Loxias | 54 Doctoriales XIII | I. Doctoriales
Christel Brun-Franc :
Marseille à l’avant-garde poétique (1925-1945) : le choix audacieux des Cahiers du Sud
Résumé
Entre 1925 et 1966 paraît à Marseille une revue dont la renommée n’est plus à faire : Les Cahiers du Sud. Le choix de cette implantation géographique n’est pas banal, à tel point que la question du déménagement du siège reviendra à plusieurs reprises lors de moments-clés pour la revue (départ de Pagnol à Paris en 1925 et Libération). Pourtant, ils ne quitteront jamais leur ville natale, ce qui les rend atypiques dans un pays où la tendance à la centralisation a eu des conséquences importantes sur le plan culturel. Si l’industrie du livre se concentre majoritairement dans la capitale, la plupart des grandes revues littéraires aussi. Les Cahiers sont les seuls à s’être maintenus aussi longtemps sans être pour autant parisiens. Ce choix va se révéler capital dans la ligne éditoriale de la revue, et ce à plusieurs titres (ouverture sur la Méditerranée et apolitisme entre autres). Le volontarisme de Jean Ballard permet ainsi aux Cahiers de se singulariser et de mettre en avant une perspective différentielle vis-à-vis de ses concurrents immédiats. Cette localisation s’impose donc à la revue et devient, pour Jean Ballard, une affirmation idéologique permettant de faire de Marseille, durant l’entre-deux-guerres, un haut-lieu de l’avant-garde poétique.
Abstract
Between 1925 and 1966 a famous magazine comes out in Marseille : Les Cahiers du Sud. The choice of this geographical presence is not commonplace in the magazine’s world and the question of the moving of the office will repeatedly ask (at the time of Pagnol’s departure in 1925 and of the French Liberation). Nevertheless, Les Cahiers du Sud will never leave their home town, what makes this journal atypical in a centralist country. Most of the magazines are in the capital and Les Cahiers have an exceptional longevity for a non-Parisian magazine. This choice is major in his editorial policy : interest for the Mediterranean culture and apolitical literature for example. The magazine so differs from his competitors. This location becomes ideological and Marseille quickly became at the vanguard of this time.
Index
Mots-clés : avant-garde , Cahiers du Sud, Marseille, Méditerranée, revue littéraire
Géographique : France
Chronologique : XXe siècle
Plan
- Marseille, une ville à l’image ambivalente
- 1925 : l’année charnière
- Redéfinition de la ligne éditoriale et stratégie de positionnement
- Lʼhumanisme méditerranéen
- La question coloniale
- À la Libération, rester ou partir ?
- Conclusion
Texte intégral
1Entre 1925 et 1966 paraît à Marseille une revue qui fait désormais indiscutablement partie de l’histoire et du patrimoine culturel de la ville : Les Cahiers du Sud. Cette revue de poésie, à la parution mensuelle, se veut apolitique. Elle touche à ses débuts un lectorat essentiellement local, mais va progressivement étendre son influence en France et à l’étranger, principalement dans les colonies et territoires d’Afrique du Nord, notamment à partir des années trente. Les pages de la revue s’étoffent, la partie anthologique accueille des auteurs de plus en plus réputés, tandis que la section critique gagne elle aussi en pertinence et en collaborateurs de renom.
2Pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance : dans une France extrêmement centralisée, on sait combien il est difficile pour une revue littéraire d’exister en province. Celles qui maintiennent leur siège ailleurs se voient souvent contraintes d’implanter une antenne plus ou moins importante dans la capitale. Évidemment, il s’agit là d’une logique « commerciale » : c’est à Paris que l’on trouve les grosses imprimeries, les plus grandes librairies ; c’est aussi le vivier le plus important de collaborateurs potentiels. De plus, la diffusion se fait beaucoup plus facilement à partir de la capitale.
3On comprend donc que l’implantation géographique des Cahiers, simple fait du hasard à l’origine – des étudiants marseillais décident, dans les années 1910, de créer une revue dans leur ville natale – devienne progressivement le fruit d’une réflexion récurrente au sein de l’équipe de rédaction : la question du déménagement du siège revient ainsi à plusieurs reprises, lors de moments-clés pour la revue, notamment le départ de Marcel Pagnol, fondateur de la revue, pour Paris en 1925 et la Libération. On devine déjà combien ces périodes sont importantes en ce qu’elles impliquent des modifications structurelles et une réflexion importante autour de la ligne éditoriale.
4À ce titre, le cas des Cahiers du Sud est atypique et quasiment unique en son genre : ils ont déjoué les pronostics en se maintenant durant un demi-siècle grâce à une audience nationale et internationale, malgré leur localisation.
Marseille, une ville à l’image ambivalente
5Marseille, ville natale de la revue, joue un rôle important, à tel point qu’Alain Paire, dans sa Chronique, la voit comme l’un des « trois protagonistes essentiels » dans l’histoire des Cahiers. Elle en est en effet « le creuset, l’imaginaire majeur et le référent privilégié1 ». Pourtant, elle apparaît aussi, au premier abord, comme un poids pour le développement de la revue. Cette ambivalence perdure durant toute la vie de la revue, qui oscille en permanence entre attirance et répulsion vis-à-vis de cette ville polymorphe.
6Depuis la fin du XIXe siècle, la ville de Marseille est à son apogée : le port est le point de départ des lignes de paquebot de l’Extrême Orient, escale des lignes de Suez, avec presque 600 000 passagers par an. Les compagnies maritimes desservent principalement l’Angleterre, l’Algérie, la Russie, les Indes Anglaises et l’Argentine. Elle reçoit des flots continus de nouveaux arrivants, attirés par son activité intensive2. Certains ne font que passer, d’autres s’y installent durablement : on dénombre ainsi en 1913 plus de 500 000 habitants3, dont 100 000 immigrés. Marseille n’apparaît donc pas comme une « cité littéraire4 » mais bien plutôt comme une cité d’affaires. À quelques exceptions près, nous sommes bien forcée d’accréditer l’idée que Marseille, au XXe siècle, ne se soucie guère de culture. Pagnol comme Artaud n’y resteront pas pour faire carrière.
7La parution en 1931 de l’ambivalent Marsiho d’André Suarès permet de mieux comprendre l’image véhiculée par la ville-port. Le Marseille de Suarès ressemble à gigantesque « lupanar5 » qui ne laisse aucune place à la littérature :
Il faut bien l’avouer : la vie de l’esprit est étrangère à cette forte ville. Voilà son péché : elle l’expie, bien plus qu’elle ne croit ; elle est punie par le sot renom qu’on lui a fait dans le monde. Ce n’est pas assez de Marius et de ses grosses facéties ; ni même assez de la peinture, de la meilleure table et de tous les plaisirs. Barcelone, Naples, Valence ont leurs incunables ; Venise égale presque Paris. Il n’y a pas un incunable de Marseille, ni un grand imprimeur, ni un écrivain immortel depuis Pétrone, ni un savant qui a laissé sa marque dans la science universelle. Et pas un saint. Non, la bouillabaisse ne suffit pas. Les librairies de Marseille font honte aux Marseillais : on n’en sait pas de plus asservies à la mode. Les livres médiocres, ou ceux de la plus basse espèce, n’y manquent jamais ; presque toujours, les autres. Quelques hommes ont le culte de la pensée, à Marseille comme ailleurs, et mettent au-dessus de tout l’art d’écrire, qui est celui de donner la beauté de la forme, jeu suprême, aux plus grandes découvertes de l’esprit ; mais plus qu’ailleurs ils sont rares6.
8Et il poursuit quelques pages plus loin :
La force de Marseille proclame de toutes parts, qu’on ne doit pas vivre de sa pensée ; qu’il est bon d’acheter du blé ; non de vendre des vers ; que le savon est un objet d’échange légitime, non la prose de Pascal ; qu’il est absurde enfin et peut-être honteux de tirer aliment de son esprit7.
9Cette vision d’une ville réfractaire à la culture est persistante8 dans la conscience collective et l’image semble parfois relever du cliché : l’existence à Marseille d’une « vie intellectuelle et artistique9 » a été longtemps niée. Marseille est plus connue pour une série de poncifs allant du brigandage au trafic en passant par la prostitution. Dans un style souvent excessif, l’auteur oublie – volontairement ? – de mentionner des écrivains pourtant reconnus comme Edmond Jaloux10, Francis de Miomandre11 (prix Goncourt en 1908 pour Écrit sur l’eau) ou encore Émile Sicard12. Il n’est pas non plus question des Cahiers, alors que Suarès avait pourtant eu l’occasion de rencontrer l’un des principaux animateurs de la revue, André Gaillard13.
10Malgré cette image biaisée, et sans doute parce qu’il n’est pas loin de partager ces idées, Ballard conçoit une très grande estime pour cette œuvre, qu’il perçoit comme « un cri d’amour où gronde aussi la haine d’une enfance étouffée qui s’apaise et se dissout enfin dans un acte d’adoration pour sa ville natale14 ». Cette image colle à Marseille puisque, comme le rappelle Jean-Michel Guiraud15, Louis Brauquier, en 1963, voit encore une antinomie dans l’installation des Cahiers du Sud à Marseille : « Que les Cahiers du Sud se soient installés sur le Vieux-Port, pour lui tourner le dos16 pendant un demi-siècle, il y a là de quoi rêver17. » Cette remarque indique combien l’entreprise de Ballard est encore perçue dans les années soixante comme une anomalie dans la société marseillaise, même aux yeux d’un poète pourtant enraciné dans sa ville natale, qu’il voit encore comme une ville commerçante sans intérêt du point de vue culturel. Dans cette perspective, l’aventure des Cahiers du Sud ressemble d’autant plus à un défi à relever18.
1925 : l’année charnière
11Pourtant, la poignée de jeunes étudiants qui fondent la revue, qui porte alors le nom de Fortunio, est loin de se douter de l’importance que prendra la ville pour leur entreprise dans le futur. À n’en pas douter, elle a commencé dans l’insouciance et la gaieté, sous l’impulsion de Marcel Pagnol :
Tu sais que c’est moi, en 1913, qui ai fondé Fortunio. C’est moi qui en eus l’idée, et qui persuadai Bourde. C’est moi qui découvris Gras lequel avait d’ailleurs tout ce qu’il fallait pour fonder une revue, sauf la volonté. C’est moi qui allai voir Mouren à Saint Just, et y fis la connaissance de Coutelen. C’est moi qui entraînai Saint-Antonin, enfin, je découvris le titre, et c’est à cause de tout cela qu’on me nomma directeur à cette époque19.
12Fortunio naît à Marseille le 10 février 1914, six mois avant que n’éclate la Première Guerre mondiale. Ce n’est qu’en 1925 que la revue devient Les Cahiers du Sud. Ces 11 années, sorte de « préhistoire20 » de la revue marseillaise, ont leur lot de péripéties puisqu’au conflit mondial s’ajoute progressivement un certain nombre de conflits internes. Après l’interruption due à la guerre, Pagnol parvient à relancer Fortunio dont un numéro paraît le 15 février 1920.
13Cette deuxième période, bien que les sommaires ne soient pas d’une qualité remarquable, est néanmoins intéressante. Ballard et Pagnol co-rédigent notamment l’éditorial intitulé « À nos lecteurs en manière de programme » qui paraît dans le numéro 421, dans lequel les jeunes hommes expliquent que leur revue a pour but de combattre l’image culturelle défavorable de Marseille en « secou[ant] [son] apparente léthargie ». Ils ont l’ambition de faire de la revue un point de rencontre pour tous les intellectuels marseillais, tous domaines confondus.
14Malgré cet éditorial qui semble sceller la collaboration entre Ballard et Pagnol, leur relation va se dégrader rapidement. La question de la localisation du siège de la revue est au cœur de leur querelle. Fin septembre 1922, Marcel Pagnol déménage à Paris. Muté au lycée Condorcet comme professeur-adjoint d’anglais, il n’assiste donc plus aux réunions du comité de rédaction de Fortunio. Paris, c’est aussi plus de chances pour lui de réussir dans le domaine littéraire, en particulier au théâtre. Pagnol se saisit donc de cette occasion pour essayer de percer dans le milieu. Très rapidement, il fait part de ses inquiétudes à Ballard, se sentant exclu de l’équipe, ne pouvant plus guère influer sur la politique éditoriale de la revue. Il n’a plus son mot à dire sur l’élaboration des sommaires, et dès le 28 novembre 1922, il commence ses récriminations : « Maintenant que je suis parti, je n’existe plus, je compte moins que n’importe qui. » Peu à peu, les reproches font place à l’agressivité : « Sache que j’ai toujours compris que tu me considérais comme un imbécile, facile à faire marcher22. » Et Pagnol comprend clairement la situation, même s’il souhaite encore y remédier : « Votre but est de mettre dans la revue ce qui vous plaît, et de réduire à zéro mon titre de directeur littéraire […] il serait bête de nous séparer après dix ans d’efforts communs23. »
15La crainte de Pagnol est de voir la revue qu’il a fondée s’enfermer dans la promotion de la littérature locale. De fait, la solution qu’il envisage est de déménager Fortunio à Paris : « Ne comprendrez-vous jamais qu’à Marseille vous êtes dans un cul de sac ? Écrivez et venez à Paris24. » Et il réitère sa proposition le 26 avril 1924 :
Notre seul tort, c’est de consacrer quelques pages aux avortements de Marseille, qui ne compte pas au point de vue littéraire, n’a jamais compté, et ne comptera jamais. Les derniers numéros contiennent la chronique d’Endoume25... Tiens-tu à crever sur place ; plutôt que de vivre ailleurs26 ?
16À cette époque, l’idée de déménager le siège de la revue à Paris ne convainc pas Ballard. Il propose à Pagnol de profiter de son installation dans la capitale pour envoyer des chroniques sur le théâtre et la littérature parisienne. En homme prudent, il estime que ce n’est pas le moment de déraciner une revue qui commence à paraître régulièrement et qui est déposée dans une quinzaine de librairies parisiennes. Il est encore trop tôt pour partir à l’assaut du monde littéraire parisien. Ce serait bien trop ambitieux et le manque de collaborateurs et de financement lui serait fatal. Quitter Marseille, ce serait perdre les quelques annonceurs – essentiellement locaux – qui financent la revue. Ce serait aussi risquer de perdre les quelques centaines d’abonnés27 qu’ils sont parvenus à convaincre. Avec le départ de Pagnol à Paris, Ballard devient progressivement le seul maître d’œuvre et se pare du titre de « directeur »28.
17Durant deux ans, la lutte de pouvoir fait donc rage au sein de la revue, Pagnol essayant de reprendre la main lors de ses retours à Marseille en convoquant des assemblées générales. Mais ces efforts sont bien trop ponctuels et il ne peut rivaliser avec un homme présent au quotidien, gérant remarquablement les réunions du conseil de rédaction, la trésorerie, et la communication. En 1925, il rend les armes et écrit à Ballard :
Nous avons fait, moralement, faillite. Fortunio ne sera jamais29 une revue française. À ce point de vue, je m’avoue vaincu, et sans espoir d’aucune sorte. Si je ne veux pas qu’il meure, c’est pure vanité, et question d’amour-propre. Mais je suis d’avis qu’il faut faire maintenant une revue mensuelle marseillaise avec quelques chroniques parisiennes, beaucoup de vers et beaucoup de roman. Encore une fois, je ne compte plus sur personne ici. Ils nous donneront quelques lignes en amateurs, et je veux être un professionnel. Je suis fatigué d’animer des mannequins, et de leur mettre la pompe au derrière. J’ai mieux à faire que cela. D’autre part je suis pauvre [...]. J’en ai marre. Je persiste à croire que vous n’avez pas su m’utiliser à Fortunio. Il y a eu des moments où si vous m’aviez soutenu de toutes vos forces, la victoire était proche. Maintenant il est trop tard. Je n’ai plus l’enthousiasme, ni la foi. Je veux bien faire dans notre revue un petit travail de fonctionnaire : c’est tout30.
18Marcel Pagnol finit par démissionner en février 1925 :
Oui, je vous quitte, sans rancune d’aucune espèce [...]. Je vous quitte parce que vous refusez, depuis trois ans, de faire une carrière d’hommes de lettres, alors que vous en aviez tous les moyens – parce que vous jouez à écrire, ce qui est un amusement innocent et distingué, mais un simple amusement. Vivant à Marseille, écrivant à Marseille, [...] si votre œuvre est géniale, elle percera d’ici cinquante ans. Si elle est seulement remarquable, elle périra avec vous, dans l’obscurité des maisons de Provence.
Je vous le dis ici une fois de plus, avec une amitié et une émotion véritables. Vous êtes bien coupables. Vous renoncez à vous-mêmes pour des questions mesquines de confort, de famille, etc... Vous n’aviez pas la vocation qui m’a aidé à supporter le froid et la misère. Tant pis. Je n’y peux rien. Amen31.
19Dans cette lettre de démission, au ton amer malgré ce qu’en dit son auteur, Pagnol se trompe. Tant sur la ligne éditoriale que sur la postérité de la revue, le temps a montré combien sa vision était erronée. La détermination de Ballard, son obstination peut-être, à maintenir le siège de la revue à Marseille s’est révélée capitale. En effet, c’est en commençant par consolider les fondations de la revue que Ballard a contribué au succès et à la longévité des Cahiers du Sud.
Redéfinition de la ligne éditoriale et stratégie de positionnement
Lʼhumanisme méditerranéen
20Cette première décision va jouer un rôle important : la ligne éditoriale de la revue doit forcément en tenir compte. Le départ de Pagnol et le maintien du siège marseillais permettent à Ballard de redéfinir la ligne de la revue. Il va ainsi décider de faire de cette localisation un atout, et non plus un handicap. C’est aussi pour lui l’occasion de se démarquer des grandes revues littéraires parisiennes (notamment de la NRF ou d’Europe). Le choix du nouveau titre32, en 1925, est l’indice d’une nouvelle ligne éditoriale. Le mot « Sud » n’est pas là par hasard, même s’il n’est sans doute pas encore chargé du contenu « méditerranéen ». Ce terme indique néanmoins une direction, une ouverture, mais aussi l’affirmation une prise de position, et Ballard en est conscient :
La plupart des revues sont allées à Paris. J’ai maintenu aux Cahiers leur résidence marseillaise. Pourquoi ? Parce qu’ils sont du Sud, bon sang ! Mais aussi parce qu’il y a, à mon avis, une belle attitude à prendre comme mainteneur, rassembleur de la culture méditerranéenne33...
21Ce n’est que progressivement que se construit l’identité méditerranéenne de la revue qui, dans ces années où « l’humanisme méditerranéen » est à la mode, s’engouffre dans la brèche. Pourtant, les créateurs des Cahiers du Sud ne sont pas immédiatement disposés à une grande ouverture. Issus d’une formation classique qui leur lègue un héritage plutôt gréco-latin, ils sont du côté d’un certain conservatisme (littéraire comme politique) : un article élogieux d’André Négis, consacré à l’Italie fasciste dans les Cahiers d’avril 1926, sous le titre « L’Italie nouvelle », le prouve. Il se termine par les phrases suivantes, qui sont fort significatives : « On peut réprouver le fascisme en tant que moyen de gouvernement. On ne peut nier qu’il ait remis de l’ordre dans un pays à qui l’anarchie orientale [sic] avait quelque peu tourné la tête34. » Bref, rien ne laisse alors penser que dans les années 1930, les Cahiers essaieront aussi de mettre en lumière la culture des mondes arabes et musulmans. Pour marquer cette nouvelle orientation, ils publient régulièrement, dans cette période d’entre-deux-guerres, des textes théoriques consacrés à la question de l’humanisme méditerranéen dont ils se veulent les porte-paroles, en particulier sous la plume de Gabriel Audisio, qui incarne aux yeux de Ballard l’homme méditerranéen35 par excellence et qui tient régulièrement, à partir de 1936, une chronique méditerranéenne.
22L’idée directrice qui se dégage de la lecture de la revue et de la correspondance de Ballard est l’appartenance de Marseille au bassin originel où sont nées les grandes civilisations. La revue se doit donc de les réunir à nouveau. De là naît sa vocation humaniste. Cette question est bien sûr au cœur des débats dans ces années de montée du fascisme. Réfractaires à une « latinité racornie » selon l’expression de Gabriel Audisio, les Cahiers veulent « réhabiliter la Méditerranée36 » et s’ouvrir sur le grand large. Cette conception naît d’oppositions à des forces idéologiques très marquées : d’une part elle se construit contre les doctrinaires maurrassiens de la latinité antique et catholique et en faveur d’une Méditerranée ouverte sur l’Orient (donc contre les discours de l’Académie méditerranéenne dont le Congrès a lieu a Monaco en 1935), d’autre part elle s’oppose au provençalisme et aux tendances félibréennes, en ayant recours aux références cathares et occitanes.
La question coloniale
23La deuxième conséquence de la localisation marseillaise des Cahiers sur la ligne éditoriale touche à la question du colonialisme. On l’a dit, Marseille est « la porte de l’Orient », c’est le premier port colonial français. Les Cahiers profitent de cette position aussi sur le plan publicitaire puisque les compagnies maritimes sont sans conteste leurs plus fidèles mécènes. De plus, Ballard prospecte dans les colonies afin de trouver de nouveaux partenaires économiques. La question du colonialisme est donc extrêmement sensible, comme on peut le supposer. Durant ces années, Ballard est à la fois témoin et juge de la réussite des valeurs économiques mais aussi spirituelles et culturelles de l’Empire colonial. La revue représente bien l’arrière-plan économique et politique où s’inscrit la réflexion culturelle qui y est engagée. Il suffit d’ouvrir le numéro d’août-septembre 1935, consacré à L’Islam et l’Occident pour le constater. Outre les articles centraux (144 pages), on y trouve 62 pages de publicités : annonces pour d’autres revues (Les Cahiers de Barbarie édités par Armand Guibert à Tunis par exemple), mais surtout pour toutes sortes de sociétés privées, majoritairement des entreprises de transport et de voyage. On peut alors se faire une idée de la géographie dans laquelle s’inscrivent Les Cahiers du Sud – Marseille est au centre d’un réseau, qui, au nord, mène à Paris, Lyon, Bordeaux, et, au sud, à Casablanca, Oran, Alger et Tunis.
24Tout cet espace est celui où, avec l’impérialisme européen, a pénétré une navigation qui n’est plus celle des découvreurs, mais des cargos et des paquebots, amenant marchandises et passagers sur le port de Marseille. L’un des lieux de diffusion privilégié des Cahiers du Sud étaient les compagnies de navigation. Il y a donc indéniablement un lien de cause à effet entre l’expansion économique d’un port colonial et cette étonnante entreprise littéraire. De ce fait, même si Ballard affirme à Léon-Pierre Quint en octobre 1930 être « franchement anti-colonial37 », il sait qu’il ne peut le dire ouvertement sinon les Cahiers « ne seraient bientôt plus viables à Marseille38 ». Cette nette prise de position survient à la suite d’une proposition de Pierre-Quint qui souhaite insérer dans la revue des textes de Louis Roubaud39, écrivain et journaliste au Petit Parisien dans lequel il publie depuis mai 1930, à la suite de la mutinerie en Indochine, une longue série d’articles sous le titre « Le Petit Parisien en Indochine » :
Louis Roubaud : La question est bien délicate. Je ne méconnais pas le courage et la valeur de l’écrivain, mais je ne crois pas qu’il soit possible de nous aventurer pour l’instant dans une campagne anti-coloniale. Songez que les choses à Marseille ont une autre importance qu’à Paris ; toute notre flotte vit de nos colonies, sans compter les innombrables comptoirs où se recrutent nos abonnés et nos annonciers. Dans ces conditions, une campagne anti-coloniale à Marseille équivaut à un suicide. À choisir40.
25Le choix opéré dans les années 1920 conditionne donc en partie la ligne éditoriale de la revue jusqu’à la guerre.
À la Libération, rester ou partir ?
26Entre 1939 et 1945, les Cahiers du Sud continuent de publier, bénéficiant de leur implantation en zone Sud (zone libre). Mais à la Libération, la question d’un déménagement à Paris se pose avec encore plus de force puisque les revues « résistantes », qui s’étaient, en grande majorité, installées dans les colonies françaises du Maghreb, reviennent en métropole et font le choix, pour la plupart, de s’implanter à Paris. Il en est de même pour celles qui étaient basées en zone sud. Devant cette nouvelle situation, il semblerait que le directeur des Cahiers ait hésité lui aussi. Plusieurs lettres indiquent clairement la volonté de Ballard d’être plus présent dans la capitale… mais jusqu’à quel point ? A-t-il vraiment voulu, ne serait-ce que temporairement, choisir le chemin de la « facilité », penser en tant que directeur et non en tant qu’homme attaché à sa ville d’origine, quitte à renier les racines des Cahiers, mais afin de leur donner une aire d’influence bien plus grande ? Nous n’avons pas de réponse tranchée, les lettres que nous avons trouvées font état de plusieurs solutions, et peuvent même être contradictoires. Cela nous fait dire que la tentation a bien été présente, et que Ballard lui-même s’est trouvé confronté à un dilemme. La NRF a disparu, il y a donc une place à prendre et Confluences et Poésie 44 commencent à se faire une place dans la capitale. Mais Ballard dément à plusieurs reprises la rumeur d’une installation des Cahiers à Paris :
J’ai en effet des projets qui n’entraînent pas pour eux de se lancer à la conquête de la capitale. Laissant ce rush à des hommes jeunes qui ont à essayer leurs forces, nous poursuivons notre tâche dans ces lieux intemporels auxquels Marseille donne le cadre le moins importun, parce qu’il est le moins oppressif. Cette faible densité spirituelle dont nous nous sommes plaints parfois, quand on parlait de notre ville, nous laisse une disponibilité plus grande, et nous permet des sondages plus amples parmi les thèmes culturels41.
27L’idée de l’installation définitive à Paris étant écartée, Ballard essaie alors de créer une antenne parisienne avec l’aide de Jacques Crespelle, bien que cette idée ne convainque pas certains de ses plus proches collaborateurs, comme Louis Émié :
Laisse les autres revues s’installer à Paris. La place, la raison d’être des Cahiers, c’est d’être justement, c’est de demeurer à Marseille. Ce n’est pas un isolement, tout au contraire. Tu es trop bien placé, de ton double mirador qui regarde à la fois du côté de Paris et du côté de la Méditerranée. Quoi qu’on fasse, la Méditerranée est aussi NOTRE mer – et tu sais combien elle vaut pour moi42…
28Une lettre de Jacques Crespelle du 11 janvier 1945 semble donner raison à Louis Émié. Dans cette missive, l’homme de lettres parisien donne l’impression de se substituer au directeur marseillais et cherche à conformer les Cahiers à l’image de la revue parisienne, rompant ainsi totalement avec l’esprit du siège de Marseille. Envisageant de sous-louer la maison de Suarès pour en faire la « maison des Cahiers », il demande d’importantes sommes d’argent à Ballard pour monter le projet. Comment assumer des frais supplémentaires alors que Ballard a déjà du mal à trouver les fonds nécessaires à l’impression de la revue ? Le projet semble avoir avorté. Que s’est-il passé ? Nous ne pouvons faire que des hypothèses : Ballard a-t-il eu peur de commettre une erreur ? Crespelle a-t-il renoncé ? La sous-location de l’appartement n’a-t-elle pu se faire ? Toutes ces questions restent pour l’instant sans réponses, mais il ne semble pas que ce soit un simple abandon. Trop de choses séparaient la vision de Crespelle de la revue de celle de Jean Ballard et du comité de rédaction, comme semble le prouver une lettre adressée par le directeur de la revue à Paul Valéry :
Une chose dont j’aurais voulu vous entretenir est la décision que l’on fait connaître de laisser les Cahiers à Marseille. On avait annoncé mon « installation » à Paris mais après mûre réflexion, j’ai compris qu’il valait mieux assister de loin au pugilat des jeunes revues et garder ma fonction, et le caractère affirmé par trente ans de publication. Les Cahiers du Sud garderont leur climat méditerranéen43 avec cette pointe d’accent languedocien44, qui fait sans doute leur originalité dans le concert des revues françaises. Fidèles au Cimetière marin !
Mais je songe à un belvédère, ou plus exactement à un périscope parisien et je pense mettre la main sur un ami qui me tiendra une « maison » des Cahiers sur les bords de la Seine. Encore un tic provençal : on aime avoir un « oustau » plus qu’un bureau, chez nous45.
29De nombreuses réactions positives font suite à cette décision. Max Rouquette par exemple trouve cela plus sage de « laisser aux combinards à la Seghers46 et à la Max-Pol-Gugusse-Fouchet47 l’estrade décolorée de Paris48 ».
30Même avec du recul, nous ne pouvons dire si Ballard a fait le bon choix en restant à Marseille. Il est vrai, comme le souligne Jean Lambert, que cela n’a pas beaucoup réussi aux revues résistantes :
Je réussirais bien mal à vous donner la température des Lettres parisiennes. Je n’y suis guère plongé. Les échos qui m’en viennent ne sont pas très glorieux. Il n’y a pas actuellement de royaume plus divisé que celui-là, ni qui ait moins de tenue. J’ai vu que vous aviez renoncé à l’installation ici, et vous avez raison. Ni Confluences, ni Poésie 45 ne me semblent avoir beaucoup gagné à leur transfert ; et Fouchet, que j’ai rencontré ces jours-ci, m’a expliqué toutes les peines qu’il avait pour faire paraître sa revue à Paris, où on la traite comme une revue nouvelle, avec toutes les complications que cela entraîne49.
31Après la Libération, la revue perdra en audience. Jusqu’à ce que Ballard tire le rideau, en 1966, elle n’atteindra plus la renommée et la diffusion qu’elle a connues durant l’entre-deux-guerres. On peut penser que la décision de rester à Marseille a cette fois-ci joué en sa défaveur : elle n’a pas su prendre la place de la NRF, alors qu’elle en avait sans doute les moyens.
Conclusion
32Néanmoins, les Cahiers ont relevé le défi ardu d’exister face à Paris. Le grand rêve de Ballard était de contribuer à faire de sa ville « un foyer de culture et d’attraction intellectuelle50 », ce qu’il est, sans conteste, parvenu à accomplir. Les Cahiers du Sud sont bien représentatifs de ce double sentiment que l’on retrouve chez beaucoup de Marseillais : un certain rejet de Marseille cohabite avec une très haute idée du destin de la ville, cette éternelle Phocée. La ville du Sud se voit capitale et le développement colonial de la ville ravive ce sentiment de grandeur puisque elle abandonne la marge pour devenir le centre de la France nouvelle, à mi-chemin entre Paris et Alger51 :
Marseille est en Provence mais n’est pas de Provence. Elle doit être sur le plan spirituel, comme sur le plan matériel, un centre d’accueil et de rayonnement entre la France et son Empire, entre l’Orient et l’Occident. On ne peut donc réduire le problème marseillais à un problème provincial. Mais d’abord il faut que les « provinciaux » marseillais prennent conscience de leur mission qui est de se dépasser, d’échapper à la facilité de leur climat. Les Marseillais doivent d’abord être dignes de Marseille52.
33Les Cahiers du Sud sont donc indéniablement liés à Marseille : le hasard d’abord, la persévérance et peut-être la crainte ensuite, puis l’affirmation audacieuse mais raisonnable d’une ligne éditoriale ont bien contribué à faire de Marseille une « cité littéraire ».
Notes de bas de page numériques
1 Alain Paire, Chronique des Cahiers du Sud : 1914-1966, IMEC, 1993, p. 15.
2 C’est le quatrième port européen, après Rotterdam, Hambourg et Anvers.
3 On est encore très loin des 2 900 000 habitants de Paris.
4 Titre d’un ouvrage de Maurice Ricord paru aux Éditions Robert Laffont en 1942.
5 André Suarès, Marsiho, [1931], éd. J. Lafitte, 2009, pp. 155.
6 André Suarès, Marsiho, op. cit., pp. 66-67.
7 André Suarès, Marsiho, op. cit., p. 70.
8 Aujourd’hui encore, les Marseillais ne voient pas leur ville comme une capitale culturelle, même si les événements organisés dans le cadre de Marseille-Provence 2013 (capitale européenne de la culture) ont permis de donner une meilleure image.
9 Nous reprenons ici volontairement les termes du titre de l’ouvrage de J.-M. Guiraud, La vie littéraire et artistique à Marseille à l’époque de Vichy et sous l’occupation : 1940-1944, CRDP, 1987.
10 Edmond Jaloux (1878-1949) est romancier et critique littéraire. Il obtient le Prix Fémina pour Le reste est silence en 1909. Il entre en 1936 à l’Académie Française au fauteuil de Paul Bourget.
11 Francis de Miomandre (1880-1959), de son vrai nom François-Félicien Durand.
12 Émile Sicard (1878-1921) est un poète marseillais de langue française qui a laissé une œuvre régionaliste. Il fonde Le Feu en 1905.
13 Cette conversation est évoquée par Gabriel Bounoure dans le numéro 329 des Cahiers du Sud consacré au « Destin de Suarès » : Gabriel Bounoure, « Le condottière à Marseille », Cahiers du Sud, 329, juin 1955, pp. 19-27.
14 Jean Ballard, « André Suarès ou le soliloque devant le miroir », Le Provençal, 5 août 1968, p. 12.
15 Jean-Michel Guiraud, « Marseille et les Cahiers du Sud », dans Yannick Gasquy-Resch (dir.), Marseille-Montréal, Centres culturels cosmopolites, L’Harmattan, 1991, pp. 166-180.
16 L’expression « tourner le dos » employée par Brauquier est exagérée et seulement en partie exacte : si l’équipe des Cahiers refuse l’ancrage local (dont le Vieux-Port est justement le symbole), elle s’ouvre rapidement vers la Méditerranée et les pays qui la bordent. D’ailleurs, pour Jean-Michel Guiraud, cette réflexion de Brauquier n’est pas pertinente puisqu’il conclut ainsi son article : « Ils [les Cahiers du Sud] ne furent pas un hymne à la cité qu’on ne rencontre dans les poèmes qu’au détour d’un chemin, car les sirènes des navires avaient la troublante attirance de l’air du large. Les Cahiers du Sud n’avaient pas tourné le dos à Marseille, comme l’avait écrit Louis Brauquier, c’est Marseille qui tournait le dos à la Provence. Ville cosmopolite, au contact de multiples cultures, elle ne fut pas la métropole culturelle du pays face à la concurrence inéluctable de Paris. » (Jean-Michel Guiraud, « Marseille et les Cahiers du Sud », op. cit., p. 179).
17 Louis Brauquier, « La deuxième génération », Cahiers du Sud, 373-374, septembre-novembre 1963, p. 45.
18 En réalité, il y a bien une vie intellectuelle à Marseille, mais elle est souvent oubliée ou méprisée. Au début du XXe siècle, c’est à Aix-en-Provence que l’on trouve les universités « nobles » (juridique et littéraire) et on considère trop souvent que les activités intellectuelles sont à Aix tandis que les divertissements populaires (avec toute leur connotation péjorative) se déroulent à Marseille. Avec le recul, on a compris que ce discours sur Marseille était injuste et certains, comme Jean-Michel Guiraud, ont fort justement essayé de le combattre.
19 Lettre de Marcel Pagnol à Jean Ballard du 7 novembre 1922.
20 Alain Paire, Chronique des Cahiers du Sud : 1914-1966, p. 15.
21 Fortunio, n° 4, 20 avril 1920.
22 Lettre de Marcel Pagnol à Jean Ballard du 18 janvier 1923.
23 Lettre de Marcel Pagnol à Jean Ballard du 26 février 1923.
24 Lettre de Marcel Pagnol à Jean Ballard non datée.
25 Quartier de Marseille.
26 Lettre de Marcel Pagnol à Jean Ballard du 26 avril 1924.
27 Pagnol en compte 280 dans une lettre datée d’avril 1923 et en mars 1924 on en dénombre 322.
28 Jusqu’à présent, il était « directeur-administrateur ».
29 Tous les termes sont soulignés par les auteurs des différentes lettres.
30 Lettre de Marcel Pagnol à Jean Ballard, non datée, sans doute début 1925.
31 Lettre de Marcel Pagnol à Gaston Mouren datée de février 1925.
32 Ce titre semble avoir été proposé par André Négis (voir la lettre adressée à Ballard du 21 novembre 1924) : « Mais pourquoi, mon cher Ballard, n’adopteriez-vous pas comme titre de votre revue Les Cahiers du Sud, tout simplement ? C’est très joli, beaucoup plus large et moins « petite revue de jeunes » que Fortunio. À votre place j’annoncerais ce changement pour le 1er janvier. Pensez-y, vous verrez que j’ai raison. »
33 Lettre de Jean Ballard à Pierre Hourcade du 5 avril 1945.
34 André Négis, « L’Italie Nouvelle de Marinetti à Mussolini », Cahiers du Sud, 78, avril 1926, pp. 286-293, ici p. 291.
35 Après une rencontre à Paris, Ballard écrit à Audisio dans une lettre datée de 1935 : « J’aime te voir à Alger ou à Marseille. Tu es vraiment de chez nous et Paris n’est pas le cadre qu’il te faut. Quand je t’y vois, j’ai l’impression d’une faute de décorateur qui accrocherait un soleil levant dans une cave. »
36 Conférence prononcée par Camus à Alger en 1937 lors de l’inauguration d’une « Maison de la Culture ».
37 Lettre de Jean Ballard à Léon Pierre-Quint du 18 octobre 1930. Hormis cette occurrence, nous n’avons pas trouvé d’autre prise de position de Ballard à ce sujet. Il nous semble que son opinion n’est pas aussi tranchée que ne pourrait le laisser croire cette lettre.
38 Lettre de Jean Ballard à Léon Pierre-Quint du 18 octobre 1930.
39 En 1931, Louis Roubaud publie Viêt Nam : la tragédie indochinoise aux éditions Valois dans lequel il dévoile la misère du peuple indochinois et l’attitude injuste et violente des colons. À ce sujet, voir la présentation d’Emmanuelle Radar dans Louis Roubaud, Viêt Nam : la tragédie indochinoise, Paris, L’Harmattan, 2010.
40 Lettre de Jean Ballard à Léon Pierre-Quint du 8 octobre 1930.
41 Lettre de Jean Ballard à Armand Lunel du 19 novembre 1944.
42 Lettre de Louis Émié à Jean Ballard du 9 novembre 1944.
43 Jean Ballard souligne.
44 Ballard fait bien sûr ici référence au groupe de Carcassonne formé autour de Joë Bousquet.
45 Lettre de Jean Ballard à Paul Valéry non datée (sans doute fin 1944), consultable à la BNF, Fonds Valéry (MF 2677), feuillet 281.
46 Directeur de Poésie 4.
47 Max-Pol Fouchet est le directeur de Fontaine.
48 Lettre de Max Rouquette à Jean Ballard du 24 décembre 1944.
49 Lettre de Jean Lambert à Jean Ballard du 23 janvier 1945.
50 Lettre de Jean Ballard à M. E. Blachette, président de la chambre de commerce, 1963.
51 Voir Jean Viard, « Marseille : de l’utilité moderne d’un site antique », Yves Gasquy-Resch (dir.), Marseille-Montréal, Centres culturels cosmopolites, Paris, L’Harmattan, pp. 33-44.
52 Réponse de Jean Ballard à l’enquête menée par la revue Esprit en 1941.
Bibliographie
Toute la correspondance citée se trouve dans les Fonds Patrimoniaux de la BMVR L’Alcazar à Marseille (Fonds Ballard, JBMs), à l’exception de la lettre de Jean Ballard à Paul Valéry non datée, consultable à la BNF, Fonds Valéry (MF 2677), feuillet 281.
Numéros de la revue
Cahiers du Sud, 78, avril 1926
Cahiers du Sud, 373-374, septembre-octobre-novembre 1963
Fortunio, n° 4, 20 avril 1920
Études
Paire Alain, Chronique des Cahiers du Sud : 1914-1966, Paris, IMEC, 1993
Roubaud Louis, Viêt Nam : la tragédie indochinoise, Paris, L’Harmattan, 2010
Suarès André, Marsiho, Paris, J. Lafitte, 2009
Viard Jean, « Marseille : de l’utilité moderne d’un site antique », in Gasquy-Resch Yves (dir.), Marseille-Montréal, Centres culturels cosmopolites, Paris, L’Harmattan, pp. 33-44
Pour citer cet article
Christel Brun-Franc, « Marseille à l’avant-garde poétique (1925-1945) : le choix audacieux des Cahiers du Sud », paru dans Loxias, 54, mis en ligne le 15 septembre 2016, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/lodel/docannexe/file/7601/%20http:/www.lefigaro.fr/flash-eco/2015/06/02/index.html?id=8418.
Auteurs
Christel Brun-Franc est docteure en littérature française. Elle a soutenu sa thèse, « Émergence et développement des Cahiers du Sud. Histoire d’un succès (1925-1939), en 2015 sous la direction de Claude Pérez à Aix-Marseille Université. Elle est l’auteur de plusieurs articles relatifs à cette revue et aux hommes qui l’animent, comme « André Gaillard, le passeur décisif des Cahiers du Sud » (Les Chantiers de la Création [En ligne], Rubrique thématique, Passe !, mis à jour le : 29/06/2012, URL : http://revues.univ-provence.fr/e-lla/index420.html ), « Jean Ballard, figure du travailleur intellectuel » (Rives méditerranéennes, 50 | 2015, 119-130) ou encore « Les Cahiers du Sud dans le champ des revues pendant l’entre-deux-guerres : un positionnement stratégique » (à paraître aux éditions de l’Harmattan). Actuellement, elle enseigne l’expression-communication et la culture à l’Université d’Avignon et de Pays du Vaucluse.