migrant dans Loxias
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Loxias | 82. | I.
Les représentations politiques méditerranéennes selon Margaret Mazzantini, Francesca Melandri et Louis-Philippe Dalembert
Tantôt dessinés en filigrane, tantôt soulignés, les personnages d’hommes politiques sont omniprésents dans le projet scriptural de la littérature qui traite des migrations contemporaines. Dans la littérature liée à la Méditerranée du début du XXIe siècle, les écrivains prennent souvent une posture critique vis-à-vis des personnages politiques. En français le Haïtien Louis-Philippe Dalembert dans Mur Méditerranée (2019) et en italien Margaret Mazzantini dans La Mer, le matin (2011) et Francesca Melandri dans Tous, sauf moi (2017) dénoncent en particulier une diplomatie mortifère dans laquelle les migrants deviennent une arme de négociation. Dans ce corpus, Mouammar Kadhafi, homme politique sulfureux, est peint de manière négative, parfois en tant que chef suprême des passeurs entre la Libye et l’Italie. Des hommes d’État occidentaux n’ont pas non plus un traitement de faveur au regard de leur implication dans les négociations entre l’Union européenne et Kadhafi dans ce qui est communément présenté comme une « crise migratoire ». Quels sont les enjeux d’une telle représentation négative des hommes politiques dans notre corpus ? A-t-on affaire à des romans à thèse ? Et comment l’écrivain s’empare-t-il du politique dans la littérature exilique pour intervenir dans un débat sociétal brûlant ? Sometimes drawn implicitly, sometimes underlined, the characters of politicians are omnipresent in the scriptural project of migrant literature. In literature related to the Mediterranean at the beginning of the 21st century, writers often take a critical stance concerning the political figures. In French the Haitian Louis-Philippe Dalembert in “Mur Méditerranée” (2019) and in Italian Margaret Mazzantini in “Mare al mattino” (2011) and Francesca Melandri in “Sangue giusto” (2017) denounce this deadly diplomacy in which migrants become a weapon of negotiation. Muammar Gaddafi, a sulphurous politician, is portrayed in a negative way, sometimes as the supreme leader of the smugglers between Libya and Italy. Western statesmen also do not get preferential treatment about their involvement in the negotiations between the European Union and Gaddafi in what is commonly presented as a “migration crisis”. What are the issues of such a negative representation of politicians in our corpus? Are we dealing with “Romans à these”? And how does the writer seize politics in exilic literature to intervene in a burning societal debate?