Memnon dans Loxias


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Le chant de la statue : le mythe de Memnon au XIXe siècle

Occulté par Orphée ou Osiris, qui ont permis une réflexion métadiscursive sur la poésie qui se lie au modèle musical et se confronte à la mort, le mythe de Memnon est pourtant au carrefour des problématiques par lesquelles la poésie moderne tente de se définir elle-même. Au dix-neuvième siècle, les poètes redécouvrent le mythe, à la faveur d’un regain d’intérêt pour l’Egypte mais aussi de l’émergence, dès le préromantisme, d’un questionnement sur la statuaire, notamment funéraire. Hugo, Lamartine, Sully Prudhomme, entre autres, emploient le mythe de Memnon pour énoncer leur conception de la poésie en interrogeant sa place entre le matériel et l’immatériel, entre l’image et le chant, et – en fin de compte – entre le silence de la mort et la parole vivante.Après Baudelaire et Mallarmé, les poètes prennent conscience que la poésie n’est pas une lutte contre le silence, mais qu’elle vient du tombeau même. Overshadowed by Orphée or Osiris, who enabled a metadiscursive reflection on poetry using music as a model and confronting death, Memnon’s myth is nevertheless at the heart of the issues through which modern poetry is trying to define itself. During the nineteenth century, many poets discovered the myth anew, owing to a renewed interest in Egypt, but also, ever since pre-Romanticism, thanks to the emergence of a questioning of statuary, notably funerary statuary. V. Hugo, A. de Lamartine, Sully Prudhomme, among others, took up Memnon’s myth to set forth their own notion of what poetry was,  by questioning its position between what was material and what wasn’t, between images and songs, and, in the end, between the silence of death and the living word.After Baudelaire and Mallarmé, poets realized poetry was not a struggle against silence but that it actually came from the tomb itself.

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