période contemporaine dans Loxias


Articles


Loxias | 67. | I. | Agrégation d'anglais

Le legs de James Cook à la navigation à voile

Les trois voyages de James Cook de 1768 jusqu’à sa mort tragique en 1779 ont donné lieu à une littérature extrêmement abondante et variée. Se référant aux journaux de bord originaux rassemblés dans l’édition en quatre volumes de Beaglehole, cet article propose le point de vue de navigateurs d’aujourd’hui questionnant l’héritage laissé par James Cook. James Cook’s three voyages from 1768 until his death in 1779 have generated a very large body of literature. Sourced from Cook’s original journals collected in Beaglehole’s four-volume edition, this article attempts to put into perspective the experience of sailors of the twenty-first century who analyse and question James Cook’s legacy.

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Loxias | 72. | I.

Principales tendances dans l’évolution de la poésie visuelle russe actuelle : histoire et théorie

Cet article dresse un panorama historique et épistémologique de la poésie visuelle russe du début du XXe au début du XXIe siècle. La première partie décrit la production artistique (mouvements, artistes œuvres) et son organisation (revues, manifestes, expositions,) en trois temps : avant-garde (futurisme), passage de l’époque soviétique à l’essor post-Pérestroïka (poésie concrète, poésie visuelle, art postal), structures de valorisation. La seconde partie examine la production actuelle au crible des classifications proposées par les historiens (poésies post-figurée, post-concrète et post-poesia visiva), les critiques (poésie asémique, poésie post-conceptuelle) et les chercheurs (genre, forme, langue). En ressortent la capacité à se renouveler en exploitant la tradition, le métissage croissant des différents genres de poésie visuelle, la participation aux mouvements artistiques internationaux, et l’utilisation des outils numériques. This article provides a historical and epistemological overview of Russian visual poetry from the beginning of the 20th to the beginning of the 21st century. The first part describes artistic production (movements, artists’ works) and its organization (reviews, manifestos, exhibitions,) in three stages: avant-garde (futurism), transition from the Soviet era to the post-Perestroika boom (poetry concrete, visual poetry, postal art), valorization structures. The second part examines current production through the lens of classifications proposed by historians (post-figurative, post-concrete and post-poesia visiva), critics (asemic poetry, post-conceptual poetry) and researchers (genre, form, language). This shows the ability of Russian visual poetry to renew itself by exploiting tradition, growing blending of different genres of visual poetry, participation in international artistic movements, and the use of digital tools.

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Loxias | 74. | I.

Récit d’enfance et conscience métalinguistique : échos des Grandes Espérances de Charles Dickens dans La Langue sauvée d’Elias Canetti

Dans la lignée de la thèse de C. Meyer (1997) portant sur les intertextes chez Elias Canetti, cet article avance que l’auteur déploie en filigrane du premier tome de son autobiographie, La Langue sauvée (1977), une relation transtextuelle avec Les Grandes Espérances (1861). Le roman de Dickens, en tant que Bildungsroman où le récit de soi construit par le narrateur homodiégétique, Pip, passe aussi par sa relation au langage, trouve un écho chez Canetti, auteur au « plurilinguisme flamboyant » (Demet). L’étude comparée des deux textes s’articule autour de la transition de la langue-organe vers la langue-langage dans les deux récits d’enfance. Following C. Meyer’s dissertation (1997) on intertextuality in some of Elias Canetti’s works, this article argues that there exists a transtextual phenomenon between the first volume of Canetti’s autobiography, The Tongue Set Free (1977) and Charles Dickens’ Great Expectations (1861). As a Bildungsroman, Dickens’ novel is partly metalinguistic and Pip’s relationship to language is echoed in Canetti’s depiction of his own multilingual childhood. This comparative analysis of both childhood narratives focuses in particular on the synecdochal transition from the anatomical tongue to the tongue as language.

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Loxias | 77. | I.

Femmes en cuisine dans la performance contemporaine

Les performeuses investissent l’espace de la cuisine dès les années 1970 afin de dénoncer le stéréotype aliénant de la femme aux fourneaux. Ces artistes défient la hiérarchisation des sujets artistiques, la cuisine servant de matériau brut pour leurs œuvres. À travers l’étude de performances et photographies récentes d’Elżbieta Jabłońska, de Rosemarie Trockel, d’Augusta Atla et de Marina Abramović, cet article analyse les liens entretenus le corps féminin et l’ustensile de cuisine, comment ces artistes détournent les codes de l’histoire de l’art et dans quelle mesure la cuisine se transforme en un lieu d’élévation spirituelle. Female performers have been investing the kitchen space since the 1970s in order to denounce the alienating stereotype of the housewife. These artists defy the hierarchy of art genres, the kitchen thus serving as the raw material for their works. Through the study of recent performances and photographs by Elżbieta Jabłońska, Rosemarie Trockel, Augusta Atla and Marina Abramović, this article analyzes the links between the female body and kitchen utensil, how these artists ironically play with the codes of art history and to what extent the kitchen space is transformed into a place of spiritual elevation.

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Loxias | 80. | I.

Editorial
le blackface ou la représentation de l’identité raciale dans les arts de la scène

Cette introduction présente les actes d’un séminaire de recherche intitulé « Le blackface ou la représentation de l’identité raciale dans les arts de la scène » du CTEL UPR 6307 qui a eu lieu à l’Université Côte d’Azur à Nice le 16 juin 2022. Elle s’attache tout d’abord à définir la race et le racisme comme une question viscérale qui est trop souvent mal conceptualisée. Cet article se propose ensuite de contextualiser le « blackface », considéré comme le reflet d’une société qui tolère l’intolérable. Enfin, nous nous poserons la question du « blackface » dans les arts vivants en prenant les exemples de la scène contemporaine française et allemande ainsi que le monde du ballet classique en soulevant la problématique du théâtre de la suprématie blanche. This introduction features the proceedings of a research seminar entitled « Blackface or the representation of racial identity in the living arts » of the research center CTELA UPR 6307 that took place at University Côte d’Azur in Nice on 16 June 2022. It first focuses on the definition of race and racism as a visceral issue that is too often poorly conceptualized. Blackface on stage will then be contextualized and considered as the reflection of a society that tolerates the intolerable. Eventually, this article explores blackface in the living arts taking the examples of French and German contemporary stages as well as the world of ballet to raise the question of the theater of white supremacy.

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Déjouer le blackface au théâtre pour mieux dé-penser la race

Exhiber la race de l’Autre en jouant sur la couleur de peau est une pratique issue de la pensée coloniale et penser la race en termes d’apparence et de face barbouillée, c’est penser une hiérarchie chromatique. Dans la logique coloniale, le Blanc peut s’amuser pour rire à s’abaisser au Noir et foncer sa peau, mais le Noir ne saurait se hisser jusqu’au Blanc. Aussi même si le charbonnage de la face ne relève pas de la dérision, voire d’intentions racistes, reste-t-il perçu comme un geste réducteur et offensant qu’il s’agisse de « la comédie du barbouillé » à la française ou du blackface né aux Amériques. Le geste demeure un héritage colonial. Le Blanc peut jouer au Noir, mais, à ses yeux, il est impensable que le Noir puisse passer pour un Blanc. Ce qui a bien sûr des répercussions sur les modèles de représentation, notamment dans le monde du spectacle. C’est pourquoi il est nécessaire de déjouer et dé-jouer les gestes de blackface et d’apprendre à dé-penser la race au théâtre, d’en épuiser les imageries, d’en ruiner les fondements, d’en débusquer les stéréotypes. Dé-penser la race, c’est vider l’abcès de cet inconscient collectif colonial qui fermente encore dans les imaginaires, et penser le théâtre autrement. Nous reviendrons ainsi sur les controverses liées au blackface qui ont récemment agité la scène contemporaine en passant par l’histoire du grimage racial et par les enjeux politiques qui lui sont intimement attachés. Exhibiting the race of the Other playing with skin color is a colonial practice and thinking of race in terms of appearance and black-up imply a chromatic hierarchy. According to the colonial logic, the white man can have a good time lowering himself to play black in jest and darken his skin, but the black man cannot become white. Even if the blacking up process does not rely on derision, or even on a racist intention, it remains a reductive and offensive gesture whether it is the French « comédie du barbouillé » or the American blackface tradition. This practice is still inherited from colonialism. The white man can play black but, to him, it is unthinkable for the black man to play white. All this has had consequences on our models of representations, in particular in the living arts. It is the reason why it is necessary to foil and deconstruct the blackface practice and to learn how to un-think race in the theatre, to unpack its imagery, to destroy its foundations, to find stereotypes. Un-think race means to drain the abscess of this colonial, collective unconscious which is still festering in our imagination, and to think about theatre differently. We will come back to the controversies related to blackface which recently sparked a debate on the contemporary stage as well as explore the history of the blackface addressing its political dimension.

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Le blackface ou la saturation sémiotique du corps noir dans les mises en scène d’Othello de Shakespeare

La représentation du corps noir fait l’objet de nombreuses investigations, notamment la pratique culturelle du blackface qui permet à l’acteur blanc de subir une transformation raciale pour incarner un personnage afro-descendant. Dans quelle mesure le blackface est-il une pratique négrophobe qui repose sur la saturation sémiotique du corps noir sur la scène de théâtre ? Par « saturation sémiotique », j’entends la façon dont le corps noir est chargé de symbolique à connotation négative. Nous étudierons cette question dans les mises en scène d’Othello de Shakespeare en remontant aux pratiques théâtrales de la première modernité anglaise et en les mettant en résonnance avec le théâtre contemporain. La déconstruction du blackface permet de l’identifier comme une pratique à la longue tradition théâtrale dont la connotation négative ne fait aucun doute, du théâtre religieux médiéval au théâtre anglais de la première modernité et jusqu’aux spectacles des ménestrels raciaux américains. Le blackface est à l’origine d’une esthétique raciale qui mobilise l’acteur et le spectateur et leur fait vivre une expérience scopique qui leur donne un pouvoir de définition de la représentation de l’identité raciale sur la scène de théâtre. C’est enfin une pratique polémique qui ne fait toujours pas consensus aujourd’hui et qui fait l’objet d’interprétations parfois contradictoires, notamment si l’on oppose l’intention du metteur en scène à l’impact de la mise en scène. The representation of the black body has been widely studied, for instance through the cultural practice of blackface which enables the white actor to undergo a racial transformation to embody a character of African descent. To what extent is blackface a negrophobic practice which relies on the semiotic saturation of the black body on stage? With the phrase « semiotic saturation », I mean the way the black body is loaded with a negative symbolic. We will analyse this issue by going back to early modern English theatrical practices and by creating a dialogue between them and contemporary theatre. The deconstruction of blackface leads us to identify it as a practice with a long theatrical history the negative connotation of which leaves no room for doubt – from the religious medieval drama to the early modern English drama and to the American racial minstrel shows. Blackface is the source of a racial aesthetics that involves the actor and the spectator making them experience a scopic performance which gives them a power of definition of the representation of racial identity on stage. Eventually, it is a polemical practice that is still controversial today, for instance if we oppose the director’s intention and the impact of performance.

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