Sénégal dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 26 | Doctoriales VI

Fatou Diome : la déconstruction des mythes identitaires

La prise de parole des écrivains africains s’explique, du moins dans les œuvres pionnières, par le souci de rétablir la vérité historique. Toutefois, bien que cette mission ait contribué à la reconnaissance d’écrivains et d’œuvres désormais classiques, la marche des sociétés africaines vers la modernité suscite des interrogations sur les enjeux pertinents du discours littéraire africain francophone qui désormais se développe en deux tendances ; d’une part la production élaborée sur le continent, d’autre part, les textes produits par des écrivains migrants installés dans les anciennes métropoles. Fatou Diome fait partie de la seconde catégorie d’écrivains. De son premier recueil de nouvelles La Préférence nationale (2001) à sa plus récente publication, Inassouvies, nos vies (2008), Fatou Diome articule son œuvre sur la question de l’immigré en situation de redéfinition de soi. Il s’agit, dans cet article, d’interroger l’œuvre de notre romancière du point de vue de la « scénographie », entendue comme situation d’énonciation que s’assigne l’œuvre, celle qu’elle présuppose et qu’elle valide en retour. À travers les catégories du personnage, de l’espace et du temps, il s’agira de positionner le discours de Fatou Diome dans le champ des lettres africaines francophones comme un discours de déconstruction des conceptions identitaires en tant qu’enracinement et différence.

Consulter l'article

Loxias | Loxias 34 | Doctoriales VIII

La subversion sociale dans le conte sénégalais

Il est aujourd’hui commode de considérer le conte comme étant uniquement un art du spectacle mais c’est oublier que dans les sociétés africaines, sa pratique est plus qu’un acte de production d’un discours spectaculaire, un élément vital dans le processus de socialisation de l’enfant et de l’adulte. Le présente étude propose une analyse des trois cercles du récit dans la société wolof sénégalaise en fonction du/de la conteur/euse. Il s’agit aussi de faire le lien entre le récepteur, le récit subversif et le personnage exceptionnel enfant dans trois récits majeurs du conte sénégalais wolof. Ces récits ne sont pas des prototypes de complaisance et de validation des tares sociales mais au contraire une vitrine qui montre que le personnage de rupture est un vecteur de progrès social et de renouvellement de la texture sociale de base. Les trois espaces types sont des cercles de récit qui engendrent une situation-répertoire dont bénéficie l’auditoire-producteur dans le processus de construction de son idéal de vie. Dans les trois contes types : « Mbakhané Ndiaye », « Coumba sans-mère », « Youmandé », nous analyserons le fonctionnement de la subversion dans le récit et dans l’itinéraire des personnages. It is today convenient to consider the tale as a performing art only but it is to forget that in the African societies, it is more than an act of production of spectacular speeches, a vital element in the process of socialization of the child and the adult. The present article proposes an analysis of three circles of the narrative in the society Wolof Senegalese in function of the storyteller. It is also a question of making the link between the receiver/narrative subversive by the character exceptional child in three major narratives of the Senegalese Wolof tale. Those tales are not prototypes of accommodation and validation of the social defects but on the contrary a shop window that shows that the character of break is a vector of social progress and renewal of the social basic texture. Three typical spaces are circles of narrative, which engender a situation-directory of which the public-producer benefit to build his ideal of life. In three typical tales : Mbakhané Ndiaye, Coumba the orphan, Youmandé, we shall analyse the functioning of the subversion in the narrative and in the route of the characters.

Consulter l'article

Loxias | Loxias 38. | Doctoriales IX

L’aventure du corps féminin dans La Folie et la mort de Ken Bugul : hybridation corporelle, “décorporisation” ou jeu du fantastique

Le corps de la femme et sa discursivité textuelle dans La Folie et la mort de Ken Bugul offre une possibilité d’interprétation du fantastique littéraire. Par le jeu du discours, de la représentation ou des pratiques sociales, ce corps devient dans le texte bien davantage que la somme des parties anatomiques qui le composent pour véhiculer une sémiotique corporelle qui appelle un déchiffrement permanent. Ainsi, dépassant la conception réaliste qui voit dans le corps humain uniquement un élément de l’ordre biologique répondant de la loi naturelle et reproductive, la romancière sénégalaise en fait plutôt un espace qui transpose le récit de son ancrage réel à un inconnu merveilleux. Corps reconfiguré, corps étrange, corps du paraître, le corps de la femme dans ce roman de Bugul se situe à la frontière d’un hyperréalisme dont la mise en forme dévoile une nouvelle féminité ou un nouvel Être féminin au double plan social et psychanalytique. L’écriture et la lecture du corps deviennent un moyen pour passer du paradigme du réalisme à celui du fantastique.

Consulter l'article