Grèce dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 35 | I.

L’Orestie ou les pièges de la symétrie

La symétrie tient une place essentielle dans l’Orestie, tant du point de vue formel (effets de symétrie poétiques ou dramaturgiques) que du point de vue idéologique (la loi du Talion). Si cette symétrie semble gouverner les rapports qui unissent Agamemnon aux Choéphores, les Euménides posent problème dans la mesure où s’y joue une rupture de ces symétries, avant que le dénouement ne réinstaure, via la conversion des Érinyes en Bienveillantes, une symétrie non plus destructrice mais bienfaisante. L’hypothèse ici défendue est que les difficultés d’interprétation posées par cette rupture peuvent être surmontées si l’on prend en compte la mutation de registre, de la tragédie à la comédie, dont témoignent en particulier les Euménides : la subversion générique devient alors la clé de la conversion idéologique.

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Loxias | Loxias 43. | I. Questions de Littérature comparée à l'agrégation de Lettres modernes

Andromaque, Artémise, Mélanippe : la subversion des modèles et contre-modèles féminins dans Lysistrata

Les images de la femme renvoyées par Lysistrata se construisent par référence à un certain nombre de modèles ou contre-modèles historiques, littéraires ou iconographiques, qu’ils soient revendiqués par les personnages féminins ou leur soient imposés par les personnages masculins. L’étude de trois de ces figures emblématiques – la femme docile, la femme guerrière, la femme sophiste – permet de mettre au jour le jeu complexe de subversion que la comédie fait subir aux représentations culturelles : le message politique de la pièce passe ainsi par une remise en cause des images que les hommes se font de leurs épouses et d’eux-mêmes. Ces conflits entre modèles opposés, voire la superposition de codes normalement hétérogènes, sont rendus possibles par la poétique propre à la comédie : seule la comédie peut en effet résorber l’« inconvenance » qu’il y a à mettre en scène une femme plus virile que les mâles pour la transformer en composante d’un héroïsme spécifiquement comique.

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Thalie au miroir : héroïsme féminin et métathéâtralité

Cet article fait l’hypothèse d’une métathéâtralité spécifique à la comédie dans laquelle la question du genre revêt une importance significative. Induite par les conditions concrètes de la représentation sur la scène antique et élisabéthaine où les rôles féminins sont joués par des hommes, la part de jeu inhérente à la comédie interfère avec le topos du théâtre du monde, dont les incidences sur la métathéâtralité ont été soulignées d’emblée par l’inventeur de la notion de métathéâtre. Lorsque des protagonistes féminins occupent le devant de la scène, l’interrogation sur le jeu de l’acteur semble l’emporter sur la lecture métaphysique de la métaphore qui privilégie les fonctions de l’auteur et du spectateur, confondues en Dieu dans la lecture chrétienne du topos. Sous le signe du féminin, la comédie semble plutôt interroger les rôles sociaux et remettre en question la naturalité du genre.

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« Kalein ». Éléments et notes pour un commentaire composé de Lysistrata, v. 1 à 139

À côté du destin tragique qui s’abat sur un essentiellement, la fortune comique ou heureuse est affaire de tous, de rassemblement, de changement, déguisement, l’un pour l’autre et avec l’autre, de versabilité ou mutabilité universelles ; elle a partie liée avec la démocratie, et la démocratie avec la fête et l’utopie. Cela se dit, dans le premier temps de cet article à partir du mot grec « kalein » et du mot anglais « atone ». Ensuite, et dans cette perspective, sont proposés, dans les deuxième et troisième parties, des éléments en vue d’un commentaire composé du début de Lysistrata (v. 1 à 139).

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Loxias | Loxias 45. | I. | Dramatique de l'imagination aérienne

Imágenes aéreas en Bacantes de Eurípides

Este artículo se propone analizar cómo la ambivalencia divina se expresa a través del doble valor de las imágenes aéreas. El aspecto positivo de Diónisos se revela en las descripciones de los rituales dionisíacos (párodos, relatos del mensajero) a partir de imágenes que implican el desplazamiento por el espacio aéreo, hacia lo alto : referencias a la montaña en donde se realizaban los rituales (oreibasía) ; a los árboles ; a los largos cabellos de las ménades, libres y sueltos al aire ; a la música que resuena con su poder vivificador, etc. El aspecto negativo del dios se manifiesta en la manía de las ménades tebanas, quienes violan las reglas rituales con su locura asesina cuando descuartizan a Penteo. El mismo héroe, suspendido en un árbol y espiando un ritual en el que los hombres no tenían participación, ejemplifica cómo actúa el dios ante quienes lo rechazan. Según se remitan a las seguidoras asiáticas o tebanas del dios, las imágenes aéreas adquieren diferente significado. La montaña es el scenario de los festejos, de la alegría, así como del horror y de la muerte. El árbol, lugar de refugio, se convierte para Penteo en un lugar de riesgo. This article analyzes how the dual nature of Dionysus in Euripides’ Bacchae unfolds into aerial images. His divine ambivalence is expressed through the double value of aerial images. The positive aspect of the god is revealed in the descriptions of Dionysiac rites (parodos, messenger speeches) from images involving movement through airspace, an upward movement: references to the mountain where rites were performed (oreibasia); to trees; to the maenads’ long, loose and air-flowing hair; to music resounding with its life-giving power, etc. The negative aspect of the god shows itself in the mania of the Theban maenads that violate the rite rules with their murderous madness when killing Pentheus. The hero himself, perched in a tree spying on a rite in which men are not allowed to participate, illustrates how the god reacts to those who dare to reject him. Aerial images gain a different meaning whether they relate to the Asian or the Theban followers of the god. The mountain is not only the site of festivities and joy, but also the site of horror and death. For Pentheus, the tree as a place of refuge finally turns to be a place of risk. Cet article analyse comment la double nature de Dionysos dans Les Bacchantes d’Euripide se manifeste à travers des images qui font référence à l’espace aérien. L’ambivalence divine est exprimée par la valeur double des images aériennes. L’aspect positif du dieu est révélé dans les descriptions des rituels dionysiaques (parodos, récits du messager) à partir d’images ayant trait au mouvement à travers l’espace aérien, vers le haut : les références à la montagne où les rituels ont été réalisés (oreibasia), aux arbres, aux cheveux des ménades, libres et dénoués dans l’air, à la musique qui résonne avec sa puissance vivifiante, etc. L’aspect négatif se manifeste dans la mania des ménades thébaines qui violent les règles rituelles avec sa folie meurtrière lorsqu’elles assassinent Penthée. Le héros lui-même, suspendu dans un arbre en espionnant un rituel dans lequel les hommes n’avaient pas à participer, illustre comment le dieu agit contre ceux qui le rejettent. Les images aériennes acquièrent une signification différente selon qu’elles se rapportent aux accompagnatrices asiatiques ou thébaines du dieu. La montagne est l’espace de la fête et de la joie, mais aussi de l’horreur et de la mort. L’arbre, lieu de refuge, devient pour Penthée un lieu de risque.

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Loxias | Loxias 46. | Doctoriales

Le vortex gréco-provençal dans Les Cantos d’Ezra Pound

Cet article se focalise sur l’un des « vortex » qui émerge lors de la lecture des premiers Cantos d’Ezra Pound : le vortex qui relie la Grèce classique à la Provence troubadouresque. Ces deux traditions culturelles et littéraires sont, en effet, mises en relation entre elles avec insistance par Pound dans le début de son « poème épique », à travers un effet de montage qui superpose des figures de la mythologie classique aux troubadours ainsi qu’ils nous sont présentés dans les vidas médiévales. À travers une lecture des Cantos I, II, IV, V et VI axée sur le vortex gréco-provençal, nous mettrons en évidence l’importance de cette superposition dans les premiers Cantos tout d’abord en ce qui concerne son rapport à la formation du style de Pound : l’étude de la poésie troubadouresque et grecque antique constitue, en effet, la base de sa proposition de renouvellement de la poésie en langue anglaise. Cependant, le lien que Pound crée entre Grèce antique et Provence médiévale relève aussi d’une dimension ésotérique qui relie les cultes à mystères au culte mystique d’amour développé dans les cours du Sud de la France au sein de l’hérésie albigeoise.

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Loxias | 51 | Programme de littérature au baccalauréat, Terminales littéraires

Œdipe de Sophocle à Pasolini : l’héritage en question

Le film de Pier Paolo Pasolini, Œdipe-Roi, sorti en 1967, est en partie adapté de la pièce de Sophocle du même titre (ou presque), datée entre 430 et 420 avant notre ère. Outre la pièce grecque, le film se construit sur un matériau complexe : biographie du poète et cinéaste, essai de Freud sur « Le matériel du rêve et les sources du rêve » dans L’Interprétation du rêve (1900), Hamlet (1601) de Shakespeare, et son adaptation cinématographique par Laurence Olivier (1948), sans oublier la dernière pièce de Sophocle, Œdipe à Colone. Moins disparate qu’il n’y paraît, ce matériau complexe permet à Pasolini de poser une question essentielle, à la fois personnelle et politique : qu’est-ce que l’héritage ? peut-on y renoncer ?

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Loxias | 59. | I.

Eschine, Contre Timarque : essai de bilan critique

L’objet de cet article est de tenter un panorama des façons dont Eschine en général et le Contre Timarque en particulier apparaissent dans la recherche actuelle. Il s’agira d’abord d’étudier l’Histoire, autour et à l’intérieur du discours ; puis d’observer quelques aspects de l’art oratoire, l’actio, les insultes, etc. ; enfin, nous verrons que le discours est souvent cité dans des études sociologiques, anthropologiques, de genre, car son propos, implicite comme explicite, est au cœur d’une question cruciale : qu’est-ce qu’un bon citoyen ?

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Loxias | 62. | I.

Nouvelle et fragmentation du sujet : le cas de Marios Hakkas

L’article proposé se place dans la perspective d’une fragmentation progressive de la nouvelle chez Marios Hakkas (1931-1972), propulsant soudainement, en l’espace de sept ans, le nouvelliste grec du statut d’écrivain « réaliste critique » à celui d’écrivain postmoderne. Marios Hakkas, ayant vécu à une époque troublée de l’histoire de son pays, a laissé trois recueils de nouvelles marquées par une véritable métamorphose de son écriture. Les formes brèves, caractérisées initialement par un réalisme assez convenu, encore imprégné d’idéologie, laissent place à une écriture discontinue et fragmentaire. C’est la nature de cette discontinuité et de cette fragmentation qui est au cœur de l’article. The present article focuses on the gradual fragmentation of the short story by Marios Hakkas (1931-1972), which suddenly made the Greek short story writer shift in seven years from the status of "critical realist" writer to that of postmodern writer. Marios Hakkas, who lived in a troubled time of his country’s history, wrote three books of short stories marked by a complete transformation of his writing. Initially characterized by conventional realism, still imbued with ideology, the short stories give way to a discontinuous and fragmentary writing. It is the nature of this discontinuity and fragmentation that is dealt with in the article.

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Loxias | 71. | I.

Auteur, narrateur et personnage dans le livre 1 du Bellum ciuile de César

Si la critique historique du second XXe siècle a beaucoup insisté sur la déformation ou la dissimulation des faits par César, à des fins de propagande ou d’apologie (dans le cas du Bellum ciuile), elle a moins commenté le dispositif littéraire qui permet à César de parler de lui-même sans se dévoiler totalement, donnant à son écriture une dimension particulière et à son personnage un caractère insaisissable, même s’il joue un rôle de premier plan dans ses Commentaires. De fait, si un tel texte présuppose bien une identité entre l’auteur (celui qui garantit les choix esthétiques et moraux du texte et en répond socialement), le narrateur et le personnage, on n’a pas pour autant affaire à un texte autobiographique, si l’on entend par là un récit rétrospectif à la première personne qui met l’accent sur l’histoire de la personnalité de l’écrivain. Et ce, moins parce que César écrit à la troisième personne, que parce que l’histoire de la personnalité de l’auteur n’est pas en jeu dans un texte qui met en scène les actes et surtout les décisions d’un chef, sans nécessairement nous faire entrer dans l’intimité sensible ou psychologique du personnage. Les effets de l’écriture « lisse » de César trouvent leur origine dans un dispositif où César, en se dissimulant autant qu’en s’exposant, sait articuler les trois instances (l’auteur, le narrateur, le personnage) à travers lesquelles le lecteur cherche à savoir qui il est. The historical criticism during the 20th century focused on Caesar’s distortion or concealment of facts for propaganda or apologetic purposes. But historians less described the literary device that makes Caesar speak without revealing completely himself, even though Caesar as a character plays a leading role in his Commentaries. While such a text implies an identity between the author, the narrator, and the character, it is not an autobiographical text, if by this we mean a first-person retrospective narrative that emphasizes the history of the writer’s personality. The author’s personality is not at stake in a text that stages the acts and especially the decisions of a leader, without necessarily bringing us into the sensitive or psychological intimacy of the character. Caesar, hiding as much as exposing himself, knows how to articulate the three instances (the author, the narrator, the character) through which the reader seeks to know who he is.

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Loxias | 74. | I.

Réminiscences de Lorca dans les romans d’après-guerre de Kosmas Politis

Dans cet article, nous étudierons la nature des liens unissant les deux derniers romans de Kosmas Politis, À Hatzifrango et Terminus (roman inachevé paru à titre posthume) et l’univers poétique de Federico García Lorca depuis quelques textes de son Livre de poèmes (Libro de poemas, 1921) jusqu’au Divan du Tamarit (Diván del Tamarit, 1936) traduits par le romancier grec. En effet, leurs démarches artistiques les rapprochent. Mais il faut tenir compte de la manière dont Politis a « rencontré » Lorca, probablement par la traduction française de ses textes. Dès lors, à travers l’analyse de quelques traductions de l’auteur, nous nous demanderons à quels aspects de l’œuvre lorquienne l’écrivain grec a pu être sensible. De fait, quelques motifs des poèmes espagnols hantent, dans un jeu intertextuel, les derniers romans du romancier grec. La voix de Lorca se joint alors à celle de Politis dans les deux romans pour faire entendre un chant de jeunesse et de deuil. In this paper, we will analyse how Politis’ two last novels, In Hatzifrango and Terminus (an unfinished novel, published posthumously) are linked with Federico García Lorca’s poetic universe, from some pieces of his Book of Poems (Libro de poemas, 1921) to The Tamarit Divan (Diván del Tamarit, 1936), translated by the Greek novelist. Indeed, the artistic approach of the two men is similar. Yet we must take into account the way that Politis « met » Lorca, that is to say through the French translation of his texts. By studying Politis’ some translations, we will try to determine which aspects of Lorca’s work the Greek novelist could have been sensitive to. A few motifs of the Spanish poems haunt in fact Politis’ last novels through an intertextual play. Lorca’s voice then joins Politis’ one in the two novels: they sing together a song of youth and mourning.

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