Geneviève Roland


Geneviève Roland a été lectrice de langue et de littérature françaises pendant sept ans en Espagne, en Italie et en Russie. Fascinée par l’œuvre de Romain Gary et par son rapport à l’Europe, elle est aujourd’hui doctorante contractuelle à l’Université de Lille 3 et réalise une thèse en cotutelle avec l’Université catholique de Louvain. Sa recherche, encadrée par les Professeurs Yves Baudelle et Myriam Watthee-Delmotte, porte sur « Les mises en scène européennes de Romain Gary : filiations contemporaines ». Geneviève Roland a publié plusieurs articles sur le sujet en France et à l’étranger. Elle a par ailleurs organisé avec Yves Baudelle un symposium international à Lille en février 2014 dans le cadre du centenaire de l’écrivain intitulé « Le siècle de Romain Gary ».

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Loxias | Loxias 44. | I.

Les incorporations de Romain Gary : un pluriel stylistique

Romain Gary devient diplomate en 1945. Impliqué pendant une quinzaine d’années dans les négociations onusiennes et européennes, il ne cachera jamais dans son œuvre ses réticences concernant la construction de ces organisations internationales dont les fondations abstraites ne pouvaient pas être à la hauteur de l’idéalisme qui les présidait. L’ONU et l’Europe deviennent chez Gary des emblèmes symboliques d’une imagination abstraite et stérile s’apparentant à un fantôme de l’humanité. Si d’un point de vue politique ces organisations internationales s’imposent comme un miroir déformant de la fraternité dans lequel l’homme occidental désire se reconnaître, d’un point de vue littéraire, l’écrivain les réduit à des figures de style soulignant leur futilité et leur stérilité. Grâce à un jeu subtil de métaphores récurrentes dans plusieurs romans (principalement dans L’Homme à la colombe et Europa, mais aussi dans Tulipe et Le Grand Vestiaire), ces institutions peuvent être envisagées comme une écriture du corps. Romain Gary became a diplomat in 1945. With 15 years of involvement in United Nations and European negotiations, he never hided in his written works his reticence regarding the creation of these international organizations whose abstract foundations cannot meet the lofty idealism that preceded them. The UN and Europe became for Gary symbolic emblems of abstract and sterile imagination derived from a vain dream of humanity. From political point of view these organizations impose themselves as a distorting mirror of the brotherhood in which a western man would like recognize himself; from a literary point of view the writer reduce them to the figures underlining their futility and vanity. Thanks to their fine play of metaphors recurring in several novels (mainly in L’Homme à la colombe and Europa as well as Tulipe and Le Grand Vestiaire translated in English in 1950 as The Company of Men), these institutions can be considered as a writing of body.

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