Loxias | Loxias 13 Le récit au théâtre (2): scènes modernes et contemporaines | I. Le récit au théâtre: scènes modernes et contemporaines 

Emmanuel Njike  : 

Les Mains sales de Jean-Paul Sartre ou le récit de la vie d’un militant atypique

Résumé

La libération prématurée de Hugo, le meurtrier de l’ancien Secrétaire Général de leur parti, ne satisfait pas certains de ses camarades qui veulent maintenant le liquider sans autre forme de procès. Et pourtant il a fait mieux qu’exécuter les ordres du parti qui avait prémédité et programmé cette mort que Hugo a transformée en crime passionnel. Au lieu de le féliciter pour mission bien accomplie, est-il normal de lui en vouloir au point d’attenter à sa vie ? Olga ne le pense pas ; c’est pourquoi elle demande un sursis à exécution, le temps d’obtenir de Hugo sa version des faits et elle exige de lui un récit minutieux de tout ce qui s’est passé avec Hoederer. Malheureusement rien ne garantit l’objectivité d’un tel récit, un coupable n’étant pas obligé d’évoquer ce qui peut lui être préjudiciable. En outre, sa longueur est un problème car le manque d’action risque de lasser les spectateurs. Pour contourner ces inconvénients, l’auteur recourt à la technique du flash-back qui est une forme particulière de récit dont nous analyserons les caractéristiques.

Index

Mots-clés : flash-back , passé, récit

Chronologique : XXe siècle

Texte intégral

Un jeune homme sort de prison et se rend chez une jeune femme manifestement embarrassée par son arrivée. Hugo et Olga se connaissent pourtant bien puisqu’ils ont collaboré au sein de la direction d’un parti politique au temps où celui-ci évoluait dans la clandestinité. S’engage entre eux un dialogue malaisé, entravé par la méfiance d’Olga qui trouve sa présence suspecte. N’empêche que le très loquace invité-surprise aborde les espoirs déçus et certains événements gênants de sa vie de prisonnier, même si, pour la rassurer, il lui apprend que la justice institutionnelle a révisé son procès et l’a libéré pour sa bonne conduite avant le terme de  sa condamnation. Mais l’intrusion des militants qui le suivent depuis sa sortie de prison pour l’abattre vient brouiller les cartes. De toute évidence, cette libération prématurée n’arrange pas ses camarades un peu trop zélés peut-être, qui considèrent que justice n’a pas été bien rendue au Secrétaire Général de leur parti tué par Hugo. Olga n’est cependant pas de leur avis et pour mettre tout le monde d’accord, elle propose de rouvrir ce dossier pour savoir ce qui s’est effectivement passé. Les juristes parleraient alors de reconstituer les faits pour un procès plus équitable. Ne pouvant organiser une descente sur le terrain en bonne et due forme, elle se contente du récit que lui fera le prévenu. Pour ne pas occulter la vérité, celui-ci devra être aussi minutieux que possible et des indices textuels prouvent qu’il faudra trois heures pour faire toute la lumière sur ce meurtre encore mal éclairci pour certains. Et si Olga est déterminée à aller jusqu’au bout de son enquête, la longueur de ce récit ne risque-t-elle pas de lasser les spectateurs désintéressés par le manque d’action dans la pièce ? Pour éviter cet écueil, l’auteur doit faire preuve d’ingéniosité pour adapter au théâtre ce type de discours peu dramatique. La suite de cet exposé va tenter d’analyser les caractéristiques techniques de ce récit afin de dégager son originalité.

Après avoir réussi à détourner provisoirement l’expédition punitive de ses camarades contre Hugo, Olga et ce dernier devisent tranquillement à la dernière scène du premier tableau des Mains sales. La jeune femme oriente délibérément la conversation vers le récit en demandant à son interlocuteur de lui raconter en détail ce qui s’est passé avec Hoederer : « Raconte. […] Tout. Depuis le début. » Goguenard, ce dernier lui répond ironiquement :

Raconte, ça ne sera pas difficile : c’est une histoire que je connais par cœur ; je me la répétais tous les jours en prison. (I, 4)

Cette suffisance ne l’empêche pas de s’embrouiller car au lieu du récit attendu, il se lance immédiatement dans une tentative fumeuse d’interprétation de ce qu’il a fait, d’où ce rappel à l’ordre : « Commence par le commencement. » Or Hugo est-il seulement capable de situer le début d’une histoire qu’il prétend connaître par cœur ? Pour un même événement, il propose trois dates différentes :

Le commencement, tu le connais aussi bien que moi. D’ailleurs, est-ce qu’il y en a un ? On peut commencer l’histoire en mars 43, quand Louis m’a convoqué. Ou bien un an plus tôt quand je suis entré au parti. Ou peut-être plus tôt encore, à ma naissance. (I, 4)

Cela présage des difficultés qu’il aura à rendre fidèlement compte de la réalité, même si d’emblée, il sollicite la complicité de son auditrice. Finalement, aucun critère objectif ne militant en faveur de l’une ou l’autre date, le choix de l’année 1943, arbitraire, peut apparaître comme une première intervention de l’auteur pour tirer son personnage d’embarras : « Enfin, bon. Supposons que tout a commencé en mars 1943. »

A la fin de ce premier tableau, le décor est planté et tous les éléments nécessaires à la réception du récit sont en place : Hugo parle de son séjour en prison ; il reconnaît avoir tiré sur Hoederer, pourquoi ? Pourquoi ses camarades veulent-ils l’abattre alors que la justice en a décidé autrement ? Pourquoi Olga prend-elle sa défense ? Tout l’intérêt de la suite de la pièce réside dans ces interrogations et les spectateurs sont spécialement préparés à ce récit. En outre, ces questions participent de la même logique que celle qui a amené Jacques Schérer à résumer ainsi les règles du récit à l’époque classique :

Il ne faut raconter des événements que lorsqu’il est impossible de représenter ces mêmes événements sur la scène, lorsque leur récit ajoute de l’intérêt à la pièce et lorsque celui qui fait et celui qui écoute le récit sont dans une situation telle qu’ils doivent nécessairement le faire ou l’écouter. Le récit ne doit pas répéter des faits déjà connus du spectateur ; il se trouve de préférence au début ou à la fin de la pièce1.

Sans être contraint de s’astreindre à toutes ces règles, le récit de Hugo, à cause des confusions perceptibles dès ses premiers éléments, ne brillera ni par la clarté, ni par l’objectivité, qualités sans lesquelles ses auditeurs auront du mal à se faire une idée impartiale des faits qui lui sont reprochés. Par ailleurs la longueur de ce récit va à l’encontre de la modération prêchée à l’époque classique et la place qu’il occupe dans l’œuvre fait problème parce que par nature, le théâtre doit mimer l’action et non se contenter d’y faire allusion par des discours. A ce propos Patrice Pavis précise dans son Dictionnaire du Théâtre :

Le récit ne peut, sans risque de détruire totalement le caractère théâtral de l’œuvre, prendre une importance trop grande dans le corps de la pièce. Il se limite le plus souvent aux monologues de l’exposition et aux discours funèbres ou matrimoniaux de l’épilogue2.

 Ces observations rejoignent pour l’essentiel celles des classiques et il ne faut pas être particulièrement perspicace pour constater que Les mains sales ne respecte pas du tout ces principes puisque son récit s’étend du deuxième au sixième tableau, ne laissant qu’une place congrue au reste de la pièce qui en compte sept. Le premier se contente de lui servir de justification et de préambule tandis que dans le septième, le récit étant bel et bien terminé, il ne reste plus qu’à trouver une signification satisfaisante pour tous au meurtre du Secrétaire Général du Parti Prolétarien. C’est donc le véritable épilogue de ce qui s’est passé quelques années plus tôt. A cause de son entêtement, Hugo y apprend à ses dépens que nul n’est le dépositaire exclusif du sens de ses actes. Quant au récit lui-même, que faire pour compenser les défaillances de la mémoire de son narrateur ?

Le dramaturge va recourir à une technique assez récente au théâtre, le flash-back. Procédé beaucoup plus exploité au cinéma qu’au théâtre, il n’a pourtant pas été inventé par l’art cinématographique ; la rhétorique lui donne le nom d’analepse dans l’analyse du roman où on le retrouve bien avant la naissance du cinéma. La présence du flash-back au théâtre est signalée par des éléments spécifiques et dans la mise en scène de la pièce de Sartre, l’éclairagiste et le maquilleur auront un rôle prépondérant car ce sont eux qui rendront ce procédé sensible aux spectateurs par le jeu des lumières et le rajeunissement de Hugo comme l’indiquent les didascalies à la fin du premier tableau et au début du second. Si entre les deux tableaux le décor ne change  fondamentalement pas, la dichotomie maintenant /autrefois joue pleinement étant donné que le flash-back renvoie les spectateurs « deux ans plus tôt », c’est-à-dire aux débuts de Hugo dans le Parti. Il est intéressant de noter qu’il y a une discordance entre le commencement du drame supposé par Hugo et le début du flash-back. Cette discordance n’est pas gratuite : elle est voulue par l’auteur pour donner au flash-back une autonomie interne par rapport au récit qu’aurait fait Hugo. Ce flash-back est lui-même une enclave qui reproduit les structures externes d’une pièce de théâtre en cinq actes :

- Le deuxième tableau qui montre Hugo en transit chez Olga est assimilable à un acte d’exposition : Hugo y apparaît comme un journaliste insatisfait de sa tâche qu’il considère comme un pis-aller quand il la compare à ce que font les autres militants. Au lieu de bien jouer le rôle qui lui est attribué, il envie celui des autres et cherche à s’en accaparer. C’est pourquoi, au mépris de ses faiblesses et de ses aptitudes et malgré les réticences de Louis, il veut faire le brave en s’obstinant à vouloir exécuter tout seul l’assassinat de Hoederer qui devait être confié à plusieurs acteurs, et ce avec la bénédiction d’Olga qui le soutient dans ses choix. Dès ce premier acte, le spectateur s’aperçoit qu’il sera une entrave au fonctionnement habituel du Parti.

- Le troisième tableau, en réalité l’acte II, est une première péripétie qui permet de mieux connaître Hugo. Son rôle de perturbateur se confirme avec les incidents survenus lors du rituel de la fouille : la discipline du Parti est pour lui un carcan insupportable. Dans sa vie privée, ses rapports quotidiens avec sa femme laissent voir qu’il est un farceur pour qui la vie est un jeu et lorsqu’il reproche à celle-ci de vouloir «  jouer à la femme d’intérieur », elle lui rétorque de manière cinglante : «  Tu joues bien au révolutionnaire. » (III, 1)

- Le quatrième tableau équivaut au troisième acte dans lequel l’action se noue dans les pièces  classiques en cinq actes : la rencontre au sommet entre Hoederer et les Bourgeois que Louis voulait éviter a bien lieu parce que Hugo, en proie au doute, n’a pas osé tirer sur son patron. L’avenir du Parti aurait été compromis si Olga n’avait interrompu les pourparlers en lançant une bombe dans la salle de conférence.

- Le cinquième tableau, correspondant du quatrième acte, est la seconde péripétie dans laquelle Hugo, suivant les conseils de sa femme, change de tactique : au lieu de tuer Hoederer, ne vaut-il pas mieux le convaincre de renoncer à sa politique déviationniste ? Tentative ratée car Hoederer est un dur à cuire. Mauvais perdant, Hugo refuse de reconnaître qu’il a été convaincu par les analyses pertinentes et le pragmatisme du Secrétaire Général. Il fait cette promesse à sa femme : « Demain matin, je finirai le travail » (V, 5).

- Le sixième tableau ou acte V consacre le dénouement en deux temps forts : l’échec cuisant de l’apprenti assassin lorsque, seul dans le bureau avec sa future victime, celle-ci l’oblige à étaler au grand jour sa veulerie en le mettant au défi de tirer froidement sur elle pour des raisons politiques ; puis un coup de théâtre à la sixième scène dans laquelle Hugo surprend Hoederer entrain d’embrasser sa femme et le tue. Le mourant est le premier à présenter sa mort comme étant la conséquence d’un crime passionnel.

Compte tenu de ce qui précède, la structure de ce flash-back le rapproche d’une tragédie classique. Schématiquement, l’action dure environ douze jours, ce qui est une entorse à l’unité de temps ; mais l’unicité de cette action ne fait aucun doute parce que tout tourne autour de l’assassinat du Secrétaire Général du Parti Prolétarien. Quant à l’unité de lieu, le huis clos racinien n’est pas de rigueur ici car on passe de l’appartement d’Olga au pavillon de Hugo puis au bureau de Hoederer. N’empêche que le Parti en lui-même est une sorte de piège, un lieu clos propice aux crimes. Olga qui maîtrise son fonctionnement en parle comme d’une souricière d’où on ne sort que « les pieds devant »  (V, 2).

Pour en revenir à la technique proprement dite du récit, nous sommes bien en présence d’un exemple de mise en abyme théâtrale parce que le flash-back reproduit par dédoublement structurel et surtout thématique l’essentiel des Mains sales, c’est-à-dire de la pièce qui le contient. Cela donne raison à Georges Forestier qui affirme que la mise en abyme se caractérise par « une correspondance étroite entre le contenu de la pièce enchâssante et le contenu de la pièce enchâssée3. »

Allons plus loin : la fin du flash-back ne coïncide pas avec celle de la pièce. Avant de mourir, Hoederer a dit que Hugo a « tiré (sur lui) par jalousie », vu le flagrant délit d’infidélité dans lequel il a été pris. Les questions qui ont motivé le récit resteront sans réponse si l’on s’en tient à cette interprétation. La justice a retenu cette hypothèse et a accordé des circonstances atténuantes à l’assassin qu’elle a même fini par libérer. Son retour en scène en compagnie d’Olga, scène qu’ils avaient laissée au flash-back, rappelle aux spectateurs qu’une parenthèse mettant en scène le passé vient de se fermer et que le  présent va reprendre son cours normal. Et comme dans cette dernière scène de la pièce, ils parlent du spectacle auquel tous viennent d’assister, ils ont à coup sûr à faire au théâtre dans le théâtre. Conséquence, les points de vue d’Olga, des autres camarades du Parti et de Hugo ne sont que des points de vue  internes à l’œuvre et il convient de les relativiser. Les spectateurs externes à la pièce sont ainsi implicitement conviés à participer aux débats qui restent ouverts une fois que le rideau est définitivement tombé sur la scène. Cette technique du théâtre dans le théâtre est un procédé utilisé quand

Un élément théâtral est comme isolé du reste et apparaît à son tour comme l’objet du regard de spectateurs situés sur la scène, quand il y a à la fois sur scène des regardants et des regardés, quand le spectateur de la scène voit des comédiens en face d’un spectacle que lui-même regarde aussi4.

Dans une autre perspective, les deux acteurs spectateurs dont la présence sur scène rappelle aux autres simples spectateurs qu’ils sont toujours au théâtre faisant partie des comédiens qui participent activement au drame du flash-back, nous sommes en droit de dire que nous sommes en face d’une forme particulière de théâtre autobiographique. En effet, si par autobiographie on entend : « le récit rétrospectif que quelqu’un fait de sa propre existence, quand il met l’accent principal sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité5 », le flash-back qui tient lieu de  récit dans Les mains sales est sans conteste un récit rétrospectif que Hugo fait de sa propre existence puisque c’est lui le narrateur. Dans ce récit, il occupe les devants de la scène et ses agissements monopolisent constamment l’attention des spectateurs, Olga étant réduite à un rôle de comparse. La théâtralisation de sa personnalité le montre comme un personnage peu sérieux, aussi bien dans sa vie privée que professionnelle, le genre de personne auquel il ne faut jamais confier certaines tâches6. Les traits de caractère dominants de cette personnalité sont d’être un éternel farceur qui croit que la vie est inséparable du jeu et qui cherche à tout prix à imposer sa vision aux autres. Ce dernier penchant fait penser à la dramaturgie du moi et c’est ce qui ressort du septième tableau : deux ans après avoir tué le Secrétaire Général du Parti, il continue à jouer avec Olga en mimant « les acteurs (qui) aussi remuent les doigts, sur les planches » avant d’adopter en fin de compte un point de vue qui tranche absolument avec la réalité, quand il comprend que pour le Parti, il n’est qu’une ordure que l’on cherche à « récupérer » pour être réemployé à d’autres basses besognes.

Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que Hugo n’est qu’un simple narrateur et non point l’auteur du récit autobiographique qu’il est censé produire, ce récit étant bien entendu le résultat écrit de la réflexion du dramaturge sur la vie passée et présente de son narrateur. Certains critiques ont beau tenter de l’assimiler à son créateur, il n’en reste pas moins un personnage fictif à l’égard duquel ce créateur n’a pas hésité à prendre ses distances en le honnissant. En tant qu’être de papier fait de mots, nombreuses sont ses prises de position qui ne sont pas imputables au dramaturge en tant qu’être humain, bien que des similitudes entre eux ne manquent pas. Il ne faut pas non plus oublier qu’une des essences du théâtre est d’être un jeu, mais un jeu artistique et intellectuel où l’auteur ne se prive pas de frapper l’imagination de son spectateur pour l’amener à réfléchir et c’est effectivement le cas des Mains sales d’où ce dernier ressort avec à l’esprit plus d’interrogations que de réponses à la disparition de ce grand homme qui vient de lui être présentée.

En dernière analyse, le récit de Hugo avait pour raison d’être d’offrir à Olga l’occasion de faire toute la lumière sur la mort du Secrétaire Général de leur parti afin de réhabiliter son meurtrier auprès des camarades, si c’est encore possible. Malheureusement, le caractère autobiographique de ce récit ne pouvait échapper complètement à la tendance somme toute naturelle à la subjectivité inhérente à ce type de récit. Par conséquent, elle ne pouvait se fier entièrement à ce seul récit, Hugo étant l’accusé numéro un dans cette affaire de crime. Sa version des faits pouvait brouiller la vérité, soit par manque de cohérence, soit en essayant de nier certains faits qui lui sont reprochés, soit par autoaccusation comme dans le comportement masochiste qu’il adopte à la fin de l’œuvre lorsqu’il décide de blanchir sa victime qu’il porte aux nues. La solution intermédiaire était de faire appel à des témoins oculaires et surtout neutres des circonstances dans lesquelles Hugo a tiré sur Hoederer.  Or le seul témoin de cette scène ne peut témoigner objectivement, disqualifié qu’il doit être par ses relations matrimoniales avec le criminel, parce qu’il s’agit de Jessica, la femme de Hugo. Ne restait plus à l’auteur qu’une dernière solution de rechange pour assurer l’impartialité nécessaire en pareilles circonstances, jouer lui-même le rôle de narrateur. La nature de son œuvre ne tolérant pas cette intrusion directe et intempestive du dramaturge dans le cours des événements (risque de ruiner l’effet de distanciation), il recourt au flash-back qui reproduit sur scène la situation telle qu’elle est supposée s’être déroulée, même s’il peut avoir pour inconvénient majeur de dérouter ceux des spectateurs qui n’y sont pas habitués.

Notes de bas de page numériques

1 Jacques Schérer, La dramaturgie classique en France, Paris, Nizet, 1950, p. 234.
2 Patrice Pavis, Dictionnaire de théâtre, Paris, Dunod, 1996, p. 295.
3 Georges Forestier, Le théâtre dans le théâtre sur la scène française au VIIe siècle, Genève, Droz, 1981, cité par Patrice Pavis in Dictionnaire du théâtre, p. 209.
4 Anne Ubersfeld in D. Couty et A. Rey, Le théâtre, Paris Bordas, 1980, p. 100.
5 Philippe Lejeune, L’autobiographie en France, Paris, Armand Colin, 1971, p. 14.
6 Des analyses sur la personnalité de Hugo sont contenues dans l’ouvrage de Francis Jeanson, Sartre, Paris, Le Seuil, collection « Ecrivains de toujours », 1955, et un article d’Emmanuel Njike, «La dérive de l’engagement politique dans Les mains sales de Jean-Paul Sartre » in Théâtres du monde, Revue Interdisciplinaire de l’Institut de Recherches Internationales sur les Arts du Spectacle de l’Université d’Avignon, Cahier n° 8, 1998, pp. 135-147.

Pour citer cet article

Emmanuel Njike, « Les Mains sales de Jean-Paul Sartre ou le récit de la vie d’un militant atypique », paru dans Loxias, Loxias 13, mis en ligne le 25 mai 2006, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/index.html?id=1153.

Auteurs

Emmanuel Njike

Chargé de cours à l’Ecole Normale Supérieure (Annexe de Bambili) de Yaoundé (Cameroun)