roman maritime dans Loxias


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Loxias | Loxias 17 | I.

Stéréotypes et roman maritime : gros temps sur la Sea Trilogy. To the Ends of the Earth (Trilogie maritime) de William Golding

Le roman maritime peut être considéré comme un sous-genre dans la littérature de voyage ou le roman d’aventures, qui obéissent sinon à des normes, au moins à des pratiques récurrentes et à des habitudes d’écriture. Si l’on regarde de plus près, le paradigme des scènes et des motifs vraisemblables et crédibles à bord est relativement limité. Rares sont les romans qui tentent la parodie, car dénudant les procédés, les « recettes », le romancier risque de ruiner ce que D. Couégnas a appelé une « esthétique de la transparence ». William Golding, cependant, tente la réécriture d’un récit maritime avec la Sea Trilogy (Rites of Passage, Rites de Passage, 1980, Close Quarters, Coup de semonce, 1987, Fire Down Below, la Cuirasse de feu, 1989). D’une part, il reprend les motifs narratifs les plus attendus du roman maritime, mais il introduit un brouillage de ces éléments narratifs par le pastiche des romans anglais du XVIIIe et l’écriture du journal de bord ; enfin la parodie achève de miner de l’intérieur la convention romanesque par un recours fréquent à l’intrusion d’auteur et par la dénudation des artifices et des stéréotypes. De sorte que le roman maritime classique se trouve démembré par la mise en abyme de sa propre écriture.

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Loxias | Loxias 34 | Travaux et publications

Le roman maritime

“Presses de l’Université Paris-Sorbonne, coll. Imago Mundi, 2011 612 p. ISBN : 978-2-84050-652-2 « Il y a dans la vie du marin quelque chose d’aventureux qui nous plaît et qui nous attache. Ce passage continuel du calme à l’orage, ce changement rapide des terres et des cieux, tiennent éveillée l’imagination du navigateur. Il est lui-même, dans ses destinées, l’image de l’homme ici-bas : toujours se promettant de rester au port, et toujours déployant ses voiles ; cherchant des îles enchantées où il n’arrive presque jamais, et dans lesquelles il s’ennuie s’il y touche ; ne parlant que de repos, et n’aimant que les tempêtes ; pér...”

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Loxias | Loxias 35 | I.

Mars, Marquises et Mardi gras : Mardi de Melville, et les savoirs du voyage « qui y mena »

Mardi est un texte hybride qui a toujours déconcerté ses lecteurs. D’abord conçu comme une suite de Taïpi et Omoo dans le Pacifique, le roman dérive peu à peu vers le voyage imaginaire ; un invraisemblable déploiement de références livresques détourne le regard des seules vérités importantes : un savoir diffus mais réel sur la Polynésie, une structure narrative en forme de clin d’œil vers les voyages de la littérature, dont celui de Rabelais. Mais la métaphore la plus vaste est l’illustration d’un savoir astronomique : les aventures étranges et sans espoir de Taji et Yillah dans le lagon de Mardi sont probablement aussi celles de comètes dans le vaste univers mardien –ou martien.

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Loxias | 68. | I.

Les Aventures d’Arthur Gordon Pym : navigation aux pôles, de Symmes à Jules Verne

Le roman d’Edgar Poe, The narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket, ainsi que certaines de ses nouvelles, comme « Une descente dans le Maelstrom », ou « Manuscrit trouvé dans une bouteille », ont marqué l’histoire des romans d’exploration maritime. Dans sa première partie à la fois réaliste et conventionnel, le récit des Aventures d’A. G. Pym adopte le schéma narratif du journal de bord, ouvrant la voie à de nombreux autres romans par la suite. Les romans d’exploration ont aussi été inspirés par ce modèle, particulièrement ceux de Jules Verne : Le Sphinx des glaces (1897) se donne même ostensiblement comme une suite aux aventures d’Arthur Gordon Pym, reprenant l’histoire au point où E. Poe l’a laissée – en suspens, dans une fin incertaine –, et c’est ainsi tout le problème de la continuation, du supplément, qui se trouve explicitement posé. Cependant, Le Sphinx des glaces n’est pas le roman qui a connu le plus de succès dans le genre prolifique du roman maritime, spécialement les romans des pôles. Dans Le Chancellor, Journal du passager J.-R. Kazallon, en 1875, Jules Verne avait repris aussi l’idée d’une succession d’événements nautiques qui épuisent à peu près tous les possibles narratifs. Mais les successeurs de Poe ont rarement mêlé fantastique et réalisme avec autant de talent que lui. Edgar A. Poe’s novel, The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket, as well as some of his short stories (A Descent into the Maelström, or Ms. found in a bottle) are memorable in the history of maritime exploration novels. Being in the first part both realistic and conventional, the outline of The Narrative of A. G. Pym follows a logbook pattern, paving the way to a lot of other novels thereafter. Exploration novels too were inspired by this model, particularly those by Jules Verne, who explicitly said he was writing a continuation to Poe’s novel in Le sphinx des glaces (1897), as the end of Pym seemed uncertain: that is the problem of writing a sequel to a novel. However, Le Sphinx des glaces did not turn out to be the most successful novel in the prolific outpouring of sea writing, especially at the poles. In The Chancellor, JR Kazallon’s logbook, (1875), Verne had already recalled a series of sea events, covering more or less all the possible narrative patterns. Thus novelists have found a new way of writing sea voyage narratives after Pym’s adventures, on a scientific basis. But they scarcely mixed fantasy and realism with the same talent.

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