exotisme dans Loxias


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Loxias | Loxias 39. | Autour des programmes de concours littéraires

« Je ne sais pas d’où vient Lola Valérie Stein » (Marguerite Duras). Une fiction détective en un prologue et deux épisodes

Les lecteurs de Marguerite Duras ont quelquefois repéré ses sources d’inspiration – comme les romans d’Erskine Caldwell pour l’écriture d’Un barrage contre le Pacifique. Mais bien d’autres sources semblent totalement ignorées. Ainsi il apparaît que la lecture d’un « poète culte », Henry J. M. Levet (réédité par Jean Paulhan en 1943), lui a permis de mettre en forme ses projets romanesques autour des figures de Lola Valérie Stein et du « Vice-consul » français, l’amoureux frustré d’Anne-Marie Stretter au sein de la colonie anglaise des Indes (Le Vice-Consul, India Song, etc.). Les Sonnets torrides (1900) et Les Cartes postales (1902) de Levet – en particulier : « Homewards » (pour la carrière de ses parents en Indochine), « British India » (pour le contexte de la colonisation anglaise aux Indes) et « La Plata » (pour le personnage du Vice-Consul) – lui ont fourni des thèmes romanesques, des mots et des images visuelles riches de virtualités. Ces brefs poèmes l’ont également encouragée à pratiquer une écriture basée sur l’ellipse. L’article est une enquête dans la fiction, principalement basée sur une lecture poétique comparée de Levet et de Duras, lecture basée sur l’examen attentif de « mots-symboles » et l’écoute de la musique des noms exotiques qui montrent que Marguerite Duras avait une oreille très fine, et un regard intérieur très précis, très sélectif. Quelques détours chez d’autres auteurs (François Mauriac, Jean Giraudoux, Pierre Benoît), et parfois par la chanson et le cinéma, prouvent que Marguerite Duras savait prendre son bien où il le fallait pour transposer son propre imaginaire (issue de sa vie privée et intime) en une œuvre romanesque qui, tout à la fois, exploite et refuse l’exotisme.

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Loxias | Loxias 42 | Doctoriales X

Idylle, altérité et religion. Floire et Blanchefleur ou l’histoire d’une croisade pacifique

Le Conte de Floire et Blanchefleur, rimé, au milieu du XIIe siècle, met en scène un amour juvénile entre le fils d’un roi païen et une captive chrétienne. Deux grandes lignes thématiques structurent l’œuvre : l’idylle et la soumission de l’Orient. Dans Le Conte, le clerc romancier remplace le climat antagoniste des croisades par une conquête pacifique qui se réalise par la force de l’amour. L’assimilation de l’Orient sarrasin aux idéaux occidentaux, la conversion finale, à la fois individuelle et collective, ainsi que le mariage des enfants scellent à jamais la soumission religieuse et politique de l’Orient tout en marquant la réduction de l’Autre oriental à une figure du Même. The romance of Floire et Blanchefleur, a French idyllic poem of the Twelfth Century, recounts the childhood love of Floire, a heathen prince, for Blanchefleur, a Christian slave-girl. Two main themes structuring the romance are: the courtly love relation and the submissiveness of the Orient. The poet has replaced the antagonistic atmosphere and tension of the Crusades and forced conversion with a peaceful conquest which is achieved by the power of love. The assimilation of the Saracens to western and occidental culture, the final conversion ; both individual and collective, as well as the marriage between the two children sealing forever the religious and political yielding of the Orient, as a whole marking the diminution of the Other as a figure of the Same.

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Loxias | 58. | I.

La femme persane vue par les écrivains voyageurs français à l’époque des Qâdjâr

Dans cet article on analysera la signification que revêt la Persane pour les voyageurs français du XIXᵉ siècle et la façon dont ils la décrivent. Pour ce faire, on s’appuiera sur une dizaine de récits de voyage effectués par des Français en Perse entre 1787 et 1925, période correspondant au règne de la dynastie Qâdjâr. On cherchera d’abord les éléments utilisés pour représenter la femme persane comme l’antithèse de l’Occidentale, on tentera ensuite de trouver les origines de ces représentations à la lumière des discours sur l’exotisme et l’altérité. In this article we will analyze the signification that Persian women conveys to the nineteenth-century French travelers and the manner they describe it. To do so, we will adhere to almost ten travel accounts written French travelers between 1787 and 1925 in Persia, the period corresponding to the reign of Qadjar dynasty. We will explore, in the first place, the elements used to represent the Persian woman as the antithesis of the occidental, and then we try to find the origins of these representations in light of the discourses on exoticism and otherness.

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Loxias | 62. | I.

La figure féminine dans les romans « exotiques » : vision stéréotypée ou réelle découverte ? Madame Chrysanthème de Pierre Loti et Maihime (La Danseuse) de Mori Ôgai

Pierre Loti, académicien en 1892, et Mori Ôgai, l’un des écrivains pionniers de la littérature japonaise moderne, ont tous deux puisé l’inspiration créative dans leur expérience respective d’un pays étranger, à l’époque où la distance avec celui-ci était, autant dans la pratique que dans l’imaginaire, bien plus importante qu’aujourd’hui : Madame Chrysanthème (1887) décrit le Japon vu par un Français et Maihime (La Danseuse) (1890) l’Allemagne vue par un Japonais, au travers, comme l’indiquent les titres, d’une liaison amoureuse avec une femme autochtone. Pourquoi la représentation de celle-ci a-t-elle détenu la clef de la réussite de ces romans ? Comment incarne-t-elle la rencontre d’une altérité dans ces romans dits « exotiques » ? Et jusqu’où ces derniers illustraient-ils un monde vraisemblablement inconnu des lecteurs d’alors ? Plutôt que d’essayer d’élucider l’exactitude entre le récit et le vécu, nous nous intéresserons ici à la représentation de la figure féminine d’où découle le rapport à l’Autre, à l’image de la réalisation d’une esquisse et en considération des spécificités historiques et culturelles. Pierre Loti, French academician in 1892, and Mori Ôgai, one of the great pioneer writers of modern Japanese literature, both drew creative inspiration from their respective experiences of a foreign country, at a time when distance was, as much in practice as in the imagination, much more important than it is today: Madame Chrysanthème (1887) describes Japan seen by a Frenchman and Maihime (La Danseuse) (1890) Germany as seen by a Japanese, by means of a love affair with a native woman, as the respective titles indicate. Why should the representation of a native woman hold the key to the success of both these novels? How does it embody the meeting of the Other in these novels known as « exotic »? And, to what extent did they illustrate an unknown world for their contemporary readers? And was this indeed really one? Rather than try to clarify the accuracy between the narrative and the real experience, we shall be interested here in the representation of the female figure and the resulting relationship to the Other, in the manner of the execution of a sketch and in consideration of the historical and cultural specificities.

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Loxias | 65. | I.

L’Explosion de la durite. Un voyage en Afrique postcoloniale

Dans une œuvre que n’unifie apparemment que le hasard des voyages et qui se présente comme un collage de récits disparates, l’Afrique peut apparaître, sous la plume de Jean Rolin, comme un thème assez récurrent pour orienter une lecture de l’œuvre. Ce tropisme africain, ne le conduit cependant pas à intégrer à ses récits de voyage une recherche d’exotisme. Si l’Afrique est si peu le lieu d’un quelconque dépaysement ou d’un exotisme, quelle est la nature de la relation qui pourrait en elle justifier une telle « constance », chez Rolin, parmi tant d’autres continents ? Et, à travers elle, quel rôle la notion de « dépaysement » tient-elle dans ses récits de voyage ?

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