Alliage | n°53-54 - Décembre 2003 Métallurgie - Art - Informatique 

Denis Pondruel  : 

Plus que jamais la métallurgie

(poncif habitable)
p. 44-53

Texte intégral

1Né à Paris en 1949, Denis Pondruel a une formation d’ingénieur (Arts et Métiers). Il utilise les techniques les plus rigoureuses ou les technologies les plus sophistiquées pour exprimer la confusion ou l'intimité des sentiments. Après avoir réalisé des « machines à jouer des pièces de théâtre » (Le Cid, Othello,..), il a orienté son travail vers une exploration de l'espace au moyen d’une forme (souvent la même), déclinée et mise en scène selon les lieux qu'elle investit.
Que l’espace ainsi occupé soit plein ou creux, fermé ou pénétrable, il reste toujours mystérieux pour le spectateur, mais lui réserve la possibilité d’un regard ironique.
Denis Pondruel a déjà été l’invité d’
Alliage dans ses numéros 4 (été 1990) et 20-21 (« Penser la technique », atomne-hiver 1994). Il expose du 1er avril au 8 mai 2004 à Lavitrine, 4 rue Raspail, 87000 Limoges.

2Entre la fin 1999 et juin 2002, j’ai fait circuler une automobile Ford Scorpio, nommée pour la circonstance « poncif habitable », dans diverses villes d’Europe.
Cette automobile avait été au préalable percée d’une cavité suffisamment grande pour que l’on puisse s’y tenir (au moins par la pensée) sans que cette chambre risque d’être confondue avec un habitacle de pilotage habituel.
Rendu inutilisable par ce trou creusé à l’intérieur, l’objet technologique a perdu toute fonctionnalité. Il conserve toutefois sa charge symbolique, son caractère de fétiche.
Il s’agissait en fait de trouer à cet endroit précis l’imaginaire contemporain, et de voir ce qu’il en adviendrait. Pourrait-on se placer à l’intérieur de l’« emblème » et ainsi incruster son corps dans le paysage géographico-idéologique?
Ou bien, ce trou pourrait-il être comblé d’une autre manière ? Ou bien encore resterait-il une lacune dans le panorama, semblable à une question ?

3Profitant de la conformité apparente de cet objet (il n’y a jamais d'objection à ce qu’un objet privé soit déposé dans l’espace public, à condition de ressembler à une automobile), je l’ai placé en situation de stationnement et j’ai observé les réactions que cela pouvait susciter.
Je l’ai aussi confié à des étudiants, qui ont imaginé des mises en scène autour de ce manque.

Annexes

Légendes illustrations :

01 .Casino Luxembourg, le 21.11.1999
02 .Casino Luxembourg, le 22.11.1999
03 .Ecole Tecomah, le 12.05.2000
04 .Ecole Tecomah, le 18.05.2000
05 .Beaux-arts de Dijon, le 20.03.2001
06 .Beaux-arts de Dijon, le 20.03.2001
07 .Petit-déjeuner, Molotov-Str., Dortmund le 26.05.2000
08 .Université de Dortmund, campus, exposition « nouvelles technologies » le 26.05.2000

Pour citer cet article

Denis Pondruel, « Plus que jamais la métallurgie », paru dans Alliage, n°53-54 - Décembre 2003, Plus que jamais la métallurgie, mis en ligne le 12 septembre 2012, URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3982.


Auteurs

Denis Pondruel