allégorie dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 15 | I. | 1.

« De la naissance de Monseigneur le Dauphin » : du bon usage de l’encomiastique

L’Adolescence clémentine de Clément Marot illustre plusieurs genres poétiques et rassemble, comme l’indique son titre, les pièces composées pendant la jeunesse du poète, c’est-à-dire jusqu’à 30 ans. « De la naissance de Monseigneur le Dauphin » relève de la forme poétique de la ballade et du genre démonstratif. Le poème, qui célèbre un événement historique et glorifie la figure royale, développe une allégorie qui a une portée politique et contient une dimension religieuse proche de l’évangélisme.

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Loxias | Loxias 16

Les anamorphoses d'une bestiole dans Histoire de la chauve-souris de Pierrette Fleutiaux

« Comment c’est d’être une chauve-souris ? » lisait-on dans Pensées secrètes de David Lodge. En fermant le roman de Pierrette Fleutiaux, Histoire de la Chauve-souris, le lecteur se demande : « C’est quoi une chauve-souris ? ». C’est à cette question que je tenterai de répondre dans ce que j’appellerai « les anamorphoses d’une bestiole », car on s’en doute, la réponse n’est pas simple. La bête, pas tout à fait oiseau, pas tout à fait mammifère, cette forme de l’entre-deux, vit accrochée à la nuque de la narratrice qui, à son tour, n’est plus tout à fait femme, sans être pour autant bête. L’hybridation doublée d’un parasitisme appelle plusieurs lectures, selon qu’on voit dans la chauve-souris un être réel, imaginaire ou symbolique. Le lecteur doit alors démêler l’écheveau des sens… au risque de ne rien trouver ainsi que le laisse entendre la narratrice : « il se peut qu’après avoir démêlé tant de fils j’arrive au dernier fil et n’y trouve rien. » L’hybridité en favorisant la coexistence d’éléments disparates s’élève alors à la dignité d’une complexité créatrice de sens.

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Loxias | Loxias 43. | I. Questions de Littérature comparée à l'agrégation de Lettres modernes

La mémoire en miettes. Commentaire composé du groupement de textes « Le Petit Bossu » et « La lune » (Une Enfance berlinoise, de Walter Benjamin)

Grand lecteur et traducteur de Proust, Benjamin s’attelle comme lui, dans son Enfance berlinoise vers mil neuf cent,à mettre au jour les mécanismes de la mémoire à partir d’un matériau autobiographique. Par ailleurs, son ouvrageapparaît irrigué par les thèmes fondamentaux de sa pensée et, loin de constituer un exercice à part dans son œuvre, s’inscrit de ce fait de plain-pied dans celle-ci. Les deux textes finaux d’Enfance berlinoise, en particulier, illustrent l’effort original de Benjamin de compréhension de la construction du processus historique, qu’il conçoit en opposition à la notion courante d’un temps linéaire régi par une contestable idée de « progrès », et nous invitent à lire son ouvrage comme la mise en œuvre d’une écriture historique d’un type nouveau.

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Loxias | 73. | I. | 1.

La parabole de Lazare et du mauvais riche entre recherches herméneutiques et appropriations du texte biblique (XIIe-XIIIe siècles)

Cet article étudie l’exégèse de la parabole de Lazare et du mauvais riche aux XIIe et XIIIe siècles. L’objectif est de montrer comment ces commentateurs, en usant d’un principe d’addition des niveaux de sens, réussissent à concilier une recherche herméneutique approfondie sur la nature du texte biblique (1ère partie), avec une interprétation littérale de la parabole soucieuse de préserver l’ordre social médiéval (2e partie), et avec des interprétations allégoriques nouvelles qui favorisent l’émergence de nouvelles formes d’appropriation du texte biblique (3e partie). This paper deals with the exegesis of the parable of Lazarus and the evil rich man in the 12th and 13th centuries. It aims at showing how the commentators, by accumulating sense levels, manage to combine a thorough hermeneutic research on the nature of the biblical text (first part of the paper) with a literal reading of the parable ensuring this reading will not endanger the medieval social order (second part of the paper), and with new allegorical interpretations fostering new forms of appropriation of the biblical text (third part of the paper).

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Loxias | 76. | I.

Témoignage et allégorie : écritures en miroir

Dans 1984 (1949), George Orwell narre le destin abject de Winston Smith comme Franz Kafka avait narré celui de Josef K. dans Le Procès (1925) ou Evgueni Zamiatine, celui de D-503 dans Nous (1920) : du point de vue de son personnage de proscrit. Aux yeux des prosateurs et prosatrices du xxe siècle, la focalisation interne a pu ainsi apparaître comme un dispositif narratif éthique pour représenter dans une fiction les nouvelles formes de violence sociale et politique que subissent les individu·es. De fait, elle ne permet pas seulement de mieux faire saisir le caractère intolérable des violences (telles qu’elles sont vécues), mais également de mettre à l’épreuve le potentiel protestataire des individu·es. L’invention d’Orwell vise à nous entraîner avec son personnage « dans le monde labyrinthique de la doublepensée » qui, sous un régime totalitaire qui a atteint la perfection, condamne les individu·es à l’autodestruction. La résistance de Winston Smith se concentre alors dans le refus d’un tel acte par lequel un esprit individuel se prive de sa capacité à connaître et à juger. Spécialement, le protagoniste de 1984 rappelle celui de Homage to Catalonia (1938), à savoir Orwell lui-même qui, comme lui, sentait « le sol s’ouvrir sous ses pieds à l’idée que le mensonge se transforme en vérité ». Au cœur de l’enquête de cet article, se trouve un questionnement sur les fils qui se tissent du témoignage de la révolution espagnole à l’allégorie de 1984. Testimony and Allegory: Mirroring Writing Practices In Nineteen Eighty-Four (1949), George Orwell narrates the despicable fate of Winston Smith in the same way that Franz Kafka narrates the fate of Josef K. in The Trial (1925) and Yevgeny Zamyatin, that of D-503 in We (1920): from the point of view of his outcast character. In the eyes of 20th-century prose writers, internal focus could thus appear as an ethical narrative device for representing in fiction the new forms of social and political violence to which individuals are subjected. In fact, it not only makes it possible to better grasp the intolerable nature of violence (as it is experienced), but also to test the protest potential of individuals. Orwell’s invention aims to take us with his character “into the labyrinthine world of doublethink” which, under a totalitarian regime that has reached perfection, condemns individuals to self-destruction. Winston Smith’s resistance is then concentrated in the refusal of such an act by which an individual mind deprives itself of its capacity to know and judge. Especially the protagonist of Nineteen Eighty-Four is reminiscent of the protagonist of Homage to Catalonia (1938), namely Orwell himself, who, like Winston, felt “the abyss opening beneath [his] feet at the thought of lies becoming truths”. At the heart of this paper’s investigation is a questioning of the threads that weave from the testimony of the Spanish revolution to the allegory of Nineteen Eighty-Four.

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