comédie dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 12 | I.

Le récit chez Feydeau : impossible et nécessaire

Dans le théâtre de Feydeau, on montre plus que l’on ne raconte. Et pourtant, dans ces vaudevilles où le spectaculaire l’emporte sur le diégétique, le récit est un élément dramaturgique indispensable : il répond aux nécessités de l’exposition ; du fait même du resserrement temporel et du confinement spatial, c’est lui qui fait exister les événements passés et le hors-scène qui viennent alimenter l’action. Si le récit est nécessaire à l’introduction d’éléments extérieurs au huis-clos scénique, quelles sont ses conditions d’insertion dans cet ensemble où la brièveté des répliques est de mise ? Le récit est ici soumis, dans l’écriture dramatique, aux impératifs de légèreté, de mouvement et de concision, et requiert certains moyens spécifiques, tels que, entre autres, le présent de narration, les discours rapportés au style direct par le locuteur, et les récits parodiques. Pourtant, s’il redouble la représentation, le récit n’est pas un simple accessoire : il constitue un obstacle majeur dans ces intrigues où la vérité est dangereuse, et où l’on redoute ceux qui peuvent relater les événements avec objectivité. Le récit est donc bien souvent retardé, parasité, interrompu voire empêché. Les personnages ont parfois des défauts d’élocution qui nuisent à la transmission référentielle. Support de la représentation, le récit dans le vaudeville, est aussi plus qu’un instrument : il trouve sa place au centre de la situation et ouvre de nouvelles réflexions linguistiques à la charnière du XIXe et du XXe siècles. Feydeau’s drama rests on showing rather than telling. Performance may take precedence over diegesis in vaudeville, but the use of narrative remains essential. Its expository function allows the introduction of past events and external spaces into an action often confined both in time and space. However useful narrative can be, its use requires a specific treatment at the hands of the playwright, so as to fit in the overall pace, tone and dynamic of the play ­— hence the resort to such tools as the present tense, direct speech within the rejoinders and parodical stories.Even if it seems to replicate the action onstage, the narrative outgrows a purely decorative use. In plots in which the truth is to be hidden and the objective relation of facts to be feared, telling becomes a major stake and obstacle. Narration will thus be postponed, interrupted, distorted, even censured, and characters afflicted with speech impediments that prevent them from getting their messages across. More than a mere instrument, the narrative in vaudeville finds its way to the core of the dramatic situation, even as it supports the stage action and reflects the evolution of linguistics at the turn of the XXth century.

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Loxias | Loxias 35 | I.

L’Orestie ou les pièges de la symétrie

La symétrie tient une place essentielle dans l’Orestie, tant du point de vue formel (effets de symétrie poétiques ou dramaturgiques) que du point de vue idéologique (la loi du Talion). Si cette symétrie semble gouverner les rapports qui unissent Agamemnon aux Choéphores, les Euménides posent problème dans la mesure où s’y joue une rupture de ces symétries, avant que le dénouement ne réinstaure, via la conversion des Érinyes en Bienveillantes, une symétrie non plus destructrice mais bienfaisante. L’hypothèse ici défendue est que les difficultés d’interprétation posées par cette rupture peuvent être surmontées si l’on prend en compte la mutation de registre, de la tragédie à la comédie, dont témoignent en particulier les Euménides : la subversion générique devient alors la clé de la conversion idéologique.

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Loxias | Loxias 43. | I. Questions de Littérature comparée à l'agrégation de Lettres modernes

Andromaque, Artémise, Mélanippe : la subversion des modèles et contre-modèles féminins dans Lysistrata

Les images de la femme renvoyées par Lysistrata se construisent par référence à un certain nombre de modèles ou contre-modèles historiques, littéraires ou iconographiques, qu’ils soient revendiqués par les personnages féminins ou leur soient imposés par les personnages masculins. L’étude de trois de ces figures emblématiques – la femme docile, la femme guerrière, la femme sophiste – permet de mettre au jour le jeu complexe de subversion que la comédie fait subir aux représentations culturelles : le message politique de la pièce passe ainsi par une remise en cause des images que les hommes se font de leurs épouses et d’eux-mêmes. Ces conflits entre modèles opposés, voire la superposition de codes normalement hétérogènes, sont rendus possibles par la poétique propre à la comédie : seule la comédie peut en effet résorber l’« inconvenance » qu’il y a à mettre en scène une femme plus virile que les mâles pour la transformer en composante d’un héroïsme spécifiquement comique.

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Retour de flamme dans Lysistrata d’Aristophane et As You Like It de Shakespeare, ou la parade comique

Dans Lysistrata d’Aristophane et As You Like It de Shakespeare, la haine, l’envie, la guerre menacent la cité grecque ou la cour ducale, les liens conjugaux, fraternels, la vie même. Or cette flamme destructrice se retourne contre l’incendiaire et le brûle. Ce retour de flamme n’est en aucun cas le résultat d’une vengeance, mais tient à la nature propre du feu guerrier. Les deux comédies développent chacune à sa manière une « parade », au double sens de cortège et de riposte, contre l’incendie, en commençant par une révélation, ou initiation, à la nature versatile du feu, entre haine et désir, peur et admiration.

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« Kalein ». Éléments et notes pour un commentaire composé de Lysistrata, v. 1 à 139

À côté du destin tragique qui s’abat sur un essentiellement, la fortune comique ou heureuse est affaire de tous, de rassemblement, de changement, déguisement, l’un pour l’autre et avec l’autre, de versabilité ou mutabilité universelles ; elle a partie liée avec la démocratie, et la démocratie avec la fête et l’utopie. Cela se dit, dans le premier temps de cet article à partir du mot grec « kalein » et du mot anglais « atone ». Ensuite, et dans cette perspective, sont proposés, dans les deuxième et troisième parties, des éléments en vue d’un commentaire composé du début de Lysistrata (v. 1 à 139).

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Loxias | 71. | II.

Théâtre complet, Tome II, de Pierre Du Ryer

“Éditeurs scientifiques : Hélène Baby, Catherine Dumas, Perry Gethner, Sandrine Berrégard.Classiques Garnier, Collection Bibliothèque du théâtre français, n° 68, 21/10/2020670 p. ; ISBN: 978-2-406-09995-6 Le deuxième volume du Théâtre complet de Pierre Du Ryer, dramaturge contemporain de Pierre Corneille, rassemble quatre tragi-comédies et son unique comédie, créées avant 1640. Cette édition permet au lecteur de découvrir et de goûter un des auteurs majeurs de la modernité classique. ...”

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