Loxias | Loxias 10 Doctoriales II | I. Doctoriales 

Emilie Cauvin  : 

Du modèle féminin de la soumission à la prise de parole de la femme : le devenir littéraire de la Griselda de Boccace et Pétrarque dans les Lettres de Milady Juliette Catesby de Mme Riccoboni

Résumé

Le personnage de Griselda, modèle de patience et de vertu, est présent à la fois dans l’œuvre de Boccace et dans celle de Pétrarque. Qu’en est-il de cette figure féminine au XVIIIe siècle ? Il s’agira de partir à la rencontre d’une de ses représentations dans les écrits d’un auteur-femme de cette époque, Mme Riccoboni, dans son roman épistolaire les Lettres de Milady Juliette Catesby (1759). Parce que ces lettres ont été rédigées au Siècle des Lumières, et de surcroît par une femme, leur héroïne ne peut être l’exacte réplique de la Griselda des auteurs italiens : davantage qu’un parangon de l’obéissance aveugle et de la soumission à toute épreuve, Juliette Catesby apparaît peu à peu comme distanciée de Griselda puisqu’elle s’exprime dans sa correspondance, en tant qu’être à part entière, en tant que femme libre de ses décisions.

Index

Mots-clés : Boccace , femme, Griselda, Marivaux, Mme Riccoboni, Pardon, Pétrarque

Chronologique : XVIIIe siècle

Plan

Texte intégral

Les Lettres de Milady Juliette Catesby1 (1759) de Mme Riccoboni connaissent plus de vingt rééditions au cours du XVIIIe siècle, sont immédiatement traduites en anglais par Mrs Brooke, et sont régulièrement l’objet de réimpressions durant le XIXe siècle2. Véritable « best-seller de Mme Riccoboni » selon l’expression de Raymond Trousson3, ce roman épistolaire offre les confessions d’une femme abandonnée qui livre ses sentiments à son amie intime, Milady Henriette.

Jeune veuve, Milady Catesby est mystérieusement délaissée par Milord d’Ossery qui allait devenir son nouvel époux. « Après deux ans d’oubli » (p. 91), le Comte réapparaît et tente à plusieurs reprises de s’entretenir avec son ancienne maîtresse. Troublée par ces événements, Juliette Catesby témoigne dans ses lettres de son « histoire » (p. 46). Suite à une série d’échecs pour la voir et lui parler, d’Ossery écrit à son tour un « cahier » (p. 139) à l’intention de Juliette. Il explique que lors d’un court voyage, il trompe « par mégarde » (comme d’Ossery aurait pu le dire) sa bien-aimée. Prenant « le parti de n’écouter que l’honneur » (p. 153), le Comte épouse Miss Jenny Montfort qui lui donne une fille et meurt. Juliette lit le « cahier » et pardonne tout aussi vite. Deux jours après, les voilà à nouveau réunis, et même, mariés.

La raison du succès de ce roman épistolaire réside peut-être dans cette acceptation des faits, dans ce pardon accordé par l’héroïne, dans cette obéissance aux volontés masculines. Mais il ne s’agit que de faux-semblants : si le pardon est effectif, la soumission féminine n’en est pas moins à remettre en question. Juliette pourrait s’apparenter à cette Griselda de Boccace4 ou de Pétrarque5 qui subit les épreuves imposées par l’homme qu’elle aime ; elle pourrait être cette femme qui ferme ostensiblement les yeux sur les événements douloureux qui ont marqué sa vie ; elle sera en effet cette épouse qui obéira à son mari, et qui répondra, dès lors, aux attentes de la société. Mais Juliette Catesby sera avant tout une femme, une femme qui ose s’exprimer, se livrer, à son amie, à celle qu’elle aime comme une sœur. Dès lors, les Lettres de Milady Juliette Catesby exposeront le devenir littéraire de l’héroïne boccacienne et pétrarquienne, en faisant de Juliette une figure possible de l’évolution opérée chez Griselda, en donnant un exemple de ce que pourrait signifier « être » une femme au XVIIIe siècle.

Si nous avons pu établir un rapprochement entre Griselda et Juliette Catesby, c’est principalement en raison des parallélismes repérables entre les deux « parcours initiatiques » de ces héroïnes. En effet, les destins de ces deux femmes répondent au schéma énoncé par Simone Vierne dans Rites, romans, initiations6. Griselda part de la maison paternelle pour épouser le Marquis de Saluces, subit les épreuves imposées par son époux (enlèvement, puis -fausse- mort de ses enfants, ou encore mise à l’épreuve de sa patience et de son obéissance). Elle est aidée, tout au moins moralement, par les sujets de son mari et par les femmes du palais. Elle démontre toute l’étendue de sa soumission, puis retrouve la sérénité goûtée au début de son union avec le Marquis. Juliette, quant à elle, quitte sa demeure pour le « Comté d’Erford » (p.  48), y rencontre Milord d’Ossery : leur mariage est arrêté mais le Comte part subitement pour Londres épouser Jenny Montfort. Juliette Catesby exprime alors dans sa correspondance toute sa souffrance, tous ses maux intérieurs mais finit par pardonner au Comte son infidélité, le roman épistolaire se concluant sur leur union. Ainsi, les destins des deux héroïnes entrent en résonance dans ces séries d’épreuves infligées par leur époux auquel elles finissent par offrir généreusement leur pardon. Dans les Lettres de Milady Juliette Catesby, se répercute un certain nombre de mythèmes, c’est-à-dire de motifs qui participent du mythe, relatifs au conte de Griselda, tel qu’il apparaît chez Boccace ou encore Pétrarque. Il ne s’agira pas ici d’étudier des mythèmes linguistiques, mais plutôt des motifs satellisés autour de ce personnage mythique.

Certains points de ressemblance sont repérables dans les œuvres, à l’exemple de l’abandon de l’héroïne, qui peut prendre la forme de la répudiation chez Boccace :

Griselda, par la dispense que le pape m’a accordée, je peux prendre une autre épouse et te répudier7.

comme chez Pétrarque :

Il envoya des messagers à Rome qui devaient en rapporter de prétendues lettres apostoliques informant le peuple que l’autorisation lui avait été donnée par le Pontife Romain de rompre son premier mariage […] et d’épouser une autre femme8.

Quant à Mme Riccoboni, elle laisse Juliette Catesby, qui n’a pas eu le temps d’épouser d’Ossery, le soin d’expliquer son désarroi :

Qu’il est dur d’être abandonnée ! (p. 29).

Si les deux femmes sont délaissées, au moins temporairement, par celui qu’elles aiment, cela a partie liée avec la filiation des personnages masculins. Saluces prend pour prétexte de vouloir assurer une continuité dynastique qui serait assez noble pour gouverner :

Griselda, depuis que tu as mis au monde ce garçon, je n’ai pu en aucune façon vivre en paix avec mes sujets tant ils regrettent avec force qu’un petit-fils de Giannucole doive, après moi, devenir leur seigneur9.

Il en est de même dans le texte de Pétrarque :

Souvent ces rumeurs me sont venues à l’oreille : « A la mort de Gautier, c’est le petit-fils de notre compère Janicole qui gouvernera et un si noble pays sera soumis à un maître de cet acabit »10.

C’est pour ne pas abandonner sa descendance que Milord d’Ossery fait le choix de quitter Juliette :

Et puis, Madame, et puis cette innocente créature qui m’allait devoir son être, m’était-il permis de la placer au rang des malheureux ? de la livrer à la bassesse ? N’apporterait-elle pas en naissant un droit de se plaindre de moi, de mépriser l’auteur de ses jours ? […] je pris le parti de n’écouter que l’honneur (p. 153).

En préférant la perpétuation de leur nom, ces hommes ont fait de ces femmes des victimes, qui parfois se sont soumises jusqu’au sacrifice. C’est l’interprétation que propose Henri Lamarque qui compare Griselda à la Vierge Marie, ou qui avance même une étymologie possible du nom de cette figure mythique :

Griselda viendrait du grec « chriein », « oindre » et « eidos », « image » […] Boccace aurait ainsi voulu rappeler que l’héroïne remplit une fonction de victime sacrificielle11.

En effet, Griselda est bien cette victime qui endure toutes les souffrances infligées par son époux et qui se soumet à ses moindres volontés :

Il lui demanda si, une fois mariée, elle s’attacherait toujours à lui plaire et ne se troublerait en rien de tout ce qu’il dirait ou ferait, et si elle serait obéissante, et d’autres choses de la sorte, et elle répondit « oui » à toutes12.

Ainsi, lorsque le Marquis lui ordonne de remettre ses enfants à leur bourreau, cette mère n’oppose aucune résistance :

Monseigneur, songe à te contenter et à satisfaire ton bon plaisir, et ne te préoccupe aucunement de moi, parce que rien ne m’est plus cher que ce qui te plaît13.

Griselda endure tous les maux, et tel Abraham, sacrifie ses enfants. Elle est même prête à mourir si son époux le désire :

Supposez que je croie que vous prendriez plaisir à ma mort : je mourrai de plein gré14.

Juliette Catesby n’est pas soumise à cette épreuve de la mort, mais, tout comme son précédent littéraire, elle acceptait, au temps de son bonheur, cette sujétion envers son amant :

Je trouvais tant de douceur à lui sacrifier quelque chose ! (p. 63).

Enfin, une autre analogie est perceptible dans ces œuvres : l’héroïne peut apparaître comme une femme dénuée de tout sentiment d’humanité. Alors que la Griselda de Boccace livre ses enfants par simple obéissance à son mari (aux femmes qui s’apitoyaient sur la mort de ses enfants, elle se contente de dire que son plaisir à elle était celui de leur père15), la Griselda de Pétrarque semble mue par une cruauté naturelle. En n’offrant pas le spectacle de ses pleurs, Griselda apparaît comme insensible à la mort de ses enfants :

sans laisser paraître d’émotion ni dans ses paroles, ni dans sa physionomie […] elle ne laissa échapper ni la moindre larme, ni le moindre soupir16.

Elle semble parfois animée de « sentiments barbares »17. Dans l’œuvre de Mme Riccoboni, l’inhumanité de l’héroïne se traduit dans ses comportements avec un homme qui lui a déclaré sa flamme, Sir Henry. A maintes reprises, elle déplore sa présence. Elle en vient même à le mépriser, à « lui marquer le dédain le plus offensant » (p. 11) et même à souhaiter sa mort :

Ce matin, [Sir Henry] était chez moi ; ses vertiges lui ont pris : je ne savais avec quoi ranimer ses esprits. Je n’ai trouvé qu’un flacon rempli d’eau ambrée ; je lui ai tout répandu sur le visage. Sa sœur m’a crié que je l’empoisonnais… j’espère qu’il n’en reviendra pas (p. 106).

Ainsi, si différents mythèmes convergent au sein de ces trois œuvres, le pardon offert par ces deux héroïnes s’établit en tant qu’invariant. Pourtant, Griselda n’emploie jamais ce terme dans le conte boccacien, ni même dans le texte pétrarquien. Chez ces deux auteurs, il est tout naturel que la femme pardonne à son époux. Chez Mme Riccoboni, au contraire, Juliette s’interroge sans cesse :

Pourquoi pardonnerais-je moi que l’on a insultée avec réflexion, de dessein prémédité, sous le voile de l’amitié, de l’amour, de tous les sentiments qui peuvent toucher un cœur tendre et reconnaissant ? (p. 45).

Juliette montre la rigueur de son inflexibilité :

Lui pardonner ! Ah jamais !... (p. 20).

Elle refuse même la réhabilitation de cet homme dans son cœur :

Je ne puis comprendre cet espoir de pardon ! (p. 133).

Mais Juliette Catesby finit tout de même par faire figure de sage lors d’un revirement romanesque soudain, en déclarant :

Tout est pardonné, tout est oublié ! (p. 170).

En définitive, des effets de miroir jouent entre ces trois œuvres, qu’il s’agisse de reprises thématiques tels l’abandon de l’héroïne par son bien-aimé, le motif de la filiation primordiale, l’élément récurrent qu’est la figure de la victime sacrificielle ou encore l’inhumanité de l’héroïne. Enfin, l’invariant rayonnant d’une œuvre à l’autre (le pardon accordé par l’héroïne) contribue à la cohésion des Griselda de Boccace, de Pétrarque et des les Lettres de Milady Juliette Catesby de Mme Riccoboni puisque sous les traits de Juliette se dessine la figure mythique de Griselda. Ainsi, Mme Riccoboni semble avoir utiliser des mythèmes propres à l’histoire de ce personnage mythique pour donner toute la sagesse nécessaire à son héroïne Juliette et opérer, par la suite, une dérivation de ce mythe dans son roman épistolaire.

C’est cette écriture autre de ce mythe (qui n’est jamais cité mais qui est pourtant présent, au moins, à l’état latent) qui assure sa « survivance littéraire »18. Mme Riccoboni se plaît alors à faire porter son récit sur la condition de la femme, de façon plus systématique et surtout, plus directe, que chez les auteurs italiens. C’est alors la voix de l’héroïne qui se fait entendre, ou plutôt sa plume qui s’exprime. Juliette correspond avec son amie Henriette, sans que le lecteur ait toutefois connaissance des missives de cette dernière : dans ces lettres, Juliette Catesby vitupère à l’encontre de la gent masculine ce qui la démarque de la vertueuse patience de Griselda.

Si le mythe de Griselda et les Lettres de Milady Juliette Catesby exposent la destinée d’une femme éprouvée par l’homme qu’elles aiment, le roman épistolaire de Mme Riccoboni a la particularité de ne pas se restreindre au seul cas du personnage de Juliette. En effet, les lettres de l’héroïne font part de la perception d’un personnage féminin du XVIIIe siècle sur ce qu’est sa condition de femme et sur ce à quoi sont confrontées les femmes de son temps. Peut-être à l’exemple de Griselda qui obtempère aveuglément à toutes les paroles de son époux, Juliette Catesby semble avoir été élevée suivant le principe encore répandu au XVIIIe siècle, qui veut que la femme soit à l’origine du mal. En effet, par moment, Juliette se sent la seule responsable de son abattement, pensant que toute femme est le seul auteur de son infortune :

Non ce n’est pas vous qui nous rendez malheureux [sic] ! Notre inquiétude naturelle, nos caprices empoisonnent les dons du Ciel et nous font prodiguer, sans en jouir, les biens précieux qu’il nous accorde (p. 60).

Pourtant, Juliette commence à se révolter de cet état communément admis selon lequel les femmes sont des êtres inférieurs :

Dans cette route difficile où nous voyageons ensemble, le ciel nous a placés sur la même ligne ; je puis marcher votre égale et je n’admets point de distinctions entre des créatures qui sentent, pensent et agissent de même (p. 46).

Ainsi, par rapport à l’histoire de Griselda, une dérivation a été accomplie dans les Lettres de Milady Juliette Catesby puisque d’un récit de vie singulière, le cas de Juliette est fréquemment étendu à celui des autres femmes de son siècle. Mais là où le texte riccobonien et les textes italiens semblent diverger à un point tel qu’une transgression du mythe de Griselda est opérée, c’est dans la parole donnée à la femme qui ose exprimer ce qu’elle ressent.

Dans ce roman épistolaire, c’est surtout la plume de l’héroïne qui peut se lire. Même si le Comte rédige son histoire sur un « cahier » inséré dans le roman, la parole est principalement donnée à Juliette, les réponses de sa correspondante n’étant même pas retranscrites. C’est sur ce point que les récits de vie des deux héroïnes divergent absolument. Dans les textes italiens, le narrateur expose le point de vue du Marquis, et Griselda n’obtient la parole que pour répondre aux questions de son époux. Elle n’est jamais à l’initiative de la conversation et sa perception personnelle ne peut donc pas être connue du lectorat. Il s’agit d’un procédé contraire dans les Lettres de Milady Juliette Catesby puisque c’est avant tout le récit de vie de Juliette, par Juliette, qui se donne à lire. L’instance d’énonciation est essentiellement à sa charge, ce sont ses impressions qui sont lues. Dans la première lettre envoyée à d’Ossery, l’épistolière semble maîtriser ses émotions et démontre un certain détachement en ne demandant aucun détail :

Le temps où une explication de votre conduite pouvait m’intéresser, est déjà loin de moi. […] J’en ai su assez pour négliger toujours d’apprendre ce que j’ignore (pp. 101-102).

Sa véhémence prend toute sa force dans la seconde missive que le Comte reçoit : le billet s’ouvre d’emblée sur une succession de phrases interrogatives et exclamatives, dans lesquelles l’héroïne donne l’impression de s’emporter. Le premier mot en est même une interjection qui interpelle directement le Comte :

Eh, pourquoi Milord […] ! (p. 133).

Juliette attribue à son ancien amant une série de qualificatifs tels qu’« ingrat » et « infidèle » qui visent à ternir l’honneur de cet homme. Elle reprend les mots mêmes de d’Ossery, comme en témoignent leur mise en italique :

Ne m’avez-vous pas priée de vous oublier ? (p. 133).

Ses émois sont perceptibles dans sa correspondance. Juliette est, par conséquent, différente sur ce point de Griselda puisque l’épistolière fait part de son humeur et quelquefois de ses sentiments : c’est elle qui détient principalement l’usage de la parole.

Ainsi, Mme Riccoboni réhabilite la voix de la femme, et donne à son personnage féminin la possibilité de s’exprimer, d’exacerber ses sentiments. Celle-ci fait part de ses « états d’âme », de son « ennui », ce mal vécu plus sensiblement au XVIIIe siècle :

Mon humeur devient fâcheuse, tout m’ennuie (p. 31).

Même lorsqu’elle est entourée et que le moment est à la festivité, Juliette n’est pas satisfaite :

Je m’ennuie ici, ma chère ; je m’y ennuie beaucoup. Que j’ai déjà regretté […] (p. 39).

Certaines lettres manifestent tout le pathos de l’épistolière, qui semble parfois défaillir :

Adieu, ma bonne, ma chère amie ; je ne suis point en état de répondre à tout ce que vous me demandez… Que je suis faible encore ! … Fallait-il me parler de lui ? … Vous avez réveillé… (p. 21).

L’émotion est telle que Juliette ne peut finir sa phrase. Cette aventure a également bouleversé physiquement l’héroïne :

Vous eûtes peine à me reconnaître ; mon état vous causa de l’attendrissement. Mes traits reprirent leur forme altérée par la maigreur, le temps me rendit ma fraîcheur (p. 74).

Elle perd connaissance à la vue de son amant :

Tout à coup j’ai perdu la faculté de voir et d’entendre ; un froid mortel m’a saisie. […] En rouvrant les yeux, je me suis vue entourée d’une infinité de personnes (p. 136).

L’héroïne dépeint à son amie la perception de son aventure et n’hésite pas à se perdre parfois dans des détails insignifiants. En effet, lorsqu’elle informe Milady Henriette de la lassitude qu’elle ressent parmi « le monde », l’épistolière décrit les activités qui sont censées la combler :

Un jeu ruineux, de longs repas, beaucoup de musique, toujours du bruit, peu de repos, aucun des agréments qu’on se promet aux champs… (p. 38).

Juliette expose ici ce que Pierre Fauchery a nommé un « temps de femme »19, c’est-à-dire un temps au ralenti dans lequel les femmes s’occupent plus qu’elles ne se divertissent. Contrairement au mutisme de Griselda, Juliette s’abandonne entièrement à sa correspondante, lui révélant ses désillusions amoureuses, comme ses opinions corrosives sur la gent masculine. Dans ses missives, l’héroïne semble lucide sur ses propres sentiments dont la seule cause est, selon elle, son « imagination » :

Ô, ma chère Henriette, notre prévention fait tout le mérite de l’objet que nous préférons ; elle pare l’idole de notre cœur ; elle lui donne chaque jour un nouvel ornement. Peu à peu l’éclat dont nous l’avons revêtue nous éblouit nous-mêmes, nous en impose, nous séduit et nous adorons follement l’ouvrage de notre imagination (p. 111).

En prenant à témoin son amie, Juliette ose lever le voile sur ses erreurs. Elle en profite de même pour rendre des jugements envers les hommes, qui s’avèrent, par nature, « trompeurs » (p. 111) :

Une remarque utile à faire, c’est que les hommes n’établissent un principe que dans l’espoir d’en tirer avantage (p. 23).

Enfin, Juliette dénonce les agissements des hommes, dans une lettre à Henriette, en une véritable plaidoirie épistolaire :

Heureux hommes, combien la différence de l’éducation, les préjugés, l’usage donnent l’avantage à ce sexe hardi qui ne rougit de rien, dit et fait tout ce qu’il veut. Que de ressources il a su ménager pour son orgueil, pour ses intérêts ! Il rampe sans honte à nos pieds ; nos mépris ne l’avilissent point, nos dédains ne peuvent le rebuter ; bas quand il désire, fier dès qu’il espère, ingrat lorsqu’il obtient… serpent souple et agile, qui, ainsi que celui de Milton, se courbe, se replie pour fixer notre attention et la détourner du piège qu’il nous tend (p. 29).

Juliette rédige à l’attention d’Henriette, à l’attention d’une femme, une diatribe acérée envers les hommes, ce qui témoigne de la bravoure de l’épistolière, en cette moitié du XVIIIe siècle français. Mais cette vaillance est toutefois à relativiser puisque c’est seulement lorsque l’héroïne s’adresse à son amie qu’elle se permet de tenir ces propos si révolutionnaires.

En définitive, il semblerait qu’à partir du mythe de l’obéissante et totalement soumise Griselda, Mme Riccoboni ait créé un roman épistolaire dans lequel l’héroïne répond tout d’abord aux comportements attendus d’une femme au XVIIIe siècle, pour affirmer peu à peu son devenir en tant que « femme », et non en tant qu’« épouse » ou « amante ». Juliette fait entendre sa voix dans ce roman, c’est elle qui témoigne de sa vision de la condition féminine, c’est elle qui prend en charge l’instance d’énonciation pour exprimer ses points de vue qui, adressés à une femme, font preuve d’une véhémence exacerbée et jusque-là tue, à l’égard des hommes. Si l’histoire de Juliette marque ainsi une transgression par rapport au mythe de Griselda dans cette volonté de donner la parole à la femme, c’est aussi parce que les deux récits proposent des morales différentes.

Toutefois, certaines divergences, voire transgressions par rapport au récit mythique de Griselda ont démontré un détachement de Mme Riccoboni envers les textes de Boccace et de Pétrarque. Aussi le lecteur peut-il se rendre compte des différences établies, peut-être, par les époques différentes de rédaction de ces textes, qui existent entre la Griselda de Boccace, celle de Pétrarque et l’adaptation de cette figure mythique dans les Lettres de Milady Juliette Catesby par Mme Riccoboni.

Ainsi, si Griselda et Juliette ont pour point commun de pardonner à celui qui les a soumises à des épreuves, ce n’est certainement pas pour les mêmes raisons « idéologiques ». En effet, Griselda, épouse assujettie et compatissante, n’éprouve aucune rancune pour le Marquis de Saluces :

On estima que Griselda était pleine de sagesse20.

Griselda ne manifeste qu’un seul sentiment dans tout le conte boccacien, et ce n’est même pas par la parole qu’il est exprimé, mais physiquement, puisqu’elle « pleurait de joie »21.

Mais c’est surtout la femme issue du peuple que l’auteur met en avant dans son récit :

Que dira-t-on ici, si ce n’est que même dans les pauvres maisons de divins esprits descendent du ciel, tout comme on en trouve dans les châteaux qui seraient plus dignes de garder les cochons que de gouverner des hommes ?22.

Alors, pour Boccace, l’histoire de Griselda n’est pas seulement la louange d’« une femme exemplaire » mais elle est surtout le prétexte à une critique d’ordre socio-politique. Chez Pétrarque, l’histoire de Griselda prend plutôt une valeur d’exemplum destiné à instruire les femmes de la conduite à tenir pour surmonter des épreuves. L’héroïne répond ici aux attentes de l’époque qui ne considère pas la femme comme un être à part entière, mais comme une « possession » de l’époux qui en dispose selon son gré. Enfin, Pétrarque détourne la portée morale du récit de la vie de Griselda puisqu’il fait de cette histoire « l’allégorie du parfait chrétien face aux épreuves que Dieu lui envoie »23. Bien évidemment, les époux connaîtront ensuite un bonheur mérité car, selon l’Epître de Saint-Jacques, est « heureux homme, celui qui supporte l’épreuve »24. La situation est quelque peu différente dans les Lettres de Milady Juliette Catesby, d’autant plus que Juliette n’est pas mariée à d’Ossery, et que sa croyance s’avère plutôt blasphématoire, puisqu’elle propose à Dieu un pacte, selon lequel elle donnerait sa vie en échange de la bonne santé de son amant :

Dieu tout-puissant, que ma prière ardente s’élève jusqu’à toi ! qu’ elle suspende ton arrêt ! Daigne en changer l’objet ! Si la fin de l’un de nous doit être pour l’autre cette voix dont les accents terribles rappellent vers toi nos cœurs égarés, ah, que ce soit moi ! (p. 117).

Chez cette héroïne, le pardon revêt une conception tout à fait contemporaine. Comme le note Sylvain Menant, Juliette s’inscrit dans « le meilleur des mondes – l’année même où Voltaire en raillait l’idée dans Candide »25. L’épistolière croit en la bonté humaine : à ce titre, elle n’acceptera pas que le Comte la qualifie d’ « inhumaine » comme elle s’en plaindra à Henriette (p. 95 ; 97). C’est vers les idées de Marivaux que se tourne Juliette, mais surtout Mme Riccoboni :

Le Spectateur devrait être un modèle pour ceux qui s’étudient à pénétrer les secrets de l’humanité (p. 79).

A la manière de Marivaux (et c’est une habitude chez Mme Riccoboni qui a su reproduire le « style » de cet auteur dans la Suite qu’elle a donnée à la Vie de Marianne26), Mme Riccoboni s’intéresse à l’« âme des hommes » et propose sa vision de l’humanité :

Ne vaudrait-il pas mieux élever l’âme que de l’abattre ? Il est des exemples de bonté, de grandeur, de générosité : tout homme peut donc aspirer à être bon, grand, généreux. Celui qui veut nous rendre ses connaissances utiles doit nous aider à faire profiter le germe du bien, dont le principe est en nous (pp. 79-80).

Ce passage est, en effet, un écho de la 21ème feuille du Spectateur français :

Soyons bons et vertueux ; on apprend si aisément à le devenir. Ce que je voudrais raisonnablement qu’un autre fît pour moi, ne le fît-il point, m’enseigne ce que je dois faire pour lui ; voilà toute la science dont il s’agit, et l’unique qui soit nécessaire, qui est à la portée de tous les hommes, qui n’exige presque aucun frais d’étude27.

L’héroïne des Lettres de Milady Juliette Catesby adopte alors les idéaux du Spectateur français : en accordant sa confiance à l’humanité, elle croit en un monde meilleur. Elle pardonnera dès lors à Milord d’Ossery car, davantage que la réflexion (« est-ce à moi de raisonner » (p. 80)), Juliette préfère mettre à profit sa sagesse. Les récits de Boccace, de Pétrarque et de Mme Riccoboni diffèrent donc dans leur contenu idéologique.

Enfin, une valeur, qui n’était présente qu’à l’état de trace dans les œuvres des auteurs-hommes de ce corpus, va connaître son expression la plus symbolique dans le texte de cet auteur-femme qu’est Mme Riccoboni : il s’agit de la solidarité féminine28. En effet, dans les récits italiens, les quelques femmes qui paraissent proches de Griselda se manifestent lors des trois cérémonies liées à l’habillage, ou au contraire, au dénudement de l’héroïne. Ainsi, lorsque le Marquis présente à son peuple celle qui sera son épouse, quelques femmes témoignent de leur affection à Griselda :

les dames […] qui à l’envi la tenaient blottie au creux de leurs bras29.

Ensuite, des femmes sont encore présentes dans la scène de la répudiation :

Elle, se déshabillant devant ses amies30.

Il en est de même lorsque Griselda apprend la vérité, puisque, chez Boccace, l’héroïne est apprêtée par les femmes de son palais :

Sorties de table, les dames, toutes joyeuses, accompagnèrent Griselda dans une chambre et, sous de meilleurs auspices, lui ayant ôté ses habits, la revêtirent de l’une de ses nobles toilettes et la ramenèrent dans la salle, honorée comme leur maîtresse31.

Chez Pétrarque, les femmes familières à Griselda lui montrent leur joie :

Les dames, pleines d’ardeur et de sympathie, se pressent à la hâte autour d’elle32.

Ainsi, dans les deux textes italiens, quelques détails tendent à démontrer le soutien que reçoit Griselda de la part de femmes de son entourage : dans les Lettres de Milady Juliette Catesby, l’assistance, la compassion se métamorphoseront en une véritable solidarité qui unira Juliette à ses consoeurs. En effet, Juliette Catesby se soucie souvent du sort des femmes qui vivent près d’elle, comme dans cet exemple où l’héroïne prend à sa charge le mariage d’une paysanne de ses terres, rencontrée par hasard, lors d’une promenade :

La pauvre enfant m’a intéressée ; j’ai voulu tout savoir (p. 127).

Juliette fait preuve de générosité en apportant son secours financier à la jeune femme éplorée. L’héroïne est satisfaite de faire le bien autour d’elle :

Ce moment est un de ceux où j’ai senti l’avantage d’être riche. Je marie après demain mon aimable villageoise et je la marie avec éclat (p. 128).

Guidée par la volonté de répandre le bonheur, comme cela a pu être écrit précédemment, Juliette entend servir l’humanité, mais plus particulièrement le sort féminin. Parce qu’elles sont toutes deux femmes, Juliette ne parvient pas à haïr Jenny, celle qui lui a ravi son amant. Au récit de la vie de Jenny Montfort, Juliette éprouve même un sentiment de compassion sincère :

Ah, la pauvre Lady d’Ossery, que son destin me touche ! pourrais-je refuser des larmes à sa mort ? […] Infortunée Miss Jenny, celle qui vous bannissait du cœur de votre époux voudrait vous rappeler à la vie, vous voir posséder ce cœur qui devait être à vous ! (p. 166).

Jenny, elle aussi, aurait voulu faire le bonheur de Juliette en l’assurant des sentiments de d’Ossery :

Je souhaite […] que celle dont le souvenir m’a fermé votre cœur ait conservé pour vous [d’Ossery] une tendresse digne de votre constance (p. 161).

Par-delà la jalousie et la vanité, ces deux femmes abandonnent immédiatement l’idée de se disputer le même homme et expriment même une « solidarité féminine », par lettres interposées, tout à fait innovante dans la littérature du XVIIIe siècle.

De même, Juliette se sent à un tel point liée à son amie que rien ne semblerait pouvoir les séparer :

Votre amitié me touche dans tous les instants de ma vie. […] Ce goût tendre et solide qui m’attache à vous. Les qualités qui l’ont fait naître ne doivent rien à l’illusion ; le temps ni l’éloignement ne pourront jamais le détruire (p. 19-20).

Henriette, cette amie adorée, apparaît, dès lors, comme la figure strictement opposée au personnage d’Henry (le choix des prénoms n’est évidemment pas dû au hasard) : Juliette aime autant Henriette qu’elle déteste et fait souffrir Henry. Les prémices de ce que Colette Piau-Gillot nomme la manifestation de la « sororité »33 entre les femmes semble conclure les Lettres de Milady Juliette Catesby puisque les derniers mots du roman sont adressés à Henriette :

On vous attend avec impatience ici : point de fêtes, de bals sans ma chère Henriette ; je dirais point de plaisirs si la personne qui suit ma plume des yeux [d’Ossery] n’était déjà un peu jalouse de ma tendre amitié (p. 174-175).

La morale de ce roman épistolaire s’avère être alors ces liens d’amitié, voire ce sentiment de « sororité » entre les personnages féminins qui priment sur les relations amoureuses entre les hommes et les femmes. Les Lettres de Milady Juliette Catesby expriment le « féminisme des Lumières »34, selon le mot de Colette Piau-Gillot, de Mme Riccoboni qui accorde aux femmes un statut privilégié en littérature et qui tend à faire de la femme un être à part entière.

En définitive, si Griselda pardonne au Marquis simplement parce qu’il est son époux et que, conformément aux usages et aux mœurs, elle lui doit obéissance, Juliette, quant à elle, pardonne parce qu’il dépend de tout un chacun de faire le bonheur autour de lui. C’est parce que Juliette croit en l’âme humaine dépeinte par Marivaux, parce que cette héroïne est née au siècle des Lumières qu’elle ne peut être une représentation fidèle de Griselda, mais tout au contraire, une figure différente de ce personnage, une image distanciée de son modèle présenté par Boccace et Pétrarque. Dans ce roman épistolaire, les propos de Mme Riccoboni semblent de prime abord modérés en regard de la véhémence du réquisitoire de Fanni Butlerd35 qui, deux ans auparavant, dénonçait dans « les papiers publics » un homme qui s’était joué d’elle. Le contenu du récit de la vie de Juliette paraît beaucoup moins tragique que celui de l’Histoire du Marquis de Cressy36 où, l’année précédente, une femme mettait fin à ses jours à cause d’un vil séducteur, d’un ambitieux. Si Juliette décide de ne pas laisser libre cours à sa révolte contre les hommes, mais au contraire, de renouer avec d’Ossery, c’est aussi parce qu’elle a trouvé une force dans l’amitié qu’elle entretient avec Henriette. Personnage féminin qui s’épanouit dans sa relation aux autres femmes, l’héroïne des Lettres de Milady Juliette Catesby se définit par cette qualité innovante et inattendue en ce siècle qu’est la solidarité féminine. Ainsi, cette nouvelle moralité apportée par ce roman épistolaire permet une « survivance littéraire » du mythe de Griselda, qui se lit en filigrane dans les Lettres de Milady Juliette Catesby.

Notes de bas de page numériques

1 Madame RICCOBONI, Lettres de Milady Juliette Catesby à Milady Henriette Campley, son amie, (1759), Paris, Desjonquères, 1997, 175 p. Les références notées entre parenthèses renvoient à cette édition et à la page correspondante.
2 D’après Raymond TROUSSON, Romans de femmes du XVIIIe siècle, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », 1996, p. 168.
3 Ibid.
4 BOCCACE, Décaméron, (X, 10), (1350), dans L’histoire de Griselda, une femme exemplaire dans les littératures européennes, tome 1 : prose et poésie, sous la direction de NARDONE Jean-Luc et LAMARQUE Henri, Toulouse, PU du Mirail, 2000, pp. 37-57.
5 PÉTRARQUE, De oboedentia et fide uxoria, in Seniles, (XVII, 3), (1373), dans L’histoire de Griselda, une femme exemplaire dans les littératures européennes, éd. cit., pp. 66-103.
6 Simone VIERNE, Rites, romans, initiations, PUGrenoble, 2001.
7 BOCCACE, p. 49.
8 PÉTRARQUE, p. 87.
9 BOCCACE, p. 47.
10 PÉTRARQUE, p. 83.
11 Henri LAMARQUE, L’histoire de Griselda, une femme exemplaire dans les littératures européennes, éd. cit., p. 17.
12 BOCCACE, p. 43.
13 BOCCACE, p. 47.
14 PÉTRARQUE, p. 85.
15 BOCCACE, pp. 47-49.
16 PÉTRARQUE, p. 81.
17 PÉTRARQUE, p. 85.
18 Mircéa ELIADE, Diogène, 1963.
19 Pierre FAUCHERY, La Destinée féminine dans le roman européen du dix-huitième siècle : 1713-1807, Paris, Armand Colin, 1972, p. 738.
20 BOCCACE, p. 55.
21 BOCCACE, p. 55.
22 BOCCACE, p. 57.
23 Henri LAMARQUE, L’histoire de Griselda, une femme exemplaire dans les littératures européennes, éd. cit., p. 12.
24 Epître de Saint-Jacques, I. 12.
25 Sylvain MENANT, introduction aux Lettres de Milady Juliette Catesby, éd. cit., p. IX.
26 « l’auteur de la Vie de Marianne […] étonné de se voir si parfaitement imité, loua chaleureusement le petit ouvrage de Mme Riccoboni », Emily A. CROSBY, Une romancière oubliée, Madame Riccoboni, sa vie, ses œuvres, sa place dans la littérature anglaise et française du XVIIIe siècle, Genève, Slatkine, (1924), 1970, p. 35.
27 MARIVAUX, Journaux et Œuvres diverses, Le Spectateur français, 21ème feuille, Edition F. Deloffre et M. Gilot, Classiques Garnier, 2001, p. 233.
28 Le terme est à saisir en-dehors de toute revendication féminine qui nous serait contemporaine.
29 PÉTRARQUE, p. 77.
30 PÉTRARQUE, p. 91.
31 BOCCACE, p. 55.
32 PÉTRARQUE, p. 95.
33 Colette PIAU-GILLOT, préf. à l’Histoire de Miss Jenny, de Mme Riccoboni, Paris, Ed. Indigo et côté femmes, 1999, p. IV.
34 Colette PIAU-GILLOT, préf. à l’Histoire d’Ernestine, de Mme Riccoboni, Paris, Ed. Indigo et côté femmes, 1991.
35 Mme RICCOBONI, Lettres de Mistriss Fanni Butlerd, à Milord Charles Alfred, Comte d’Erford, (1757), dans Romans de femmes du XVIIIe siècle, éd. cit., pp. 165-270.
36 Mme RICCOBONI, Histoire du Marquis de Cressy, (1758), dans Œuvres complètes, Paris, Bassompierre, 1781, t. 2, pp. 135-238.

Bibliographie

Œuvres

BOCCACE, Décaméron, (X, 10), (1350), dans L’histoire de Griselda, une femme exemplaire dans les littératures européennes, tome 1 : prose et poésie, sous la direction de NARDONE Jean-Luc et LAMARQUE Henri, Toulouse, PU du Mirail, 2000, pp. 37-57.

PÉTRARQUE, De oboedentia et fide uxoria, in Seniles, (XVII, 3), (1373), dans L’histoire de Griselda, une femme exemplaire dans les littératures européennes, tome 1 : prose et poésie, sous la direction de NARDONE Jean-Luc et LAMARQUE Henri, Toulouse, PU du Mirail, 2000, pp. 66-103.

Mme RICCOBONI, Lettres de Milady Juliette Catesby à Milady Henriette Campley, son amie, (1759), Paris, Desjonquères, 1997, 175 p.

Œuvres complémentaires

La Bible de Jérusalem, Paris, Editions de La Martinière, 2003, 1967 p.

MARIVAUX, Journaux et Œuvres diverses, Le Spectateur français, 21ème feuille, Edition F. Deloffre et M. Gilot, Classiques Garnier, 2001, pp. 105-267.

Mme RICCOBONI, Lettres de Mistriss Fanni Butlerd, à Milord Charles Alfred, Comte d’Erford, (1757), dans Romans de femmes du XVIIIe siècle, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », 1996, pp. 165-270.

Mme RICCOBONI, Histoire du Marquis de Cressy, (1758), dans Œuvres complètes, Paris, Bassompierre, 1781, t. 2, pp. 135-238.

Ouvrages critiques

CROSBY Emily A., Une romancière oubliée, Madame Riccoboni, sa vie, ses œuvres, sa place dans la littérature anglaise et française du XVIIIe siècle, Genève, Slatkine, (1924), 1970, 190 p.

ELIADE Mircéa, Diogène, 1963.

FAUCHERY Pierre, La Destinée féminine dans le roman européen du dix-huitième siècle : 1713-1807, Paris, Armand Colin, 1972, 895 p.

LAMARQUE Henri, L’histoire de Griselda, une femme exemplaire dans les littératures européennes, tome 1 : prose et poésie, sous la direction de NARDONE Jean-Luc et LAMARQUE Henri, Toulouse, PU du Mirail, 2000, 341 p.

MENANT Sylvain, introduction aux Lettres de Milady Juliette Catesby, Paris, Desjonquères, 1997, pp. I-X.

NARDONE Jean-Luc, L’histoire de Griselda, une femme exemplaire dans les littératures européennes, tome 1 : prose et poésie, sous la direction de NARDONE Jean-Luc et LAMARQUE Henri, Toulouse, PU du Mirail, 2000, 341 p.

PIAU-GILLOT Colette, préf. à l’Histoire d’Ernestine (1762), de Mme Riccoboni, Paris, Ed. Indigo et côté-femmes, 1991, pp. 7-26.

PIAU-GILLOT Colette, préf. à l’Histoire de Miss Jenny (1764), de Mme Riccoboni, Paris, Ed. Indigo et côté-femmes, 1999, pp. I-IX.

TROUSSON Raymond, Romans de femmes du XVIIIe siècle, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », 1996, 1085 p.

VIERNE Simone, Rites, romans, initiations, PUGrenoble, 2001.

Pour citer cet article

Emilie Cauvin, « Du modèle féminin de la soumission à la prise de parole de la femme : le devenir littéraire de la Griselda de Boccace et Pétrarque dans les Lettres de Milady Juliette Catesby de Mme Riccoboni », paru dans Loxias, Loxias 10, mis en ligne le 15 septembre 2005, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/lodel/docannexe/file/7601/lodel/index.html?id=117.

Auteurs

Emilie Cauvin

Emilie Cauvin prépare un Doctorat de Lettres Modernes (1ère année) sous la direction du Professeur M. Jacques Domenech. Elle consacre sa thèse à l’étude des œuvres de Mme Riccoboni, écrivain-femme du XVIIIe siècle.