History in the science fiction of H. G. Wells

Patrick Parrinder

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Résumé :
Wells n’a cessé d’imaginer des peuples qui auraient perdu leur histoire et ce que pourrait être leur quête aveugle. Le voyageur temporel de La Machine à explorer le temps entreprend de reconstituer l’histoire des Morlochs et des Eloi, qui est avant tout notre histoire, l’histoire de l’homme conforme à la sombre définition du Sphinx prédisant quelque apocalypse future. C’est un travail d’archéologue, plutôt que d’historien, dans les vestiges de ce qui fut jadis Londres. Les Morlochs ont-ils gardé dans leur cerveau embrumé quelques lueurs de compréhension ? La perspective d’une telle déchéance est effrayante et pousse le voyageur à partir plus loin dans l’avenir pour s’assurer de la disparition de l’homme sur la planète. Par la suite, Wells s’évertuera à construire l’histoire de notre avenir dans The Outline of History. Seul le contexte de la science-fiction permet de faire de l’historiographie, de constituer une histoire du futur qui ne serait pas de la simple prophétie mais de la prospective fictionnelle, de la « pseudo-histoire ». Wells était conscient de n’être jamais parvenu à trouver la distance nécessaire pour présenter le futur d’une manière objective et convaincante. Toute histoire du futur, y compris la dystopie, est ancrée dans la subjectivité de l’auteur, même si elle implique un regard rétrospectif. Ce dernier, pas sa nature même, signifie que l’histoire continue et que l’on a triomphé de l’apocalypse. La grande réussite de Wells avec La Machine à explorer le temps est non d’avoir tenté de reconstruire l’histoire, mais d’avoir montré ce que pouvait être l’absence d’histoire.
Date de publication : 2006-10-13

Citer ce document

Patrick Parrinder, « History in the science fiction of H. G. Wells », Cycnos, 2006-10-13. URL : http://epi-revel.univ-cotedazur.fr/publication/item/637