Alliage | n°41-42 - Décembre 1999 Dialogue euro-chinois 

Tang Yijie  : 

Valeur du principe : « Être en harmonie sans être identiques »

Texte intégral

Les conflits du monde d’aujourd’hui résultent-ils du choc des cultures ? Sans que cette confrontation soit seule en cause, elle participe à la difficulté de cohabiter, ce qui explique les nombreux débats auxquels nous assistons actuellement sur le dialogue des cultures à travers le monde.
Il est important de savoir si la dualité culturelle peut aboutir à une meilleure compréhension et une tolérance plus grande entre les peuples, ce qui serait source de paix, ou si, au contraire, cette dualité conduit à des conflits politiques engendrés par une volonté d’isolement et d’hégémonie, car il y va de l’avenir de l’humanité pour le siècle prochain.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’éclatement des empires coloniaux a peu à peu estompé « l’égocentrisme occidental », entendu sur le plan culturel, au profit d’une tendance pluraliste, qui se manifeste à travers le rayonnement des cultures du monde. Depuis près d’un demi-siècle, le développement du commerce international et la circulation des informations ont contribué aux échanges culturels, devenus de plus en plus fréquents, entre les différents pays, peuples ou régions, ce qui incite la communauté internationale à se transformer en une entité inextricable.
Le développement des cultures du monde a conduit à l’apparition de deux tendances opposées. D’une part, afin de défendre les intérêts de leur propre tradition, un certain nombre de théoriciens occidentaux tentent de renforcer « l’égocentrisme occidental ». D’autre part, dans le but d’affirmer leur propre culture, certains pays ou peuples, qui ont obtenu leur indépendance depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ou qui ont commencé à prendre un nouvel essor, exacerbent un nationalisme consistant à défendre à tout prix la culture locale à l’aide d’un conservatisme caractérisé par un retour à la tradition. Il y a même quelques intellectuels orientaux qui, sous le prétexte des conséquences catastrophiques de la domination de la culture occidentale pendant deux siècles et de l’oppression infligée à leur propre pays, se mettent à préconiser un « égocentrisme oriental », également entendu sur le plan culturel.

Pour éviter un choc qui pourrait être violent, comment dissiper l’antagonisme de ces deux nouvelles tendances contradictoires ? Dans le même temps, l’observation des conflits actuels opposant les pays occidentaux et des pays orientaux permet de voir que les différences historiques entre leurs traditions culturelles restent sources de conflit, indépendamment des récents durcissements.
Malgré tout, comment les peuples, les pays ou régions parviennent-ils à progresser ensemble en dépit de leurs différences culturelles, à puiser tout ce qui est utile dans la tradition des uns et des autres, afin de permettre le développement du pluralisme culturel à l’échelle mondiale ? En ce sens, on pourrait se référer au principe « être en harmonie sans être identiques », qui, à mon avis, nous fournit une valeur tout à fait positive.

Le livre intitulé Tsouo-tchoan, relatant les événements qui ont eu lieu durant la période des Printemps et Automnes, contient un chapitre, « Vingt ans de règne du duc Zhaogong »,  où intervient un dialogue entre le duc du royaume de Qi et l’un de ses dignitaires, Yan Ying :
Le duc :  «Seuls mon ministre Liang Qiuju et moi-même sommes en harmonie. »
Yan Ying : « Comment peut-on vous considérer comme étant en harmonie, puisque Liang Qiuju cherche toujours à se comporter de façon identique par rapport à vous ? »
Le duc :  « Mais existe-il une réelle différence entre ce qui est identique et ce qui est en harmonie ? »
Yan Ying : « Oui, tout à fait. Être en harmonie, cela ressemble à un mets de viande ou de poisson que l’on fait mijoter sur un petit feu de bois en y ajoutant du vinaigre, du sel et des prunes. Le travail du cuisinier consiste alors à mélanger les différents ingrédients : il en ajoute quand il juge que le plat risque d’être fade ; il en  enlève quand il juge que le plat risque d’être trop épicé. Le mets ainsi préparé permet au prince, lorsqu’il le déguste, de trouver le calme. Il en va de même dans les relations entre le souverain et ses sujets. (...) Or, ce n’est pas le cas de votre ministre Liang Qiuju. Car ce dernier répond par oui lorsque vous approuvez quelque chose, et par non lorsque vous manifestez votre désapprobation. Une telle situation est semblable à un plat, composé d’un seul et même ingrédient. Qui a envie de le déguster ? Une telle situation fait penser aussi à deux instruments de musique différents, mais qui ne donnent que le même son. Qui éprouve du plaisir à écouter cette note monotone ? C’est pourquoi, l’harmonie ne résulte pas de ce qui est identique. »

Le livre intitulé Discours des Royaumes, qui raconte des faits arrivés dans les principautés autres que Lu, contient, dans le chapitre « Discours du royaume Zheng » une fameuse réponse qu’adresse Shi Bo au souverain du Royaume Zheng : « Féconde est l’harmonie, stérile l’identité. L’harmonie provient d’un mélange de deux choses différentes, ce qui permet de faire prospérer les êtres et les choses. Si l’on met ensemble deux choses identiques, le résultat ne peut être que nul. C’est pourquoi, les souverains défunts œuvraient à mélanger les divers éléments, tels la terre, le métal, le bois, l’eau et le feu, afin de faire engendrer mille choses. »
On peut lire, enfin, au chapitre intitulé « Des sages Rois » des Entretiens de Confucius, ce passage : « L’homme de bien converse dans l’harmonie sans chercher à être identique ; l’homme de peu cherche à être identique sans parvenir à l’harmonie. »
Les trois citations ci-dessus nous montrent clairement que l’harmonie ne germe pas de l’identique. Le principe « être en harmonie sans être identiques » signifie alors qu’il faut commencer par reconnaître les différences entre les uns et les autres, et seule une harmonie (ou une cohésion) réalisée à partir de ces différences permet la mutation de l’ensemble. En d’autres termes, chercher à imiter l’autre conduit à une dégradation de la relation. Ainsi, peut-on se demander si un tel principe, régissant les relations interculturelles, ne contribuerait pas au développement des cultures mondiales.

Les liens et les dialogues entre des cultures différentes permettent d’aboutir à un certain consensus. Ce processus part de ce qui est différent  vers ce qui peut être, d’une certaine manière, tenu pour comme  identique. Cette identité commune ne vient pas de l’élimination ou de l’assimilation d’une partie par une autre, mais naît comme un confluent de deux cultures, qui permet en même temps à chacune d’elles de se développer davantage. Là est la véritable harmonie.
On peut illustrer cette logique à travers le développement de la culture chinoise elle-même. Les confucéens préconisent d’instaurer le rituel accompagné de musique et d’accomplir de bonnes actions, afin de maintenir la cohésion sociale, tandis que les taoïstes exigent de suivre la nature et prônent le non-agir, afin de préserver le calme régnant sur la société. Pendant quelque mille ans, les partisans de ces deux courants philosophiques ont su établir un dialogue permanent, si bien qu’ils ont fini par trouver un consensus. À l’époque de la dynastie des Jin occidentaux, le fameux philosophe Guo Xiang essaya de concilier le confucianisme et le taoïsme, car estimant que le fait d’accomplir de bonnes actions signifiait également le  non-agir.
On peut lire ce discours de Guo Xiang, cité au chapitre « Eau d’automne » du fameux livre taoïste intitulé Zhuangzi : « L’homme peut-il, dans sa vie, se passer de faire travailler les buffles et les chevaux ? Peut-il ne pas percer le mufle du buffle et ne pas atteler le cheval ? Si les bêtes lui obéissent, c’est que cela est dans la nature des choses. Et même s’il s’agit du destin, cela passe toutefois par une réalisation humaine. C’est que cela correspond, au fond, au gré de la nature.»
Selon Guo Xiang, le fait de percer le mufle du buffle et d’atteler le cheval correspond au gré de la nature, même s’il s’agit de deux actions volontaires, fruit d’une réalisation humaine. Une telle conception est acceptable tant par les confucéens que par les taoïstes, mais en même temps, elle n’est à l’origine d’aucune de ces deux écoles.

Il existe, certes, une différence fondamentale entre le fait d’accomplir de bonnes actions, volontaire, et le non-agir, statique, mais après discussion, on peut aboutir à un point de convergence, à un état d’harmonie où se trouvent intégrés un certain nombre d’éléments de ces deux conceptions. Dès lors, un tel point de convergence peut servir de base à l’établissement d’un principe universel qui, garantissant les particularités de chacun, peut être accepté par tous. Voilà le véritable esprit du concept « être en harmonie sans être identiques ».
On peut aussi illustrer cette conception à travers l’évolution de la culture traditionnelle chinoise qui s’est opérée après l’arrivée en Chine du bouddhisme indien.
Au départ, la culture chinoise (comme le confucianisme et le taoïsme) et le bouddhisme indien étaient complètement étrangers l’un à l’autre. Mais durant plusieurs siècles, c’est-à-dire de l’époque de la dynastie Han jusqu'à la dynastie Tang, il s’est éffectué un double processus convergent, la culture chinoise ne cessant d’intégrer et d’assimiler la culture exogène qu’était le bouddhisme, tandis que le bouddhisme indien s’adaptait sans relâche à la société chinoise. Presque mille ans durant, la culture chinoise s’est donc largement nourrie du bouddhisme indien après son introduction en Chine. Ainsi, trouve-t-on de profondes influences qu’a exercées ce courant de pensée indien dans les domaines de la philosophie, de la littérature, de l’art, de l’architecture, ainsi que des mœurs et des coutumes populaires. En même temps, le bouddhisme indien a pu évoluer et se développer sur cette terre étrangère qu’était la Chine. De l’époque de la dynastie Sui jusqu'à la dynastie Tang, sont apparues plusieurs écoles bouddhistes sinisées, comme celles de la Terrasse céleste et de Ch’an. Cependant, la culture traditionnelle qui a su assimiler le bouddhisme indien n’en restait pas moins chinoise.

Les échanges et influences mutuels entre ces deux cultures, chinoise et indienne, sont une excellente illustration du principe « être en harmonie sans être identiques ». À ce sujet, l’évolution des cultures européennes ne fait pas non plus exception.
Dans le livre intitulé Comparaison des cultures chinoise et occidentale  qu’a écrit Bertrand Russell en 1922, le passage suivant illustre notre propos : « Les échanges entre différentes cultures se sont révélés, à maintes reprises, dans le passé, comme des jalons dans l’histoire de l’humanité. La Grèce s’est inspirée de l’Égypte, Rome a emprunté à la Grèce, les Arabes se sont référés à l’Empire romain, l’Europe médiévale a elle aussi imité les Arabes, et l’Europe de la Renaissance, quant à elle, a suivi l’exemple de l’Empire byzantin. »
Si une culture parvient à absorber des éléments d’une autre culture, c’est que le principe « être en harmonie sans être identiques » est pris en compte au cours des échanges mutuels. Les civilisations européennes, qui sont ainsi parvenues à absorber de nombreux éléments de diverses traditions culturelles, n’ont pas perdu leur identité, bien au contraire, elles s’en sont beaucoup enrichies.
Des cultures différentes ont toujours des aspects similaires à partir desquels peut aisément se nouer le dialogue. Ainsi, trouve-t-on impliquée dans la fraternité de la religion chrétienne, la miséricorde du bouddhisme et l’amour universel du confucianisme l’idée de l’amour peut donc être considérée comme un principe acceptable par chacune de ces trois cultures. Mais en même temps, la fraternité, la miséricorde et l’amour universel ont chacun leur spécificité.

Dans un autre cas de figure, il peut manquer à l’une des cultures des concepts présents dans une autre, sans pour autant que ces concepts supplémentaires rendent les deux cultures incompatibles. Lors des échanges entre ces deux cultures, les concepts nouveaux peuvent être acceptés, et, après une certaine accommodation, se fondre progressivement à la culture d’accueil, et l’en enrichir d’autant. Par exemple, à l’origine, le concept de l’illumination n’existait pas dans la culture chinoise. À l’époque des Song et des Ming, les philosophes confucianistes ont tous, à des degrés divers, recouru au concept de l’illumination, l’intégrant au sein de leur système conceptuel.
Le troisième cas de figure est celui dans lequel au cours d’échanges culturels, l’une des cultures en présence découvre l’existence dans l’autre culture de concepts incompatibles avec ses concepts propres. Par conséquent, lors des interactions de ces deux cultures, la première ne pourra faire autrement que d’abandonner certains de ses anciens concepts au profit des nouveaux concepts provenant de la seconde, ce qui lui permettra de s’enrichir. Après l’acceptation par la culture chinoise du concept occidental de démocratie, les Chinois ont été forcés d’abandonner leur ancien concept confucéen des trois relations cardinales régissant la hiérarchie sociale.
Le quatrième cas de figure est celui dans lequel, au cours d’échanges culturels, émerge un nouveau concept absent de toutes les cultures, qui s’avère tout à fait significatif, comme celui de coexistence pacifique et celui de coexistence du pluralisme culturel. Fruit du dialogue culturel, ce nouveau concept va faciliter les relations et bénéficier à chacune des cultures.

Sans parler d’autres cas de figure, les exemples cités ci-dessus permettent de montrer qu’il est tout à fait possible de trouver, à travers les effets d’une harmonisation ou d’une conciliation entre différentes cultures traditionnelles, un certain nombre de principes communs, constituant la base d’une réelle harmonie.
Si l’on considère le principe « être en harmonie sans être identiques » dans la perspective des échanges culturels, on peut encore soulever deux points : le premier est la question du développement d’une culture donnée dans des contextes géographiques différents ; le second concerne la question des alternatives culturelles.
Quand une culture se développe dans un lieu particulier (ou au sein d’un peuple particulier), il arrive que, pour une raison précise, elle connaisse à un moment de son développement, un certain recul, voire une cassure, alors que dans le même temps, elle continue à se développer dans un autre contexte géographique (ou au sein d’un autre peuple). C’est le cas, par exemple, du bouddhisme, qui, après s’être répandu en Inde jusqu’au cinq ou sixième siècle, n’a pas connu par la suite d’épanouissement. En revanche, en Chine, à l’époque des Sui et des Tang (du septième au neuvième siècle), le bouddhisme, ayant intégré certaines facettes de la culture chinoise, a produit maints moines renommés. Plus encore, il s’est mué en véritable branche du bouddhisme — un bouddhisme à coloration chinoise, qui s’est ensuite propagé jusque dans la péninsule coréenne et au Japon, intégrant alors des caractéristiques culturelles locales. Au Japon, en particulier, il est devenu un courant bouddhique unique en son genre. C’est pourquoi, je dis souvent : « La culture chinoise a autrefois bénéficié de l’influence du bouddhisme indien, mais c’est en Chine, que le bouddhisme indien a acquis son rayonnement. »
Ce type de développement d’une culture dans des contextes différents n’est pas seulement le fait de l’Asie, mais on le trouve aussi en Europe. Comme l’écrivait Bertrand Russell, cité plus haut, la culture européenne actuelle est née en Égypte, s’est ensuite répandue en Grèce, puis dans l’Empire romain et dans le monde arabe, avant de retourner en Europe. C’est justement ce type de développement d’une même culture dans des lieux différents qui a « constitué un jalon dans le développement de la civilisation humaine ». Lorsqu’une culture donnée est transposée dans une autre culture, la seconde ne manquera pas d’enrichir la première d’éléments nouveaux, qui en étaient soit absents, soit présents à l’état embryonnaire. Féconde est l’harmonie, stérile l’identité.

En ce qui concerne les « alternatives culturelles », il est clair que n’importe quelle culture ne peut être transposée et acceptée dans n’importe quel contexte, sous n’importe quelles conditions temporelles ou factuelles. Par exemple, à l’époque des Sui et des Tang, le bouddhisme n’était pas le seul courant culturel à exercer une forte influence sur la culture chinoise. Dans le Grand livre de la dynastie Sui , au chapitre de « Histoire des canons », il est écrit « Les canons bouddhiques sont mille fois plus répandus dans le peuple que les canons confucéens. » À cette époque, le nestorianisme (branche du christianisme) ayant lui-même pénétré en Chine, n’était pas resté sans influence. Cependant, il n’a pas réussi à s’implanter durablement en Chine. Ceci illustre bien le principe de l’alternative culturelle. Plus encore, même les différents courants du bouddhisme indien n’ont pas joui d’un sort identique en Chine. Par exemple, le tantrisme a connu une époque d’influence sur le territoire Han vers le milieu de la dynastie Tang, comme le montrent les fouilles d’un temple bouddhiste situé au district Fufeng, dans la province de Shaanxi. Cependant, le tantrisme est par la suite tombé en désuétude, et a pratiquement perdu toute influence sur le territoire Han. En revanche, ce même tantrisme indien a pénétré au Tibet, où il s’est fondu à la religion locale d’alors, engendrant ainsi le bouddhisme tibétain, qui demeure la religion des Tibétains à l’heure actuelle. Quelle est la raison d’une telle différence ? En ce qui concerne le bouddhisme répandu sur le territoire Han, c’est le courant du Hinayana (Petit Véhicule) qui s’y est propagé en premier lieu ; par la suite seulement le Prajã a pénétré en Chine. À partir des Jin, le bouddhisme Prajã prévaut en Chine, et non plus l’école du Petit Véhicule. Le Prajã, en effet,était proche d’un mysticisme taoïste fondé sur les doctrines de Laozi et de Zhuangzi. L’école bouddhique Ch’an, qui s’est développée sous les Tang, ne relève pas du tout de l’école indienne du Dhyâna, mais du Prajã, si l’on regarde son système de base. En outre, elle s’est inspirée d’un certain nombre d’idées taoïstes, mais aussi confucéennes, afin de mieux s’adapter aux besoins de la société chinoise.
Le problème des « alternatives culturelles » est donc tout à fait réel, ce qui constitue pour nous une autre illustration du principe « être en harmonie sans être identiques ».
Un grand moine bouddhiste, Xuan Zang, prônait au début de la dynastie Tang une doctrine d’inspiration indienne. Mais celle-ci ne s’est répandue que pendant une trentaine d’années, avant d’être écartée par les Chinois, car il s’agissait d’un mode de raisonnement indien, incompatible avec la pensée chinoise. En revanche, si l’école Ch’an a commencé à se répandre à partir du milieu de la dynastie Tang, c’est qu’elle est fondée sur un mode de raisonnement proche de celui des Chinois. Il s’agit d’une doctrine bouddhiste sinisée, qui a exercé son influence sur la philosophie néo-confucianiste des dynasties Song et Ming.
Les  alternatives culturelles s’imposent lorsqu’il existe des éléments différents dans les interactions de deux ou plusieurs cultures, sinon le problème des choix ne se poserait même pas. Il est donc inutile de dire que si une culture étrangère ne comportait aucun élément nouveau ou différent, son introduction ne permettrait pas de promouvoir le développement de la culture locale.
Le principe « être en harmonie sans être identiques », qui doit permettre de promouvoir les échanges culturels et de stimuler le développement des cultures, correspond à la tendance actuelle caractérisée par le pluralisme et la coexistence des cultures mondiales. Si nous espérons que la culture chinoise apportera sa contribution aux civilisations mondiales, nous devons observer ce principe à l’égard des autres cultures, et aussi puiser dans la richesse des autres cultures afin de pouvoir renouveler notre culture traditionnelle, et de l’adapter à la vie moderne.

Pour citer cet article

Tang Yijie, « Valeur du principe : « Être en harmonie sans être identiques » », paru dans Alliage, n°41-42 - Décembre 1999, Valeur du principe : « Être en harmonie sans être identiques », mis en ligne le 05 septembre 2012, URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3924.

Auteurs

Tang Yijie

Philosophe, professeur, directeur de l’Institut de philosophie et de culture chinoises à l’université de Pékin, président du Collège de la culture chinoise.