Marivaux dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 4 (mars 2004) | Identité générique: le dialogue

Dialogue et didactique dans les périodiques de Marivaux : la place du journaliste

Dans ses trois périodiques d’observations morales, Marivaux refuse, en Moderne, le discours d’autorité et les contraintes des formes traditionnelles, en semblant manifester une propension au dialogue. Sous trois physionomies différentes, le journaliste, voire ses doubles, participe à des échanges informatifs souvent marqués par un déséquilibre énonciatif. Tantôt il y défend ses choix en esquivant l’affrontement véritable et en ôtant la parole à l’adversaire, par l’ironie antiphrastique ou le discours narrativisé; tantôt il s’efface pour laisser un personnage insolite délivrer un message qui rompt avec le conformisme. Ailleurs, de fréquents glissements montrent une tension constante entre l’ouverture à l’autre et la reprise de parole, ce qui rend, semble-t-il, variables la place du journaliste et le statut épistémologique du dialogue. En fait, ce journaliste-Protée se glisse dans tous les rôles. Par la prolifération des voix, il crée une apparente pluralité énonciative, gage d’échanges libres et authentiques, et diversifie, avec un talent de romancier, une science comportementale rénovée.

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Loxias | Loxias 10 | I.

Du modèle féminin de la soumission à la prise de parole de la femme : le devenir littéraire de la Griselda de Boccace et Pétrarque dans les Lettres de Milady Juliette Catesby de Mme Riccoboni

Le personnage de Griselda, modèle de patience et de vertu, est présent à la fois dans l’œuvre de Boccace et dans celle de Pétrarque. Qu’en est-il de cette figure féminine au XVIIIe siècle ? Il s’agira de partir à la rencontre d’une de ses représentations dans les écrits d’un auteur-femme de cette époque, Mme Riccoboni, dans son roman épistolaire les Lettres de Milady Juliette Catesby (1759). Parce que ces lettres ont été rédigées au Siècle des Lumières, et de surcroît par une femme, leur héroïne ne peut être l’exacte réplique de la Griselda des auteurs italiens : davantage qu’un parangon de l’obéissance aveugle et de la soumission à toute épreuve, Juliette Catesby apparaît peu à peu comme distanciée de Griselda puisqu’elle s’exprime dans sa correspondance, en tant qu’être à part entière, en tant que femme libre de ses décisions.

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Loxias | 63. | Agrégation de Lettres

Les balances de toile d’araignée du moderne Marivaux : du stéréotype critique à la métaphore heuristique

L’image des balances de toile d’araignée de Marivaux fait partie des poncifs tenaces, inlassablement repris depuis le XVIIIe siècle et rarement interrogés. Un retour aux sources précises de l’image ainsi que la prise en compte de la symbolique qui lui est attachée dans le contexte de la querelle des Anciens et des Modernes permet de montrer qu’elle est susceptible d’être renversée, comme l’a été la figure de l’araignée, passant du statut d’anti-modèle à celui de modèle pour la création poétique. Elle pourrait dès lors cristalliser tout ce qui fait la modernité de l’écrivain dont témoigne l’intérêt constant que son théâtre a rencontré chez les metteurs en scène depuis le milieu du XXe siècle.

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Loxias | 70. | I.

« L’incivile élégance » de Marianne et Jacob : les narrateurs de Marivaux face à la norme conversationnelle

La civilité est une notion que l’on ne trouve plus dans nos grammaires et pourtant, sous l’Ancien Régime, elle constitue une norme comportementale mais aussi conversationnelle et linguistique essentielle. Dans les romans phares de Marivaux, La Vie de Marianne et Le Paysan parvenu qui souffrent aujourd’hui d’une image lisse et convenue, l’incivilité affleure dans le texte, notamment parce que les êtres déplacés à l’identité mouvante que sont Jacob et Marianne ne peuvent que brouiller les pistes d’un système fondé sur une convenance entre interlocuteurs et espace-temps de l’interlocution. Nous nous proposons donc d’étudier dans cet article, à la suite de notre travail de thèse, la place des narrateurs par rapport à l’incivilité ; des narrateurs qui se présentent d’abord comme des remarqueurs, mais des remarqueurs qui infléchissent la grille de lecture commune vers une grille personnelle, surprenant le lecteur autant dans le choix des mots épinglés que dans la formulation de la remarque et des narrateurs qui vont eux aussi enfreindre les règles par une utile franchise, questionnant les usages, sans lever jamais l’ambigüité sur le moteur profond de ce parti pris. Nowadays, we don’t think about civility as a grammatical tool, but during the 17th and the 18th century in France, civility was considered as an important system of rules to regulate behaviour so much as speeches. Despite of their images, La Vie de Marianne and Le Paysan parvenu written by Marivaux count plenty of rude moments underlined by both narrators. Because of their identity, Jacob and Marianne, socially displaced, without noble origin, always seem inappropriate. They point out the inappropriate words towards them, using a subjective terminology and a subjective scale to judge an offensive word. In reaction, they are also rude towards their interlocutor, using an honest speech which breaks the conversational rules.

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