Les mots tombés du ciel

Astrologues et Astronomes

Les sages d’autrefois, qui valaient bien ceux-ci,
Crurent, et c’est un point encore mal éclairci,
Lire au ciel les bonheurs ainsi que les désastres,
Et que chaque âme était liée à l’un des astres.
(On a beaucoup raillé, sans penser que souvent
Le rire est ridicule autant que décevant,
Cette explication du mystère nocturne.)
Or ceux là qui sont nés sous le signe SATURNE,
Fauve planète, chère aux nécromanciens,
Ont entre tous, d’après les grimoires anciens,
Bonne part de malheur et bonne part de bile.

Paul Verlaine
Poèmes saturniens

Depuis toujours, astres et planètes sont connus pour exercer une influence sur la vie des hommes. Les Chaldéens nommaient les planètes interprètes (interprètes de la destinée, bien sûr), et les Grecs et les Romains appelaient Chaldéens les astrologues. Et de nos jours, il n’est que d’ouvrir n’importe quel magazine pour y trouver un horoscope plus ou moins détaillé. Depuis l’Antiquité la plus haute, on lit dans les lignes de la main, dans les cartes, dans les entrailles des animaux sacrifiés, on observe le vol des oiseaux, le marc de café et la boule de cristal sont des supports encore utilisés, mais c’est peut-être l’interprétation de la position des étoiles au moment de la naissance qui a la vie la plus longue parmi tous les arts de la divination. On continue à dire : il est né sous une bonne étoile, ou une mauvaise... Beaucoup de mots passés dans l’usage courant témoignent encore de leurs origines astrologiques. Mais en devenant des mots de tous les jours, il leur arrive la même mésaventure qu’à beaucoup d’autres1 : ils perdent de leur force. La première fois que l’on a osé parler de l’influence d’un homme sur un autre homme, ou de son ascendant, on a utilisé volontairement une image forte. Depuis, cette image s’est banalisée et aujourd’hui elle n’est plus perçue comme une métaphore hardie.

Influence

Du latin fluere, couler. Il s’agit d’abord d’un écoulement matériel, d’un flux, au moyen duquel le ciel et les astres exercent leur action sur les hommes et les choses. Au XVIIIe siècle encore, Boileau, dans sa première satire, n’envisage que ce sens :

« C’est par là qu’un auteur que presse l’indigence
Peut des astres malins corriger l’influence. »

Et dans son Art poétique, il dit au poète que :

« S’il ne sent point du ciel l’influence secrète... »

C’est au XVIIIe seulement, par sens figuré, que l’on commence à pouvoir dire d’une personne, et pas seulement d’un astre, qu’elle peut influencer quelqu’un. Au XVIIe, parler de l’influence d’un homme siècle était une métaphore osée. On ne la perçoit plus maintenant, le sens premier est oublié.

Ascendant

En astrologie, c’est le signe du zodiaque qui monte sur l’horizon au moment de la naissance et qui, comme tel, joue un rôle capital dans la détermination de la destinée. Le terme apparaît en français dès le XIVe siècle et prend une valeur générale seulement au XVIIe, Malherbe l’emploie dans un sens figuré, mais il est encore tout proche du sens astrologique :

« Quel astre d’ire et d’envie,
Quand vous naissiez, marquait votre ascendant ? »

Ceux qui étaient nés sous le signe de Saturne, les saturniens, restaient toute leur vie, tristes et tourmentés par le malheur. Verlaine nous le rappelle :

« Tels les Saturniens doivent souffrir et tels
Mourir, en admettant que nous sommes mortels.
Leur plan de vie étant dessiné ligne à ligne
Par la logique d’une Influence maligne. »

Au contraire, ceux qui étaient nés sous le signe de Jupiter étaient promis à une destinée heureuse, exprimée par l’adjectif jovial. Le motsignifie d’abord : qui a trait à Jupiter. Plus tard, capté par la proximité phonétique de joie, le sens est devenu proche de gaîté forte, permanente : C’était un homme d’humeur joviale. Quant aux lunatiques et aux lunaires ils ne sont guère d’un commerce facile.
Ascendant connaît la même évolution que influence. L’expression : avoir de l’ascendant, s’étend aux personnes. L’influence exercée comme une domination n’est pas forcément perçue comme positive.

Éphéméride

Encore un exemple d’un terme apparu avec un sens étroitement astrologique et dont la valeur sémantique s’est étendue au cours des siècles.
Emprunté au XVIe au grec ephêmeris biblos, journal quotidien, par l’intermédiaire du latin, le mot est introduit comme nom féminin pluriel au sens de tables astronomiques donnant pour chaque jour de l’année la position des astres.2 C’est au XVIIIe qu’il prend par extension le sens de journal intime, puis au XXe siècle, de calendrier dont on détache chaque jour une feuille. Ce nouveau sens renoue avec le sens premier qu’avait ce mot en grec, epi, pendant, et hêmera, jour.

Désastre

Au XVIe siècle, le mot est emprunté à l’italien disastro, avec le sens de événement funeste. Disastrato, lui, voulait dire : né sous un mauvais astre. Le mot s’inscrit dans l’opposition astre, fortune favorable ; désastre, catastrophe irrémédiable.
Faut-il conter l’histoire (vraie) de cette institutrice qui, au cours d’une leçon sur le préfixe , fut catastrophée d’entendre un élève proposer devant l’inspecteur : « Le soleil est un astre et la terre est un désastre. » Les deux mots n’avaient pour elle aucune attache commune, elle ne voyait dans la proposition de l’élève qu’un malencontreux mot d’enfant. L’élève avait joué sur la forme, et appliquant la leçon sur le préfixe , révélait, à son insu, une symétrie sémantique à la pertinence cocasse. On a vu, dans l’exergue, comment Verlaine emploie ces deux mots pour en tirer une rime très riche.

Sidérer

En latin, sidus, sideris a le sens de constellation ; il s’oppose à stella, étoile isolée. Stella a donné en français étoile. Si étoile a conservé le sens qu’avait stella en latin, il n’en va pas de même pour les descendants de sidus. Dès l’époque latine, ce mot prend un sens très large et désigne le ciel. L’adjectif correspondant, sideralis, signifie : qui concerne les astres. C’est de cet adjectif que provient sidéral, emprunté au latin en 1520. On le rencontre dans un usage didactique : année sidérale, 1762 ; révolution sidérale, 1805 ; jour sidéral, 1835.
Le français sidéré (1530) est emprunté au latin sideratus, qui subit l’action funeste des astres, frappé d’insolation. Il a le sens de : influencé par les astres, jusqu’au XVIIIe. Il est repris à la fin du XIXe siècle avec le sens de : stupéfait, abasourdi. Sidérante se dit d’une planète qui exerce une influence sur la santé ou la vie d’une personne, d’après son horoscope (1871). Sidération, 1549, du latin sideratio, désigne l’influence négative des astres et particulièrement du soleil, puis en latin médical, la nécrose, la gangrène, enfin, comme terme d’astrologie (1560), l’influence soudaine d’un astre sur une personne. Depuis le XVIIIe, en médecine, il désigne l’anéantissement subit des forces vitales sous l’effet d’un choc émotionnel ou de la foudre. C’est sans doute cet emploi qui a pu relancer sidéré à la fin du XIXe.
Sidérurgie n’a rien à voir avec sidéré, ni avec sidéral. Il s’agit d’un dérivé savant (1820) formé à partir du grec sidêros, fer, et ergon, travail, sur le modèle de métallurgie, chirurgie, etc. On voit encore une fois, comment une ressemblance formelle ne suffit pas pour établir une origine commune, une parenté. En revanche, on ne pensera pas facilement à rattacher sidéré des mots comme considéré et désir. Et pourtant...

Considérer

Le mot vient du latin considerare (cum-sideris). D’abord, terme de la langue de la divination et de la marine : regarder les étoiles, il se généralise en prenant le sens de regarder attentivement, réfléchir, ce que l’on fait lorsqu’on accorde beaucoup d’importance à ce que l’on observe. Voici les mots dérivés de considérer dans l’ordre de leur apparition en français :

Considération XII
Considérer XIII
Considérément XIV
Inconsidéré XV
Considérable XVI qui mérite d’être pris en compte, XVII, important
Considérablement XVII
Déconsidérer XVIII
Considérant XVIII substantif, terme juridique, réflexion motivant une loi.

Désir

Quant àdésir, lui, il est bien éloigné des étoiles, tant par la forme que par le sens. Du latin desiderare, construit sur le modèle de considerare, il se prononçait dessidéraré, comme s’il y avait deux s. Il signifiait, dans le jeu de l’alternance des préfixes con, ,non pas : regarder le ciel, mais le : quitter des yeux. Quand on cesse de regarder les étoiles on ne peut que constater une absence, un fort regret s’empare de nous qui nous donne envie de... C’est de l’absence que naît le désir. Dans sa forme, le mot a subi un raccourcissement phonétique. Deux fois la syllabe de, c’était trop, il s’est simplifié en désirer. Et comme sirer n’existe pas, le s a été traité comme il doit l’être entre deux voyelles en français, c’est-à-dire prononcé comme un z. Ce n’est pas le cas de mots tels que désolidariser, où solidariser existe et permet d’enfreindre la règle de la prononciation du s entre deux voyelles. Désarmer, en revanche, permet le respect de cette prononciation, tout en préservant dans notre mémoire l’existence de armer. Et voilà notre désir attrapé par la queue.
Mais désidérata nous rassure, il a gardé toutes ses lettres latines, et se prononce bien à la française. Le mot a été repris au latin à la fin du XVIIIe siècle, et n’est utilisé que dans des emplois administratifs. On vit bien comment ces mots, qui avaient tous au départ un sens étroitement astrologique, ont élargi leurs emplois à mesure se développaient que d’autres domaines de la connaissance. Ils témoignent fortement, aujourd’hui encore, de l’importance de l’astrologie.

Horoscope

Emprunté en 1512 par le français au latin horoscopus, il signifie conjonctions astrales au moment de la naissance. Mais le mot latin venait lui-même du grec horoscopos composé de hora, heure et de skopein, examiner. Il s’agit de l’examen des influences astrales au moment de la naissance d’un individu pour prédire sa destinée.
Tous les dictionnaires étymologiques indiquent que le scope du français vient du grec skopein qui signifie, examiner. Dans la composition des mots français, scope est normalement perçu comme un élément signifiant, voir. Il se trouve, en effet, que dans la majorité des cas, ce scope correspond à : examiner avec les yeux. Magnétoscope, téléscope, microscope, périscope, etc., en sont les témoins. Tout simplement on regarde le petit, le lointain, on regarde à l’aide d’un enregistrement magnétique, etc. La pression du regard est suffisamment forte pour que stéthoscope nous intrigue. Que peut voir le médecin qui s’introduit dans les oreilles cet élégant bi-auriculaire en forme de lyre porté d’ordinaire sur sa blouse blanche comme symbole direct de ses pouvoirs inquisitoriaux sur les corps et les âmes ? Voir, rien, mais examiner, oui, avec les oreilles. Laënnec connaissait bien le grec, qui inventa l’appareil et forgea le mot en 1819. Sthêtos, poitrine, et skopein, examiner.

Pour confirmer la polarisation de scope sur la vue, je ne résiste pas au plaisir de citer cette inquiétante entrée lue dans le Vocabulaire de la psychologie de Henri Piéron, PUF, 1951 :
scoptophilie, ce terme désigne l’obsession du voyeur, qui trouve sa satisfaction dans le spectacle des ébats sexuels ; synonyme, voyeurisme.

Quel psycho-pathologue a pu fabriquer un mot aussi barbare pour désigner une activité aussi passive, dont le charme se satisfaisait bien du mot voyeur, et qui se monnayait par l’achat d’un jeton à l’époque des maisons closes ?

Zodiaque

Cette zone de la voûte céleste, large de dix-huit degrés, située à cheval sur l’écliptique, est délimitée par l’écart maximum du parcours apparent des planètes de part et d’autre de l’écliptique3(neuf degrés de chaque côté). Le Soleil, lui, qui suit avec précision l’écliptique, traverse en douze mois les douze signes du zodiaque, les planètes aussi, et la Lune, avec des parcours moins linéaires.
Ce doit être un sacré zoo, ce zodiaque ! Pourtant, sur les douze signes qui le jalonnent, sept seulement correspondent à des animaux. Les autres représentent des êtres humains et le septième, la Balance, est inanimée.
Le mot zodiaque nous vient du grec par le latin du Moyen Âge. Pour les Grecs, zodiakos voulait dire : roue de la vie, ou encore roue des animaux, c’est-à-dire le cercle des constellations représentant des animaux. Le mot est entré en français au XIIIe siècle, par l’intermédiaire du latin zodiacus : cercle contenant les douze constellations à figure d’animal parcourues par le Soleil en un an. Pour les Grecs, la racine zôon signifie aussi bien animal qu’être vivant (on se souvient du film de Costa Gavras (1969), intitulé Z, initiale de vie en grec). Mais il est certain que la notion de zoologie créée au milieu du XVIIIe, a infléchi en français les dérivés de zoo vers animal. Au zoo, on va voir des bêtes.
Ceci est d’autant plus vrai que les mots savants pour dire la vie sont aujourd’hui construits autour de bio. C’est logique, bio dérive de la forme passé (biônai) du même verbe grec, zên, vivre. Et là, il y en a une quantité importante, depuis amphibie (XVIe), aérobie (XIXe), symbiose (XIXe), antibiotique (XXe), biologie (XXe), jusqu’à la multitude des composés en bio qu’a multipliés la tendance actuelle à partir du retour à la nature, jusqu’à la racine toute nue, bio. Les rayons bio de produits bio des épiceries (qui ne vendent plus d’épices) et des grandes surfaces en témoignent. À quand les bio-surfaces ou le bio-surfing ? Mais là où l’affaire devient intéressante c’est que ce couple zên/biônai grec vient d’une très vieille racine indo-européenne, gwyé, qui a donné, à côté du grec, le latin vivere d’où le français vivre. Et là aussi, les termes sont nombreux de vivre à vitamine. Pour la bonne bouche, remarquons que si quelques-uns de ces mots français tournent autour du pôle sémantique, vie (vivre, vivant, vital, etc.), pour un bon nombre, c’est autour du pôle sémantique, nourriture (viande, convive, ravitaillement, victuailles, etc.), vitamine faisant la jonction entre les deux.
Il est toujours surprenant de constater que des termes aussi différents que zodiaque et victuailles sont finalement cousins germains. Il ne faudrait pourtant pas, par des rapprochements trop hâtifs, penser que les douze convives de la Cène étaient attablés devant les douze signes du zodiaque, prêts à les dévorer.

Mais si nous quittons les mots pour revenir aux choses, il importe, dans le cadre d’une réflexion sur la pratique actuelle de l’astrologie, de ne pas oublier que la précession des équinoxes (l’axe des pôles de la Terre décrit le tour complet d’une sorte de cône en vingt-six mille ans) fait que le Soleil, de nos jours n’est plus situé dans la constellation que lui assignait l’astrologie antique. Maintenant, entre le 21 mars et le 21 avril, dates du signe du Bélier, le Soleil se trouve en réalité dans la constellation des Poissons. Pourtant les astrologues continuent à dire que ceux qui sont nés entre ces deux dates appartiennent au signe du Bélier. Il y a environ deux mille ans, il y avait coïncidence entre les dates du passage du Soleil dans telle constellation et les dates du même signe. C’est probablement à cette époque que se situe l’invention du zodiaque astrologique à partir des observations du zodiaque astronomique (cette bande de la voûte céleste où se trouvent soleils et planètes... )
À regarder de près le symbolisme des signes du zodiaque, on s’aperçoit qu’ils nous parlent davantage de l’homme, de nous, que du ciel. Les symboles correspondent à des types de personnalités humaines, à des tendances psychologiques et des comportements sociaux, où chacun se retrouve :4

Image1

Almanach

Avec sa première syllabe al (alchimie, algèbre), le mot dévoile son origine arabe. Il s’agit de la transcription latine d’un mot arabe d’Espagne, al (article) manah (calendrier). Le mot ne nous vient donc pas directement de l’arabe, mais du latin médiéval. Le français l’a adopté au début du XIVe siècle, grande époque où se développe en Europe l’astrologie et l’astronomie. Un almanach est d’abord un calendrier, mais au XVIe siècle c’est aussi, un ouvrage proposant la divination de l’avenir accompagnant le calendrier.
Rabelais écrivait des almanachs car c’était lucratif. Ses malades, qui ignoraient ses livres mais connaissaient ses almanachs, vendus par les colporteurs, l’interrogeaient souvent sur l’avenir, le confondant avec un diseur de bonne aventure. En esprit libre, il se moquait des prévisions astrologiques, mais ses livres se vendaient moins bien que ses almanachs.
De nos jours, le mot, dont on hésite à prononcer la consonne finale désigne plutôt une sorte d’annuaire populaire, désuet mais toujours vivant, à travers l’Almanach Vermot, célèbre recueil de calembours et de bonnes recettes...

Malotru

Le mot dérive du latin populaire male astrucus, devenu malastru. Il entre en français au XIIe par l’intermédiaire du provençal. Quantité de personnes se nomment Astruc dans le midi de la France. Une évolution phonétique atypique en fait malotru. Il signifie d’abord, né sous une mauvaise étoile. Jusqu’au XVIe, il se fixera sur le sens de malheureux, chétif. À partir de chétif, il prendra le sens de disgracié physiquement. La Fontaine (VII, 5) dit de la fille qui, tel le héron au long bec, avait refusé plusieurs partis qu’elle se trouve finalement : ...à la fin tout heureuse et tout aise /De rencontrer un malotru. Un mal foutu, quoi. De là, le mot chemine pour désigner le disgracié moral et le disgracié social, celui qui ne sait pas se comporter dans la bonne société. Dès le XVIIe il a déjà son sens actuel de grossier personnage, d’homme sans éducation. La Bruyère observe que :

« Si le financier manque son coup, les courtisans disent de lui : c’est un bourgeois, un homme de rien, un malotru. S’il réussit, ils lui demandent sa fille. »

On peut donc être bourgeois et grossier, sans éducation une sorte de nouveau riche, de bourgeois gentilhomme, de B.O.F. (beurre, œufs, fromages), comme on disait dans les années d’après-guerre de ceux qui s’étaient enrichis trop vite par le marché noir pendant l’occupation. Un beauf, dirait-on maintenant. Le terme actuel ne dérive pas du sigle des années quarante dont les lettres étaient articulées séparément (bé-o-èfe).

Nomos et logos

Ces deux-là ne viennent pas du ciel, mais sont au centre de l’opposition actuelle des deux usages du ciel.5 La dissociation astronomie/astrologie que nous connaissons maintenant n’a pas toujours été aussi nette. Voici une chronologie sommaire de l’apparition des mots concernés.

Les termes qui suivent ont tous été empruntés au latin, mais celui-ci les avait déjà empruntés au grec.
Étymologiquement, nomos désigne celui qui met en ordre et logos celui qui parle de... mais les pratiques ont été longtemps mêlées.

Astronomie : XIIe, d’abord avec le sens de divination.

Astrologie :XIIIe, description et prédiction sont confondues comme pour alchimie et chimie. C’est à partir de Copernic (1543) que les deux domaines se différencient.

Astrologue : XIVe, en moyen français, comme l’alchimiste, il mêle savoir, ésotérisme et divination.

Astronome : 1549

Astrophysique : 1903 (astrophysics 1890, en anglais)

Astrophysicien : années 50

Notes de bas de page numériques

1 . L’usure de la force des mots et leur remplacement par un nouveau mot qui se veut plus fort est un phénomène constant dans l’histoire de la langue. Voici quelques mots qui ont perdu la force qu’ils avaient encore au XVIIe siècle : charmer, utiliser une action magique ; étonné, frappé par le tonnerre ; gêner, torturer ; ravir, transporter jusqu’au ciel. Un exemple actuel : exploser utilisé comme métaphore a perdu de sa force et a tendance a être remplacé par imploser, au mépris de tout respect pour le phénomène physique.

2 . Dictionnaire historique de la langue française, Alain Rey, Le Robert, 1992.

3 . Seul Pluton s’écarte un peu de l’écliptique.

4 . Pour une réflexion riche et récente, voir le livre de Édouard Collot et Daniel Kunth, Peut-on penser l’astrologie: science ou voyance ?, Le Pommier, 2000.

5 . J’écris ces lignes le jour où une astrologue defraye la chronique en soutenant une thèse de sociologie à la Sorbonne.

Bibliographie

Dictionnaire historique de la langue française, Alain Rey, Le Robert 1992.

Dictionnaire étymologique du français, Jacqueline Picoche, Le Robert, 1983.

Les mots français dans l’histoire et dans la vie, Georges Gougenheim, A. et J Picard, 1966.

Peut-on penser l’Astrologie: science ou voyance ?, Édouard Collot et Daniel Kunth, Le Pommier, 2000.

Annexes

Illust :
L’homme anatomique zodiacal, Encyclopédie de la divination, Cercle du Livre précieux, Tchou, 1965.  

Planisphère de Tycho Brahé (1545-1610), Atlas de Cellar, 1708.