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Les paratextes : approches critiques

Texte intégral

Quatrième rencontre des Doctorants

organisée par Stéphanie Guérin (CTEL, Université de Nice Sophia-Antipolis) et Jean-Pascal Chaigne (RITM, Université de Nice Sophia-Antipolis), avec le soutien de l’École doctorale de Lettres, Sciences Humaines et sociales et du Centre d’Initiation à l’Enseignement Supérieur1.

Dans son ouvrage Seuils2, Gérard Genette définit et analyse ce qu’il nomme « paratexte ». Le paratexte renvoie à tout ce qui entoure et prolonge le texte sans être le texte proprement dit. Une œuvre se présente en effet rarement sans le renfort et l’accompagnement de productions, telles qu’une préface, des illustrations ou encore des choix typographiques. Genette distingue deux sortes de paratexte regroupant des discours et des pratiques hétéroclites émanant de l’auteur (paratexte auctorial) ou de l’éditeur (paratexte éditorial). Il s’agit du paratexte situé à l’intérieur du livre – le péritexte – (le titre, les sous-titres, les intertitres, le nom de l’éditeur, la date d’édition, la préface, les notes, les illustrations, la table des matières, la postface...) et celui situé à l’extérieur du livre – l’épitexte – (entretiens et interviews donnés par l’auteur avant, après ou pendant la publication de l’œuvre, sa correspondance, ses journaux intimes...). Le péritexte n’est jamais séparé du texte alors que l’épitexte le rejoint souvent a posteriori.

Le paratexte constitue une « zone-frontière » plus ou moins abondante qui aide le lecteur à intégrer un champ de possibles et à se placer dans la perspective d’une réception adéquate. On perçoit ici le rôle majeur du paratexte qui, par une série de signaux (son emplacement, sa date de parution, voire de disparition, son instance de communication), met en place une stratégie destinée à organiser la réception du texte. Auxiliaire dévoué à l’œuvre, il renferme un message dévoilant son caractère essentiellement fonctionnel allant de la simple information à l’interprétation en passant par l’intention (parfois ironique).

Face à l’utilité et à l’efficacité de cette théorie, d’autres disciplines (musique, philosophie, histoire, danse...) ont emprunté la terminologie de Genette et l’ont appliquée à leur domaine d’étude respectif. La conclusion de Genette à Seuils justifiait d’ailleurs l’ouverture à d’autres champs d’analyse : « Car, si l’on veut bien admettre cette extension du terme à des domaines où l’œuvre ne consiste pas en un texte, il est évident que d’autres arts, sinon tous, ont un équivalent de notre paratexte : ainsi du titre en musique et dans les arts plastiques, de la signature en peinture, du générique ou de la bande-annonce au cinéma [...] : ce serait l’objet d’autant d’enquêtes parallèles à celle-ci ». C’est l’ambition des études pluridisciplinaires réunies dans le présent volume, à l’occasion d’un colloque de doctorants réunis à Nice les 1er et 2 juin 2006, d’offrir des éléments de comparaison et de confrontation fructueux, à l’origine de ponts inattendus entre les disciplines.

Stéphanie Guérin

Notes de bas de page numériques

1 La mise en ligne a été assurée par Florence Blochet, Matthieu Felder, Emilie Floutier, Kamal Saddam, Stéphanie Guérin, avec l’aide de Cécile De Bary, Odile Gannier, Marie-Luce Rauzy.
2 Gérard Genette, Seuils, Paris, éditions du Seuil, 1987.

Pour citer cet article

« Les paratextes : approches critiques », paru dans Loxias, Loxias 20, mis en ligne le 26 mars 2008, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/index.html?id=2110.