point de vue dans Loxias


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Loxias | 55 (déc. 2016). | I.

« Qu’est-ce que le vide ? » L’ellipse dans Les Âmes fortes de Jean Giono

Avec Les Âmes fortes, Giono livre un roman particulièrement complexe, notamment en raison des versions contradictoires qu’il propose des mêmes événements, mais aussi à cause des silences du récit : des éléments essentiels à la compréhension sont livrés avec retard ou tout simplement tus. Nous nous penchons donc ici sur la figure structurante de l’ellipse, conçue comme le pendant formel d’une métaphysique du vide et de l’ennui. Alors que l’ellipse syntaxique, qui participe au travail de stylisation de l’oral, n’est que modérément remarquable, les types que nous appelons ellipse logique et ellipse informationnelle, ainsi que l’ellipse narrative et sa variante la paralipse, constituent d’authentiques béances qui mettent le lecteur en demeure de tenter de reconstituer, par une inlassable activité inférentielle, la cohérence locale et globale, parfois sans succès. De ce travail peut naître le sentiment du sublime – ou bien l’impression d’être sans cesse floué et moqué par un texte qui refléterait ironiquement le mystère des événements et des caractères. Enfin, l’ellipse progressive du focalisateur (le sujet du point de vue), dans un roman pourtant dialogué, signe une paradoxale vaporisation du sujet, qui compromet les chances de l’activité herméneutique même.

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Loxias | 79. | I.

Proust et le télescope

Le narrateur du Temps retrouvé déclarant s’être servi, non d’un microscope mais d’un télescope pour concevoir son œuvre, on peut s’interroger sur les implications de ce roman « télescopique ». On peut faire apparaître d’abord la signification et la portée attachées à l’image du télescope. Puis il est possible de mettre en évidence le contraire, à savoir la courte vue des personnages servant de contre-épreuve, et même chez Proust l’image contradictoire du microscope. Enfin on peut apercevoir en quoi le télescope se voit étroitement associé à une définition de l’art dans son essence, et même de la narration romanesque selon des exigences renouvelées. As the narrator of Le Temps retrouvé declares that he does not use a microscope but a telescope when creating his work, we examine what the idea of a "telescopic" novel would signify. First of all, we can explore the meaning and significance of the telescope image It then turns possible to point the opposite phenomenon, namely the short view of the characters as a counterevidence, and even, in Proust's work, the contradictory image of the microscope. Finally, we can see how the telescope is closely linked to a definition of art in its essence, and even of the novelistic narrative according to renewed patterns.

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