Devi (Ananda) dans Loxias


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Loxias | Loxias 25 | Littératures du Pacifique

Jeunes déboussolés dans le Pacifique, dans les romans d'Alan Duff, Sia Figiel, Chantal T. Spitz, Albert Wendt ; et Ananda Devi

Parmi les romans des vingt dernières années écrits par des écrivains du Pacifique, un certain nombre (de Samoa, Nouvelle-Zélande, Polynésie française, ou Maurice, pour A. Devi, par exemple) ont pour héros des jeunes en difficulté, ou dont l’itinéraire est chaotique. Maltraités, drogués, violents, prostitués, suicidaires, ou tout simplement à la dérive, ils sont présentés de l’intérieur, dans leur intimité : cette marginalité devient plus proche, tandis que se présentent toutes les explications, voire les excuses de leur comportement, lié indissolublement à la fracture des sociétés traditionnelles. Certains évidemment sont relativement épargnés, à moins qu’ils ne finissent par trouver, seuls ou avec de l’aide, les moyens de recouvrer un équilibre. Doit-on y voir une illustration par synecdoque de sociétés écartelées entre les repères de la tradition et l’infiltration ou le déferlement plus ou moins brutal d’autres valeurs et d’autres modes de vie ? La construction romanesque peut d’ailleurs révéler cette incertitude par le brouillage des voix et des fils narratifs.

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Loxias | Loxias 32 | I.

« Qu’elles parlent maintenant qu’ils se taisent à jamais… » Une parole féminine débondée par la mort, de Beauvoir à Ananda Devi

Face à la mort d’un proche, des femmes prennent soudain la parole. Simone de Beauvoir avait évoqué la mort de sa mère dans Une mort très douce en 1964, puis celle de Sartre en 1981 dans La Cérémonie des adieux. Ces textes avaient parfois choqué par leur sincérité. De même, Annie Ernaux a consacré deux livres à la mort de ses parents, La Place et Une femme. Ce ne sont que deux exemples de cette écriture féminine rendue nécessaire par la confrontation avec la mort : le deuil remet si profondément en cause l’existence que la vie ne peut s’envisager  après cette étape. Dans des espaces où la parole féminine s’exprime plus difficilement, une autre raison de rompre le silence apparaît : par la voie du roman, le deuil ou l’agonie sont l’occasion de venger de longues années de silence forcé, de parole rentrée. Mariama Bâ, dans Une si longue lettre avait ainsi fait raconter sa vie à une veuve juste après le décès de son époux. Ananda Devi consacre Le Sari vert à l’agonie d’un vieil homme qui a tyrannisé sa vie durant sa femme, sa fille puis sa petite fille : ces deux dernières tentent de lui extorquer sur son lit de mort le secret du décès de sa femme. Dans ces romans, l’objet n’est pas tant le chagrin devant l’irrévocable que l’occasion d’exprimer le silence qui entoure la condition des femmes.

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Loxias | Loxias 37. | I.

Poétique de la ville dans l’œuvre d’Ananda Devi

Cet essai s’intéresse à la mise en écriture du phénomène urbain dans l’œuvre d’Ananda Devi. Prenant en compte les jeux de langages hétéromorphes à l’œuvre dans certains de ses récits, il montre, à la lumière des présupposés théoriques et méthodologiques de la sémiologie urbaine de Roland Barthes (1985), que la ville métaphorise les mutations sociopolitiques, économiques et culturelles, ainsi que les dynamiques identitaires propres à la complexité des sociétés contemporaines. En tant que l’un des phénomènes les plus puissants des sociétés postmodernes, la ville déroule et tisse à l’infini les motifs de l’errance, de l’exclusion, de la pauvreté et de la mort, qui sont autant de réalités du vécu insulaire ou subcontinental contemporain qu’une certaine littérature exotisante a souvent tenté d’ignorer.

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