Eros dans Loxias


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Loxias | Loxias 29 | I. | 1. Eros

Les orphelins d’Éros. Lexicographie et traductologie

« On traduit parce qu’on aime ». Voilà qui pourrait paraître évident pour la plupart des participants de ce colloque. Cela ne le sera peut-être pas pour une grande partie des traducteurs. Qu’y a-t-il de pulsion érotique, de fusion entre le traducteur et le traduit, pour qui s’occupe de localisation de logiciels, de manuels d’essoreuses, de dictionnaires bilingues ? Ces traducteurs traduisent-ils ce qu’ils aiment ou finissent-ils tout au plus par aimer ce qu’ils sont bien forcés de traduire ? Le principe coercitif dans la traduction de tous les jours ne serait-il pas sous-estimé par les chercheurs académiques ? Le plaisir du texte est le plaisir de peu. Cette intervention se veut une ébauche de défense de ces traducteurs qui n’aiment peut-être pas toujours ce qu’ils traduisent, les lexicographes.

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« Une volonté explosive de bonheur » : Walter Benjamin et l’Eros de la traduction

Érotisme et traduction sont indissolublement liés pour Walter Benjamin. Parce que l’Eros est synonyme de quête de l’absolu et de la totalité, et parce qu’il a aussi été un traducteur, de Baudelaire, de Saint-John Perse, de Proust. Il était profondément convaincu de la force du désir qui circule dans ces textes. Nous nous intéresserons d’abord à la traduction utilisée comme un dispositif d’accréditation et comme un système thaumaturgique, dans le cadre d’une grande déception amoureuse. Puis nous relirons le texte essentiel qu’est ‘Die Aufgabe des Übersetzers’–‘La Tâche du traducteur’ en étant attentif à ce qui, en lui, relève d’une pensée de l’Eros. Peut-être est-ce ce qui le structure tout entier. Enfin nous évoquerons cette première actualisation de la théorie que représenta en 1923, la traduction des Tableaux parisiens de Baudelaire. L’un de ces poèmes célèbres, « À une Passante », indiscutablement « érotique », préfigure la pensée sur l’Histoire de Benjamin.

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Du Vampirisme aux corps partagés : morales de l’érotisme et choix de traduction

Avec pour vertus cardinales la fidélité, la lucidité et le raisonnement, l’activité traductrice se situe a priori à des milles de l’érotisme compris comme subversion ou abandon aux pouvoirs de la chair. Pas de vampire ici, pas de nuit magique où se chercheraient les codes d’une alchimie du Verbe. Le traducteur ne suscite pas la même mythologie que le Créateur.

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Psyché traductrice

Réflexion féminine d’« Éros traducteur », « Psyché traductrice » fait intervenir un autre corps, puisqu’il en va ainsi de la dynamique érotique. N’est-ce pas là aussi le propre du traduire ? Il faut être deux : le corps textuel et le corps traduisant. Plus tard arrive la traduction et la dynamique sera à trois corps. Peut-on parler d’Éros sans évoquer Psyché ? Éros ne réalise-t-il pas sa pleine puissance lorsqu’il subit lui-même le pouvoir dont il est investi et devient amoureux de Psyché ? C’est à partir de ce couplage et sous le mode allégorique que nous voulons penser la relation du corps textuel au corps traduisant afin de dégager du récit érotique les lignes de force qui sous-tendraient une phénoménologie de la traduction. Nous verrons ensuite que la phénoménologie de la traduction dans sa visée érotique entraîne des répercussions d’ordre épistémologique, en cela qu’elle met en échec les injonctions de rationalité, de culpabilité et de finalité, qui pèsent traditionnellement sur la traduction.

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Loxias | Loxias 29 | I. | 2. Expériences

Éros et le Centaure. Traduire Mimes de Marcel Schwob (1893) en grec moderne

Mimes de Marcel Schwob, série de textes brefs, chapelets d’instantanés du monde antique, semble faire entendre, fraîches et passionnées, les voix d’une vie quotidienne disparue. Le désir de traduire ce livre du français en grec moderne a constitué une expérience où Eros fut présent dans cette fascination pour les voix, mais aussi dans le mouvement pendulaire entre passé et présent, entre vivants et morts. Quant au Centaure, il incarne le défi de traduire une œuvre de l’entre-deux, puisque Mimes, réécriture d’un vaste choix de petits genres antiques, est aussi une œuvre conçue dans plus d’une langue, elle-même nourrie de mots antiques ou de leur traduction imagée.

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