Belgique dans Loxias
Articles
Loxias | Loxias 34 | Doctoriales VIII
L’Androgyne au service de la différence des sexes : l’exemple d’Orlanda (1996) de Jacqueline Harpman
L’œuvre Orlanda (1996) de Jacqueline Harpman, auteure belge de langue française, met en scène de nombreux doubles et surtout maintes duplications. La dualité fait partie intégrante de son esthétique romanesque et interroge la notion d’identité sexuée à travers, entre autres, le personnage androgynique d’Orlanda. La spécificité de ce roman est de faire cohabiter les deux parties de l’androgyne, le Féminin et le Masculin, dans des corps distincts mais dans un même espace-temps, rendant ainsi la comparaison entre l’une et l’autre part de l’Ego possible. Le présent article vise à analyser le traitement du genre dans cette œuvre et à dégager les enjeux de cette métaphore identitaire. Orlanda (1996), written by Jacqueline Harpman, a French Belgian author, stages many literary doubles and above all a lot of duplications. Duality is an integrant part of her fictional aesthetics and questions the notion of sexual identity and gender through, among others things, the androgynous character Orlanda. The characteristic of this novel is the co-existence of both parts of the androgyne, male and female, in distinct bodies but living in a same space-time, allowing the comparison between the two parts of the Ego. The present article intends to analyse the way Harpman deals with gender in this book and to disclose the stakes of this identity metaphor.
Loxias | Loxias 46. | Doctoriales
L’idéal perdu à la fin du XIXe siècle : étude sur la colère dans Monsieur de Phocas (1900) de Jean Lorrain et Bruges-la-Morte (1892) de Georges Rodenbach
Infatigable chercheur d’idéal mais exténué par l’environnement délétère, l’esthète fin-de-siècle ne perçoit plus la beauté suprasensible. Certains dandys, comme Monsieur de Phocas, le héros éponyme du roman de Jean Lorrain (1900), se lancent alors dans la quête du beau qu’ils croient parfois déceler dans l’œil d’une femme, « car c’est le seul œil qui voit la grande beauté » (Plotin, Ennéades, I – IV). De même, Hugues Viane, dans Bruges-la-Morte (1892) de Rodenbach, pense reconnaître sous les traits d’une danseuse sa défunte épouse dont il est toujours religieusement épris. Mais l’un comme l’autre seront finalement déçus par ces trompeuses correspondances terrestres d’une beauté supérieure. L’idéal évanescent qu’ils poursuivent ne fait place, finalement, qu’à la laideur morale de ces femmes entraînant un sentiment mêlé de frustration et de colère. L’animosité soudaine dont ils font preuve rompt, dès lors, avec leur posture mélancolique et raffinée du début des deux romans. Et, par haine de ce succédané perverti de l’idéal amoureux, tous deux sombrent dans la violence grossière.
Loxias | 72. | I.
Christian Dotremont
du calligramme et du logogramme
Les logogrammes créés par Ch. Dotremont, sont, à l’instar des calligrammes, une des inventions majeures du XXe siècle dans le domaine de l’écriture occidentale. Quoique différents par leur aspect, ils présentent des similitudes, aussi bien dans l’esprit de leurs auteurs que dans leur réalisation ainsi que par la « re-création » qu’ils nécessitent de la part de leurs lecteurs/spectateurs. Le logogramme est une écriture « visuelle », le tracé des lettres évoquant, comme dans le calligramme, la forme de ce qui est signifié. Il est également « concret », lorsque son écriture se confond matériellement autant que linguistiquement avec le support naturel sur lequel ou dans lequel elle est gravée. Les logogrammes ont poursuivi l’aventure des calligrammes en les « orientant ». The logograms created by Ch. Dotremont, are, like calligrams, one of the major inventions of the twentieth century in the field of Western writing. Although different in appearance, they present similarities, both in the spirit of their authors and in their production as well as in the "re-creation" that they require from their readers / viewers. The logogram is a "visual" writing, the outline of the letters evoking, as in the calligram, the shape of what is signified. It is also "concrete", when its writing merges materially as well as linguistically with the natural medium on which or in which it is etched. The logograms pursued the adventure of the calligrams by "orienting" them.