adverbe « or » dans Loxias


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Un aspect de l’actualisation du récit dans la branche I du Roman de Renart : l’adverbe or entre temporalité et argumentation

Marque de la coïncidence du procès avec le temps de l'énonciation, l'adverbe or tient une place de choix parmi les procédés d'actualisation du discours, massivement convoqués dans la branche I, au nom de la destination orale de l'œuvre (ou de la mimésis de cette oralité). Au gré des configurations contextuelles, le signifié de base temporel s'infléchit vers une diversité d'effets de sens et de fonctions énonciatives (valeur imminentielle, marquage de palier énonciatif, renforcement assertif, marquage de l'orientation argumentative...). Le sème de contemporanéité n'est pas pour autant écarté du signifié de l'adverbe : plus ou moins saillant selon les occurrences, il confère au récit une dimension d'énonciation « in praesentia », proprement constitutive du style animé de la branche I. S'il est bien vrai qu'une valeur de « rupture » sous-tend la plupart des réalisations du morphème (le or médiéval a été, en effet, identifié à un « opérateur de rupture » dans des travaux d'inspiration culiolienne), prêtant à cet adverbe un puissant potentiel structurant,  elle résulte elle aussi de diverses modulations discursives du signifié temporel. Ce n'est qu'à date moderne que l'effet contextuel de "rupture" sera définitivement reversé au sémème du morphème, au détriment de la valeur temporelle. Plusieurs occurrences du texte témoignent néanmoins que, dès la langue médiévale, ce processus de grammaticalisation est amorcé.

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