Loxias | 66. Doctoriales XVI | I. Doctoriales XVI
Aurore Vincent :
Conception et place de la bibliothèque chez Pierre Reverdy
Résumé
Forte de l’idée que la représentation que construit un écrivain de cet espace qu’est la bibliothèque est symptomatique de son rapport à la convention et à l’érudition mais interroge aussi les relations entre l’art et la vie, l’étude proposée cherche à comprendre la variété de représentations que l’on trouve dans l’œuvre de Pierre Reverdy. A la fois célébrée car garante d’une tradition littéraire dont il importe de se souvenir et décriée en raison des nombreux vices qui sont attachés à l’objet livresque, la bibliothèque interroge in fine sur le lieu de conservation du patrimoine littéraire.
Index
Mots-clés : bibliothèque , création, livres, Reverdy (Pierre)
Géographique : France
Chronologique : XXe siècle
Plan
- Condamnation de la bibliothèque
- La bibliothèque, miroir des vanités
- Érudition et création
- Livres mortifères
- Défense et célébration de la littérature
- Lectures
- Émotion et connaissance de soi
- La place de la littérature
- Bibliothèque intérieure
- Lectures et création
- Conclusion
Texte intégral
1Chez Pierre Reverdy, si l’espace intime et clos est celui du livre, c’est bien hors de la chambre qu’il y a la « vie à regarder en face1 ». Car les « livres » sont « vieux2 » et « creux », ils « garnis[sent]3 » les murs de maisons érigées en tombeaux, incapables de fournir « les objets demandés4 ». Ils s’« entasse[nt]5 » jusqu’à « emmure[r]6 » le sujet et doivent être grattés afin de permettre à une lumière et à une respiration nouvelles d’advenir7. Cette image de la bibliothèque devenue prison suggère tout ce que la littérature passée peut avoir d’oppressant.
2Proche de l’appel à « brûler tous les livres8 » adressé à Nathanaël dans Les Nourritures terrestres, l’œuvre multiplie ainsi les images d’une bibliothèque toujours en deçà de la vie, foncièrement déceptive, et dont il faudrait se défaire. Cependant, comme chez Gide, c’est par le biais d’une parole éminemment littéraire que cet appel est adressé9. Doit-on comprendre que c’est pour le poète créateur qu’il y a danger à s’égarer dans une collection de livres et que seules valent les œuvres qui s’engagent dans des chemins non encore frayés ?
3Solidaires d’une poétique qui rejette l’imitation des anciens et qui érige la nouveauté en critère essentiel d’évaluation d’une œuvre, ces représentations – typiques des discours d’avant-garde – se développent a priori en porte à faux avec l’obsession de l’auteur pour l’histoire littéraire et pour la question du passé.
4Rédacteur d’un article sur la « Tradition10 » et commentateur prolixe des poètes du dix-neuvième siècle, Reverdy semble en effet nourri des auteurs qui l’ont précédé et dont il revendique parfois explicitement l’héritage. De l’article consacré à Rimbaud11 et significativement intitulé « Le Premier pas qui aide » à l’allusion à Lautréamont qui l’aurait « labouré12 », les indices d’une influence littéraire mais surtout d’une volonté de conserver quelque chose de la littérature passée sont nombreux.
5Ainsi, la bibliothèque, en tant que pièce où s’entreposent les livres, n’apparaît pas toujours comme un espace où est conservée la littérature. Cette dernière est à trouver dans une autre bibliothèque qui est, elle, désirable. C’est ainsi à la diversité de ces représentations de bibliothèque que s’intéressera le présent article pour tenter de comprendre ce qu’est la bibliothèque, autrement dit quel est le lieu véritable de la littérature.
6La condamnation de la bibliothèque comme espace de conservation du livre fera d’abord l’objet d’une analyse. Ces attaques se doublent d’une défense et d’une célébration de la littérature qui seront ensuite décrites. Il s’agira enfin, puisque la littérature célébrée par Reverdy n’est pas dans les livres ni dans ce que nous avons coutume d’appeler bibliothèque, d’interroger le lieu véritable de la littérature, sa bibliothèque réelle et de comprendre quelle place celle-ci doit occuper dans le processus créatif.
Condamnation de la bibliothèque
7Le livre – et plus encore la bibliothèque, entendue comme espace physique où les livres sont réunis – fait fréquemment l’objet de vives critiques sous la plume de Reverdy.
La bibliothèque, miroir des vanités
8Le discrédit jeté sur les bibliothèques par plusieurs textes de Pierre Reverdy se nourrit de l’impureté qui tend, selon le poète, à contaminer toute entreprise de création dans l’époque qui lui est contemporaine13. Délaissant des questions artistiques, le poète ou le peintre asservirait son œuvre à des réalités bassement matérielles qui feraient d’elle non plus une création mais une production. Cet abâtardissement de l’art le rendrait plus pauvre, moins digne d’intérêt et justifierait une assimilation de la bibliothèque à une collection de vanités.
9Le livre devient ainsi le signe visible de préoccupations mercantiles. L’écrivain, loin de chercher à susciter l’émotion du lecteur, est décrit comme un homme obéissant à une logique marchande, à la recherche du moindre profit. Même l’ouvrage réussi se voit dévoyé par cette intention initiale. Ainsi, dans son recueil de notes intitulé Le Livre de mon bord, Reverdy écrit : « Tu crois que cet auteur a écrit pour toi ce livre intime et tu le tiens pour un ami, pourtant il ne s’est soucié par là que de lui-même et surtout d’écrire un livre de plus14 ». Dans le conte L’Imperméable, c’est par le biais d’une analogie implicite avec le monde de la presse que la collection de livres qu’est la bibliothèque se voit désignée comme le témoignage d’un art dévoyé :
Quand toutes les aiguilles se furent arrêtées à la même heure le monde se remit en mouvement
On est écœuré quand on lit ces annonces, ces livres, ces lignes et qu’on pense à autre chose
Œuvre calme
Chaque phrase aussi pure que la vibration métallique d’un timbre15
10L’accumulation suggère une forme d’identification – à travers un mode de lecture identique – entre la petite presse et certains livres caractérisés par l’agitation qui a présidé à leur écriture. Outre la description d’une temporalité singulière, essentiellement faite d’immédiateté, le rapprochement de ces « livres » avec des « annonces » permet également de décrire les premiers comme de vulgaires productions publicitaires. Contre ces œuvres mercantiles, de circonstance, la suite du texte en appelle à l’avènement d’une œuvre statique et pure16.
11Outre ce lien du livre à l’argent, la bibliothèque révèle aussi le livre comme un objet faux, procédant d’un mensonge originel. Il est significatif d’observer que près d’un tiers des occurrences du terme « livre » dans les œuvres fictionnelles et poétiques sont liées à la question du plagiat. L’obsession pour celui-ci est transgénérique et couvre l’ensemble de la carrière de Reverdy17. Dès son roman Le Voleur de Talan en 1917, un vol de manuscrit est longuement décrit18. Dans Flaques de verre, recueil de poèmes en prose publié en 192919, deux textes successifs sont consacrés à la question. Le premier, intitulé « Le Vieil apprenti », titre oxymorique s’il en est, offre une description extrêmement péjorative du personnage et de ses livres :
De près, mon Dieu, c’est toujours ce chiffonnier, ce même brocanteur, cette lignée de nez crochu et de commerce des vieux livres rognés et revendus pour neufs avec un nom supposé en signature20.
12Si toute une partie du lexique – les noms « brocanteur », « commerce », l’adjectif « revendus » – condamne le dévoiement mercantile de la littérature, la fin de la citation met quant à elle en lumière la falsification qui participe de toute une partie de la création littéraire. Le mensonge relatif au « nom » se retrouve d’ailleurs dans le conte « Le Passant bleu » où la question du plagiat revient de manière obsessionnelle au fil du texte21. Autre poème de Flaques de verre, « L’Ami de l’homme ou le parasite », développe également une prosopographie extrêmement négative pour évoquer celui qui change le nom « de nos meilleurs auteurs22 ».
13Enfin, lorsqu’elle ne renferme pas des livres publicitaires ou mensongers, la bibliothèque est souvent désignée comme une collection instrumentalisée de livres. Le panthéon qu’elle constitue, loin d’être érigé selon des critères artistiques, fait l’objet de biais idéologiques importants. C’est ce qui est rappelé dans l’article « Poésie à part, échec au poète23 » :
Mais une fois morts [les poètes], on en saisissait brutalement un ou deux par génération, pour les fourrer partout – les journaux, les revues, les livres, les discours académiques et révolutionnaires, toujours sur la crête des flots - comme ceux de la mer berçant frénétiquement pavillons et cadavres.
14La postérité paraît fondamentalement injuste et les « livres » évoqués ne sont plus que des outils choisis, parmi d’autres, pour construire un corpus idéal fortement biaisé par des préoccupations politiques. Les hommages et la grande place que se verra accorder l’œuvre de Paul Éluard après le décès de celui-ci sera l’illustration parfaite pour Reverdy de ce dévoiement politique de la bibliothèque.
Érudition et création
15Si la bibliothèque se voit condamnée en raison des multiples vanités qui président à la production de livres, elle est aussi critiquée par Reverdy en raison de la place que l’érudition doit selon lui occuper dans le processus créatif. Pour le poète, l’art ne saurait être le résultat de multiples lectures et de la fréquentation assidue d’une bibliothèque. L’érudition tendrait davantage à être un frein à la création authentique. En témoigne le dernier article de Reverdy, dans sa revue Nord-Sud :
Tels, qui se contentent de très mal étaler leur savoir, pour toute littérature, eussent, peut-être, obligés pour s’exprimer de se créer des moyens personnels, produit, avec plus d’effort, une œuvre forte et intéressante. Mais pour beaucoup une bonne mémoire et une bibliothèque bien garnie tiennent lieu de talent et même de génie. Ils n’en sont d’ailleurs pas moins satisfaits, personnellement24.
16La littérature ne saurait être l’étalage convenu d’un savoir engrangé dans des livres. Elle n’est pas par essence didactique mais procède d’un travail éminemment personnel. Quelques mois plus tôt, toujours dans Nord-Sud, Reverdy allait jusqu’à dire qu’il était nécessaire d’oublier ce que l’on a lu, de laisser la mémoire des livres de notre bibliothèque de côté :
Il nous en reste assez cependant pour proclamer une fois de plus qu’il faut être absolument moderne ! ! Il faut chaque fois qu’on ouvre un livre déposer sa mémoire dans le globe où le garçon de café dépose ses serviettes25.
17La reprise de la formule rimbaldienne26, à laquelle Reverdy soustrait visiblement son registre ironique, justifie l’oubli appelé par la seconde phrase. L’avant-gardisme souhaité par le poète exclut ainsi toute reprise d’un corpus passé auquel on pourrait emprunter règles et formes. La bibliothèque est à la fois désignée comme essentielle – pour ne pas reprendre ce qui a déjà été et pour « être absolument moderne » il importe de connaître ce qui a déjà été fait – et en même temps comme ce qui doit être vite oublié au risque d’être incapable de produire cette nouveauté que le poète appelle de ses vœux. Cette condamnation de l’érudition, de la lecture et, à travers elles, de la bibliothèque lorsque l’on tente une véritable création artistique se voit encore exprimée dans la préface que Reverdy rédige pour le recueil Déluges de son ami Georges Herment27.
Livres mortifères
18Loin des représentations de la bibliothèque comme outil d’émancipation favorisant la libre pensée ou comme machine à rêver, les livres tels qu’on les voit dans l’œuvre reverdienne sont connotés de manière très négative. Objet qui appauvrit l’expérience, enferme le lecteur et empêche de connaître une expérience véritable, le livre est à quitter. Proche de l’appel adressé à Nathanaël dans Les Nourritures terrestres, le poème « Encore moi » incite le lecteur, dans un style pourtant travaillé qui témoigne d’une volonté de faire une œuvre littéraire, à quitter la littérature et à « referme[r] [s]on livre28 ».
19Dans un poème au titre significatif – « Visite » – le livre se voit changé en univers carcéral témoignant ainsi de la séparation radicale qui existe, selon Reverdy, entre la bibliothèque et la vie29. Dans « Tentative », l’antinomie est renforcée par la séparation dans la versification des deux sphères de l’existence : « Mais voilà une chambre et des livres/ Et la vie à regarder en face30 ». La fin du poème « Le Livre » va également dans ce sens : « Contre le mur, l’auteur inquiet qui regarde vivre le monde et ne suit pas31. » Une nouvelle fois, le texte suggère une forme d’opposition entre la fréquentation des livres, définie comme une démarche statique – tant du côté de la lecture que de l’écriture – et la vie, mouvement en avant qu’il s’agirait de « sui[vre] ». De la même manière, « L’Invasion » présente un je lyrique cheminant dans une ville abandonnée à ses sensations dont l’attitude contraste fortement avec un groupe de personnages cloisonnés par leurs fréquentations livresques :
L’œil net
La calme rue du port
Et les bateaux du large
Je prends la direction du vent sur l’avenue
Aux armes des allées
De la ville
En été
Pendant que d’autres ouvrent leurs livres
Traité de médecine
Arithmétique
Géométrie
Les lunettes fermées entre l’œil et la vie
20La liberté qui caractérise le sujet poétique, notamment visible dans les symboles de la mer et du vent, s’oppose à l’hermétisme essentiel de ceux qui s’enferment dans leurs livres. L’élan vitaliste sensible dans le début de l’extrait trouve un écho remarquable dans l’élan phrastique. Extrêmement cohérent, le poème fait succéder à cette évocation une juxtaposition de noms qui produit un effet sonore saccadé pour représenter les jeunes gens qui « ouvrent leurs livres » plutôt que de tenter de vivre. Ces césures violentes sont par ailleurs renforcées par les sonorités désagréables qui leur sont associées. Ce regard fermé à la vie qui conclut la citation permet d’opposer l’expérience, la vie, aux livres, autrement dit à la bibliothèque comme espace séparé et cloisonné32.
21De cette idée du livre comme objet éloigné de la vie, l’œuvre reverdienne bascule fréquemment vers une conception du livre comme objet mortifère. En témoignent par exemple les nombreuses évocations de bibliothèque associées à des personnages de vieillards33 et celles qui réfèrent explicitement à des ouvrages anciens, signes d’un passé révolu. Dans « Sans entrer34 », réécriture du poème « Si on osait entrer35 », le lien entre le livre et la mort s’exprime dans la description d’un lieu :
où s’alignent les livres, où se réfugient les rires et les mots des veillées sous la lampe, sous la garde d’un très vieux portrait – menaçant de son éternel sourire équivoque. Et tout s’étouffe et s’assoupit en attendant le réveil, la lumière et la vie, et, plus que tout, la fin de l’effroyable rêve.
22Placé sous le patronage d’un vieillard figuré par le « portrait » évoqué à la deuxième ligne, dont l’aspect menaçant – notamment rendu sensible par les adjectifs qualificatifs – accroît la dangerosité, la rangée de « livres » évoquée à l’initiale de la citation a d’emblée quelque chose de funèbre. L’asphyxie, le sommeil et la nuit présents dans la seconde phrase construisent une atmosphère fortement négative qui érige la bibliothèque en espace hermétique proche du tombeau36.
23Obstacle à la création d’une œuvre nouvelle, signe de toutes les vanités humaines et espace hermétique et mortifère, la bibliothèque, et plus généralement le livre, sont sévèrement condamnés par l’œuvre reverdienne.
Défense et célébration de la littérature
24Malgré ces attaques répétées à l’encontre de la bibliothèque en tant que collection d’ouvrages, le poète affirme par ailleurs l’importance de la tradition. Se détachant ainsi de courants qui rejettent toute forme de filiation artistique37, il souligne la nécessité d’une fréquentation assidue du patrimoine littéraire.
Lectures
25Cette valorisation de la littérature passée et contemporaine est d’abord rendue sensible par la place que Reverdy octroie à la lecture – à la fois dans sa vie et dans son discours critique. Si une confidence faite à un ami mentionne le fait qu’il lisait peu, le grand nombre de titres évoqués dans l’ensemble de l’œuvre semble nous inviter à prendre peu au sérieux cet aveu. Tout indique que Reverdy était un grand lecteur – à la fois d’auteurs anciens et de contemporains. Sa revue en offre d’ailleurs un témoignage éclatant. Publiée entre mars 1917 et octobre 1918, Nord-Sud accueille nombre de réflexions sur les arts pictural et littéraire. L’une des rubriques, rédigée exclusivement par le poète, tour à tour nommée « Livres » et « Notes et extraits », offre à chaque numéro un bref compte-rendu de deux ou trois livres remarquables dans l’activité éditoriale récente. Sorte de journal de lecture, ce type de section est assez commun dans une revue littéraire – quelle que soit d’ailleurs l’époque de publication de celle-ci. Cependant, cette rubrique s’ajoute à une section d’articles esthétiques qui peuvent surprendre dans la mesure où l’essentiel des textes qui y sont accueillis ressortent à l’histoire littéraire. Les articles ont à cœur de situer chaque apport des mouvements contemporains dans une histoire générale des arts dont la connaissance est désignée comme essentielle pour le créateur. Max Jacob38, Paul Dermée39 mais aussi Reverdy lui-même pensent leur création à la lumière de leurs lectures, révélant ainsi la place cardinale qu’ils accordent à la littérature déjà existante.
Émotion et connaissance de soi
26La défense de la littérature faite par Pierre Reverdy passe non seulement par un discours critique important sur ses lectures et sur des questions d’histoire littéraire mais prend aussi la forme d’une description de l’utilité propre de cet art. Cette utilité se voit d’abord intimement liée à la question de l’émotion artistique. Dans l’esthétique reverdienne, il existe une différence de nature essentielle entre cette émotion et celles que peut nous procurer notre vie quotidienne. Dans « Cette émotion appelée poésie40 », le poète insiste sur cette distinction pour produire une défense de la littérature et, plus original sous sa plume, du livre :
En effet, si les spectacles de la nature étaient capables de vous procurer cette émotion-là, vous n’iriez pas dans les musées, ni au concert, ni au théâtre, et vous ne liriez pas de livres. Vous resteriez où et comme vous êtes, dans la vie, dans la nature. Ce que vous allez chercher au théâtre, au musée, au concert et dans les livres, c’est une émotion que vous ne pouvez trouver que là – non pas une de ces émotions sans nombre, agréables ou pénibles, que vous dispense la vie, mais une émotion que l’art seul peut vous donner.
27Un peu plus tôt dans l’étude, l’évocation, plus tardive, d’un « garçon entre quinze et vingt ans qui rencontre des amis et des livres » est aussi l’occasion d’insister sur le caractère unique de l’émotion artistique assimilée à une « inexprimable jouissance41 ». Ce plaisir propre que serait à même de procurer le livre, sensible déjà dans l’analogie avec les heureuses rencontres qui sont celles des « amis », justifie aux yeux de Reverdy l’existence et la défense de la littérature.
28Outre cette capacité à susciter une émotion artistique, le livre est utile dans la mesure où Reverdy le voit comme un outil précieux pour approfondir la connaissance de soi. Il s’agit, à travers lui, d’observer comment d’autres ont choisi d’assumer l’existence et de réussir, par leurs témoignages, à mieux comprendre ses propres choix. La lecture est, dans cette perspective, toujours plus ou moins un exercice d’introspection. « Manifestations de la valeur, de la puissance humaines42 », les œuvres invitent chaque lecteur à se regarder avec lucidité. Une formule de Self-defence, court traité d’esthétique publié en 1919, révèle cette nature essentiellement scopique de la lecture : « Un livre est quelquefois un miroir où l’on se retrouve défiguré – le livre d’un autre43 ». Faisant l’hypothèse que l’adverbe temporel porte non sur l’identification du livre et du miroir mais sur la défiguration que l’on y observe parfois, on voit que le livre, comme objet réfléchissant l’intérieur de celui qui le lit, est perçu de manière très méliorative. Vecteur d’introspection, instrument d’analyse et de recherche, l’œuvre littéraire réussie est le plus souvent louée pour la sincérité qu’elle permet d’établir dans une relation de soi à soi. Parce qu’elle est le fruit d’une recherche singulière sur ce qu’est le fond le plus obscur de soi, elle permet à celui qui ensuite le découvre dans la lecture d’interroger à son tour sa « personnalité44 ». Dans un article intitulé « Présent du poète à la postérité », Reverdy propose une définition du livre qui explique l’utilité qu’on peut y trouver :
Un livre n’est pas une question. Je croyais bien plutôt que c’était, précisément, une réponse. La réponse que celui qui l’a écrit se fait à lui-même, ou fait à la question que lui pose la vie, ce qui est enfin la même chose, puisque la vie, dans ce sens-là, c’est nous-même. Réponse toujours bien insuffisante, d’ailleurs, et bien succincte45.
29Dialogue entre un individu et la « vie », le livre présente d’abord un intérêt documentaire car il permet d’observer les manières possibles d’élucider – toujours partiellement – le mystère que semble constituer l’existence. Cet effort herméneutique intéresse parce qu’il ouvre des voies de recherche, permet de nous aider à comprendre notre manière singulière de répondre « à la question que [nous] pose la vie ».
30Source de plaisir et de savoir, l’œuvre littéraire est donc utile. Bien qu’il soit un admirateur certain des écrits de Baudelaire, Reverdy a critiqué avec véhémence les positions parnassiennes parfois prises par le poète des Fleurs du mal pour rappeler tout ce à quoi sert la littérature. Dans Une aventure méthodique, étude dédiée à l’œuvre de Georges Braque, Reverdy écrit :
Il est loin des racines de l’art ce mot de Baudelaire : être un homme utile m’a paru toujours quelque chose de bien hideux. Car, alors, il ne saurait exister au monde rien de plus hideux qu’un artiste. Je prétends, en effet, que rien n’a jamais été plus universellement utile à l’homme que l’Art, au sens, bien entendu, le plus large du mot. Et si Baudelaire a écrit cette inconséquente parole c’est que, depuis longtemps, les hommes ont perdu de vue les racines et le sens des choses qui sont le plus essentielles à l’humanité – et grâce auxquelles elle est devenue ce que précisément elle est – et dont elle a encore, dont elle aura sans doute toujours, le plus besoin pour devenir ce qu’elle doit encore devenir, pour durer46.
31D’individuelle à collective, l’utilité contenue dans l’œuvre d’art s’affirme au fur et à mesure des œuvres comme essentielle à l’existence humaine, en renfermant même sa substantifique moelle47.
La place de la littérature
32Si la littérature, et plus généralement l’art, sont défendus de manière systématique par les écrits reverdiens, le livre pose davantage de problème. La position de Reverdy à son égard est plus fluctuante et oscille entre des descriptions neutres d’un point de vue axiologique et des condamnations. Cela paraît supposer que la littérature ne se situe pas nécessairement dans les livres et interroge donc sur la place propre de la littérature et sur ce que l’on appelle bibliothèque. C’est à cette question et à ses implications pour la création que seront consacrées les analyses qui suivent.
Bibliothèque intérieure
33Le livre, comme objet, n’est pas toujours défendu par Reverdy dans la mesure où il est rarement envisagé comme le réceptacle véritable de la littérature. La bibliothèque en un sens, ce n’est pas tant ce lieu où s’entassent les ouvrages divers que l’on a accumulés ou que d’autres ont accumulés au fil des années, mais davantage ces textes que l’on porte en soi et qui nous sont plus familiers que nous-mêmes. Dans « Présent du poète à la postérité48 », le poète explique cette place toute intérieure que doit occuper la littérature en proposant, de manière un peu paradoxale, une nouvelle définition du livre :
Ce que j’appelle un livre. C’est-à-dire un de ces ouvrages magnétiques que les générations qui suivent n’auront même pas besoin d’ouvrir pour savoir de quoi il s’agit. Mais les poètes des étages inférieurs sont pressés. Pressés parce qu’ils savent très bien qu’ils ne laisseront pas de livres qu’on aura déjà lus avant de les avoir ouverts […].
34Séparant la lecture de la connaissance que l’on peut avoir d’un ouvrage, et rendant cette dernière indépendante, Reverdy semble esquisser une réinterprétation de la notion de classique49. Si les livres essentiels ne nécessitent pas d’être lus, c’est parce que leur existence a changé le monde. Ils ont permis, de différentes façons, d’inaugurer quelque chose de nouveau et se sont tous inscrits dans la réalité comme des objets à part entière. Ainsi comprise, la littérature n’est pas dans les livres et la bibliothèque n’est le véritable lieu de l’art qu’à condition de considérer celle-ci comme un espace tout intérieur. La place de la littérature s’identifie à la vie elle-même, la bibliothèque comme espace objectif de collection et de stockage de livres n’étant que la trace matérielle d’une existence qui la déborde à chaque instant. Rendue sensible par la notion de « saveur » que Reverdy utilise fréquemment50 pour évoquer le mode de présence particulier de la création artistique, l’existence de la littérature est quelque chose qui relève d’abord du rapport singulier au monde. L’œuvre créée existe en premier lieu pour quelqu’un dont elle a modifié la réalité – que ce soit par sa lecture ou par un autre mode d’appréhension de celle-ci. Ainsi, le livre, et plus généralement la bibliothèque, qui sont défendus par Reverdy sont d’abord ceux qui sont intérieurs et que chacun porte en soi comme une part essentielle de son univers. Cette défense proposée par le poète ne s’accompagne donc pas nécessairement d’une mise en valeur du livre en tant qu’objet.
Lectures et création
35De cette vision de la bibliothèque comme expérience singulière et intérieure de chaque œuvre, et non plus comme espace muséographique, comme nouveau goût octroyé à la vie, découle une conception de la création artistique détachée de la lecture. Il s’agit moins de dire que toute création advient par un geste de tabula rasa qui mettrait de côté toute la production passée que d’insister sur la digestion nécessaire de cette histoire artistique pour créer une œuvre nouvelle. Dans une préface au recueil Déluges de Georges Herment, Reverdy écrit :
J’entends d’ici le citadin au profil de glace biseautée me parler de lectures – de tout ce qu’il a su entasser de lectures dans les livres qu’il a lui-même publiés. Il signe son arrêt de mort. Georges Herment est heureusement de ces poètes dont l’œuvre noblement fermée et formée ne porte aucune trace de ce qu’ils ont lu. Ce qu’il a lu, comme ce qu’il a mangé, l’a nourri. Il en a vécu. Ce qu’il écrit c’est de sa vie propre qu’il le tire. Il n’est pas un littérateur51.
36La lecture comme recherche, comme étude ou comme exemple est ici rejetée. La connaissance des livres et leur fréquentation sont assimilées à une sorte d’exécution quand il s’agit de produire une œuvre propre. Il ne saurait y avoir de création sous la forme d’une imitation ou d’un palimpseste. La métaphore alimentaire, si présente dans les écrits reverdiens notamment par le biais des allusions à la saveur propre à l’art, se voit ici nourrie par l’image de la digestion littéraire. L’analogie de l’œuvre comme aliment montre que l’intérêt porté à l’art n’est pas nécessairement lié à la question du support matériel de l’œuvre. Reverdy n’avait guère l’âme d’un bibliophile52. Goûter la saveur d’une œuvre, c’est au fond l’avoir ingéré, l’avoir fait participer pleinement de son rapport au monde. À ce titre, toute création nouvelle, parce qu’elle part d’abord du fond d’un être, du plus profond d’un moi, moi modifié par ses différentes lectures, est en un sens innervée des œuvres passées.
Conclusion
37Qu’est-ce qu’une bibliothèque ? Si Reverdy emploie peu le terme dans son sens habituel, il existe dans son œuvre des représentations de bibliothèques comme espaces objectifs où s’entreposent les ouvrages. Cet espace muséographique a quelque chose de mortifère. Il n’est pas rare de voir dans son œuvre des personnages qui, confrontés à des amas de livres, se mettent à s’étouffer. Le livre, en tant qu’objet, fait par ailleurs l’objet de descriptions fortement péjoratives qui insistent sur l’amas de vanités qui président à sa production. Néanmoins, cette condamnation virulente du livre et de ce que l’on nomme traditionnellement la bibliothèque s’accompagne d’une défense de la littérature. Source d’une émotion unique qui joue parfois, pour Reverdy, un rôle quasi existentiel, et point de départ d’une sincère introspection, l’œuvre d’art est désignée, à plusieurs reprises, comme vitale. Dès lors, il apparaît que le lieu de la littérature, la véritable bibliothèque, n’est pas dans un amoncellement d’ouvrages mais bien au cœur de chaque lecteur qui intériorise ses lectures. Nietzsche, Lautréamont, Rimbaud et Baudelaire, qui pour Reverdy ont formé cette bibliothèque intérieure, ont été ingéré et digéré. Ainsi, ils ont permis au poète de goûter à cette « saveur du réel53 » que l’art seul peut, selon lui, révéler.
Notes de bas de page numériques
1 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, édition préparée, présentée et annotée par Etienne-Alain Hubert, Paris, Flammarion, 2010, p. 421.
2 Le qualificatif se trouve dans le conte « Le Passant bleu », dans le poème en prose « Le Vieil apprenti » mais aussi dans le premier roman de Pierre Reverdy : Le Voleur de Talan.
3 Voir par exemple Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, édition préparée, présentée et annotée par Etienne-Alain Hubert, Paris, Flammarion, 2010, p. 405.
4 L’exemple est une nouvelle fois ici du roman Le Voleur de Talan cf. Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, édition préparée, présentée et annotée par Etienne-Alain Hubert, Paris, Flammarion, 2010, p. 410.
5 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, édition préparée, présentée et annotée par Etienne-Alain Hubert, Paris, Flammarion, 2010, p. 1203.
6 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, édition préparée, présentée et annotée par Etienne-Alain Hubert, Paris, Flammarion, 2010, p. 795-796.
7 C’est notamment l’objet de l’un des tous premiers poèmes de Reverdy : « L’Esprit sort » cf. Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, édition préparée, présentée et annotée par Etienne-Alain Hubert, Paris, Flammarion, 2010, p. 38.
8 André Gide, Les Nourritures terrestres, in Romans, Paris Gallimard, 1961, p. 163.
9 « Encore moi », l’un des poèmes formulant cet appel, accumule ainsi apostrophes symboles et lexique tragique, voir Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, édition préparée, présentée et annotée par Etienne-Alain Hubert, Paris, Flammarion, 2010, p. 393.
10 Pierre Reverdy, « Tradition », Nord-Sud, n° 13, Paris, 1918, repris dans Œuvres complètes, tome I, p. 496-497.
11 Pierre Reverdy, « Le Premier pas qui aide », Les Nouvelles littéraires, n° 1416, 1954, repris dans Œuvres complètes, tome II, p. 1311-1314.
12 L’expression est rapportée par un ami, cf. Maurice Saillet, « Une œuvre laissée en friche », Le Monde, supplément littéraire, Paris, 6 décembre 1967.
13 C’est le plus grand reproche qu’il adresse à l’œuvre d’un poète qu’il a pourtant profondément admiré : Guillaume Apollinaire, cf. « Apollinaire et son œuvre », Œuvres complètes, tome I, p. 543-545.
14 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 687.
15 La première partie de ce roman a d’abord été publiée dans le numéro 40 de la revue Sic, elle est reprise dans Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 660.
16 Les termes sont fréquemment utilisés par le poète, voir notamment l’article « Note éternelle du présent » où ils abondent : Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1162-1170.
17 Etienne-Alain Hubert pense que cette obsession est née de la fréquentation assidue de Max Jacob, ami et maître de Reverdy tant dans le domaine littéraire que dans le domaine spirituel. Ce dernier était en effet obsédé par l’idée que nombre d’écrivains, y compris ses amis, pillaient son œuvre.
18 Le roman a souvent été lu comme un ouvrage à clef représentant, entre autres, Max Jacob. Pour l’extrait cité cf. Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 388-389.
19 Dans La Nouvelle Revue Française.
20 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 507.
21 En guise d’exemple, il est possible de citer : « On a changé la couverture de tous les vieux livres/ On a effacé le nom de l'auteur/ Il manque celui de l'éditeur/ On les a signés autrement/ Et on les livre par la fenêtre aux innombrables acheteurs qui s'arrachent les ailes les plumes les yeux de perles de ces oiseaux trop lourds et presque morts qui se posent maladroitement sur les pavés/ Le nom/ Le nom/ Le nom s'efface » cf. Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 754.
22 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 508.
23 D’abord publié dans La Bête noire, en 1935, l’article est repris dans Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1185.
24 Il s’agit de la rubrique « Échos » du numéro 16, reprise Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 513.
25 « Livres », n° 9, repris dans Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 488.
26 Extraite de la dernière section de Une saison en enfer, elle est souvent lue comme une antiphrase, cf. Arthur Rimbaud, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 2016, « Bibliothèque de la Pléiade », p. 280.
27 Cf. note 53.
28 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 393.
29 « Un livre a refermé ses portes/ La prison des pensées où la mienne était morte », in Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 216.
30 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 421.
31 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1364.
32 L’antinomie, si souvent présente dans l’œuvre de Reverdy, a peut-être été nourrie par sa lecture du Faust de Goethe. La première partie qui s’ouvre sur une évocation de l’étude du docteur figure également, à la faveur d’une adresse à la lune, une bibliothèque devenue prison : « Astre à la lumière argentée, lune silencieuse, daigne pour la dernière fois jeter un regard sur ma peine ! … j’ai si souvent la nuit, veillé près de ce pupitre ! C’est alors que tu m’apparaissais sur un amas de livres et de papiers, mélancolique amie ! Ah ! que ne puis-je, à ta douce clarté, gravir les hautes montagnes, errer dans les cavernes avec les esprits, danser sur le gazon pâle des prairies, oublier toutes les misères de la science, et me baigner rajeuni dans la fraîcheur de ta rosée !/ Hélas ! et je languis encore dans mon cachot ! Misérable trou de muraille, où la douce lumière du ciel ne peut pénétrer qu’avec peine à travers ces vitrages peints, à travers cet amas de livres poudreux et vermoulus, et de papiers entassés jusqu’à la voûte. Je n’aperçois autour de moi que verres, boîtes, instruments, meubles pourris, héritage de mes ancêtres… Et c’est là ton monde, et cela s’appelle un monde ! », Johann Wolfgang von Goethe, Faust et le Second Faust suivi d’un choix de Poésies allemandes, traduit par Gérard de Nerval, Paris, Garnier frères, 1877, p. 39-40.
33 Voir notamment l’incipit de « Médaille neuve » in Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 816. Le poème déjà cité « L’Ami de l’homme ou le parasite » en offre un autre exemple.
34 Issu du recueil La Liberté des mers, publié aux éditions Maeght éditeurs en 1960, repris dans Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1400.
35 D’abord publié en 1927 dans Le Cadran quadrillé, le poème est repris dans Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 842.
36 Dans Le Voleur de Talan, une description va également dans ce sens : « Et entre les étagères où reposent quelques vieux livres tous les habitants de la chambre parlent bas », Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 387.
37 C’est le cas de DADA qui prône une « abolition de la mémoire » et en appelle à une « danse des impuissants de la création » cf. Sept manifestes dada, Paris, J. J. Pauvert, 1963, p. 34.
38 Jacob écrit par exemple sur l’influence de Nietzsche en littérature et sur le futurisme italien. Dans les deux cas, la pensée de sa propre pratique artistique hante ses réflexions.
39 Un article de ce dernier ouvre le premier numéro de la revue et traite de l’achèvement d’un mouvement littéraire et des possibilités offertes par cette extinction cf. « Quand le symbolisme fut mort », Nord-Sud, Paris Jean-Michel Place [fac-simile]. L’ouvrage ne comporte pas de numérotation des pages pour l’ensemble du volume. L’article évoqué se trouve à la page 4 du n° 1 de la revue.
40 Initialement publiée dans la revue du Mercure de France en 1950 (n° 1044), l’étude a été ensuite reprise dans Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1282-1294. L’extrait cité se trouve à la page 1284.
41 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1285.
42 Pierre Reverdy, Une aventure méthodique, Paris, Fernand Mourlot, 1950, repris dans Œuvres complètes, tome II, p. 1240 et suivantes.
43 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 522.
44 L’idée se trouve déjà dans Self-defence cf. Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 523.
45 L’article et l’extrait cité sont d’abord publiés dans Verve en 1938, Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1199.
46 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1245.
47 De nombreux extraits du Livre de mon bord insistent sur cette profondeur de l’œuvre.
48 Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1199 et suivantes.
49 C’est notamment l’un des axes de notre thèse.
50 À titre d’exemples, on peut lire « A un pauvre écœuré », « L’Esthétique et l’esprit » ou encore « La Nature aux abois », Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 535, 565 et Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1214.
51 Reprise dans Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1202-1204.
52 Le fait qu’il ait continué à lire Rimbaud dans une édition mal imprimée et qu’il savait fautive témoigne du moins du peu d’intérêt qu’il avait pour l’accumulation d’ouvrages et d’éditions, cf. Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome II, p. 1311.
53 Titre d’un poème issu du premier recueil de Reverdy cf. Pierre Reverdy, Œuvres complètes, tome I, p. 57.
Pour citer cet article
Aurore Vincent, « Conception et place de la bibliothèque chez Pierre Reverdy », paru dans Loxias, 66., mis en ligne le 14 septembre 2019, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/index.html?id=9230.
Auteurs
Agrégée de Lettres modernes et doctorante à l’Université Paris-Nanterre (X), Aurore Vincent réalise actuellement une thèse concernant l’histoire littéraire telle qu’elle est conçue par Pierre Reverdy, sous la direction de Mme Laurence Campa. Elle est affiliée au CSLF (Centre des Sciences des Littératures en langue Française). Ses domaines de recherche sont l’avant-garde poétique, l’histoire littéraire au XXe siècle et l’évolution des formes poétiques.