Baudelaire dans Loxias


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Loxias | Loxias 7 (déc. 2004) | Littérature comparée

Amour-Le-Liant (Hugros Eros)

Quant à sa forme, Amour est « hugros », coulant (Banquet, 196a). Coulant, il peut entrer où il veut, se transporter en un instant en tout point, s’ajuster de façon à compléter (« sumbolon »), être et faire l’ensemble, simuler le même (rime), lier et envelopper, mais surtout disjoindre le même d’avec le même : produire sans relâche le duel. On est passé de son aspect hugros à sa dynamique, sa vertu et son essence.

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Loxias | Loxias 16

Le bijou et la chauve-souris : deux enveloppes de Robert de Montesquiou

Dans le somptueux bric-à-brac des archives de Robert de Montesquiou deux petites enveloppes de couleur, semblables à celle où l’on glisse des cartes de visite, ne se signalent à l’attention que par leur discrétion et la perfection de leur inutilité. En regardant de plus près les deux enveloppes, on remarque que l’une d’elles, faite d’un papier jaune strié donnant l’illusion des lignes du bois n’est utilisée que sur le recto. A la place habituellement réservée à l’adresse se trouve un dessin à l’encre noire représentant une chauve-souris recroquevillée.

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Loxias | Loxias 28 | I.

Baudelaire et Proust traducteurs : les limites de l’étrangeté

Nous examinons en quelle mesure la prise en possession de Poe par Baudelaire peut être comparée à l’influence des traductions ruskiniennes de Marcel Proust sur la Recherche du temps perdu. Si Baudelaire peut articuler, grâce à la traduction, une réflexion sur la poétique de la prose et une conception moderne sur la mise en rapport des langues, l’anglais devient une sorte de langue seconde du roman proustien et la pensée de la langue anglaise s’y reflète par un effet de mémoire de Babel, ressuscitant l’« étrangeté » des langues et leur féconde incompréhension. Dans le rapport des écrivains/traducteurs à leur(s) langue(s), Mallarmé joue un rôle de charnière : se trouvant obsédé par une sorte de sous-sol de la langue, où les mots circulent sous les mots, Mallarmé « creuse le vers » en tachant de retrouver cette langue seconde à l’aide du passage par l’anglais. Baudelaire and Proust as translators : the bounds of strangeness. We are investigating to what extent Baudelaire’s appropriation of Poe’s work can be compared to the influence of Marcel Proust’s translations of Ruskin on the Recherche du temps perdu. Through his translations Baudelaire reflects on the poetics of prose and develops a modern idea of how languages relate to each other, whereas English becomes a sort of second language of the Proustian novel – resuscitating the “strangeness” of languages and their fertile incomprehension. A writer/translator himself, Mallarmé plays a pivotal role: obsessed with a sort of substratum of language where words circulate beneath words, the poet “hones the verse” and uses English to unveil this second language.

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Loxias | Loxias 29 | I. | 1. Eros

« Une volonté explosive de bonheur » : Walter Benjamin et l’Eros de la traduction

Érotisme et traduction sont indissolublement liés pour Walter Benjamin. Parce que l’Eros est synonyme de quête de l’absolu et de la totalité, et parce qu’il a aussi été un traducteur, de Baudelaire, de Saint-John Perse, de Proust. Il était profondément convaincu de la force du désir qui circule dans ces textes. Nous nous intéresserons d’abord à la traduction utilisée comme un dispositif d’accréditation et comme un système thaumaturgique, dans le cadre d’une grande déception amoureuse. Puis nous relirons le texte essentiel qu’est ‘Die Aufgabe des Übersetzers’–‘La Tâche du traducteur’ en étant attentif à ce qui, en lui, relève d’une pensée de l’Eros. Peut-être est-ce ce qui le structure tout entier. Enfin nous évoquerons cette première actualisation de la théorie que représenta en 1923, la traduction des Tableaux parisiens de Baudelaire. L’un de ces poèmes célèbres, « À une Passante », indiscutablement « érotique », préfigure la pensée sur l’Histoire de Benjamin.

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Loxias | 49. | I.

L’invention de Charlot : corps politique, corps poétique

Le personnage de Charlot, mi-gentleman, mi-clochard, consacre à sa manière l’importance dérisoire du moi, un moi capricieux qui résiste à l’entreprise d’uniformisation que lui fait subir le réel. Tirant sa force des jeux de l’enfance et de la pantomime, son art du muet sert un humour « vagabond » qui procède d’un processus d’irréalisation poétique servi par le burlesque. Portée par une conjonction d’influences, la figure de Charlot est une figure mixte qui cristallise à la fois une spiritualité poétique proche du « Witz » romantique et la modernité de l’humour. Son jeu est une invite à préserver l’élan originel de la conscience, et par là-même, à échapper au conditionnement industriel, en particulier dans Les Temps modernes, où ses vagabondages cinématographiques sont autant de figurations poétiques de la résistance.

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