Afrique dans Loxias
Articles
Loxias | Loxias 34 | Doctoriales VIII
La représentation de l’exil chez Calixthe Beyala
Calixthe Beyala fait partie des écrivains expatriés pour qui l’exil, loin d’être synonyme de bannissement, de séjour obligé et pénible, représente au contraire un véritable salut. « L’exil résout beaucoup de choses […]. L’exil me donne la liberté qui m’est refusée, l’exil me donne la parole qui m’est refusée, l’exil est ma survie », déclarait-elle dans une interview qu’elle accorda à Emmanuel Matateyou en 1994. L’article se propose de montrer que cette vision de l’exil qui fait de Beyala une « victime de l’aliénation culturelle » a une incidence sur son écriture notamment sur le regard que ses personnages féminins jettent sur leur pays d’origine et l’espace d’accueil. Ainsi la France, pays d’exil pour la plupart des figures féminines, apparaît aux yeux de ces dernières comme un espace de refuge, et d’épanouissement. Calixthe Beyala belongs to those expatriate writers whose exile, far from being synonymous with banishment, forced and painful stay, represents on the contrary a real salvation. “Exile deals with a lot of things […]. Exile gives me freedom I have been refused, exile offers me the speech I have been denied, exile is my survival”, she stated in an interview to Emmanuel Matateyou in 1994.The intention of this article is to show that this vision of exile which makes Beyala a “victim of cultural alienation” has a direct impact on her writing, namely on the expression of her female characters give on towards their homeland and countries of refuge. Thus, France, country of exile for most female figures, appears to them as a land of refuge and emancipation.
Loxias | Loxias 44. | I.
Formes et enjeux de l’équivoque dans Les Racines du ciel
La forme du témoignage, privilégiée par Gary dans Les Racines du ciel, favorise l’émergence d’une parole multiple qui s’émancipe de la seule narration pour se décliner aussi sur les modes de l’analyse et du commentaire et conduire à une certaine déconstruction du réel. L’entrecroisement des regards et la multiplicité des interprétations placent le lecteur face à un récit qui interroge plus qu’il ne raconte, et qui charge les faits comme les personnages d’un fort coefficient d’équivocité. On verra comment s’exprime dans le roman cette culture de l’équivoque et en quoi elle s’inscrit au cœur du projet romanesque de Romain Gary.
La défense de l’éléphant – ou quel idéal pour l’indépendance ? Les Racines du ciel de Romain Gary
Les Racines du ciel, prix Goncourt 1956, continue à faire date comme le premier roman « écologique » – et la critique s’est interrogée sur le sens de cet engagement : que cherche Morel, le protagoniste du roman ? protéger les éléphants ? défendre un idéal de liberté ? renverser le système colonial ? ou simplement assouvir des lubies personnelles ? Chaque personnage gravitant dans son orbite interprète son engagement différemment. Jusqu’à Romain Gary lui-même qui explicite son projet dans la « Lettre à l’éléphant ». Son expérience de l’Afrique lui fait présenter des portraits de colonisateurs et de colonisés, à la veille des mouvements d’indépendance : écologie et postcolonialisme peuvent-ils être conciliables ? The Roots of Heaven, which was awarded the prestigious Prix Goncourt in 1956, is known as the first “eco-novel”, and literary criticism is eager to analyse this environmental concern: what is really the aim of the main character, Morel? Does he intend to protect elephants? or ideal freedom? Does he endeavour to pull down the colonial system or is he just doing randomly whatever crosses his mind? Everyone has his own idea about it. Even Romain Gary himself explains the plot in a so-called letter to “Dear Elephant”. From his own experience he is very much capable of writing a novel on pre-Independence Africa. But are environmental protection and colonial/postcolonial system compatible or do they exclude each other?
Loxias | 54 | I.
Earth of Dark Names. Adventure and adventurers, narration and narrators in Stevenson and Conrad
Cet article est une étude de l’aventure de la narration dans la narration d’aventure, à travers l’analyse du rôle de noms et voix ambiguës dans The Master of Ballantrae et The Ebb-Tide de Robert Louis Stevenson, et dans Heart of Darkness et les récits de Joseph Conrad. Les ombres qui couvrent les noms et les voix des personnages et des narrateurs dans ces œuvres, en effet, contribuent au mystère à la fois de l’aventure et de la narration, et voilent non seulement les identités de ces personnages, mais aussi leurs histoires. À travers une lecture approfondie de ces œuvres, nous verrons comment dans ces « histoires impossibles » d’îles et de terres « douteuses » dont les noms sont aussi perdus, l’impossibilité de raconter devient elle-même un conte. The article intends to investigate the adventure of narration in the narration of adventure, through the analysis of the role of ambiguous names and voices in Robert Louis Stevenson’s The Master of Ballantrae and The Ebb-Tide, and Joseph Conrad’s short stories and Heart of Darkness. The shadows covering the names and voices of characters and narrators in these works, in fact, contribute both to the mystery of adventure and the mysteries of narration, veiling not only the identities of these characters but also their whole tales. Through a close readings of these works, we will see how these “impossible tales” on “doubtful” islands and lands whose names are also lost, so that the impossibility of telling tales becomes itself a tale.
Loxias | 59. | I.
Le bosquet de la mort dans Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad
Le passage du « bosquet de la mort » forme un texte à part à l’intérieur du célèbre roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres. Au début de son aventure africaine, Marlow y est confronté pour la première fois à la réalité de la colonisation en découvrant un chantier de chemin de fer et le sort réservé aux travailleurs qui y sont enrôlés de force. On analysera la puissance inoubliable de la vision de Marlow et la portée éthique d’un tel passage.
Loxias | 61. | II.
Danser contemporain. Gestes croisés d’Afrique et d’Asie du Sud
“Collection Linearis des éditions Deuxième époque, « Domaine danse », 2018. Dans divers champs artistiques, en danse en particulier, la référence à la « contemporanéité » est fréquemment utilisée et se retrouve sur nombre de continents. En même temps, elle fait l’objet de différentes interprétations selon les espaces géographiques, leur histoire, le contexte social, économique, politique, mais aussi selon les chorégraphes et les danseurs. De plus, une pluralité́ de termes entre en jeu pour nommer ce phénomène qui n’a pour l’instant pas trouvé de consensus. Ce volume se propose ainsi de traiter de la notion de « contemporanéité » en danse, de considérer ses définitions, ses utilisations, ses...”