Marius Conceatu


Marius Conceatu est professeur assistant à Southern Methodist University, Dallas, États-Unis. Il a passé son doctorat à Johns Hopkins University, Baltimore, avec une thèse portant sur l’anglais et le problème de l’étranger dans l’œuvre de Marcel Proust. Il a également écrit sur les Esquisses proustiennes (Romanitas, no. 3:1, 2008) et des interférences visant la problématique animalière chez Proust et Albert Cohen (Cahiers Albert Cohen, no. 18, 2008). Un article sur les éléments mythologiques et bibliques dans le roman Terre salée d’Irina Egli (Boréal, 2006) est actuellement sous presse et paraîtra dans la prochaine édition de Women in French.

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Baudelaire et Proust traducteurs : les limites de l’étrangeté

Nous examinons en quelle mesure la prise en possession de Poe par Baudelaire peut être comparée à l’influence des traductions ruskiniennes de Marcel Proust sur la Recherche du temps perdu. Si Baudelaire peut articuler, grâce à la traduction, une réflexion sur la poétique de la prose et une conception moderne sur la mise en rapport des langues, l’anglais devient une sorte de langue seconde du roman proustien et la pensée de la langue anglaise s’y reflète par un effet de mémoire de Babel, ressuscitant l’« étrangeté » des langues et leur féconde incompréhension. Dans le rapport des écrivains/traducteurs à leur(s) langue(s), Mallarmé joue un rôle de charnière : se trouvant obsédé par une sorte de sous-sol de la langue, où les mots circulent sous les mots, Mallarmé « creuse le vers » en tachant de retrouver cette langue seconde à l’aide du passage par l’anglais. Baudelaire and Proust as translators : the bounds of strangeness. We are investigating to what extent Baudelaire’s appropriation of Poe’s work can be compared to the influence of Marcel Proust’s translations of Ruskin on the Recherche du temps perdu. Through his translations Baudelaire reflects on the poetics of prose and develops a modern idea of how languages relate to each other, whereas English becomes a sort of second language of the Proustian novel – resuscitating the “strangeness” of languages and their fertile incomprehension. A writer/translator himself, Mallarmé plays a pivotal role: obsessed with a sort of substratum of language where words circulate beneath words, the poet “hones the verse” and uses English to unveil this second language.

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