Voyage au bout de la nuit dans Loxias


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Loxias | Loxias 7 (déc. 2004) | Littérature comparée

Dérive au bout de la nuit : le Voyage de Céline

Le voyage suppose un désir de départ, un itinéraire ou, pour le moins, un but. Il donne au voyageur le loisir d’observer et de s’enrichir de ses expériences, ou le fait progresser dans la connaissance de lui-même. À son retour, sa vie est feuilletée de visions nouvelles.Or, le Voyage au bout de la nuit est révélateur : le voyage s’affiche dans le titre et dans la structure, et de nombreuses remarques rappellent la cohérence thématique du roman. Mais cela n’efface pas l’impression que dégage le texte : aussi l’idée de « dérive » est-elle plus adéquate, comme la déviation subie par un navire par rapport à la direction qu’il s’était fixée, sous l’effet de circonstances irrésistibles. Le lecteur ne saurait y trouver la texture particulière des récits de voyage, notamment leur liberté et leur ouverture : aucun des buts généralement assignés au voyage ne guide Bardamu : ni la curiosité (ce qui signifie ni tourisme, ni exploration) ; ni le désir de dépaysement ; ni la volonté de décrire ou de dénoncer. Ce voyage se trouve donc décalé par rapport aux autres types de voyages de son époque, par sa forme et par son allure désabusée.

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