Jean-Paul Louis-Lambert


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« Je ne sais pas d’où vient Lola Valérie Stein » (Marguerite Duras). Une fiction détective en un prologue et deux épisodes

Les lecteurs de Marguerite Duras ont quelquefois repéré ses sources d’inspiration – comme les romans d’Erskine Caldwell pour l’écriture d’Un barrage contre le Pacifique. Mais bien d’autres sources semblent totalement ignorées. Ainsi il apparaît que la lecture d’un « poète culte », Henry J. M. Levet (réédité par Jean Paulhan en 1943), lui a permis de mettre en forme ses projets romanesques autour des figures de Lola Valérie Stein et du « Vice-consul » français, l’amoureux frustré d’Anne-Marie Stretter au sein de la colonie anglaise des Indes (Le Vice-Consul, India Song, etc.). Les Sonnets torrides (1900) et Les Cartes postales (1902) de Levet – en particulier : « Homewards » (pour la carrière de ses parents en Indochine), « British India » (pour le contexte de la colonisation anglaise aux Indes) et « La Plata » (pour le personnage du Vice-Consul) – lui ont fourni des thèmes romanesques, des mots et des images visuelles riches de virtualités. Ces brefs poèmes l’ont également encouragée à pratiquer une écriture basée sur l’ellipse. L’article est une enquête dans la fiction, principalement basée sur une lecture poétique comparée de Levet et de Duras, lecture basée sur l’examen attentif de « mots-symboles » et l’écoute de la musique des noms exotiques qui montrent que Marguerite Duras avait une oreille très fine, et un regard intérieur très précis, très sélectif. Quelques détours chez d’autres auteurs (François Mauriac, Jean Giraudoux, Pierre Benoît), et parfois par la chanson et le cinéma, prouvent que Marguerite Duras savait prendre son bien où il le fallait pour transposer son propre imaginaire (issue de sa vie privée et intime) en une œuvre romanesque qui, tout à la fois, exploite et refuse l’exotisme.

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