poetry dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 34 | Doctoriales VIII

« Travailler fatigue », mais flâner est impossible : échos whitmaniens dans la poésie de Cesare Pavese

Nous étudions dans cet article l’empreinte laissée par le poète américain Walt Whitman et son recueil Feuilles d’herbe (Leaves of Grass) sur l’écriture poétique de Cesare Pavese, notamment dans le premier cycle de poèmes de Travailler fatigue (Lavorare stanca), écrits de 1930 à 1935. Il s’agit d’examiner non pas tant la présence de certains thèmes whitmaniens chez Pavese ou l’influence stylistique de Whitman sur sa poésie, que la façon dont Pavese s’éloigne du modèle des Feuilles d’herbe – ou, plus exactement, y renonce, admet l’impossibilité de le suivre. Si Whitman est au fondement de l’écriture poétique de Pavese, c’est moins comme une présence que comme une absence : Pavese poète échoue, en toute conscience, à être whitmanien, et c’est sur cet échec que se construit son écriture poétique. Là où la poésie de Whitman est flânerie exaltante, celle de Pavese est ainsi condamnée à rester fatigue du travail. Our goal in this article is to study the trace that American poet Walt Whitman and his collection Leaves of Grass has left on the poetic writing of Cesare Pavese, especially on the first-period poems of Hard Labor (Lavorare stanca) from 1930-1935. We will examine not so much the presence of certain Whitmanian themes in Pavese, or the stylistic influence of the American writer on the Italian one, as the way Pavese veers away from his American model – or rather renounces him as he understands the impossibility of following him. We can certainly find Whitman at the foundations of Pavese’s poetic writing, but more as an absence than a presence: Pavese as a poet fails, in complete awareness, to be Whitmanian, and builds his poetic style on this failure. If Whitman’s poetry is a magnificent idleness, Pavese’s then is condemned to remain a “hard labor”.

Consulter l'article

Loxias | 49. | I.

« Quelle belle vie ! »
L’existence poétisée du Charlot de Philippe Soupault

Dans Charlot (1931), Philippe Soupault narre la vie imaginaire du célèbre vagabond, à partir des films qu’il a vus et des souvenirs qu’il en a gardés. Mais il la retrace en la poétisant : tenant Charlot pour un « poète au sens le plus pur et le plus fort du terme », l’écrivain accorde son récit à l’image qu’il se fait du personnage. La figuration poétique s’effectue ainsi de manière à la fois thématique et formelle : non seulement le parcours de Charlot voisine par intermittence avec ceux de modèles emblématiques (Orphée, Croniamantal, Rimbaud, Cendrars), mais son existence elle-même est perçue à l’image d’un poème, structurée selon un schéma cyclique. Dès lors, dans tous les sens du terme, le récit de Soupault peut être défini comme une biographie poétique – par l’existence qu’il restitue, par le style qu’il emploie, par l’émotion qu’il procure. In Charlot (1931), Philippe Soupault tells the imaginary life of the famous tramp, drawing from the memories he has of the films he saw. But he retraces it poetically: presenting Charlot as a “poet in the purest and strongest sense of the word”, the writer matches his story to his perception of the character. The poetic representation thus occurs both thematically and formally: not only is Charlot’s journey near to those of emblematic figures (such as Orphée, Croniamental, Rimbaud or Cendrars), but his existence itself is seen as a poem, structured according to a cyclic pattern. Therefore, in every sense of the word, Soupault’s story can be defined as a poetic biography – through the existence he recounts, through his style, through the emotion he stirs.

Consulter l'article