Sylvie Ballestra-Puech


Sylvie Ballestra-Puech est professeur de littérature comparée à l’Université Côte d’Azur et membre du Centre Transdisciplinaire d’Épistémologie de la Littérature et des Arts vivants (C.T.E.L.). Elle a notamment publié Lecture de La Jeune Parque (Klincksieck, 1993), Les Parques. Essai sur les figures féminines du destin dans la littérature occidentale (Éditions Universitaires du Sud, 1999), Métamorphoses d’Arachné. L’artiste en araignée dans la littérature occidentale (Droz, 2006) et Templa Serena : Lucrèce au miroir de Francis Ponge (Droz, 2013). Elle a dirigé le volume Lectures de Lucrèce (Droz, 2019) et publié avec Évanghélia Stead une anthologie multilingue, Dans la toile d’Arachné. Contes d’amour, de folie et de mort (Jérôme Millon, 2019).

Articles de l'auteur


Loxias | Loxias 7 (déc. 2004) | Littérature comparée

L'art des titres ou le mélange des genres dans Le Tambour de Günter Grass

Cet article propose quelques pistes de réflexion sur « l’électricité de sens » qui, selon Michel Butor, circule entre titre et corps d’une œuvre littéraire, à partir de l’étude des titres de chapitres du Tambour de Günter Grass. L’hypothèse mise à l’épreuve est que ces titres permettent à l’auteur de convoquer au sein du roman divers genres littéraires et picturaux afin d’atteindre la prose poétique qu’il revendique tout en intégrant dans l’écriture son expérience de plasticien. Sont donc envisagés successivement les logiques de l’image que révèlent ces titres et leur dialogue souvent ironique avec le corps des chapitres, l’hybridation générique qu’ils favorisent et enfin l’architecture signifiante qu’ils permettent de dégager au sein de la luxuriance narrative caractéristique du roman.

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Loxias | Loxias 11 | Littérature comparée

« Tragique quotidien » et « théâtre de la répétition »

Cet article confronte la réflexion de Maeterlinck sur le « tragique quotidien », qui donne son titre au onzième chapitre du Trésor des Humbles, et celle de Gilles Deleuze sur le « théâtre de la répétition » dans Différence et répétition.Celle-ci trouve dans Rosmersholm d’Ibsen, L’Intruse et Intérieur de Maeterlinck, La Sonate des spectres de Strindberg et Dans le petit manoir de Witkiewicz des illustrations si manifestes qu’elle s’offre comme un instrument d’analyse privilégié de ce théâtre et de ses enjeux. Se détournant du « théâtre de la représentation », ces œuvres renouent avec la vision baroque d’un « théâtre du monde » qui réfléchit l’illusion au lieu de la créer.

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Loxias | Loxias 12 | I.

Le récit ou « l’autre scène » du théâtre symboliste

Le développement du récit au détriment du dialogue a souvent été interprété comme l’indice d’une « contamination du drame par le roman ». On peut se demander cependant si, dans le théâtre symboliste, celui-ci ne construit pas plutôt un tableau dont l’ambition est de suggérer l’invisible. Indissociable de la fragmentation de l’espace scénique, le recours au récit serait alors l’expression dramaturgique privilégiée du « tragique quotidien » cher à Maeterlinck.

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Loxias | Loxias 14 | Travaux et publications

Métamorphoses d’Arachné. L’artiste en araignée dans la littérature occidentale

“Droz, 2006, collection Histoire des idées et critique littéraire, 426 ISBN 2-600-01061-0 Souscrivant sans réserve à la formule de Jude Stéfan : « on écrit [...] généalogiquement, c'est-à-dire tout au long de l'arbre poétique des siècles », ce livre étudie l'extraordinaire fécondité littéraire et artistique du récit qui ouvre le livre VI des Métamorphoses : Arachné, la jeune fille qui osa défier Minerve et la surpassa dans l'art du tissage voit son œuvre détruite par la déesse et son corps métamorphosé en araignée. Sa tapisserie illustre les choix esthétiques d'Ovide, indissociables de ses choi...”

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Loxias | Loxias 16

Portraits de l'artiste en chauve-souris : les Minyades et leur postérité dans la littérature occidentale

Le mythe des Minyades a connu dans la littérature occidentale un destin à l’image de l’animal dont il explique l’origine : comme la chauve-souris, il semble voué au retrait et au clair-obscur. D’origine grecque, il fait l’objet d’une appropriation ovidienne tout à fait singulière. Le poète latin transforme un récit étiologique centré sur la résistance à l’introduction du culte dionysiaque en mythe de la création artistique. Dans le contexte médiéval où la chauve-souris prête ses ailes au diable, le récit ovidien confronte les exégètes des Métamorphoses à une énigme qu’ils ont bien du mal à résoudre et préfèrent souvent passer sous silence. Il faut ensuite attendre le Romantisme et sa réhabilitation de la nuit pour que la chauve-souris, animal nocturne par excellence, figure de la marginalité, soit de nouveau susceptible d’être choisie comme figure du poète. Discrètement intronisée dans ce rôle par Mallarmé, elle continue à séduire les écrivains du XXe siècle.

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Loxias | Loxias 15 | II. | Naissance du roman moderne: Rabelais, le Tiers Livre, Cervantès, Don Quichotte, Sterne, Tristram Shandy

La naissance du roman moderne ou l’« écho du rire de Dieu » : rire et mélancolie dans le Tiers Livre, Don Quichotte et Tristram Shandy

En prenant pour point de départ la définition du roman comme « écho du rire de Dieu » proposée par Milan Kundera, cet article s’interroge sur la relation entre rire et mélancolie dans les trois romans au programme. Présente dans le paratexte, celle-ci intervient aussi dans la caractérisation des personnages. L’Anatomie de la mélancolie de Robert Burton, dont Sterne s’inspire abondamment, invite à considérer la mise en fiction du discours mélancolique comme un ultime antidote.

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Loxias | Loxias 17 | II.

Le Trait. De la lettre à la figure (vol. 1), Langue visage paysage (vol. 2)

“Actes du colloque organisé en avril 2005 par le CTEL Textes rassemblés par Béatrice Bonhomme, Micéala Symington et Sylvie Ballestra-Puech 2 volumes, L’Harmattan, 2007 Ce livre tisse un dialogue entre différentes disciplines littéraires et artistiques et des liens sont tissés entre deux domaines artistiques, l’un caractérisé par l’écrit, l’autre par l’image. Réfléchir sur « Le Trait » permet de s’interroger sur les frontières entre le texte et l’image, entre la trace du pinceau et l’écriture d’une subjectivité. Le sujet in...”

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Loxias | Loxias 19 | Programme d'agrégation

Misanthropie et « misologie » : de l’analogie philosophique à la rencontre dramaturgique

Dans le Phédon, Platon définit la « misologie », haine du logos, sur le modèle de la misanthropie dont il propose ainsi la première description philosophique. Non seulement cette description fournit un modèle théorique pertinent pour aborder les pièces de Ménandre, Shakespeare, Molière et Hofmannsthal, mais surtout le lien instauré entre l’aversion pour les hommes et celle pour le langage souligne le paradoxe inhérent à toute tentative de mise en scène du misanthrope. En accueillant en son sein son  ennemi intime, le théâtre relève un défi dont il sort rarement indemne.

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Loxias | Loxias 23 | Autour du programme d'agrégation 2009

« Le vrai Misanthrope est un monstre » : misanthropie et tératogonie entre théorie et dramaturgie

Prenant pour point de départ la formule de Rousseau dans la Lettre à d’Alembert, « Le vrai Misanthrope est un monstre », cette étude tente un bref historique de la monstruosité du misanthrope, dans le discours philosophique et médical, qui éclaire certains aspects des pièces au programme et notamment le bestiaire qu’elles convoquent. Elle voudrait montrer combien il est nécessaire de prendre en compte les théories contemporaines de la mélancolie pour cerner la figure du misanthrope dans toute son ambivalence.

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Loxias | Loxias 29 | I. | 3. Rencontres

Un amour inavouable : discours et pratique des traducteurs des Métamorphoses d’Ovide de la Renaissance au XVIIIe siècle

De la Renaissance aux Lumières, les préfaces des traducteurs des Métamorphoses d’Ovide n’évoquent souvent la dimension érotique du poème que pour la neutraliser. Mais il arrive heureusement que leur pratique démente leurs pieuses déclarations d’intention. Diderot, lui,  proclame son amour des vers ovidiens mais aime en eux ce qui les rend intraduisibles. From the Renaissance to the Enlightenment, the translators seem to aim at neutralizing the erotic component of Ovid’s Metamorphoses in their prefaces. But fortunately they don’t always do what they say they will do. Another interesting case is that of Diderot who claims his love for ovidian poetry but loves in it the untranslatable.

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Loxias | Loxias 31. | I. | Littérature comparée

Théâtre et violence

“Broché, 192 pages Editeur : ATLANDE (1 octobre 2010), Collection : Clefs Concours-Littérature comparée ISBN-10 : 2350301451 ISBN-13 : 978-2-35030-145-7 Table des matières Introduction Repères et analyses Shakespeare, Titus AndronicusCorneille, MédéeBotho Strauss, ViolSarah Kane, Anéantis Thématiques ...”

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Violence et mélancolie dans Titus Andronicus de Shakespeare, Viol de Botho Strauss et Anéantis de Sarah Kane

En se disant gouverné par Saturne, Aaron, dans Titus Andronicus, nous invite à réfléchir sur « la mélancolie des tueurs élisabéthains », selon la formule d’Olivier Meslay. Si la prise en compte de la théorie médiévale et renaissante de la mélancolie permet d’éclairer la pièce de Shakespeare, les pièces de Botho Strauss et de Sarah Kane, qui revendiquent toutes deux des sources jacobéennes, attestent la permanence du lien entre violence et mélancolie tout en intégrant les apports de la psychanalyse. Celle-ci permet notamment de réinterpréter le motif récurrent du cannibalisme. Enfin ce corpus semble propice à une interrogation sur les manifestations dramaturgiques de la mélancolie sous le signe de l’effraction et de l’intermittence.

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Loxias | Loxias 35 | I.

La violence entre écriture et mise en scène : variations sur Titus Andronicus de Shakespeare dans le théâtre européen contemporain

Cet article s’interroge sur les rapports entre adaptation théâtrale et traduction à partir de la comparaison de diverses mises en scène contemporaines de Titus Andronicus, pièce qui, après avoir rencontré un grand succès auprès du public élisabéthain, connut un long purgatoire en raison de l’extrême violence qui la caractérise. L’image des « balances du traducteur », chère à Valéry Larbaud, semble convenir aussi au travail du metteur en scène.

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Loxias | Loxias 41 | I.

« Fragment de la nature des choses » et « inachèvement perpétuel » : l’écriture du monde selon Francis Ponge

Cet article tente de dégager des écrits de Ponge une poétique du fragment et de montrer en quoi celle-ci est liée à l’épicurisme qu’il revendique. Éprouvée au moment du « drame de l’expression » comme une menace, la fragmentation est ensuite choisie et assumée comme seul mode possible d’écriture du monde, en accord avec les lois de la combinaison atomique qui le régissent. Les métaphores récurrentes des écorces et des peaux montrent que le texte est perçu comme un fragment organiquement lié à celui qui l’a produit, tandis que la double signification du latin truncus, qui désigne à la fois le tronc et le tronçon, permet à Ponge de développer le paradoxe du « fragment intégral », selon la formulation de Gérard Farasse. Si la physique épicurienne explique que tout objet du monde offre un échantillon de sa texture, la poétique pongienne du fragment se pense aussi comme « pratique augurale », c’est-à-dire comme délimitation d’un fragment d’espace et valorisation de l’instant présent. En cela, elle peut rencontrer la conception barthésienne de l’écriture comme satori. This paper aims to show how Ponge’s writings reveal a poetics of the fragment and tries to explain how this poetics is related to Ponge’s epicureanism. First seen as a threat, at the time of the « drama of expression », fragmentation later becomes the only way to write the world, according to the laws of atomic combinations. Recurrent metaphors about trees shedding their bark and animals shedding their skin prove that the text is conceived as fragment organically related to who produced it. Likewise the two meanings of the Latin term truncus (trunk and broken piece) lead Ponge to work out the paradox of the « whole fragment » (Gérard Farasse). Whereas according to epicurean physics every object in the world proposes a sample of its texture, Ponge’s poetics of the fragment must be thought as an « augural practice », i. e. as a process that isolates a fragment of space and favours the present time. In that sense, this poetics is not so far from Barthes’ idea of writing as satori.

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Loxias | Loxias 43. | I. Questions de Littérature comparée à l'agrégation de Lettres modernes

Thalie au miroir : héroïsme féminin et métathéâtralité

Cet article fait l’hypothèse d’une métathéâtralité spécifique à la comédie dans laquelle la question du genre revêt une importance significative. Induite par les conditions concrètes de la représentation sur la scène antique et élisabéthaine où les rôles féminins sont joués par des hommes, la part de jeu inhérente à la comédie interfère avec le topos du théâtre du monde, dont les incidences sur la métathéâtralité ont été soulignées d’emblée par l’inventeur de la notion de métathéâtre. Lorsque des protagonistes féminins occupent le devant de la scène, l’interrogation sur le jeu de l’acteur semble l’emporter sur la lecture métaphysique de la métaphore qui privilégie les fonctions de l’auteur et du spectateur, confondues en Dieu dans la lecture chrétienne du topos. Sous le signe du féminin, la comédie semble plutôt interroger les rôles sociaux et remettre en question la naturalité du genre.

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Loxias | Loxias 43. | II.

Templa serena. Lucrèce au miroir de Francis Ponge

Relire Lucrèce avec Francis Ponge, qui affirme vouloir écrire « une sorte de De natura rerum », aide à comprendre comment le poète latin a relevé le défi de transmettre sous une forme poétique la philosophie épicurienne, dont la défiance envers la poésie était notoire. Reading Lucretius with Francis Ponge, who said he wanted to write « a kind of De natura rerum », is useful to understand how the Latin poet took up the challenge of transmitting in a poem the Epicurean philosophy whose distrust of poetry was well known

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Loxias | 51 | I.

Et en librairie... Inspirations méditerranéennes

“Atlande, 2015, « Clefs Concours », Littérature comparée 284 p., ISBN : 978-2-35030-342-0 « L’intitulé de la nouvelle question de littérature comparée au programme de l’agrégation de lettres modernes 2016 met d’emblée en lumière l’intérêt épistémologique qui résulte du croisement d’une approche thématique et d’une perspective générique : “inspirations méditerranéennes” : aspects de l’essai au XXe siècle. […] La mesure de l’essai contre la démesure du système, le consentement au relatif contre l’absolu du dogmatisme, le choix du fragmentaire contre l’ambition totalisante de la somme, le plaisir de la flânerie contre la marche forcée du traité, telles sont quelques-unes des po...”

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Sous le signe du taureau : variations sur le Minotaure dans « Le Minotaure ou la halte d’Oran » d’Albert Camus, « Le labyrinthe au bord de la mer » de Zbigniew Herbert et L’ombre infinie de César de Lawrence Durrell

La mythologie du taureau constitue l’un des nombreux motifs que partagent les trois œuvres réunies sous l’intitulé « Inspirations méditerranéennes : aspects de l’essai » par la nouvelle question de littérature comparée à l’agrégation de Lettres modernes 2016. Il permet donc de confronter précisément les poétiques mises en œuvre par les trois écrivains autant que l’imaginaire personnel qui les nourrit. Si la mythologie grecque apparaît d’emblée comme une composante essentielle de l’inspiration méditerranéenne, elle révèle aussi certaines affinités avec l’écriture de l’essai qui peut trouver en elle un instrument privilégié pour « se plonge[r] profondément dans la chose », formule par laquelle Adorno caractérise la démarche de l’essayiste. En l’occurrence, le Minotaure permet d’interroger avec acuité la porosité de la frontière entre humanité et animalité.

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Loxias | 55 (déc. 2016). | I.

Déclinaisons du Suaue mari magno

S’inspirant de l’usage qu’Harold Bloom a fait du clinamen lucrétien comme modèle permettant de penser la déviation que chaque écrivain fait subir au modèle dont il s’inspire, cet article propose un rapide panorama des déclinaisons du Suaue mari magno dans la littérature européenne, de la Renaissance à la période contemporaine, en privilégiant les variations qui mettent l’accent sur les enjeux métapoétiques de l’image. Ce trajet met en lumière le pouvoir heuristique de la métaphore, tel qu’il a été théorisé notamment par Paul Ricœur et Hans Blumenberg.

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Loxias | 59. | I.

Réminiscences lucrétiennes chez André Chénier

Souvent mentionnée, l’importance de Lucrèce pour Chénier n’a guère été étudiée alors qu’elle peut ouvrir sur l’œuvre du poète une perspective féconde et unifiante car elle est perceptible dans tous les registres de son activité littéraire et pas seulement dans sa poésie scientifique. Le dialogue que Chénier engage avec le De rerum natura est peut-être plus profond que celui de nombre de ses contemporains, en raison d’une relation privilégiée avec la littérature antique mais aussi de réelles affinités avec la philosophie épicurienne.

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Loxias | 59. | II.

Alain-René Lesage, Œuvres diverses. Lettres galantes d’Aristénète, Une journée des Parques, La Valise trouvée

“Œuvres complètes t. 12, édition scientifique, Paris, Champion, 2017, collection « Sources Classiques » n° 128. Le dernier volume de la collection des Œuvres complètes de Lesage réunit quatre ouvrages atypiques : Lettres galantes d’Aristénète (1695), Une Journée des Parques (1735), La Valise trouvée (1740) et Mélange amusant de saillies d’esprit et de traits historiques des plus frappants (1743). Ces textes font découvrir un Lesage méconnu, adepte d’une poétique de la brièveté qui s’inspire et se nourrit de la pratique de la forme épistolaire, du conte, de l’anecdote, de l’allégorie, de la nouvelle ou encore du trait d’esprit. On y retrouvera le goût d...”

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Loxias | 63. | Agrégation de Lettres

Les balances de toile d’araignée du moderne Marivaux : du stéréotype critique à la métaphore heuristique

L’image des balances de toile d’araignée de Marivaux fait partie des poncifs tenaces, inlassablement repris depuis le XVIIIe siècle et rarement interrogés. Un retour aux sources précises de l’image ainsi que la prise en compte de la symbolique qui lui est attachée dans le contexte de la querelle des Anciens et des Modernes permet de montrer qu’elle est susceptible d’être renversée, comme l’a été la figure de l’araignée, passant du statut d’anti-modèle à celui de modèle pour la création poétique. Elle pourrait dès lors cristalliser tout ce qui fait la modernité de l’écrivain dont témoigne l’intérêt constant que son théâtre a rencontré chez les metteurs en scène depuis le milieu du XXe siècle.

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Loxias | 65. | II.

Dans la toile d’Arachné.
Contes d’amour, de folie et de mort

“Éditions Jérôme Million, 2019 2-84137-361-1, paru le 6 juin 2019 en librairie, 728 Pages, 34 €. Ce livre s’interroge sur le retour insistant du mythe d’Arachné (brillamment raconté par Ovide dans ses Métamorphoses) et de quelques figures connexes (Arachné et son frère Phalanx, punis d’inceste, Arachnos s’unissant à Tirésias) dans les textes littéraires modernes du xixe au xxe siècle. De la vaste littérature arachnéenne – qui inclut des romans, des pièces de théâtre, des poèmes, des essais et des articles scientifiques écrits avec un rare brio – il retient prioritairement la nouvelle f...”

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Loxias | 67. | I. | Agrégation de Lettres

La question du hasard dans Zadig, Candide et L’Ingénu

Au XVIIIe siècle l’idée de hasard fait l’objet d’un rejet unanime : incompatible avec l’idée de Providence comme avec celle de lois de la nature, elle apparaît comme un scandale aussi bien pour la raison que pour la foi. Voltaire ne fait pas exception à la règle mais le recours à la fiction soumet, dans ses récits philosophiques, l’exclusion théorique du hasard à une relativisation ironique : nié dans le discours, le hasard triomphe dans la narration. La fiction s’y révèle ainsi comme l’antidote le plus efficace au didactisme, confrontant le lecteur à des questions laissées sans réponse.

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Loxias | 69. | I.

« Une femme qui sait lire ce qui a été écrit avant l’écriture » : Illa d’Hélène Cixous

En 1975, Hélène Cixous publie, dans un numéro de revue consacré à Simone de Beauvoir un texte qui aura un retentissement international : « Le rire de la Méduse ». Elle y marque sa différence en défendant la spécificité de l’écriture féminine. Publié cinq ans plus tard, un texte au statut générique incertain, Illa, peut être lu comme une exploration des pistes ouvertes par « Le rire de la Méduse ». Brouillant la frontière entre théorie et fiction, entre récit et poésie, entre invention et commentaire, Illa est présenté par Cixous comme « une pomme de texte » dont l’enjeu est de rappeler que « l’écriture ne va pas de soi, pousse dans la constellation que forment les femmes donnantes ». Cet article s’attache à la dimension expérimentale de cette « histoire cherchante » qui fait un usage heuristique de la fiction, au croisement de la réécriture des mythes antiques, de l’autobiographie et de l’essai.

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Loxias | 75. | I.

La métamorphose entre métaphore et anamorphose dans Les Métamorphoses d’Apulée, Le Colloque des chiens de Cervantès, La Métamorphose de Kafka et Mon oncle le jaguar de João Guimarães Rosa

La remarquable extension culturelle et historique de la métamorphose ne résulte pas seulement de son ancrage dans un phénomène biologique mais aussi de la diversité des ressources formelles et signifiantes qu’elle offre à la création littéraire. Un corpus largement diachronique et multiculturel permet de mettre en lumière cette plasticité de la métamorphose au service d’une interrogation sur la porosité de la frontière entre humanité et animalité. Synonyme de déchéance dans la tradition idéaliste, la métamorphose peut aussi devenir une ligne de fuite pour une pensée de l’immanence, piste explorée notamment par Gilles Deleuze et Félix Guattari. Si l’écriture de la métamorphose se trouve étroitement liée à la métaphore dès l’Antiquité, elle oppose au fil des siècles une résistance croissante au déchiffrement allégorique. Les modalités énonciatives du récit de métamorphose peuvent alors le faire basculer du côté de l’anamorphose qui interroge la part de la subjectivité dans la perception du phénomène et renvoie le lecteur à ses propres incertitudes. Enfin le rôle important dévolu à l’intertextualité dans le corpus étudié rend la métamorphose des corps indissociable de celle des textes. The remarkable cultural and historical extension of metamorphosis results not only from its anchorage in a biological phenomenon but also from the diversity of the formal and signifying resources that it offers to literary creation. A largely diachronic and multicultural corpus allows us to highlight this plasticity of metamorphosis in the service of a questioning of the porosity of the frontier between humanity and animality. Equated with decay in the idealist tradition, metamorphosis can also become a line of flight for a thought of immanence, an avenue explored in particular by Gilles Deleuze and Félix Guattari. If the writing of metamorphosis has been closely linked to metaphor since Antiquity, it has increasingly resisted allegorical deciphering over the centuries. The enunciative modalities of the metamorphosis narrative can then tip it over to the side of anamorphosis, which questions the part of subjectivity in the perception of the phenomenon and sends the reader back to his own uncertainties. Finally, the important role given to intertextuality in the corpus studied makes the metamorphosis of bodies inseparable from that of texts.

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