émotion dans Loxias


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Loxias | Loxias 12 | I.

Fonction et fonctionnement du récit dans Britannicus de Jean Racine

Il s’agit de dégager les traits caractéristiques du récit théâtral dans le cadre d’une pièce particulière, Britannicus. Dans cette tragédie, comme dans l’ensemble du théâtre racinien, le récit est multiple et revêt plusieurs fonctions. L’on se propose dans un premier temps d’établir une typologie du récit dans Britannicus. Cette analyse est à mettre en perspective avec les textes des théoriciens du siècle, et l’on met alors en évidence l’emploi chez Racine d’un récit qui ne trouve pas sa justification dans le respect des règles des unités ou des bienséances. Ce récit que nous nommerons pathétique trouve sa fonction dans l’expression des sentiments. Dans le cadre d’une stratégie des effets, le texte narratif pathétique vient s’inscrire comme la voix de l’intériorité des personnages, et son écriture fondamentalement poétique confère à la narration une densité et une musicalité nouvelle. C’est ainsi que les genres et les discours se combinent pour mieux susciter l’émotion, et que l’on peut parler du récit poétique dans le texte théâtral comme le cœur du « souffle racinien ».

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Loxias | 49. | I.

Charlot poète de l’asyndète et maître épileptique du cinématographe
Dadas et surréalistes face à la poétique chaplinesque du détournement de l’objet

Résumé : Charlot semble à la fois libre devant les objets et, bien souvent, un être mécanique ou risquant de devoir se rendre à la mécanique des objets. Or les dadaïstes et les surréalistes analysent ce paradoxe en associant le caractère mécanique de Charlot à une attitude de liberté, dont témoignent notamment ses détournements de l’usage habituel des objets. L’article entend donc évaluer l’hypothèse que ce paradoxe repose sur des enjeux rhétoriques, corporels et visuels qui expriment peut-être moins la liberté de Charlot que l’affirmation, à travers lui, de la figure de l’artiste. Trois perspectives permettent d’explorer ce paradoxe qui nourrit les poétiques chaplinesque et surréaliste. D’une part, le détournement d’objet, source d’émotion, permet de créer un effet poétique qui fait rire ou pleurer. D’autre part, Charlot tente d’échapper au cannibalisme de l’objet et à l’emprise du monde du déchet. Ce mouvement, tour à tour émancipateur et tyrannique, met au jour le motif du désir qui donne une place nouvelle au personnage. Enfin, Charlot expose la tentative, toujours fragile et réitérée, de s’affirmer comme un magicien du réel le plus humble. Ainsi le vagabond, sans s’affranchir de l’objet lui-même, qui demeure impérieux et toujours utile dans la voie d’un affermissement de soi, opère une ponctuelle, fébrile et pulsative émancipation par l’objet. Aussi la poétique du détournement de l’objet permet-elle de dessiner les contours d’un personnage hors du commun : Charlot, en poète de l’asyndète et artiste épileptique, maître du cinématographe lui-même.

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