Céline Sangouard-Berdeaux


Professeur agrégé de Lettres modernes, Céline Sangouard-Berdeaux termine un doctorat à l’université Paris 7 Denis-Diderot, sous la direction de Nathalie Piégay-Gros, au sein de l’équipe de recherche CERILAC. Sa thèse porte sur la pensée et l’écriture du sublime dans la littérature du XXe siècle, plus précisément chez Breton, Bataille, Blanchot et Gracq. Elle a participé à différents colloques et rencontres doctorales, et a écrit plusieurs articles à paraître, notamment : « La Terreur comme mythe de l’écriture, de Breton à Blanchot », Textuel : Mythe(s), construction, traduction, interprétation, Université Paris-Diderot, Paris, 2011.

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Quel sublime chez Bataille ?

On retient souvent de la querelle entre Bataille et Breton dans les années 1929 et 1930 l’opposition du matérialiste à l’idéaliste, de la désublimation à la sublimation. Le but de cet article est de repenser cette polémique et plus largement le rapport de Bataille à la sublimation, mais surtout au sublime, deux notions à distinguer, en prenant en compte l’évolution de la pensée de Bataille et en considérant son esthétique à la lumière de l’histoire du sublime, notion plus complexe que le sens courant d’élévation et de grandeur spirituelle ou morale dans lequel Bataille emploie à cette époque l’adjectif qui lui correspond, et qui, comprise dans son rapport à la terreur et au mal, peut permettre de caractériser l’esthétique bataillienne. Il apparaîtra ainsi que, si l’esthétique de Breton et celle de Bataille prennent des chemins très divergents, la première étant positive et constructive, la seconde négative et tragique, elles se fondent toutes deux sur une quête partagée, celle d’un sublime originel qui échapperait justement à la sublimation. One often remembers in the argument between Bataille and Breton in the late 1920s the opposition of the materialist against the idealist, of desublimation against sublimation. This article aims at rethinking this controversy, and more largely the relation Bataille had to sublimation, and mostly to sublime, to distinct notions. One should also take into account the evolution of Bataille’s thought, and consider his aesthetics under the light of the history of sublime, a notion more complex than the usual meaning of elevation and spiritual and moral greatness in which Bataille uses in his days the adjective best suited and which, once understood in this link between terror and evil, may allow one to characterize Bataillienne aesthetics. One will therefore realize that if Breton and Bataille’s aesthetics follow two very different paths, the former being positive and constructive, the latter negative and tragic, they both come from a shared quest, a quest for an original sublime which would precisely differ from sublimation.

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