ancien français dans Loxias


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Loxias | Loxias 19 | Programme d'agrégation

Un aspect de l’actualisation du récit dans la branche I du Roman de Renart : l’adverbe or entre temporalité et argumentation

Marque de la coïncidence du procès avec le temps de l'énonciation, l'adverbe or tient une place de choix parmi les procédés d'actualisation du discours, massivement convoqués dans la branche I, au nom de la destination orale de l'œuvre (ou de la mimésis de cette oralité). Au gré des configurations contextuelles, le signifié de base temporel s'infléchit vers une diversité d'effets de sens et de fonctions énonciatives (valeur imminentielle, marquage de palier énonciatif, renforcement assertif, marquage de l'orientation argumentative...). Le sème de contemporanéité n'est pas pour autant écarté du signifié de l'adverbe : plus ou moins saillant selon les occurrences, il confère au récit une dimension d'énonciation « in praesentia », proprement constitutive du style animé de la branche I. S'il est bien vrai qu'une valeur de « rupture » sous-tend la plupart des réalisations du morphème (le or médiéval a été, en effet, identifié à un « opérateur de rupture » dans des travaux d'inspiration culiolienne), prêtant à cet adverbe un puissant potentiel structurant,  elle résulte elle aussi de diverses modulations discursives du signifié temporel. Ce n'est qu'à date moderne que l'effet contextuel de "rupture" sera définitivement reversé au sémème du morphème, au détriment de la valeur temporelle. Plusieurs occurrences du texte témoignent néanmoins que, dès la langue médiévale, ce processus de grammaticalisation est amorcé.

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Loxias | Loxias 39. | Autour des programmes d'agrégation 2013

De quelques préverbes dans le Roman de la Rose : re, par, entre et tres

La langue de Guillaume de Lorris illustre bien la tendance de l’ancien français à l’expression synthétique de l’aspectualité, en confiant cette fonction à une large variété de préverbes. Dans le présent article, nous traitons du sémantisme et du fonctionnement contextuel de quatre morphèmes préfixaux – re, par, entre et tres –, tels qu’ils se laissent analyser à partir du texte au programme. Les quatre morphèmes assument différentes fonctions morpho-syntaxiques, allant du statut lié de préfixe jusqu’à celui, indépendant, d’adverbe ou de particule. Le sémantisme de réitération caractérisant le préverbe re lui confère un pouvoir cohésif. Le sens de traversée sous-jacent à par amène ce morphème jusqu’à la fonction d’intensificateur. Le sémantisme spatial de entre aboutit, par subduction, à différentes significations abstraites telles que la réciprocité ou bien la temporarité, tandis que tres, dont l’évolution recoupe en partie celle de par, voit son sémantisme spatial basculer vers celui de complétude et d’intensification adverbiale. Toutes les acceptions et fonctions identifiées trouvent leur explication dans le signifié de puissance des différents morphèmes, unité abstraite que nous concevons conformément à la psychomécanique guillaumienne, tout en la matérialisant à l’aide de figures schématiques. L’évolution ultérieure se caractérise par une spécialisation progressive des quatre signes, conformément aux changements typologiques qui sous-tendent l’évolution du français.

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