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Odile Gannier et Cécile Picquoin  : 

Journal de bord d’Étienne Marchand. Le voyage du Solide autour du monde (1790-1792)

Résumé

Publication du journal de bord, jusqu’ici inédit, du capitaine Étienne Marchand. Fort peu connue, à côté des navigations de Bougainville, Lapérouse, c’est pourtant l’une des circumnavigations françaises réussies de la fin du XVIIIe siècle. Marchand était expédié par des armateurs privés et il poursuivait un but lucratif : le trafic des fourrures entre la côte Nord-Ouest de l’Amérique et la Chine. En fait, le voyage, quoique très décevant sur le plan commercial, a été remarquablement rapide et sûr, puisque le Solide, parti en décembre 1790 de Marseille avec un équipage de cinquante hommes, était de retour à Toulon en août 1792. Connu par les travaux du savant Claret de Fleurieu, le journal du capitaine n’avait pourtant jamais été édité : rédigé par un officier de la marine marchande, le journal de bord publié ici, avec la carte établie par Beautemps-Beaupré, les tables journalières de navigation, donne un point de vue un peu différent du discours officiel, mais en même temps très représentatif de son époque.

Texte intégral

Édition complète du voyage à partir du journal de bord

Éditions du CTHS,

septembre 2005

2 volumes, 600 + 220 pages, illustrations

Le voyage du Solide est mentionné par les histoires des expéditions françaises dans le Pacifique, mais reste fort peu connu, à côté des navigations de Bougainville, Lapérouse, et des autres grands noms des découvertes françaises commanditées par le gouvernement.

C’est pourtant l’une des circumnavigations réussies de la fin du XVIIIe siècle. Mais Marchand était expédié par des armateurs privés et il poursuivait un but lucratif : le trafic des fourrures entre la côte Nord-Ouest de l’Amérique et la Chine. En fait, le voyage, quoique très décevant sur le plan commercial, a été remarquablement rapide et sûr, puisque le Solide, parti en décembre 1790 de Marseille avec un équipage de cinquante hommes, était de retour à Toulon en août 1792, soit juste vingt mois plus tard, avec un seul mort à déplorer, et les effets du scorbut jugulés. La navigation avait été précise, malgré de longues traversées (sans escale, par exemple, des îles du Cap Vert aux Marquises) et l’absence de montre marine ; il avait en outre dessiné les contours d’un nouvel archipel sur les cartes du Pacifique : Marchand a ainsi reconnu le groupe nord des Marquises et y ayant débarqué en juin 1791, les a baptisées, au nom de la France, Îles de la Révolution. Il avait parcouru 44 500 milles sans avaries, à raison en moyenne d’environ 90 milles par jour, pendant les 488 jours de navigation.

Mais à son retour (quelques jours après la chute du Trône), le Journal de bord de Marchand est resté ignoré, tandis que Claret de Fleurieu faisait connaître en 1798 le voyage du Solide à partir du Journal du Second, Chanal, et des notes du chirurgien, Roblet. Fleurieu, qui avait préparé l’expédition de Lapérouse, réécrivit le voyage du Solide, en ajoutant ses propres commentaires. C’est en général la seule source utilisée pour cette expédition. À bord se trouvait aussi Infernet, promis à une belle carrière de capitaine de vaisseau.

Le journal du capitaine n’a jamais été édité : rédigé par un officier de la marine marchande, qui avait servi dans l’escadre du comte d’Estaing en Amérique, le journal publié ici, avec la carte établie par Beautemps-Beaupré, avec les tables journalières de navigation, donne un point de vue un peu différent du discours officiel, mais en même temps très représentatif de son époque (préoccupations scientifiques et commerciales, arrière-plan idéologique, sciences et techniques, observations naturalistes et ethnographiques, échos des textes contemporains…). La présente édition propose une introduction détaillée sur les navigations dans le Pacifique, des index, des cartes et illustrations.

CTHS (Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de  la recherche), 1, rue Descartes, 75005 Paris

ISBN 2-7355-0595-2

Pour citer cet article

Odile Gannier et Cécile Picquoin , « Journal de bord d’Étienne Marchand. Le voyage du Solide autour du monde (1790-1792) », paru dans Loxias, Loxias 10, mis en ligne le 11 juin 2007, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/index.html?id=1701.

Auteurs

Odile Gannier

CTEL, Université de Nice-Sophia Antipolis. Professeur de littérature comparée, elle travaille sur la littérature de voyage et les rapports entre ethnographie et littérature (outre des articles, La Littérature de voyage, Ellipses, 2001 ; Les derniers Indiens des Caraïbes, Ibis Rouge, 2003 ; avec C. Picquoin : Le Voyage du capitaine Marchand (1791): les Marquises et les Îles de la Révolution, Au Vent des îles, 2003 et Journal de bord d’Etienne Marchand. Le voyage du Solide autour du monde (1790-1792), CTHS, 2005 ; Le Roman maritime, à paraître).

Cécile Picquoin

Certifiée de lettres Modernes, diplômée du DEA Imago Mundi, à l’Université de la Polynésie Française