Lucie Nizard


Ancienne élève de l’ENS de Lyon et agrégée de Lettres modernes, Lucie Nizard achève actuellement une thèse de littérature française consacrée à la poétique du désir sexuel féminin dans le roman de mœurs français du second XIXe siècle, à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle, sous la direction d’Éléonore Reverzy. Elle travaille sur la sexualité féminine dans une perspective sociocritique et d’études de genre. Elle a publié plusieurs travaux sur la question du consentement et des violences sexuelles dans le roman du second XIXe siècle. Elle est l’autrice d’un article paru dans la revue Romantisme, consacré au regard porté par le second XIXe siècle sur le XVIIIe siècle libertin.

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Loxias | 74. | I.

Le roman du second XIXe siècle et les faits-divers de violences sexuelles : une esthétique ambivalente

Romans et journaux du second XIXe siècle se passionnent conjointement pour les faits-divers. Si une partie de la presse répugne encore souvent à aborder frontalement les cas de violences sexuelles, le roman semble déjà en faire un de ses thèmes privilégiés. Le roman condamne bruyamment les obscénités qu’il prête à la presse dans son traitement des faits divers de violences sexuelles ; pourtant, il reprend certains des stylèmes et leitmotive journalistiques lorsqu’il traite du même sujet. Mais il emploie également des outils spécifiques pour aborder les violences sexuelles, comme les changements de focalisation, la focalisation interne ou encore la polyphonie. Entre pathos explicite et érotisme latent, le roman et la presse abordent les violences sexuelles avec une ambivalence qui reflète la lente et malaisée construction du sentiment d’indignation vis-à-vis du viol. Novels and newspapers of the second Nineteenth century were both fascinated by news stories. Although a large part of the press was still reluctant to deal frankly with cases of sexual violence, the novel already seemed to make it one of its favorite themes. Novels loudly condemn the obscenities they attribute to the press in its treatment of sexual violence stories; yet they use the journalistic style and leitmotive when dealing with the same subject. But they also use specific tools to deal with sexual violence, such as changes of focus, internal focus and polyphony. Between explicit pathos and latent eroticism, novels and press approach sexual violence with an ambivalence that reflects the slow and uneasy construction of the feeling of indignation towards rape.

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