Alice De Georges-Métral


Agrégée, docteur, Maître de Conférences en Littérature française à l’IUFM de Nice

Articles de l'auteur


Loxias | Loxias 5 (juin 2004)

Lignes croisées et lecture brouillée dans A un dîner d’athées et L’Ensorcelée de Jules Barbey d’Aurevilly

Une nouvelle et un roman de Jules Barbey d'Aurevilly, A un dîner d'athées et L'Ensorcelée seront l'objet d'une analyse des trames narratives qui les constituent ainsi que des codes de lecture qu'elles mettent en place. Deux trames sont en concurrence dans la nouvelle de Barbey. La première est suivie en continu depuis l'incipit jusqu'à l'explicit. Elle croise en chemin une deuxième trame qui va constituer l'intérêt principal de la diégèse. Mais cette dernière est abandonnée avant son aboutissement et n'aura pas de conclusion. L'intérêt s'est donc déplacé de la première à la seconde trame ce qui marginalise celle qui offre pourtant à la nouvelle sa structure complète et close. Un phénomène identique est à l'oeuvre dans le roman L'Ensorcelée. L'ampleur du roman permet d'adjoindre à ce décentrement structural le brouillage des codes de lecture. A chacune des trames narratives est associé un code de lecture, et le croisement des lignes invalide la lecture herméneutique. La particularité de ces deux œuvres consiste donc à baliser les trajectoires que doit suivre le lecteur pour ensuite le perdre dans un parcours labyrinthique. A short story and a novel by Jules Barbey d’Aurevilly, A un dîner d’athées and L’Ensorcelée will be the subject of an analysis of the narrative framework which constitute them, as well as the reading codes they set up. Two frameworks are in competition in Barbey’s short story. The first one is followed continuously from the introduction to the conclusion. It crosses the pattern of a second framework which will constitute the main interest of the story. But the latter is abandoned before its outcome and will have no conclusion. Thus the interest has moved from the first to the second framework, which marginalizes the one that yet gives the short story its complete and full structure. An identical phenomenon is at work in the novel L’Ensorcelée. The scope of the novel allows to add to this structural decentring the jamming of the reading codes. Each of the narrative framework is associated with a reading code, and the crossing of the lines invalidates the interpretation. The particularity of these two works thus consists in marking out with beacons the trajectories that the reader has to follow, to finally mislay him on a labyrinthine route.  

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Loxias | Loxias 7 (déc. 2004) | Travaux et publications

Soutenance de thèse: "Les illusions de l’écriture ou la crise de la représentation dans l’œuvre romanesque de Jules Barbey d’Aurevilly"

La lecture de Jules Barbey d’Aurevilly laisse une impression constante, celle d’une écriture qui, sous des formes variables, refuse de donner la clef verrouillant le sens. A ses yeux, le XIXe siècle est un temps d’égarements idéologiques où fleurissent la religion du progrès, la science positive et les idéaux de la République. Issu de la Révolution qui a affaibli le pouvoir religieux et remis en cause la notion de sacré, le monde contemporain lui apparaît comme une longue période honnie où s’effondre le socle onto-théologique et avec lui tout ce qui pouvait fonder sa signification. Le siècle oscille entre fourvoiement et vacuité. Ces deux interprétations de l’Histoire offrent à l’écriture romanesque deux configurations majeures. La première est le renversement des attentes du lecteur, créées par le texte mais toujours déçues ; la deuxième est la mise en relief d’une absence. L’une et l’autre se retrouvent au niveau de l’inscription des valeurs morales dans les récits : soit que le système axiologique du narrateur se trouve escamoté, soit que la narration mine toute idéologie. Ce sont ensuite les identités génériques et les structures narratologiques que chaque diégèse s’emploie à déconstruire, pour se jouer des expectatives du lecteur ou créer une impression de vide. Les descriptions à leur tour abusent les sens en donnant à voir un tableau qui s’inverse ou s’efface à chaque nouvelle touche de pinceau. Enfin, présents au coeur de la syntaxe et des figures de style, les jeux de déconstruction et d’escamotage remontent à la source même de la production romanesque pour que, de manière irrévocable, l’écriture se fasse illusion

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Loxias | Loxias 16 | Travaux et publications

Les Illusions de l’écriture ou la crise de la représentation dans l’œuvre romanesque de Jules Barbey D’Aurevilly

Aux yeux de Jules Barbey d’Aurevilly, le XIXe siècle, issu de la Révolution qui a affaibli la notion de sacré, est une période où s’effondre le socle onto-théologique de la signification. Le siècle oscille entre fourvoiement et vacuité. Ces deux interprétations de l’Histoire offrent à l’écriture romanesque deux configurations : le renversement des attentes du lecteur et la mise en relief d’une absence. Elles se retrouvent au niveau de l’inscription des valeurs morales dans les récits qui escamotent le système axiologique ou minent toute idéologie. Ce sont ensuite les identités génériques et les structures narratologiques que chaque diégèse s’emploie à déconstruire. Les descriptions à leur tour abusent les sens en donnant à voir un tableau qui s’inverse ou s’efface à chaque nouvelle touche de pinceau. Enfin, présents au cœur de la syntaxe et des figures de style, les jeux de déconstruction et d’escamotage remontent à la source même de la production romanesque pour que, de manière irrévocable, l’écriture se fasse illusion.

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