Alliage | n°72 - Novembre 2013 Technobuzz 

Philippe Bardy et Bernadette Bensaude Vincent  : 

 Public engagement in science

p. 93-101

Plan

Texte intégral

1Le slogan « public engagement in science » a été officiellement lancé en 2000 par la Communauté européenne dans le cadre du fameux agenda de Lisbonne pour promouvoir « l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde en 2010 ».1 Il est invariablement auréolé d’une nuée d’autres buzzwords tels que : participation, inclusion, dialogue entre science et société civile, gouvernance démocratique, empowerment, stakeholders, co-évolution science et société… Ce nouveau lexique, surtout anglais, a pris la place de vieux termes usés jusqu’à la corde tels que : science populaire, vulgarisation, culture scientifique, public understanding of science… De quoi s’agit-il ? Que traduit ce nouveau registre de vocabulaire ? Signale-t-il un changement radical — ou du moins une volonté de changement — dans les relations entre les scientifiques et la société ?

Public ignare

2Si l’on parle d’engager le public dans les sciences, cela présuppose évidemment qu’il est pour l’instant exclu, ou du moins tenu à l’écart, de la production du savoir scientifique. Telle est, en effet, la situation résultant d’un siècle d’efforts intensifs pour discréditer les savoirs populaires et promouvoir comme seul légitime le savoir issu des communautés de scientifiques, dûment certifiés et diplômés.

3Aux premières heures du xxe siècle, l’amateur éclairé, figure de la sociabilité scientifique héritée des Lumières, n’est déjà plus qu’un fantôme. Il s’enfonce, en mal de reconnaissance, dans les limbes de l’oubli, tenu dans l’ignorance par les défenseurs de la science du siècle nouveau : cette matrice d’un savoir désormais neutre, maintenu délibérément hors de la sphère sociale. Le public, rendu docile par cette sécession volontaire, subit ainsi plus qu’il ne suit les orientations de la recherche publique comme les innovations techniques. L’histoire retiendra, pour caractériser ce devoir d’obéissance imposé au public, quatre faits marquants.

4Tout d’abord, le savoir scientifique, premier enjeu de l’engagement public, est validé par les pairs en vertu d’un procédé de reconnaissance mutuelle (peer review process) excluant toute participation de l’opinion publique à la production ou à l’évaluation des savoirs. De ce fait, l’autorité de l’expert ne peut jamais être remise en cause. Et la voix du profane, individu peu fréquentable, ne peut donc jamais se faire entendre.

5Sacralisé, toujours plus ésotérique et spécialisé, le savoir scientifique est tenu à l’écart d’un public jugé ignare, voire irrationnel. Le fossé qui se creuse entre l’expert et le profane impose, l’isolement de la recherche scientifique comme une nécessité historique.2 Surgit de cet abîme l’idée d’une rupture entre « l’esprit scientifique » et l’opinion, claironnée par Gaston Bachelard en termes épistémologique,3 et constitutive de la notion même de science. Le savoir scientifique confiné dans une tour d’ivoire est censé disqualifier les savoirs professionnels, empiriques, populaires, ou autochtones. Le public n’est plus une instance de jugement vouée à la promotion de l’esprit critique comme dans l’idéal des Lumières, c’est une masse informe, anonyme, définie par un manque de science. Ce que les historiens et sociologues ont dénommé un deficit model.4

6Une relation à sens unique s’est ainsi instaurée de la science au public. Combler le fossé entre élite savante et public est la mission officielle de la vulgarisation au xxe siècle. Mais les « médiateurs scientifiques » ont surtout exalté les merveilles de la science, invitant le public à « consommer » la science sous forme de livres, magazines, expositions ou événements, plutôt qu’à la pratiquer ou la juger. Il s’agissait surtout de rendre la science attrayante jusqu’à susciter, chez le public, une foi aveugle dans le progrès.

7D’où le constat affligeant au mitan du xxe siècle : le niveau de compréhension des sciences par le public est catastrophique. Un premier buzzword se propage alors dans les années 1970 et 80 : public understanding of science5 (ce terme, matière à controverse, escorte une campagne visant surtout à familiariser le public avec la science et à le tenir informé des innovations). Par-delà les intentions éducatives, partagées par la Royal Society et l’Union européenne notamment,6 l’objectif premier est d’améliorer l’attitude du public et son degré de confiance à l’égard des sciences et des techniques. Cette campagne repose sur la croyance que si le public n’approuve pas ni n’adhère avec enthousiasme à la science, c’est qu’il ne la comprend pas. Or, il ne s’agit pas seulement d’une question de savoir mais de pouvoir.

« Nos concitoyens, écrit Lévy-Leblond, ne se préoccupent pas seulement de comprendre les manipulations génétiques ou l’énergie nucléaire, mais ils voudraient avoir le sentiment qu’ils peuvent agir sur leur développement, choisir les orientations de la recherche, exercer leur pouvoir de décision sur le développement des technosciences. »7

8Avec le modèle du public understanding of science, le postulat du fossé entre la science et le public, caractéristique du deficit model, n’est pas remis en question et il s’agit toujours d’une démarche à sens unique, de l’élite savante vers la masse du public. N’est pas davantage remise en cause l’idée que la science, comme activité de connaissance, est un bien en soi. Tournée vers la quête de la vérité et l’objectivité, la science, qui se veut amorale, se désintéresse des valeurs de la société. Dans ces conditions, l’engagement du public est inenvisageable. L’idéal de pureté et de neutralité qui habite la science interdit tout mélange… jusqu’à ce que certaines fractions du public viennent faire irruption dans le sanctuaire vers la fin du xxe siècle et se mêlent de ce qui ne les regarde pas.

9Veuillez retrouver les illustrations sur la version imprimée.

Un public actif et même réflexif

10Des malades atteints du sida aux États-Unis parviennent dès les années 1970 à intervenir sur le protocole des tests cliniques de nouvelles thérapies.8 Des citoyens européens osent s’ériger contre les recherches sur les organismes génétiquement modifiés. Ou encore, aprés l’accident de la centrale de Tchernobyl en 1986, des citoyens groupés en associations s’élèvent contre la méconnaissance qu’entreteniennent par les pouvoirs publics sur les niveaux de contamination radioactive du territoire français. De même est activement dénoncé le silence cultivé à grands frais au sujet des effets sanitaires du tabagisme ou de l’impact des activités humaines sur le changement climatique.9 La mobilisation des milieux associatifs, dans les domaines du nucléaire et de la santé notamment, et la mise en œuvre de procédures de contre-expertise visant à faire la lumière sur des sujets controversés de recherche médicale, d’environnement ou de toxicologie remettent brutalement en question l’ancien modèle d’impartialité de la science et des experts. Balayant le deficit model, le public s’émancipe en se dotant d’outils qui lui permettent de se forger un avis et même d’influer sur les processus de recherche.

11Rejetant le rôle passif où le cantonne le modèle du déficit, le public s’invite à la table du savoir et conteste le monopole de la production du savoir par des chercheurs patentés. Depuis les premiers hackers en informatique jusqu’à la création de wikipédia et à la biologie de garage, les amateurs se montrent souvent capables de rivaliser avec le savoir officiel. En tous cas, ils constituent une immense source de savoirs. Le crowdsourcing commence à intéresser les scientifiques,10 comme les entreprises qui pillent les savoirs indigènes en cosmétique ou pharmacie.

12Le public ne s’engage pas seulement par des actions, quelquefois spectaculaires, mais aussi par ses réflexions sur l’agencement complexe de facteurs techniques, d’origine humaine, et de facteurs biologiques lequel vient bousculer les équilibres naturels (ogm, nanotechnologie, biologie synthétique). Les choix scientifiques et techniques et les risques afférents suscitent le débat et la société civile fait pression pour les mettre dans l’arène publique au nom de la démocratie. Du côté de la science, les enjeux de la recherche en biotechnologie ou nanotechnologie sont en prise directe avec la société et l’économie. L’idéal de neutralité de la recherche se trouve de plus en plus supplanté par l’idéal d’une recherche au service de la société, de l’environnement, de la compétitivité économique. La finalité purement cognitive de la recherche, d’après les politiques scientifiques, ne suffit plus à légitimer les efforts de recherche publique aux yeux des contribuables. Il faut désormais atteindre rapidement des objectifs concrets, étroitement court-termistes pour certains observateurs, dont attestent les innovations incessantes et rapides des deux dernières décennies dans le génie des matériaux, les sciences de l’information, les bio ou les nanotechnologies.

13Ainsi, le glissement du modèle du déficit vers un modèle participatif semble-t-il avant tout lié à l’évolution du régime de production de science vers des technosciences au service de l’innovation technique, de l’économie, comme de la société. Dans ce contexte, les slogans d’engagement du public tentent de réconcilier les exigences de participation portées par la société civile au nom de la démocratie avec celles d’une économie néolibérale mondialisée hantée par la compétition. Mais cette entreprise de réconciliation ne va pas de soi.

Expérimentations sociales

14Le rôle moteur que joue la Commission européenne en faveur de l’engagement du public se traduit par la production incessante et pléthorique des buzzwords évoqués en introduction ou de codes de bonne conduite,11 autant que par le soutien financier d’actions visant à engager concrètement le public. Dans ces actions, les porteurs de cet engagement ont bien du mal à échapper à l’hégémonie qu’exerce l’économie néo-libérale sur les politiques scientifiques.12 Preuve en est le modèle de management économique dominant ces entreprises. Le public ignare que l’on tenait à l’écart est remplacé par une horde de « parties prenantes » ou stakeholders, terme emprunté au vocabulaire de l’entreprise, où ces stakeholders viennent complèter les shareholders (actionnaires). L’organisation concrète de ces programmes d’actions est soumise à l’obligation de résultats et risque de transformer l’implication citoyenne en une « performance » qui viserait moins l’acceptation des valeurs épistémiques traditionnelles de vérité, d’objectivité et de simplicité que l’acceptation sociale des innovations au détriment de l’idéal démocratique. On peut certes voir dans la gouvernance de l’opinion publique grâce aux sondages, aux enquêtes, aux évaluations et aux objectifs, un signe tangible de cette performance d’un genre nouveau.

15Aux initiatives officielles s’ajoutent bon nombre d’initiatives locales ou nationales (consultations, enquêtes publiques, jurys citoyens, débats nationaux, cafés de sciences, conférences de consensus13). Offrent-elles aux citoyens la possibilité de réellement s’engager dans la science ? Dans le meilleur des cas, ils peuvent peser sur les choix scientifiques et techniques en tant qu’« évaluateurs » des projets de recherche. Mais les recommandations des citoyens ont-elles une réelle influence sur les décisions politiques ? À quoi rime la participation si elle ne s’accompagne pas d’une redistribution des pouvoirs ? La question a déjà été posée lors des révoltes de 1968 (voir le graffiti des étudiants, ci-dessous). Répondre à cette question revient, en réalité, à poser un regard critique sur le slogan d’engagement du public.

16Deux positions se dessinent aujourd’hui en matière d’engagement participatif du public : recherche du consensus et contestation. D’un côté, les jurys citoyens et les conférences publiques ont souvent tendance à lisser les craintes et à faire taire la critique. Loin de chercher à faire émerger de nouvelles problématiques ou d’interpeller les acteurs de l’innovation, elles sécrètent des consensus mous visant à pacifier l’opinion ou à l’endormir. Loin de porter la parole des dissidents, elles écartent les militants et donnent voix à un citoyen moyen, neutre. Au mythe de la science pure, neutre, désintéressée, se substitue la fiction d’un citoyen neutre, impartial, désintéressé. À l’inverse, certaines associations militantes, qui font de la contestation un modus operandi, à l’instar du collectif grenoblois « Pièce-et-main-d’œuvre », s’opposent au processus d’engagement du public dénoncé comme parodie de démocratie.14 Dans les deux cas, les avis contraires, inquiétudes et recommandations du public ont du mal à se faire entendre et surtout n’influent guère sur les décisions politiques.

17Veuillez retrouver les illustrations sur la version imprimée.

18Ces positions extrêmes masquent la variété des degrés d’engagement du public, lequel s’échelonne de la simple information-consultation au contrôle voire à la co-construction des innovations.15 L’engagement du public dans les focus groups et les forums hybrides, qui partent des questions posées par les citoyens et non de problèmes formatés à l’avance, permet-il de mieux concrétiser les aspirations démocratiques ? Ces méthodes participatives autorisent les experts et les simples citoyens à collaborer à la construction des savoirs scientifiques ou, dans certains cas, à la construction d’alternatives au savoir officiel. On citera ici, à titre d’exemple, la création, par des citoyens indépendants, de la criirad (commission de recherche et d’information indépendantes sur les radiations) qui s’occupe de questions relatives au nucléaire,16 et du crigen (comité de recherche et d’informations indépendantes sur le génie génétique) qui se consacre aux problématiques liées aux ogm. Toutefois cette co-construction est limitée dans la mesure où le plus souvent ces pôles d’expertise ont davantage une fonction de veille citoyenne sur l’application des lois et des normes de sécurité ou sur les bonnes pratiques scientifiques que de production de nouveaux savoirs.

19Le principe d’une implication citoyenne prenant en compte la diversité des formes de savoir et fondée sur l’expertise plurielle est loin d’être acquis. Les mots d’ordre d’engagement du public favorisent au mieux un équilibre précaire entre une demande de liberté d’expression sur des thèmes scientifiques et techniques et un souci de performance à la limite de l’ingénierie sociale. Cet équilibre précaire signifie qu’un élargissement des processus de décision à de nouvelles formes d’expertise et de rationalité est désormais nécessaire pour dépasser les limites fixées à l’engagement public, entendu ici au sens large, par les pratiques managériales de concertation et, plus généralement, l’hégémonie néo-libérale pèsant sur les politiques scientifiques.

20Pour sortir du registre de la communication où se cantonne le buzzword, l’engagement du public appelle une réflexion sur les modalités d’un engagement, à visée délibérative, qui permettrait de se libérer de l’emprise de la technocratie et des marchés. Et d’intégrer dans les processus de décision des croyances et des valeurs non-épistémiques, et non-économiques.

21Cette démarche passe par un nouveau « contrat social pour la science » favorisant l’émergence de nouvelles formes « d’intelligence publique des sciences » par un jeu d’interactions, mutuellement bénéfiques, des communautés scientifiques, de la société civile et du public.17 Les applications concrètes d’un tel contrat apparaissent déjà, entre autres, dans l’implication d’associations de patients atteints de maladies rares, au niveau des protocoles de recherche, ou dans la participation des seniors au développement de technologies censées améliorer leur qualité de vie. Dans ces deux exemples, les valeurs prises en compte dans les délibérations, c’est-à-dire au moment de faire les choix scientifiques qui s’imposent, ne sont pas nécessairement des critères rationnels mais plutôt des facteurs relationnels ou émotionnels. Tel est donc le sens de la délibération élargie : non pas substituer à la décision politique une décision citoyenne subjective, mais plutôt intégrer à la décision politique des éléments de subjectivité, ou encore des croyances d’arrière-plan, échappant tout à la fois à la rationnalité scientifique et aux mécanismes technocratiques et financiers qui l’orientent.

Bibliographie

22— U.Beck, 1986, Risikogesellschaft, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp (trad. fr. par Laure Bernardi, La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, Paris, Aubier, 2001.

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45— S. Shapin, « Science and the Public », Companion to the History of Modern Science, eds. R. C. Olby et al., Londres/New York, Routledge, 1990, pp. 990-1007.

Notes de bas de page numériques

1 Cf. European Commission, Groupe d’experts sur Science and Governance (Ulrike Felt, rapporteure). Taking European Knowledge Society Seriously, rapport du European Commission, Directorate General for Research, Bruxelles 2007, et European Commission, Science, Economy and Society Directorate (Dominique Pestre, rapporteur), Historical Perspectives on Science, Society and the Political, Bruxelles, 2007.

2 B. Bensaude-Vincent, « A Genealogy of the Increasing Gap Between Science and the Public », Public Understanding of Science, 2001, 10, pp. 99-113.

3 G. Bachelard, La Formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin., 1938.

4 S. Hilgartner, « The Dominant View of Popularization: Conceptual Problems, Political Uses » Social Studies of Science, 1990, 20, pp. 306-16. Cf. R. Cooter, S. Pumfrey, « Separate Spheres and Public Places: Reflections on the History of Science Popularization and Science in Popular Culture », History of Science, 1994, 32, pp. 237–67.

5 Voir par exemple le rapport de la Royal Society, publié en 1985, et la revue Public Understanding of Science fondée en 1992.

6 Cf. Rapport de la Royal Society, « Survey of Factors Affecting Science Communication by Scientists and Engineer », juin 2006 ; rapport de l’Union européenne, « Public Engagement in Science », 2007.

7 Cette citation est extraite du texte de l’allocution de Jean-Marc Lévy-Leblond prononcée lors de l’inauguration de l’isem (Institute for scientific methodology) de Palerme en mars 2007 ( http://www.i-sem.net). Voir aussi Jean-Marc Lévy-Leblond, « Le partage de l’ignorance », in La vitesse de l’ombre. Aux limites de la science, Seuil, 2006, pp. 167-185.

8 S. Epstein, Impure Science: aids, Activism and the Politics of Knowledge, Berkeley, University of California Press, 1996 ; M. Callon, & V. Rabeharisoa, Le Pouvoir des malades, l’afm et la Recherche, Paris, pem, 1999.

9 N. Oreskes, E. M. Conway, Merchants of Doubt: How a Handful of Scientists Obscured the Truth on Issues from Tobacco Smoke to Global Warming, Bloomsbury Press, 2010, traduction française Les marchands de doute, Le Pommier, 2012.

10 Un exemple de crowdsourcing souvent cité à savoir de ressources trouvées chez les amateurs d’informatique est la solution d’un difficile problème de repliement des protéines soumis sous le titre Folding@home par un centre de recherche de l’université de Stanford à la communauté des usagers de la PlayStation Sony 3. Ajoutons que le crowdsourcing, comme externalisation distribuée à grande échelle, permet également, grâce aux technologies du web 2.0 notamment, la création et le partage de contenus, de projets ou d’idées (blogsourcing) ou encore la mise en place de financements collaboratifs de projets (crowdfunding) . Voir Alliage n° 69, spécial « Amateurs ».

11 Voir par exemple la recommandation de la Commission du 7 février 2008 concernant un code de bonne conduite pour une recherche responsable en nanosciences et nanotechnologies [notifiée sous le numéro C(2008) 424] (2008/345/CE).

12 Kaushik Sunder Rajan désigne ce phénomène par le terme de « biocapitalisme ». Voir K. S. Rajan, Biocapitalism, Duke University Press, 2006 ; cf. aussi D. Pestre, « Challenges for the Democratic Management of Technoscience: Governance, Participation and the Political Today », Science as Culture, 2008, vol. 17, n. 2, juin, pp. 101–119 ; Bernard Reber, « Technologies et débat démocratique en Europe. », « De la participation à l’évaluation pluraliste », Revue Française de Science politique, 2005, vol. 55, n° 5-6, pp. 811-833.

13 Développées au Danemark dans les années quatre-vingt, baptisées jurys citoyens en Angleterre ou conférences de citoyens en France, les conférences de consensus visent à donner la parole à un échantillon représentatif de la population pour éclairer les décisions en matière de politique scientifique.

14 Il faut souligner ici l’échec du débat national sur les nanotechnologies, lancé en mars 2009, dû, en grande partie, à la fronde menée contre les organisateurs par certaines associations militantes, dont Pièce-et-main-d’œuvre.

15 Dès 1969, Sherry Arnstein avait proposé une échelle de participation citoyenne qui mérite d’être reconsidérée et remise à jour (Arnstein, « A Ladder of Citizen Participation », jaip, 35 n°4, july 1969, 216-224. http.lithgow-schmidt.dk/sherry-arnstein/login.cgi, accès Janvier 13, 2013.

16 S.Topçu, « Nucléaire : de la mobilisation des savants aux contre-expertises associatives », Nature Science Société, 2006, 14, pp. 249-256 ; S. Topcu, C. Cuny, K. Serrano-Velarde, éd., Savoirs en débat. Perspectives franco-allemandes, Paris, L’Harmattan, 2008, coll. Sciences et société (pp. 147-170 « Le nucléaire à l’épreuve de l’expertise citoyenne. Quels savoirs ? Quels enjeux ? ») ; S. Topçu, La France nucléaire : l’art de gouverner une technologie contestée, Paris, Seuil, 2013.

17 Isabelle Stengers, Une autre science est possible, Paris, La découverte, 2012.

Pour citer cet article

Philippe Bardy et Bernadette Bensaude Vincent , «  Public engagement in science », paru dans Alliage, n°72 - Novembre 2013,  Public engagement in science, mis en ligne le 19 février 2015, URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=4171.


Auteurs

Philippe Bardy

Philosophe, enseigne la linguistique à l’université Paris-Descartes ; doctorant au Cetcopra, université Paris-1, il prépare une thèse sur « la logique du temps réel dans la gouvernance algorithmique des corps : l’exemple de la santé numérique sur le web et les réseaux mobiles ».

Bernadette Bensaude Vincent

Philosophe, professeur à l’université Paris-1 et directrice du Cetcopra, s’intéresse aux technosciences en général pour dégager leur épistémologie, ainsi que le statut ontologique et social de leurs objets (voir Les vertiges de la technoscience, La découverte, 2009).