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Lautréamont et l’hybridation générique dans Les Chants de Maldoror : dévorations, aberrations et tératologies

Cet article examine l’un des aspects les plus singuliers des Chants de Maldoror : leur inépuisable intertextualité, la capacité du texte à renvoyer dans un mouvement infini à d’autres textes. La modalité sous laquelle se déploie cette intertextualité endémique est essentiellement organique : animale et végétale, elle assure au texte sa vie, son évolution permanente. D’un texte fondé sur une série de processus organiques, Les Chants deviennent un monstre textuel. C’est ce parcours tératologique qui est ici interrogé, ses étapes (absorption dévoratrice, assimilation, aberration générique) et la portée de ce mouvement : devenu monstre, le texte semble doté d’une capacité démiurgique qui lui permet de réinventer en l’absorbant l’univers. La dimension tératologique du texte rejoint ainsi le projet de Maldoror : voler sa place à Dieu, usurper le Verbe divin. Cela en inventant littéralement un Verbe infini, puisqu’en renvoyant sans cesse à d’autre textes, le texte « ébranle, sans le savoir, une infinité d'analogies et d'images apparentées, un passé monumental de mots tutélaires avec lesquels il se conduit, sans le savoir, comme un homme cautionné par une éternité de fables » ; Les Chants « [rejoignent] les grandes constellations dont les œuvres gardent l'influence, faisceaux d'imagination impersonnelle que nul volume d'auteur ne peut immobiliser ni confisquer à son profit. », pour reprendre Blanchot. Le texte, c’est là sa force la plus belle, a vocation à faire entrer l’univers dans un Livre infini. Où le projet de Lautréamont rejoint fortuitement celui, inachevé, de Mallarmé.

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