Pasolini dans Loxias


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Loxias | Loxias 13 | I.

Le récit du génocide, une mise à mort du drame

Le récit du génocide juif apparaît, de par son objet même, dans Contention de Didier-Georges Gabily, dans Pylade et Bête de style de Pier Paolo Pasolini, comme la forme excessive, hyperbolique du mode narratif au théâtre. Il s’agit donc de voir comment ces récits introduisent une hétérogénéité irréductible, structurelle, diégétique, dans la fiction théâtrale. Le mode dramatique est dans l’impossibilité formelle de les incorporer, une béance se creuse dans le tissu dialogique des pièces. De plus, ces récits participent d’une volonté de montrer les soubassements abjects et traumatiques sur lesquels s’élèvent les fictions contemporaines, les récits d’émancipation et de progrès. Les auteurs font donc jouer l’obscénité du récit génocidaire contre une autre obscénité, celle de l’oubli ou du refoulement, adoptant une écriture stratigraphique, une écriture de l’anamnèse et de la monstration de la part maudite du présent et du drame.

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Loxias | Loxias 18 | Doctoriales

Le deuil de la réalité : l’écriture théâtrale selon Pier Paolo Pasolini

L’esthétique théâtrale pasolinienne est traversée par un paradoxe fondamental : le théâtre de Pasolini se définit comme « Théâtre de la Parole » alors que la parole y est disqualifiée du fait de son inauthenticité au regard du langage de l’action physique et du corps, et par conséquent, de son impuissance à être « vraie ». L’auteur italien, de fait, forge le mythe d’un théâtre identique à la réalité, une Idée du théâtre comme langage silencieux et non symbolique du monde sensible. Mais cet archétype permet à l’auteur de dégager en négatif la spécificité de l’écriture dramatique (contemporaine) et de la parole théâtrale : le théâtre s’écrit dans le manque de corps et d’action, dans le renoncement à la vérité des corps. C’est dans ce mouvement disjonctif que réside sa puissance esthétique et politique, à savoir la reconfiguration sensible du rapport du discours verbal au monde des choses, la reformulation de l’agencement, consubstantiel au théâtre, des paroles et des corps.

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Loxias | 51 | Programme de littérature au baccalauréat, Terminales littéraires

Œdipe de Sophocle à Pasolini : l’héritage en question

Le film de Pier Paolo Pasolini, Œdipe-Roi, sorti en 1967, est en partie adapté de la pièce de Sophocle du même titre (ou presque), datée entre 430 et 420 avant notre ère. Outre la pièce grecque, le film se construit sur un matériau complexe : biographie du poète et cinéaste, essai de Freud sur « Le matériel du rêve et les sources du rêve » dans L’Interprétation du rêve (1900), Hamlet (1601) de Shakespeare, et son adaptation cinématographique par Laurence Olivier (1948), sans oublier la dernière pièce de Sophocle, Œdipe à Colone. Moins disparate qu’il n’y paraît, ce matériau complexe permet à Pasolini de poser une question essentielle, à la fois personnelle et politique : qu’est-ce que l’héritage ? peut-on y renoncer ?

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