Maria-Cristina Pîrvu


Maria-Cristina Pîrvu travaille comme chercheur littéraire, bibliothécaire et traductrice. Soutenue en 2005, sa thèse de doctorat a été publiée sous le titre Le Retour en avant. Michel Butor et le problème poïétique de la répétition (L’Harmattan, 2011). Dans le cadre du CTEL, elle a organisé la journée d’étude Michel Butor - Voyage dans l’écriture et son exposition Le Texte-Promenade (2008). Entre 2009 et 2011, elle a co-animé le séminaire de recherche Bilinguisme, double culture, littératures, un partenariat scientifique entre la Roumanie et la France. Ses traductions de poésie roumaine contemporaine sont parues, en 2017, dans le numéro 63 de la revue NU(e). Maria-Cristina Pîrvu poursuit ses recherches dans le domaine de la poïétique/poétique et de la littérature contemporaine.

Articles de l'auteur


Loxias | 60. | I.

Les transformations silencieuses de l’écriture. Analyse poïétique/poétique d’une page de Michel Butor : Le Génie du lieu

Empruntant la notion de transformation silencieuse à la philosophie de François Jullien, nous proposons une interprétation poïétique/poétique d’une page de Michel Butor, basée sur la lecture génétique de la fin d’un manuscrit de jeunesse : Le Génie du lieu, premier volume, publié en 1958, de ce qui allait devenir la série homonyme qui s’achève, en 1996, avec la publication de Gyroscope, dit « Génie du lieu, 5 et dernier », mais qui continue à se mouvoir et à se transformer, plus ou moins silencieusement, à l’occasion de sa publication dans l’ensemble des Œuvres complètes, en 2007. Cette analyse permet de revisiter la notion poétique de page paysage proposée par Jean-Pierre Richard en 1984, mais aussi l’idée d’écriture en transformation que Michel Butor associait, en suivant une suggestion de ses collègues, à ses propres Improvisations sur Michel Butor (texte de 1993 issu de son dernier cours, tenu à l’Université de Genève en 1991). Entre les transformations silencieuses (imperceptibles et lentes, se produisant à notre insu) et les changements sonores voire bruyants (des événements), nous proposons la notion de transformations musicales, pour désigner ces formes d’intervention artistique qui se nourrissent de leur polarité. Les transformations musicales sont capables de se tenir à l’écoute des transformations silencieuses et de ne pas se laisser assourdir par leurs bruits, dans le but d’y pouvoir agir au mieux et de se servir de l’énergie de leur tension pour y laisser jaillir le nouveau : un son nouveau, qui n’ait pas l’effet de choc d’un bruit, mais l’arrivée discrète d’une fluidité musicale. Notre entreprise vise à donner à penser l’écriture comme fluidité. L’écriture y apparaît comme un exemple de transformation musicale, un faire humain attentif aux transformations silencieuses de la vie. Notre plongée analytique dans la matière des textes de Michel Butor est ainsi accompagnée par l’hypothèse d’une discipline poïétique/poétique qui puisse instaurer un dialogue fécond entre la philosophie et la critique génétique des textes.

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