Rousseau dans Loxias


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Loxias | Loxias 4 (mars 2004) | Identité générique: le dialogue

Ecriture de soi et récit de voyage : Chateaubriand et Rousseau à Venise

Chateaubriand s’est cru plus grand par la pose moralisatrice, par le sermon. A Venise il fait la leçon à Rousseau et à Byron. Heureusement, il laisse au lecteur des Mémoires d’outre-tombe, texte avant tout autobiographique, la possibilité d¹entrevoir la déréliction et la contingence de l’homme attaché à une cause perdue et peu enthousiasmante. René devient le fidèle paladin de ce qu’il sait être une chimère. Il offre ainsi la figure paradoxale du perdant de génie. Par cette posture le Vicomte séduira la jeune génération romantique. Il devient par l’écriture de soi le semblable d'autres voyageurs autobiographes, leur frère, même s’il feint de les ignorer par affectation.

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Loxias | Loxias 24 | Pour une archéologie de la théorisation des effets littéraires des rapports de domination

Sur la France et ses littératures. Une approche interculturelle

L’histoire des littératures de la France et des francophonies hors de l’Hexagone, lorsqu’on l’envisage dans l’optique des études interculturelles, révèle l’opposition de deux discours présents en filigrane depuis plusieurs siècles et s’exacerbant au cours du XXe. Le premier discours insiste sur la normalité et la modernité d’une culture française s’identifiant à un héritage richissime de valeurs universelles, alors que le deuxième dénonce une longue tyrannie exercée par cette même culture portant l’empreinte d’une centralisation excessive. Or, il semble qu’une historiographie littéraire s’inspirant de l’interculturel et refusant à la fois les partis pris d’ignorance et les polémiques faciles, peut faire apparaître les textes et leurs contextes sous un jour nouveau et de plus, apporter une contribution importante aux recherches d’autres sciences humaines qui s’interrogent sur la façon dont les communautés humaines organisent leur mémoire et construisent leur identité. C’est en évoquant l’exemple de quelques « grands auteurs » des littératures française et occitane que l’on tâchera de rendre compte de la façon dont deux productions de textes s’éclairent mutuellement. If inspired by the idea of interculturality, studies on literatures in France (for instance literature in French and in Occitan) and in “francophone” countries reveal the opposition of two discourses being effective since several centuries but appearing during the Twentieth in a more aggressive way. One of these discourses emphasizes the modernity and the universal values of French culture while the second condemns the tyranny of just this culture on which an excessive centralization has left its mark. A literary historiography without bias and superficial polemics can facilitate a better understanding of the social and cultural processes making way for the emergence of such discourses. So this kind of study on literature is offering possibly interesting contributions to humanities reflecting upon the way communities organize their memory and build their visions of identity. A comparison of two “French” texts of the Eighteenth Century (one taken from Rousseau’s Nouvelle Héloïse and another from L’Història de Joan-l’an pres, a novel written in Occitan by Jean-Baptiste Fabre) shall shed some light of the contrasts and the complementarities between two neighbouring cultures of France.

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Loxias | Loxias 27 | II.

De l’usage des notes dans le Discours sur l’inégalité de Rousseau : récits de voyages et ethnographie

Le Discours sur l’inégalité a jeté les bases d’un système qui devait comprendre aussi l’Essai sur l’origine des langues et le Contrat social. Il repose sur un raisonnement de type anthropologique, qui prend en particulier pour exemple et pour hypothèse l’homme sauvage dont il a découvert les descriptions dans les récits de voyage qui circulent largement à son époque. Ces relations fournissent ainsi le matériau initial et la légitimation de ses spéculations. Mais il faut observer plus précisément l’usage que Rousseau fait de ces observations ethnographiques, et en particulier comment il les utilise dans son Discours : souvent en note, ces références anthropologiques affectent d’être secondaires alors qu’elles conditionnent l’équilibre de tout l’édifice.

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Loxias | 75. | I.

La Nouvelle Héloïse, roman politique

La dimension politique de La Nouvelle Héloïse est manifeste : affirmée dès la préface, elle s’exprime particulièrement dans les lettres qui décrivent la bonne organisation de la petite société de la famille Wolmar. Mais y a-t-il une pensée politique du roman ? Comment ces discours appartiennent-ils à une trame narrative qui les suscite et dans laquelle ils prennent sens en même temps qu’ils l’éclairent ? Quel est le sens politique de ce scénario romanesque qui prend son point de départ dans la différence irréductible des conditions dans une société d’ordre ? L’impossible amour de la noble Julie et du roturier Saint-Preux pourrait être un lieu commun romanesque ; il s’agit d’abord un authentique problème politique. La conversion de Julie, et de tout le roman, à partir du mariage de l’héroïne, consiste en un effort pour passer du refus à l’acceptation de cette différence irréductible des conditions et à travailler autant que faire se peut à produire les modalités objectives de son acceptation subjective. Cette pensée politique du roman, délibérément conservatrice, est cependant travaillée par un doute que toute la fin exprime : il n’est pas du tout certain que le domaine de Wolmar soit seulement vivable.

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Le voyage d’Anson et l’imaginaire géographique dans La Nouvelle Héloïse : expérience et savoirs du monde

Le récit du voyage de Saint-Preux dans l’expédition d’Anson constitue un épisode central dans La Nouvelle Héloïse. L’actualité des voyages, de la publication de leurs relations et de leurs traductions ancre le roman dans l’actualité de son temps. Rousseau y dévoile un imaginaire géographique qui fait jouer en miroir la réduction de Clarens et le tour du monde, le lac et l’océan. Le voyage d’Anson y est présenté, mais avec des modifications notables, le voyage d’Anson ayant été traduit par Joncourt, compilé par Prévost dans l’Histoire générale des voyages. Cependant le motif de Juan Fernandez évoque Robinson Crusoé et celui de Tinian apparaît comme une originalité dans la fictionnalisation des Voyages. D’ailleurs, le modèle de Rousseau est aussi celui des Voyages de Robert Lade. The account of Saint-Preux’s journey with Anson is a central episode in The New Heloise. The topicality of the journeys, the publication of their reports and their translations establishes the novel in the actuality of its time. Rousseau reveals a geographical imagination that links the reduction of Clarens and the tour of the world, the lake and the ocean. Anson’s voyage is presented here, but with notable modifications, as Anson’s voyage was translated by Joncourt and compiled by Prévost in the Histoire générale des voyages. However, Juan Fernandez’s theme evokes Robinson Crusoe and Tinian’s appears as an innovation in the fictionalisation of the Voyages. Moreover, Rousseau’s model is also that of Robert Lade’s Travels.

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