusivement orale. Mais nous voudrions montrer que cette proximité entre les figures du mendiant et de l’aède se retrouve déjà dans l’Odyssée, quand Ulysse, incognito, sous des hardes de mendiant, raconte ses prétendues aventures à Eumée (XIV, 192-359, 462-502), aux prétendants (XVII, 419-444) et à Pénélope (XIX, 165-303). Cet article a pour but d’étudier les parallèles lexicaux qui rapprochent ces deux figures et de comprendre pourquoi elles sont mises en parallèle. Homer’s character, as reconstructed and elaborated by the later doxography, is presented as a beggar. This contiguity between epic poetry and begging is indicative of how the Greeks of the classical and Hellenistic periods imagined the beginnings of epic poetry, underlining the precariousness of an anonymous and exclusively oral poetry. But we would like to show that this proximity between the figures of the beggar and the aedes is already found in the Odyssey, when Odysseus, incognito, under herds of beggars, tells his alleged adventures to Eumaeus (XIV, 192-359, 462-502), the suitors (XVII, 419-444) and Penelope (XIX, 165-303). The purpose of this article is to study the lexical parallels between these two figures and to understand why they are compared.

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Loxias | 71. | I.

Boileau politique ? Du motif de la « ville » à la « nation des poètes » (Discours sur la satire)

Il s’agit ici d’aborder la question d’une éventuelle politique du poète. Boileau imite à plusieurs reprises le motif horacien du retrait de la ville comme espace urbain et symbolique à la fois. Il approfondit pourtant ce thème de la situation du poète dans l’espace social en lui conférant une dimension politique. Cet aspect lui a été en partie imposé par les réactions hostiles aux Satires de 1666 qui l’accusaient de représenter un danger pour l’État. On interroge ici la profondeur de sa réponse et on se demande ce que recouvre exactement le geste du satirique qui se prononce pour chasser les mauvais poètes de la cité. This paper deals with the question of a possible poet’s political intention. Boileau repeatedly imitates the horacian motif of the withdrawal from the city as an urban and symbolic space. However, he deepens this theme of the position of the poet in the social space by giving it a political dimension. This aspect was partly imposed on him by the hostile reactions to the Satires of 1666, which accused him of being a danger to the state. Here we question the depth of his response, and wonder what exactly is meant by the gesture of the satirist who speaks out to drive bad poets out of the city.

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